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À l’Opéra de Monte-Carlo, le souffle épique des Lombards

par Hervé Casini 3 avril 2021
par Hervé Casini 3 avril 2021
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Crédits photos : © Eric DERVAUX – OMC

Poursuivant une saison lyrique qui n’aura décidément ressemblé à aucune autre, l’Opéra de Monte-Carlo donne pour la première fois de son histoire, I Lombardi alla Prima Crociata, quatrième opus de Giuseppe Verdi.

I Lombardi et l’esprit du Risorgimento

Comme c’était déjà le cas pour Le Comte Ory, il y a quelques semaines, l’Opéra de Monte-Carlo multiplie cette saison les créations in loco, faisant ainsi résonner pour la première fois dans la salle Garnier les accents épiques d’ I Lombardi alla Prima Crociata (Les Lombards à la Première Croisade).

Créés à La Scala de Milan le 11 février 1843, Les Lombards font immédiatement suite au triomphal accueil réservé par le public milanais à Nabucco (9 mars 1842). Avec eux, la musique de Verdi continue d’exercer une action politique qui ne cessera de prendre de l’ampleur jusqu’à la concrétisation de l’Unité italienne.

Rien d’étonnant donc dans un ouvrage faisant à ce point référence au collectif à ce que l’on salue, en tout premier lieu, la réussite d’ensemble de cette production. Dans la mémoire de beaucoup de spectateurs – dont les propos à l’entracte allaient dans ce sens – Les Lombards sont avant tout associés au chœur des croisés et des pélerins « O Signore dal tetto natìo… » (« Ô Seigneur, depuis notre sol natal… »), incontournable de tout album de « Chœurs de Verdi » : et c’est bien justice tant l’ouvrage donne aux masses chorales un rôle essentiel, on oserait presque écrire monumental. On connaissait déjà la rigueur de préparation de l’effectif monégasque dont Stefano Visconti sait, au fil des productions, mettre en évidence les qualités nombreuses. Pour cette série de représentations, on retiendra avant tout cette sorte d’énergie primaire, presque sauvage à de nombreux instants, qui coexiste avec le raffinement le plus extrême et donne tout leur sens à des ensembles qui ne pourraient tous être cités dans un seul compte rendu et qui constituent autant de jalons, depuis le lever de rideau sur le parvis de la cathédrale de Milan jusqu’à l’hymne final, devant les tours de Jérusalem : « Te lodiamo, gran Dio di vittoria ».

Autre artisan de cette plongée réussie en plein esprit risorgimental, le chef, Daniele Callegari, dont on connait bien les affinités avec le répertoire dit du « Premier Verdi » pour lequel il sait impulser à la toujours aussi excellente phalange monégasque ce débordement de frénésie juvénile.

Une production recherchant une voie médiane entre tradition et modernité

Crée au Teatro Regio de Parme en 2003, la mise en scène originale de Lamberto Puggelli, réalisée ici par Grazia Pulvirenti, essaie de garder pour ligne de crête le caractère intemporel des malheurs de la guerre, souvent créés par l’intolérance religieuse. Intelligemment illustrée par des projections pouvant, dans une même scène, faire apparaître l’intérieur majestueux d’une cathédrale et des détails de Guernica puis, ailleurs, le pont d’un navire surpeuplé de réfugiés, la mise en scène ne tire cependant pas suffisamment profit de ces projections, limitant le plus souvent le jeu des acteurs à quelques attitudes trop standardisées. Le dernier acte, situé dans le désert près de Jérusalem, est selon nous le plus réussi avec sa belle projection du mur des lamentations, nimbé d’une superbe lumière, qui, hier comme aujourd’hui, continue d’être un point névralgique de la géopolitique dans cette région. Du coup, les combats médiévaux auxquels se livre une équipe importante de figurants donnent soudain à la scène et à la musique de bataille toute son ampleur intemporelle.

