Dans le contexte budgétaire particulièrement tendu que nous connaissons, la saison 2025-2026 des Talens Lyriques s’annonce brillante et d’une diversité à l’image des chemins empruntés depuis des années par Christophe Rousset, son fondateur et chef. On se souvient avec bonheur de son Armida Abandonata de Jomelli (30 ans déjà !), de ses Salieri (Antigone ou La grotta di Trofonio), comme de son Antigone de Tommaso Traetta, il y a un quart de siècle.
Justement, Traetta revient avec son Iphigenie en Tauride, composée 15 ans avant celle de Gluck. Mais il faudra se rendre au Festival d’Innsbruck en août 2026 pour l’entendre – ou attendre la sortie de l’enregistrement. Il en sera de même avec L’Opera seria, comédie inénarrable de Gasmann, proposée à Vienne en février-mars. Car l’une des caractéristiques de cette saison est la présence internationale réaffirmée des Talens Lyriques (Autriche, Italie, Suisse, Allemagne, Norvège, USA…), l’autre étant un ancrage français bien particulier.
En effet, si les opéras retiennent l’attention (Orlando de Haendel à Nancy et Caen, Ascanio in Alba de Mozart au TCE, Cadmus et Hermione de Lully à la Philharmonie de Paris et ensuite en disque pour clore l’intégrale Lully entreprise par Christophe Rousset), tout comme les concerts donnés à Rouen ou Poissy, c’est surtout le partenariat avec la Salle Cortot qui participe de cette originalité. À quatre reprises, ils permettront d’entendre des programmes commentés par le chef, autour du Lamento, du recitar cantando, de la cantate française ou de la Semaine Sainte…
À cela s’ajoutent la poursuite de multiples actions pédagogiques menées sur le long terme auprès de 15 classes et 420 élèves dans trois lieux éducatifs différents, ainsi que la poursuite du projet « Musique à l’hôpital ».
Cet ancrage spécifique n’empêche pas Christophe Rousset le claveciniste de donner deux concerts, alors que le chef dirigera Le Messie de Haendel avec le Monteverdi Choir et les English Baroque Soloists en décembre, à Paris, Rome, Milan et Londres.
Dans ce foisonnement, deux regrets pourtant, sous forme de vœux : que l’ Iphigenie de Traetta vienne résonner dans l’hexagone et que l’Opera seria de Gasmann – mis en scène par Laurent Pelly – enchante et fasse rire de nombreux organisateurs afin de retrouver enfin sur les scènes françaises ce moment de délire et de plaisir musical.