À la une
Diva ma non troppo : le public du festival de Froville...
Dans le labyrinthe des opéras de RIMSKI-KORSAKOV
À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires
Job, le procès de Dieu : création d’un opéra engagé et...
Festival du Haut-Limousin « Par les soirs bleus d’été »
La traviata à Tours : Violetta, prenez soin de vous !
Brèves de juin –
Découvrez la saison 25-26 de l’Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie
Il barbiere di Siviglia revient à l’Opéra Bastille dans la...
Dernière saison d’Alain Surrans à ANGERS-NANTES OPERA
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

Vu pour vous

Concert d’exception : Lisette Oropesa et Benjamin Bernheim enflamment le Théâtre des Champs-Élysées

par Camillo Faverzani 28 avril 2024
par Camillo Faverzani 28 avril 2024
Benjamin Bernheim © Edouard Brane, Lisette Oropesa © Jason Homa
Benjamin Bernheim © Edouard Brane, Lisette Oropesa © Jason Homa
0 commentaires 7FacebookTwitterPinterestEmail
7,1K

Plus qu’à un concert, c’est à une dizaine de petits moments de théâtre que nous convient ce soir Lisette Oropesa et Benjamin Bernheim. En effet, sans partition sous les yeux, ces deux immenses interprètes se relaient non seulement pour chanter mais aussi pour jouer trois duos et six airs d’opéra dans un programme très rigoureusement structuré en deux parties : italienne la première, française la seconde. Dès l’entrée du ténor, une bouteille à la main, afin d’investir le rôle de Nemorino, le spectateur comprend qu’il va être témoin d’un grand moment de musique et pas de l’un de ces innombrables spectacles où plusieurs chanteurs alternent dans des scénettes fourre-tout sautant du coq à l’âne pour épater le bourgeois. Ce soir, on ne badine pas : on travaille sérieusement. Cela n’empêche pas nos deux artistes d’être drôles quand il le faut, comme dans ce désopilant duo de L’elisir d’amore donizettien où Benjamin Bernheim résonne de clarté, à la fois par l’articulation et le timbre, et Lisette Oropesa se distingue d’emblée par la pureté de l’accent et la virtuosité des vocalises. Et si le Duc du Mantoue du premier se réfugie par moments dans des notes émises de manière un peu trop nasale, il se singularise aussi par la sûreté de l’émission, de même que sa Gilda se caractérise par une déferlante de couleurs et d’ornements rares. Toute aussi délicieuse, sa Juliette donne la réplique à un Roméo bien connu du public parisien, dans un duo des aveux des plus exquis.

Côté airs solistes, nos deux chanteurs proposent le plus souvent des rôles qu’ils fréquentent assidument à la scène – d’où sans doute leur aisance –, sans toutefois se priver de s’essayer à des personnages qu’ils inscriront un jour à leur répertoire. Il en est ainsi de Mario Cavaradossi que Benjamin Bernheim n’a pour le moment osé qu’au disque, et en français. De Donizetti à Puccini, la transition se fait tout naturellement, et le peintre amoureux prend aussitôt forme dans une ligne dont l’ampleur se conjugue à la solidité de l’aigu. Sur le versant français, le ténor teste aussi Nadir qu’il aborde initialement piano, avant de conclure dans un crescendo époustouflant. Dans cela, il est précédé par la Marguerite inédite de son acolyte, à l’élocution exemplaire, malgré quelques notes légèrement étirées.

L’Amalia verdienne, en revanche, n’a plus aucun secret pour la soprano américaine : très articulé, le récitatif prépare une cavatine angélique – quel legato !!! –, puis cabalette aux fioritures devant mettre en lumière toute la ductilité de son instrument. On connaît les affinités de Lisette Oropesa avec Meyerbeer. Ainsi son Isabelle impressionne-t-elle par la variété de ses teintes et ses notes filées.

À la tête de l’Accademia du Teatro alla Scala de Milan, Marco Armiliato dirige avec exactitude une formation dont les percussions et les cuivres s’enflamment dans l’ouverture de La forza del destino, généralement si problématique dans des tutti qui ne sont aujourd’hui que plus envoûtants. Une mention particulière aussi pour les effets des vents, et pour les cordes, dont le prodigieux violoncelle solo d’Andrea Cavalazzi, dans le prélude des Masnadieri, annoncé dans le programme de salle comme étant une sinfonia : il en a, en effet, tous les attributs. Et si les percussions sonnent un peu bruyantes chez Gounod, c’est parce que la partition le demande ; elle est d’ailleurs parfaitement maîtrisée par l’orchestre dont les vents sont à nouveau un enchantement. La cohérence de l’ensemble, la complicité et l’intensité de l’approche, voilà ce qui fait la force de ces jeunes musiciens.