Une distribution vocale qui connaît les « règles du jeu »

Les ouvrages de la période dite risorgimentale – que Verdi qualifia souvent d’« années de galère » – jouent souvent, on le sait, sur la corde du lyrisme échevelé. Mais, à y regarder de plus près, on s’aperçoit vite que certains personnages connaissent une évolution psychologique tout au long de l’ouvrage et nécessitent de déployer une palette de couleurs vocales qui demeure l’apanage des plus grands. Rien d’étonnant donc que ce soit ici Michele Pertusi qui triomphe à l’applaudimètre. Fort d’une longue carrière qui l’a conduit à interpréter les plus grands rôles de basse du Bel Canto et du Romantisme italien, le chanteur parmesan – que l’on avait entendu dans sa ville natale, il y a quelques années et avec un égal bonheur, dans Jerusalem, adaptation pour Paris de ces Lombards – trouve ici dans Pagano un rôle taillé à sa mesure, lui permettant de lier une voix toujours souple et bien projetée à une technique sûre : du très beau chant.

Si Nino Machaidze n’a pas foncièrement les moyens naturels de Giselda, rôle écrit pour un soprano lirico-spinto d’agilité comme l’était sa créatrice Erminia Frezzolini, elle dispose d’une voix à ce jour assez brillante pour faire oublier le manque de largeur et d’assise dans le bas-medium, pourtant si soumis à l’épreuve dans ce type d’emploi. L’interprète est de plus suffisamment engagée pour emporter l’adhésion. C’est le cas également de l’Oronte d’Arturo Chacòn-Cruz, ténor vaillant, au beau matériau, qui, dans la cavatine « La mia letizia infondere » puis dans la cabalette qui suit, délivre un bel exemple de lyrisme mêlant fougue et art des demi-teintes.

Les trois protagonistes se retrouvent en parfaite harmonie dans le fameux trio « concertant » de l’acte III où le violon solo de David Lefèvre ouvre et termine la scène, lui conférant sa charge d’émotion.

À Monaco, les seconds rôles ont souvent une belle carrière à leur actif ou vont rapidement y entrer. Ces Lombards ne font donc pas exception à la règle, qui nous permettent de découvrir le ténor Antonio Corianò, au répertoire impressionnant, la basse Daniel Giulianini, à la carrière à suivre, et de retrouver avec bonheur la soprano bastiaise Michelle Canniccioni.

La scène monégasque devrait maintenant clôturer magnifiquement cette saison si particulière avec un Boris Godounov prometteur.

Les artistes

Arvino, fils de Folco   Antonio Corianò
Pagano, fils de Folco   Michele Pertusi
Viclinda, épouse d’Arvino   Cristina Giannelli
Giselda, sa fille   Nino Machaidze
Pirro, écuyer d’Arvino   Daniel Giulianini
Le Veilleur de la ville de Milan   Rémy Mathieu
Acciano, tyran d’Antioche   Eugenio Di Lieto                                       Oronte, son fils   Arturo Chacòn-Cruz
Sofia, femme du tyran d’Antioche   Michelle Canniccioni

Choeur de l’Opéra de Monte-Carlo (dir.  Stefano Visconti), orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, dir. Daniele Callegar

Mise en scène originale Lamberto Puggelli
Réalisée par Grazia Pulvirenti

 

 

 

Le programme

Il Lombardi alla prima crociata

Opéra en 4 actes de Guiseppe Verdi, livret de Temistocle Solera d’après Tommaso Grossi, créé le 11 février 1843 à la Scala de Milan.

Opéra de Monte-Carlo – Salle Garnier, dimanche 28 mars 2021

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Hervé Casini

Hervé Casini est diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence, docteur en littérature française à Aix-Marseille Université et Secrétaire Général du Museon Arlaten (Musée d’ethnographie provençale). Collaborateur de diverses revues (Revue Marseille, Opérette-Théâtre Musical, Résonances Lyriques…), il anime un séminaire consacré au « Voyage lyrique à travers l’Europe (XIXe-XXe siècle) à l’Université d’Aix-Marseille et est régulièrement amené à collaborer avec des théâtres et associations lyriques dans le cadre de conférences et colloques.

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