À la une
PETR NEKORANEC – À nous deux, Faust !
LA DAMNATION DE FAUST au TCE : un vide… comblé par...
LA WALKYRIE à l’Opéra Bastille : un plateau vocal triomphant...
Turin – L’ENLÈVEMENT AU SÉRAIL : un harem sans étincelles,...
MARIA NOVELLA MALFATTI – Gilda, Leonora, Violetta :  retour sur...
Manuel de Falla à Angers Nantes Opéra : comme un air...
Les Talens Lyriques dans la série « Il était une fois… »...
Se préparer aux CONTES D’HOFFMANN, Opéra National de Lyon, 16...
Intervista al soprano MARIA NOVELLA MALFATTI
Ça s’est passé il y a 100 ans : création...
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

Concert

Salon italien à l’Amphithéâtre de la Bastille avec Verdi, Puccini et Berio

par Cartouche 6 avril 2022
par Cartouche 6 avril 2022
Il salotto di Clara Maffei - Elleboro Editore
0 commentaires 1FacebookTwitterPinterestEmail
1,3K

Superbe concert de musique de chambre par les musiciens de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris.

Pour un peu on se serait cru dans un salon milanais ce vendredi 1er avril, celui de Clara Maffei, protectrice de Verdi d’auguste mémoire, où, en l’absence de gramophone et autres tourne-disques, des artistes étaient venus présenter des extraits d’opéra ou des mélodies de compositeurs du moment, seul moyen alors d’entendre et de propager largement leur musique. À l’exemple des transcriptions, variations et paraphrases sur des airs d’opéra que tout pianiste virtuose se devait d’inclure à un concert (rappelez-vous des Variations sur la Molinara de Beethoven dans les Classiques Favoris du Piano !), deux œuvres de ce type, la Fantaisie de concert sur les thèmes de Rigoletto de Luigi Bassi (1833-1871) et la Suite d’après la Luisa Miller de Verdi de son ami, l’indispensable Emanuele Muzio (1821-1890), encadraient deux pièces originales, les Crisantemi de Giacomo Puccini et les Quattro canzoni populari de Luciano Berio, qu’on ne présente plus.

Luigi Bassi, longtemps clarinettiste solo à la Scala de Milan, a baigné dans le répertoire de Bellini, Donizetti et Verdi auxquels il rend hommage en transcrivant leurs grand airs pour clarinette et piano, d’où cette fantaisie sur Rigoletto. Elle inclut notamment la Malédiction, le Quatuor de l’acte III, le Caro nome de Gilda et les musiques de fête des courtisans et fait entendre, à la manière des ouvertures de concert ou des poèmes symphoniques, les personnages principaux de l’opéra et son essence même, sans renoncer pour autant à la virtuosité dans la partie de clarinette, parfois soliste, parfois accompagnatrice du piano. Philippe Cuper a brillamment défendu cette partition qui condense toutes les difficultés d’une pièce de concours, traits rapides, gammes en fusée, intervalles périlleux et legato velouté et ceci malgré des problèmes de condensation dans son instrument qui l’ont obligé à procéder de petits nettoyages pendant que Felix Ramos au piano jouait seul, ajoutant du suspense à leurs parties, toujours parfaitement maîtrisées.

Venaient ensuite les Crisantemi de Giacomo Puccini dans leur version originale pour quatuor à cordes (1890). Tout connaisseur de sa Manon Lescaut (1893) aura déjà entendu la pièce puisque le compositeur réutilise cette partition, à l’origine dédiée au défunt Duc de Savoie; pour le duo des amants dans la prison et pour la mort de Manon aux actes III et IV de l’opéra, dont le madrigal offert à Manon à l’acte II recycle l’Agnus Dei de sa Messa di Gloria. Rien ne se perd et tout se transforme. On découvre avec plaisir un Puccini chambriste et maître de l’écriture pour le quatuor qui, pour ce qui n’est qu’une pièce de circonstance, coule un lamento étrangement poignant dans le moule de l’aria da capo, d’où son recyclage dans l’opéra. Karine Ato, Cécile Tête, violons, Grégoire Vecchioni, alto et Cyrille Lacrouts, violoncelle ont su donner à cette pièce sa noblesse sans en exagérer le pathos.

Retour à la voix pour les Quattro canzoni popolari de Luciano Berio, composées entre 1946, année de l’entrée du compositeur au Conservatoire de Milan, et 1952, et créées par son épouse, l’extraordinaire Cathy Berberian. Ces quatre chansons n’ont de populaire que le titre ou les textes car Berio, amoureux des voix, marie ici une ligne vocale peu virtuose mais toujours expressive à une partie de piano parfois quasi orchestrale dont Felix Ramos, pianiste et chef de chant en résidence à l’Académie de l’Opéra national de Paris a su souligner la richesse. Encouragé par la voix fraiche et ductile de la soprano Ilanah Lobel Torres, elle aussi membre de l’Académie de l’Opéra national de Paris, je me suis surpris à penser aux Tonadillas de Granados et aux Siete Canciones Populares Españolas de Manuel De Falla, recréations savantes et théâtralisées d’une musique d’essence populaire. Sans effets, avec naturel et simplicité, Ilanah Lobel Torres a su rendre ce mélange de candeur et de richesse pour le plaisir de tous.