Dans les deux bis se reflète enfin tout l’esprit de ce concert d’exception : aucune facilité là non plus mais, en revanche, deux scènes dont l’intensité ne fléchit jamais. À peine terminé un air des souvenances extrêmement ardent et varié, Benjamin Bernheim prend un air songeur, avant d’enchaîner sur le duo de Saint-Sulpice où un affrontement dramatiquement vécu laisse la place au miracle d’une séduction renouvelée. Chantée sur le fil, la rencontre entre Rodolfo et Mimì confirme cette belle entente.

Le public est aux anges !!! Qui ne le serait pas ?

On réplique à la Scala le 29 avril et à Baden-Baden le 4 mai. Avis aux amateurs…

Retrouvez notre interview de Benjamin Bernheim ici !

Les artistes

Lisette Oropesa, soprano
Benjamin Bernheim, ténor

Orchestre de l’Accademia Teatro alla Scala de Milan, dir. Marco Armiliato

Le programme

Giuseppe Verdi – La forza del destino, Ouverture
Gaetano Donizetti – L’elisir d’amore, « Caro elisir! sei mio! » (Nemorino, Adina)
Giacomo Puccini – Tosca, « Recondita armonia » (Mario Cavaradossi) Benjamin Bernheim
Giuseppe Verdi – I masnadieri, « Tu del mio Carlo al seno » (Amalia) Lisette Oropesa
Giuseppe Verdi – I masnadieri, Prélude
Giuseppe Verdi – Rigoletto, « Signor né principe – io lo vorrei » (Gilda, Duca)
Charles Gounod – Roméo et Juliette, « Ange adorable » (Roméo, Juliette)
Charles Gounod – Faust, « Ah ! Je ris de me voir si belle » (Marguerite) Lisette Oropesa
Georges Bizet – Les Pêcheurs de perles, « Je crois entendre encore » (Nadir) Benjamin Bernheim
Charles Gounod – Roméo et Juliette, Ouverture
Giacomo Meyerbeer – Robert le Diable, « Robert, toi que j’aime… » (Isabelle) Lisette Oropesa
Jules Massenet – Manon, « Ah ! fuyez, douce image, à mon âme trop chère » (Des Grieux) Benjamin Bernheim

Paris, Théâtre des Champs-Élysées, concert du vendredi 26 avril 2024

image_printImprimer
Benjamin BernheimLisette OropesaMarco Armiliato
0 commentaires 7 FacebookTwitterPinterestEmail
Camillo Faverzani

Professeur de littérature italienne à l’Université Paris 8, il anime le séminaire de recherche « L’Opéra narrateur » et dirige la collection « Sediziose voci. Studi sul melodramma » aux éditions LIM-Libreria musicale italiana de Lucques (Italie). Il est l’auteur de plusieurs essais sur l’histoire de l’opéra. Il collabore également avec des revues et des maisons d’opéra (« L’Avant-scène Opéra », Opéra National de Paris).

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
NORMA : le chef-d’œuvre de Bellini programmé avec succès à Massy
prochain post
CD – GLUCK,  Orliński ed Euridice

Vous allez aussi aimer...

Diva ma non troppo : le public du festival...

14 juin 2025

À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires

14 juin 2025

Job, le procès de Dieu : création d’un opéra...

14 juin 2025

Festival du Haut-Limousin « Par les soirs bleus d’été »

13 juin 2025

La traviata à Tours : Violetta, prenez soin de...

13 juin 2025

Brèves de juin –

13 juin 2025

Il barbiere di Siviglia revient à l’Opéra Bastille...

12 juin 2025

À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de...

9 juin 2025

Retour triomphal de Pretty Yende au Théâtre des...

9 juin 2025

Núria Rial et l’Accademia del Piacere donnent le...

9 juin 2025

En bref

  • Brèves de mai –

    30 mai 2025
  • Les brèves de mars –

    14 mars 2025
  • Les brèves de février

    25 février 2025
  • Sauvons l’Avant-Scène Opéra !

    18 février 2025
  • L’Avant-Scène Opéra, c’est fini…

    7 février 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

Édito

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • cecile PABA ROLLAND dans Il trovatore à Marseille : Le chant de l’Extrémo
  • Stéphane Lelièvre dans À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de Don José ; nouveau succès pour la Carmen de Tcherniakov !
  • Alessandro dans À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de Don José ; nouveau succès pour la Carmen de Tcherniakov !
  • antonio meneghello dans GEORGE GAGNIDZE : « Mi accosto a Verdi con la massima venerazione e rispetto… »
  • Giancarlo Arnaboldi dans Berliner Philharmoniker: memorabile Madama Butterfly di Kirill Petrenko, Eleonora Buratto e Jonathan Tetelman

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Diva ma non troppo : le public...

14 juin 2025

À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des...

14 juin 2025

Job, le procès de Dieu : création...

14 juin 2025