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Rencontres musicales de Vézelay : une colline inspirée où les voix ont droit de cité (1/3)
Beatles baroque

par Nicolas Le Clerre 30 août 2023
par Nicolas Le Clerre 30 août 2023

© V. Arbelet

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Tandis que s’achève l’été des festivals et que les lyricomanes cornent déjà les pages de leurs agendas aux dates des premiers spectacles de la nouvelle saison, la Cité de la Voix conviait les amateurs de flâneries musicales aux lisières du massif morvandiau du 24 au 27 août pour un long week-end de festivités. Pour cette 23e édition des Rencontres musicales de Vézelay, le directeur François Delagoutte a concocté une programmation mêlant toutes les musiques et destinée à tous les publics. Le webmagazine Première Loge était présent le premier des quatre jours de ce festival en terres bourguignonnes.

Beatles go baroque

Apercevoir la basilique de Vézelay au détour d’un virage, accrochée au sommet des premiers contreforts du Morvan, provoque toujours un battement de cœur particulier et ce plaisir redouble encore lorsqu’il s’agit de profiter des derniers beaux jours de l’été pour se rendre aux Rencontres musicales que la Cité de la Voix y organise fidèlement depuis plus de deux décennies. Étalés sur quatre journées, du jeudi au dimanche, les concerts de cette 23e édition ont pour fil rouge la musique anglaise et comment mieux honorer le Royaume-Uni qu’en ouvrant le festival par un programme faisant dialoguer Henry Purcell et… les Beatles ?

Beaucoup se souviennent de l’album publié par la firme Naxos en 1993, Beatles go baroque. Pour la première fois, le compositeur slovaque Peter Breiner donnait à entendre une vingtaine d’arrangements de chansons des Beatles orchestrées pour une formation de musique de chambre, délicieux pastiches de concerti grossi à la manière de Haendel, de Vivaldi et de Bach, et force est de reconnaître que le résultat était absolument enthousiasmant !

Pour ouvrir le cru 2023 des Rencontres musicales, le directeur François Delagoutte propose de renouveler cette expérience sans la plagier en conviant le public dans la petite église d’Asquins – charmant village bourguignon lové au pied de la colline de Vézelay – à un concert de l’ensemble Les Paladins dont le programme se propose de confronter des mélodies composées par Purcell dans le dernier tiers du XVIIe siècle et quelques-uns des plus fameux standards des Beatles. Excitante sur le papier, cette rencontre iconoclaste tient toutes ses promesses et renouvelle profondément notre manière d’écouter et d’apprécier des mélodies qu’on croit toujours, mais souvent à tort, connaître par cœur.

Fondateur des Paladins, claveciniste et professeur de chant baroque (entre autres nombreux talents), Jérôme Correas est le démiurge par qui la rencontre entre Henry Purcell, John Lennon, Paul McCartney et Georges Harrison devient possible. Savamment préparé et subtilement dosé, le programme du concert donne à entendre alternativement des mélodies purcelliennes et huit titres des « Fab four », confrontation qui permet à la fois de constater l’étonnante modernité de la ligne musicale de Purcell et le classicisme british toujours teinté d’humour des succès des Beatles. La sobriété de la mise en œuvre musicale permet en effet de placer ces différents artistes, séparés par trois siècles, sur un pied d’égalité et de réduire leur génie à une sorte d’épure qui rend pertinent le dialogue des musiques. Dans le chœur de l’église d’Asquins, l’accompagnement musical est effectivement réduit à la viole de gambe d’Arthur Cambreling et aux claviers de Jérôme Corréas qui dirige alternativement les Paladins depuis un clavecin ou un positif.

Côté voix, les sopranos Magali Léger et Amandine Bontemps ainsi que le ténor Jean-François Lombard se révèlent complices et complémentaires, aussi à l’aise dans l’interprétation de Purcell que des Beatles, et tous n’appellent, dans ce type de répertoire, que des compliments.

Dotée d’un timbre rond et chaleureux jusqu’à l’opulence, Magali Léger excelle aussi bien à restituer le dépouillement mélodique des compositions de Purcell que l’ivresse psychédélique de celles de John Lennon. Sweeter than roses de Purcell est délivré en deux temps, l’instrument de l’artiste s’étirant d’abord à l’infini en une longue déploration avant que le brusque changement de tempo ne lui offre l’occasion de vocaliser élégamment avec une science consommée du chant baroque. Dans Across the Universe, des Beatles, accompagnée sobrement à l’orgue, Magali Léger s’approprie l’univers planant de ce titre écrit sous substance et offre au public un pur moment suspendu de poésie, sans fioriture vocale inutile.

Comparée à sa partenaire, Amandine Bontemps affiche elle-aussi une musicalité parfaite mais fait entendre une voix plus légère, un timbre plus pointu et une manière d’aborder le chant – surtout dans les reprises des Beatles – avec une esthétique moins lyrique et plus proche de l’esprit du music-hall anglo-saxon. L’adaptation de Penny Lane, plébiscitée par le public au moment des bis d’après-concert, convient idéalement à ses moyens et démontre chez cette jeune artiste une fraîcheur revigorante et une capacité à faire siennes des audaces vocales auxquelles un artiste de variété comme Christophe Willem s’essaye lui-aussi dans sa propre version de ce titre des Beatles.

