À la une
Les cadeaux de Parpignol pour les fêtes de Noël
Ut Pictura Musica : la Bohème synesthésique de David Geselson
Festival(s) de Salzbourg 2026 : demandez le programme !
Le Festival de Pesaro 2026 fête les 200 ans du...
Les Contes d’Hoffmann à Lyon : fantastique Michieletto
CD – Lucia di Lammermoor : la confirmation de Lisette...
Un Américain à Paris : Genève succombe au charme de la...
Se préparer à La Passagère, Opéra national Capitole de Toulouse,...
Se préparer à Un ballo in maschera, Opéra de Paris...
Le Petit Faust, jeu télévisé déjanté à l’Athénée
Le 36e Festival Présences rend hommage à Georges Aperghis
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

ProductionCompte renduVu pour vous

Ut Pictura Musica : la Bohème synesthésique de David Geselson

par Pierre Brévignon 19 décembre 2025
par Pierre Brévignon 19 décembre 2025

© Jean-Louis Fernandez

© Jean-Louis Fernandez

© Jean-Louis Fernandez

© Jean-Louis Fernandez

© Jean-Louis Fernandez

© Jean-Louis Fernandez

© Jean-Louis Fernandez

© Jean-Louis Fernandez

© Jean-Louis Fernandez

© Jean-Louis Fernandez

0 commentaires 0FacebookTwitterPinterestEmail
26

Bohème, Opéra de Nancy, 17 décembre 2025

Splendeur scénographique, émotion musicale et… frustration dramatique : l’Opéra de Nancy conclut sa saison sur un spectacle presque parfait

L’idée est aussi simple que séduisante : dans cet opéra dont les protagonistes masculins sont un peintre, un poète, un philosophe et un musicien, pourquoi ne pas offrir aux arts et aux lettres la place qui leur revient de droit ? Tel est le pari tenu par l’équipe du comédien David Geselson qui, pour sa première mise en scène opératique, immerge la Bohème dans le bouillonnement artistique et intellectuel du Paris des années 1830 – loin des cratères lunaires de Claus Guth à Bastille, donc. Le prologue – habillé par l’orchestration des Crisantemi de Puccini – place d’emblée la lecture de l’œuvre dans cette perspective cinématographique si naturellement rattachée au Maestro de Lucques. Un texte de remise en contexte pédagogique (façon « En ces temps-là, en Galilée… » cher aux péplums bibliques) s’affiche sur un rideau translucide à l’avant-scène, situant justement l’action de l’opéra au mitan de deux révolutions et de deux rois – l’un de droit divin, l’autre choisi par le peuple. Comme pour mieux fusionner musique, drame, histoire et peinture, le rideau accueille aussi un détail des Scènes des massacres de Scio de Delacroix, toile qui sera maintenue pendant tout le premier tableau. Derrière elle, une vaste verrière figure la mansarde mal chauffée de notre quatuor d’artistes. Parti-pris déroutant – on redoute un effet de mise à distance – mais finalement convaincant, qui inscrit le mélodrame domestique dans la trame plus vaste de l’Histoire. Les autres œuvres dispensées au fil des scènes (Goya, Turner, Hugo, Vernet…) produiront habilement le même effet. Le second tableau voit le rideau translucide se lever et la verrière basculer pour figurer la devanture du Café Momus. Cette fois, plus de mise à distance : avec une euphorie communicative, le plateau est pris d’assaut, les membres du chœur déferlent de toutes parts (dans les magnifiques costumes de Benjamin Moreau) et brisent joyeusement le quatrième mur pour communiquer avec le public, jusqu’à un lancer de tracts reprenant la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne d’Olympe de Gouges. Une effervescence parfaitement maîtrisée, jusque dans la lisibilité des micro-actions (Parpignol et ses jouets, la Retraite…). L’effet de contraste est saisissant avec les deux derniers tableaux où, en écho aux vers baudelairiens projetés comme des commentaires de l’action, les lumières mordorées et la flamboyance des œuvres romantiques s’atténuent pour évoluer vers des visions spleenétiques et hivernales. La désolation brumeuse de la Barrière d’Enfer préfigure le retour à la mansarde glacée où Mimi pousse son dernier soupir, avec ce beau motif d’un arbre aux racines dénudées ; la réapparition des choristes, silhouettes éclairées à la bougie, autour de son lit de douleur évoque quelque assemblée de spectres… Quand le noir se fait sur l’ultime cri poussé par Rodolfo, c’est un magnifique livre d’images qui se referme.

