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ROMEO ET JULIETTE dans le Grand Amphithéâtre de la Sorbonne :
Bellini, Berlioz, Gounod, Bernstein servis par un trio vocal de choc !

par François Desbouvries 28 avril 2024
par François Desbouvries 28 avril 2024

© Première Loge

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© Christophe Lahais

D.R.

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Il y a un an et demi, l’INSPÉ de Paris (l’Institut National Supérieur du Professorat et de l’Éducation) exprimait un vibrant plaidoyer contre le racisme et l’antisémitisme en proposant dans le mythique Grand amphithéâtre de la Sorbonne un concert gratuit consacré au Requiem de Verdi dans la version qui fut celle donnée en 1944 dans le camp de Terezin.

Ce vendredi 26 avril, l’INSPÉ a renouvelé l’expérience, autour cette fois-ci du mythe littéraire de « Roméo et Juliette » – ces jeunes amants à qui il est défendu de s’aimer, puisqu’ils appartiennent à deux familles ennemies et irréconciliables, et qui pourtant s’aimeront, et ne trouveront la paix et l’union que dans la mort. Le concept (Aimer n’est pas, ne devrait jamais être un crime) a donné lieu à un programme construit autour de l’incroyable fortune artistique de l’histoire des amants de Vérone : sur le seul plan musical, on compte pas moins de 30 œuvres consacrées au sujet, dont une vingtaine d’opéras !). Le programme fera donc se côtoyer en deux bonnes heures de musique des extraits d’œuvres de Bellini (I Capuleti e i Montecchi, 1830), Berlioz (Roméo et Juliette, 1839), Gounod (Roméo et Juliette, 1867) et Bernstein (West side story, 1957), pour l’un des derniers avatars musicaux du mythe.

Le spectacle, conçu et réglé par Stéphane Lelièvre, renoue avec l’esthétique du pasticcio, les pages retenues permettant de retracer autant que faire se peut la trame de l’histoire. Autant que faire se peut, car il existe bien sûr des nuances d’une œuvre à l’autre, Shakespeare n’étant pas l’unique inspirateur des livrets (chez Bellini, par exemple, l’opéra débute après la rencontre de Roméo et Juliette, et Juliette est promise à Tybalt, non au comte Pâris). L’histoire s’articule autour d’extraits de la tragédie de Shakespeare, interprétés par Romaric Hubert (excellent Frère Laurent), ainsi que par Juliette Poitte et Lisa Ioualalen (Juliette), et Ilhami Sari, Kiliann Miquel et Brahim Benmahioul (Roméo) : en effet, le projet ayant suscité l’enthousiasme de ces étudiants de l’INSPE de Paris (préparés par Marie-Astrid Clair), il a été décidé de les garder tous les cinq à l’affiche, pour un résultat d’une grande fraîcheur. Bravo à ces jeunes pour le travail accompli et leur inclusion parfaitement naturelle dans le projet artistique.

Lisa Ioualalen, Juliette Poitte, Ilhami Sari, Kiliann Miquel, Brahim Benmahioul, Romaric Hubert - © Première Loge

Les œuvres sont proposées dans une réduction au piano : excellente Juliette Sabbah, qui délivre notamment un très beau « Maria » de West side story, et de poétiques « Entracte » et « Sommeil de Juliette » de l’opéra de Gounod.  La scène du Grand Amphithéâtre semble cependant suffisamment vaste pour accueillir une formation orchestrale : si une « saison 3 » de ces concerts de l’INSPÉ devait avoir lieu, il serait intéressant de tenter l’expérience…

Musicalement, le pari n’était pas gagné d’avance : les esthétiques si différentes de Bellini, Gounod, Bernstein et Berlioz allaient-elles pouvoir cohabiter naturellement ? les artistes pourraient-il passer sans heurt d’un langage musical à un autre ? On est en fait surpris de la fluidité du discours musical, la progression de l’intrigue permettant à chaque page de s’insérer naturellement dans le déroulé. On retrouve avec plaisir le Chœur de Paris, déjà présent l’an dernier pour le Requiem de Terezin, et qui fait preuve de la même implication et du même sérieux dans sa préparation. Bravo notamment pour son émouvante interprétation du difficile chœur « Jetez des fleurs », l’une des pages les plus étonnantes de la symphonie de Berlioz.

Les solistes sont amenés à chanter presque autant que s’ils interprétaient un opéra entier ! En fait de résultat, c’est tout simplement un choc : le trio vocal (Fabien Hyon, Camille Chopin, Marion Vergez-Pascal) est de très haut vol, et si le ténor a déjà entamé une très belle carrière, ses comparses féminines devraient rapidement être appelées à tenir également des emplois de premier plan.

Fabien Hyon associe une voix lumineuse, lyrique et sûre à une prononciation parfaite, à proprement parler stupéfiante de clarté et de naturel. Le Roméo de Gounod lui convient comme un gant (merveilleux « Ah, lève-toi soleil ! ») et l’on espère qu’après ces premiers pas dans le rôle, un théâtre aura l’envie et l’idée de lui proposer l’œuvre dans son intégralité. La toute jeune Camille Chopin, fraîchement issue du CNSMDP, est très impliquée en Juliette de Gounod, avec en particulier un air du poison d’une belle intensité. Mais c’est peut-être dans l’air d’entrée de Giulietta (« Eccomi in lieta vesta – Oh! Quante volte… ») qu’elle nous a le plus impressionné, avec une élégance dans la ligne de chant, une attention aux nuances, une expressivité, un art du legato vraiment superbes. Marion Vergez-Pascal, que nous n’avions personnellement jamais entendue, est une révélation : la voix, chaude, veloutée, possède de très belles couleurs, notamment dans le médium. Le style est très soigné et l’interprétation habitée. Nous l’avons trouvée particulièrement émouvante dans l’air de Berlioz (« Premiers transports… ») et surtout dans l’air final du Romeo de Bellini, chanté dans son intégralité (avec le long et beau récitatif qui le précède), avec une grande sensibilité.

