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Électrisante Bohème à l’Opéra de Toulon

par Stéphane Lelièvre 3 février 2022
par Stéphane Lelièvre 3 février 2022
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Pas de version scénique pour cette Bohème toulonnaise, et c’est bien dommage car Première Loge a eu par deux fois l’occasion d’apprécier les mises en scène de Barbe & Doucet (à Parme pour Pelléas et Mélisande, à Pesaro pour Il signor Bruschino). Il incombait donc aux chanteurs et aux musiciens de pallier ce manque et de proposer des équivalents sonores aux tableaux visuels absents du plateau. L’orchestre, sous la baguette avisée de Valerio Galli, a su traduire au mieux les différentes ambiances dont se composent les quatre tableaux de La Bohème et, par l’utilisation d’un vaste nuancier en termes de coloris et de dynamique, a parfaitement su évoquer l’amitié et l’affection qui réchauffent la mansarde glacée du premier acte, le petit matin hivernal sur lequel se lève le rideau pour le tableau de la Barrière d’Enfer, ou bien sûr l’agitation enjouée qui règne dans le Café Momus. Une physionomie expressive de la part des chanteurs, quelques gestes, entrées et sorties bien négociés : tout cela a suffi pour que, la musique de Puccini aidant, le public se sente transporté dans le Paris des années 1830 fantasmé par Puccini, Illica et Giacosa. Notons également la participation talentueuse et très enthousiaste des chœurs de l’Opéra, et de la Maîtrise de l’Opéra et du Conservatoire TPM.

Bravo à l’Opéra de Toulon pour la belle distribution réunie à l’occasion de ce concert, d’une rare homogénéité : François Harismendy se fait berner avec talent et humour, et ce doublement : en tant que propriétaire puis en tant qu’amant de Musette. Federico Sacchi confère aux adieux à son vieux manteau toute la nostalgie qui convient. Les voix des deux barytons Devid Cecconi (Marcello) et Jean-Luc Ballestra (Schaunard) se distinguent fort pertinemment, le timbre du premier étant plus rond et velouté que celui du second, à la projection plus percutante, les deux chanteurs s’appliquant par ailleurs à incarner au mieux scéniquement (autant que faire se peut) leurs personnages. Musetta est pour nous une découverte : Mariam Battistelli remporte un vif succès pour son incarnation pleine d’humour, de fantaisie, mais aussi de tendresse dans les touchantes scènes finales. La voix est fraîche, capable de belles envolées dans l’aigu, et se distingue assez nettement par son tranchant de celle de Mimi.

Mais ce soir, le public n’a eu d’yeux et d’oreilles que pour le couple d’amoureux… Davide Giusti dispose de moyens impressionnants : la voix est large, puissante, les aigus triomphants (le contre-ut de la « gelida manina » remplit la salle avec une aisance confondante…) Autant de qualités qui valent au ténor un immense succès, à tel point qu’on n’ose à peine émettre une légère réserve : pour que le portrait de Rodolfo soit encore plus convaincant, sans doute le chanteur pourrait-il apporter à sa ligne vocale davantage de nuances, le chant se déployant presque exclusivement à pleine voix… Un soupçon de morbidezza ici ou là, un decrescendo pour finir telle phrase, une nuance piano sur la phrase qui clôt son air (« Or che mi conoscete… »), en conférant une certaine fragilité au personnage, le rendrait sans doute d’autant plus touchant… Enfin, Adriana González triomphe, et ce n’est que justice. La voix est d’une beauté stupéfiante, jusque dans les deux extrêmes de la tessiture, et surtout, la maîtrise technique est absolument incroyable. Messe di voce, sons filés, aigus piannissimi, chant sur le  souffle, tout atteint désormais un degré de perfection faisant de la chanteuse l’égale des plus grandes. Mais la performance ne tourne jamais au tour de chant hédoniste : le travail technique est effectué avec une telle facilité, un tel naturel qu’il se fait oublier pour se mettre tout entier au service de l’incarnation dramatique, elle aussi superlative. Si la timidité plus ou moins feinte de la Mimi du premier acte ou l’enjouement du Café Momus sont rendus avec simplicité et naturel, le dernier acte tire les larmes : impossible de garder les yeux secs en écoutant son « Son andati » ou le « Qui… amor… sempre con te… » final, chanté à fleur de lèvres et par lequel semble s’exhaler le dernier souffle de l’héroïne… Une performance majeure, et sans doute l’une des meilleures Mimi des moments.

C’est une véritable ovation qui, aux saluts finals, accueille la soprano, désormais appelée, nous en sommes certain, à être sollicitée par les plus grande salles [1] !

Retrouvez Adriana González en interview ici !

————————————————

[1] Elle chantera sa première Juliette à Houston en avril prochain aux côtés de Michael Spyres.

Les artistes

Mimi : Adriana González
Musette : Mariam Battistelli
Rodolfo : Davide Giusti
Marcello : Devid Cecconi
Schaunard : Jean-Luc Ballestra
Colline : Federico Sacchi
Benoît/Alcindoro : François Harismendy

Orchestre et chœur de l’Opéra de Toulon, maîtrise de l’Opéra de Toulon et du Conservatoire TPM, dir. Valerio Galli

Le programme

La Bohème

Opéra en quatre tableaux de Giacomo Puccini, livret de Giacosa et Illica (d’après Henri Murger) créé le 1er février 1896 au Teatro Regio de Turin.

Concert du mardi 1er février 2022, Opéra de Toulon.

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pucciniAdriana GonzàlezValerio Galli
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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