 

Felix Ramos et Ilanah Lobel Tores (© J'adore ce que vous faites)

Le concert se terminait par des extraits de Luisa Miller que Muzio, fidèle compagnon de Verdi, transcrit pour quatuor à cordes. Cécile Tête expliqua le choix qui avait été fait dans cette partition-fleuve qui reprend, outre l’ouverture, certains des moments forts de l’opéra. Mais, malgré le plaisir de retrouver des airs connus dans une présentation nouvelle, « an old friend in a new dress » disent les Anglo-saxons, malgré la maîtrise de l’écriture et la volonté de Muzio de tirer le meilleur parti des ressources du quatuor, malgré l’engagement des solistes et leur désir d’évoquer chant et orchestre, j’avoue avoir ressenti une légère lassitude en fin de parcours. J’aurais avec plaisir troqué cette partition contre l’unique Quatuor à cordes en mi mineur de Verdi (1873), où passent des échos d’Aida et de sa passion pour Teresa Stolz. N’importe, ce fut un superbe concert et les artistes furent longuement et généreusement applaudis.

Les artistes

Violons : Karine Ato et Cécile Tête
Alto : Grégoire Vecchioni
Violoncelle : Cyrille Lacrouts
Clarinette : Philippe Cuper
Soprano : Ilanah Lobel Torres
Piano : Felix Ramos

Le programme

Luigi Bassi (1833-1871) Fantaisie de concert sur les thèmes de Rigoletto de Verdi

Giacomo Puccini (1858-1924) Crisantemi

 Luciano Berio (1925-2003) Quattro canzoni popolari

 Emanuele Muzio (1821-1890), Luisa Miller, extraits de l’opéra de Verdi arrangés pour quatuor à cordes

Amphithéâtre Olivier Messiaen Opéra de Paris – Bastille 
Concert du vendredi 1er avril, 20h00

image_printImprimer
0 commentaires 1 FacebookTwitterPinterestEmail
Cartouche

Premier baryton de la troupe Eratori, dédiée à la défense de l’œuvre lyrique de Claude Terrasse, Cartouche est agrégé d’anglais et l’auteur d’une thèse sur les opéras de Benjamin Britten, de nombreux articles sur son oeuvre et celle de Ralph Vaughan Williams et du rapport texte et musique, XIXe-XXe. Il a échappé de peu au supplice de la roue et coule une retraite active après avoir officié à l’université de Caen.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
Passion : le Festival de Musique Sacrée de Fontevraud
prochain post
À Nice, Sophie Koch et des couleurs locales qui font du bien…

Vous allez aussi aimer...

Manuel de Falla à Angers Nantes Opéra : comme...

11 novembre 2025

Les Talens Lyriques dans la série « Il était...

11 novembre 2025

La Messe en ut selon Julien Chauvin au...

9 novembre 2025

Rouen – L’incomplétude d’un Voyage d’hiver

7 novembre 2025

À Bordeaux, le Purcell de Niquet… pas seulement...

6 novembre 2025

La magie invaincue d’Alcina à l’Opéra de Montpellier

5 novembre 2025

Fuoco di gioia 2025 au Festival Verdi de...

18 octobre 2025

Fuoco di gioia 2025: a “Festival Verdi”, un...

18 octobre 2025

King Arthur de Purcell au TCE : comme...

17 octobre 2025

Petite Messe solennelle à Fontainebleau : Hengelbrock rencontre...

14 octobre 2025

En bref

  • Les brèves de novembre –

    8 novembre 2025
  • Les brèves d’octobre –

    27 octobre 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

Édito


  • Édito d’octobre –
    « O, mia musica, si bella e perduta… » : quand le cas Venezi révèle un malaise plus profond concernant les arts et la musique en Italie

    2 octobre 2025

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Serge dans LA WALKYRIE à l’Opéra Bastille : un plateau vocal triomphant !
  • Phalippou dans LA WALKYRIE à l’Opéra Bastille : un plateau vocal triomphant !
  • Renza dans Intervista al soprano MARIA NOVELLA MALFATTI
  • Luciano barilli dans Intervista al soprano MARIA NOVELLA MALFATTI
  • VILCOSQUI dans La place des femmes dans la musique : « J’accuse ! »

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Manuel de Falla à Angers Nantes...

11 novembre 2025

Les Talens Lyriques dans la série...

11 novembre 2025

La Messe en ut selon Julien...

9 novembre 2025