Romaric Hubert, Stéphane Lelièvre, Fabien Hyon, Juliette Sabbah, Camille Chopin, Marion Vergez-Pascal. © Première Loge

Un très beau spectacle, qui mériterait d’être repris ! Le public (parmi lequel on remarquait Annick Massis, venue applaudir son élève Marion Vergez-Pascal) ne s’y est pas trompé, qui réserve un accueil enthousiaste à tous les artistes – lesquels offrent en guise d’au revoir une émouvante interprétation du « Somewhere » de Bernstein : « Il existe, quelque part, un lieu où nous pourrons nous aimer librement… ». Belle façon de refermer ce concert en rappelant de façon forte et émouvante le message humaniste qui le sous-tend.

Les artistes

Chanteur, chanteuses :
Juliette (Roméo et Juliette, Gounod) ; Giuletta (I Capuleti et i Montecchi, Bellini) : Camille Chopin (soprano)
Romeo (I Capuleti et i Montecchi, Bellini) ; mezzo (Roméo et Juliette, Berlioz) : Marion Vergez-Pascal (mezzo-soprano)
Roméo (Roméo et Juliette, Gounod), Tebaldo (I Capuleti et i Montecchi, Bellini) : Fabien Hyon (ténor)
Pianiste : Juliette Sabbah

Acteurs, actrices :
Frère Laurent : Romaric Hubert
Juliette : Juliette Poitte, Lisa Ioualalen (étudiantes de l’INSPE de Paris)
Roméo : Ilhami Sari, Kiliann Miquel, Brahim Benmahioul (étudiants de l’INSPE de Paris)
Le Chœur de Paris, dir. Till Aly

Conception du spectacle : Stéphane Lelièvre
Avec le soutien de l’INSPE de l’Académie de Paris, de Sorbonne Université, du Centre de recherches en littérature comparée (Sorbonne université Faculté des Lettres), du Rectorat de Paris.

Le programme

Roméo et Juliette

Un spectacle construit autour d’extraits de :
Romeo and Juliet (Roméo et Juliette), Tragédie de William Shakespeare, 1597 ;
I Capuleti e i Montecchi, Opéra en deux actes de Vincenzo Bellini, livret de Felice Romani d’après les sources italiennes de l’histoire, créé à Venise 1830 ;
Roméo et Juliette, Symphonie dramatique d’Hector Berlioz, livret d’Émile Deschamps d’après Shakespeare, créée à Paris en 1839 ;
Roméo et Juliette, Opéra en cinq actes de Charles Gounod, livret de Jules Barbier et Michel Carré d’après Shakespeare, créé à Paris en 1867 ;
West Side Story, Comédie musicale de Leonard Bernstein, paroles de Stephen Sondheim et livret d’Arthur Laurents, basé sur une conception de Jerome Robbins, inspiré de Roméo et Juliette de Shakespeare, créé le 26 septembre 1957 à New York.

Programme :

Berlioz, Roméo et Juliette – « Premiers transports » (mezzo-soprano)
Gounod, Roméo et Juliette – Prologue et chœur : « Vérone vit jadis deux familles rivales… L’heure s’envole »
Bellini, I Capuleti e i Montecchi – air de Romeo : « Se Romeo t’uccise un figlio »
Bellini, I Capuleti e i Montecchi – air de Giulietta : « Eccomi in lieta vesta… – Oh! Quante volte… »
Gounod, Roméo et Juliette – Entracte (piano)
Gounod, Roméo et Juliette : « Ah, lève-toi soleil ! » (Roméo)
Gounod, Roméo et Juliette – Duo : « Ô nuit divine, je t’implore » (Roméo, Juliette)
Bernstein, West side story – « Tonight » (chœur)
Bernstein, West side story – « Make of our hands » (chœur)
Bellini, I Capuleti e i Montecchi – Duo : « Ah, crudele ! » (Giulietta, Romeo)
Gounod, Roméo et Juliette – Air du poison : « Dieu ! Quel frisson court dans mes veines ! » (Juliette)
Bellini, I Capuleti e i Montecchi – Acte II, Scène VI – duo Tebaldo/Romeo : « Stolto! ad un sol mio grido »
Berlioz, Roméo et Juliette – « Jetez des fleurs pour la vierge expirée » (chœur)
Bellini, I Capuleti e i Montecchi – Acte II, scène 7, chœur et air de Roméo : « Siam giunti… Deh tu, bel anima »
Gounod, Roméo et Juliette – Acte V, « Le sommeil de Juliette » (piano). Scène de Roméo et duo final (Roméo, Juliette)

Bis:
Bernstein, West side story – « Somewhere » (solistes et chœur)

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fabien HyonJuliette SabbahCamille ChopinMarion Vergez-PascalChoeur de Paris
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François Desbouvries

Scientifique de formation et de profession (il est enseignant-chercheur en mathématiques appliquées), François Desbouvries n’en est pas moins passionné par l’art : la littérature, la peinture, et bien sûr... la musique en général, et l’opéra en particulier. Il fréquente assidûment les salles de concerts et d’opéras depuis une trentaine d’années, et n’a de cesse de faire partager sa passion, notamment via le site Première Loge dont il a rejoint l’équipe de rédaction en janvier 2020.

1 commentaire

meyer frederic 29 avril 2024 - 9 h 53 min

Quel bonheur d’avoir pu découvrir ces trois belles voix promises à une belle carrière.

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