Et deux heures de félicité musicale qui s’achèvent. Car, portés par la direction constamment vivante de Marta Gardolińska – qui fait avec cette production ses adieux à l’institution nancéienne après cinq années d’un mandat couronné de succès -, les musiciens de l’Orchestre de l’Opéra national Nancy-Lorraine investissent avec la même aisance les emballements bouffes de la partition, ses passages d’intense mélancolie et ses climax dramatiques, son écriture par courtes cellules motiviques et ses phrases à l’ample lyrisme. Même réussite du côté du (jeune) plateau vocal, presque entièrement composé de prises de rôle. Les barytons Yoann Dubruque (déjà remarqué cette année en Douphol à Tours) et Louis de Lavignère campent un Marcello et un Schaunard idéaux, avec cette projection un rien déclamatoire qui caractérise l’ironie désabusée de leur personnage. Le splendide timbre de basse de Blaise Malaba marque par la variété de ses nuances, qui font de ses adieux à son pardessus (« Vecchia zimarra… ») dans le dernier tableau un condensé d’émotion pure. Même splendeur musicale chez le ténor américain Angel Romero, qui s’illustre avec brio dès son « Che gelida manina… ». Par ses couleurs et ses accents, son timbre évoque étonnamment celui de Luciano Pavarotti. Hélas, la ressemblance se prolonge jusque dans un certain statisme scénique. L’alchimie avec la Mimi de Lucie Peyramaure s’en ressent, ce qui constitue l’unique ombre au tableau de cette soirée lyrique. Pour autant, la soprano limougeotte confirme les espoirs placés en elle depuis le Manru de Paderewski (Nancy, 2003) : voix riche offrant une belle assise dans les graves, intelligence dans l’approche vériste du chant, palette de nuances sans limite. Face aux quatre hâbleurs qui l’entourent, elle dépeint avec justesse un personnage plus humble, sans armes artistiques ou intellectuelles pour faire face à la misère. Musetta en est comme le pendant héroïque : la coquette qui fait tourner les cœurs (et mène Marcello par le bout du nez) se révèle, dans le deuxième tableau, une pasionaria féministe à laquelle la soprano irano-néerlandaise Lilian Farahani prête son aplomb vocal et sa prestance scénique. Un presque sans-faute, donc, que cette production, et une occasion à ne pas rater de conclure l’année en beauté.

Les artistes

Mimi : Lucie Peyramaure
Rodolfo : Angel Romero
Musetta : Lilian Farahani
Marcello : Yoann Dubruque
Colline : Blaise Malaba
Schaunard : Louis de Lavignère
Benoît : Yong Kim
Alcindoro : Jonas Yajure
Parpignol : Takeharu Tanaka
Sergent des douanes : Henry Boyles
Un douanier : Marco Gemini              

Orchestre et chœur de l’Opéra national de Nancy-Lorraine, dir. Marta Gardolińska
Assistant à la direction musicale : Renaud Madore
Chef de chœur : Anass Ismat
Mise en scène : David Geselson
Assistante à la mise en scène : Sophie Bricaire
Scénographie : Lisa Navarro
Costumes : Benjamin Moreau
Lumières : Jérémie Papin
Vidéo : Jérémie Scheidler

Le programme

LA BOHÈME

Opéra en quatre tableaux de Giacomo Puccini, livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica d’après Scènes de la vie de bohème d’Henry Murger (1851), créé au Teatro Regio de Turin le 1er février 1896.
Opéra de Nancy, représentation du mercredi 17 décembre 2025

image_printImprimer
Angel RomeroLilian FarahaniBlaise MalabaLouis de LavignèreDavid GeselsonYoann DubruqueLucie PeyramaureMarta Gardolińska
0 commentaires 0 FacebookTwitterPinterestEmail
Pierre Brévignon

Pierre Brévignon jongle avec les mots et les notes, tour à tour dans les programmes de l'Opéra de Paris, de la Cité de la Musique, du Théâtre du Châtelet, dans les livrets de CD, dans les salles de conférence de la Philharmonie, au sein de l'Association Capricorn (www.samuelbarber.fr) ou dans les livres qu'il consacre à sa passion : la première biographie française de Samuel Barber ("Samuel Barber, un nostalgique entre deux mondes", éditions Hermann, 2012), le "Dictionnaire superflu de la musique classique" (avec Olivier Philipponnat, Castor Astral, 2015) et "Le Groupe des Six, une histoire des années folles" (Actes Sud, 2020).

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
Festival(s) de Salzbourg 2026 : demandez le programme !

Vous allez aussi aimer...

Les Contes d’Hoffmann à Lyon : fantastique Michieletto

19 décembre 2025

Un Américain à Paris : Genève succombe au charme...

17 décembre 2025

Le Petit Faust, jeu télévisé déjanté à l’Athénée

16 décembre 2025

Le 36e Festival Présences rend hommage à Georges...

15 décembre 2025

Bruxelles, NormaVoyage immobile et bel canto sous tension,...

14 décembre 2025

TCE : le triomphe des Tenebrae dans un Messie...

14 décembre 2025

Crémone, I puritani  : la jeunesse à l’assaut...

10 décembre 2025

Les cadeaux de Parpignol pour les fêtes de...

10 décembre 2025

« Gala lyrique à la française » salle Gaveau –...

9 décembre 2025

Au Maggio Musicale Fiorentino, la Passion selon saint...

8 décembre 2025

En bref

  • Les brèves de décembre –

    11 décembre 2025
  • Les brèves de novembre –

    20 novembre 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

Édito


  • Édito d’octobre –
    « O, mia musica, si bella e perduta… » : quand le cas Venezi révèle un malaise plus profond concernant les arts et la musique en Italie

    2 octobre 2025

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Jean Leprince dans CD –  Tenebris d’Alexandre de Villeneuve. Un passionnant programme d’un compositeur sorti des ténèbres
  • meyer frederic dans Aux confins du sublime et de l’abject : le « Requiem de Terezin » (Grand Amphithéâtre de la Sorbonne)
  • meyer frederic dans Ça s’est passé il y a 100 ans : création de Wozzeck
  • Don Giovanni, de Mozart – À Dom e-mots dans KOSTAS SMORIGINAS
  • Josy Santos dans L’Opéra de Liège inscrit le CHAPEAU DE PAILLE DE FLORENCE à son répertoire

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Les Contes d’Hoffmann à Lyon : fantastique...

19 décembre 2025

Un Américain à Paris : Genève succombe...

17 décembre 2025

Le Petit Faust, jeu télévisé déjanté...

16 décembre 2025