Jean-François Lombard enfin impressionne par la richesse des harmoniques de son timbre de ténor et ses qualités de caméléon pour exceller aussi bien dans Purcell que dans le répertoire des quatre garçons dans le vent. Les spectateurs présents à Asquins ce 24 août garderont longtemps en mémoire une interprétation éthérée et élégante de Music for a While ponctuée d’appogiatures d’une finesse de dentellière. Ils ne sont pas près d’oublier non plus une Lady Madonna électrisée que le chanteur hérisse d’aigus haut-perchés d’une parfaite justesse, accompagné de choristes de grand luxe en les personnes de ses deux partenaires féminines.

Excellents dans les morceaux qu’ils interprètent en solo, ces trois chanteurs se révèlent également complices et complémentaires lorsque Jérôme Corréas associe leurs voix et que leurs talents s’additionnent. Extrait de The Fairy Queen, l’adaptation à trois voix de “Now the night is chased away” ouvre le concert de manière jouissive en donnant à entendre de subtiles harmonies et un plaisir communicatif de chanter tous ensemble. La même complicité se retrouve par la suite dans Because, mélodie inspirée à John Lennon par Yoko Ono qui, à longueur de journée, massacrait au piano la Sonate au clair de lune de Beethoven ou dans In Vain the Am’rous Flute où Purcell a fait s’entrelacer deux lignes de chant de manière si étroite que cette chanson nécessite de ses interprètes une connivence proche de la sensualité : Magali Léger et Amandine Bontemps s’y montrent exquises de simplicité et d’engagement dramatique.

Si cette confrontation sympathique entre Purcell et les Beatles est surtout affaire de voix, les prestations de Jérôme Corréas et du gambiste Arthur Cambreling ne doivent pas être mises sous le boisseau. Tour à tour claveciniste, organiste et même trompettiste lorsqu’il accompagne de la bouche et du souffle le refrain de Penny Lane, Jérôme Correas prend un plaisir potache et communicatif à passer d’un répertoire à l’autre sans jamais sacrifier la qualité et les nuances de l’interprétation. Deux pièces instrumentales contribuent à la respiration du concert : la « Corant » de la Suite No.2 in G Minor et le Ground in D Minor sont l’occasion d’apprécier un toucher de clavier à la délicatesse arachnéenne qui est la signature du directeur des Paladins. À la viole de gambe, Arthur Cambreling assure avec dextérité un continuo discret et élégant mais c’est surtout lorsqu’il use de son instrument comme d’une guitare et qu’il en joue pizzicato pour accompagner Black Bird et Lady Madonna qu’il s’attire les applaudissements les plus nourris du public.

Que leur adolescence ait été bercée par les mélodies de John Lennon ou qu’ils soient trop jeunes pour avoir connu l’hystérie des sixties autour des Beatles, les spectateurs réunis à Asquins pour le concert d’ouverture des 23e Rencontres musicales de Vézelay ont chaleureusement ovationné les Paladins à l’issue du concert, donnant ainsi le ton à quatre jours de musique en territoire morvandiau.

Les artistes

Les Paladins

Clavecin, orgue et direction : Jérôme Correas
Soprano : Magali Léger
Soprano : Amandine Bontemps
Ténor : Jean-François Lombard
Viole de gambe : Arthur Cambreling

Le programme

Beatles Baroque

Henry Purcell (1659-1695)
“Now the night is chased away”, The Fairy Queen Z. 629 (Act. IV)

John Lennon (1940-1980), Paul McCartney (1942-)
Michelle

Henry Purcell
Strike the Viol, Touch the Lute, Z. 328
Oh! The Sweet Delights of Love, Z. 627
Sweeter than Roses, Z. 585 no.1

John Lennon, Paul McCartney
Black Bird

Henry Purcell
« Corant », Suite No. 2 in G Minor, Z. 661 (3.)

John Lennon, Paul McCartney
Because

Henry Purcell
Music for a While Z. 583

John Lennon, Paul McCartney
Penny Lane
If I Fell in Love with You

Henry Purcell
In Vain the Am’rous Flute Z.328

John Lennon, Paul McCartney
Across the Universe

Henry Purcell
Ground in D Minor ZD. 222

Georges Harrison (1943-2001)
While my Guitar Gently Weeps

Henry Purcell
Sound the Trumpet, Beat the Drum Z. 335

John Lennon, Paul McCartney
Lady Madonna

Église Saint-Jacques-le-Majeur d’Asquins, jeudi 24 août 2023 – 14h30

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Werner GüraGuy CuttingStéphanie GuérinAlex PotterAleksandra LewandowskaMiriam AllanAlessandro RavasioStephan MacLeodAmandine BontempsMatthew BrookJean-François LombardJérôme CorréasValerio ContaldoMagali LégerEmiliano Gonzalez Toro
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Nicolas Le Clerre

C’est un Barbier de Séville donné à l’Opéra National de Lorraine qui décida de la passion de Nicolas Le Clerre pour l’art lyrique, alors qu’il était élève en khâgne à Nancy. Son goût du beau chant le conduisit depuis à fréquenter les maisons d'Opéra en Région et à Paris, le San Carlo de Naples, la Semperoper de Dresde ou encore le Metropolitan Opera de New-York. Collectionneur compulsif de disques, admirateur idolâtre de l’art de Maria Callas, Nicolas Le Clerre est par ailleurs professeur d’Histoire-Géographie, Président de la Société philomathique de Verdun, membre de l'Académie nationale de Metz et Conservateur des Antiquités et Objets d'Art de la Meuse.

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