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CD – La poésie à fleur de lèvres : « Je te veux ! »
Julie Cherrier-Hoffmann déclare son amour à l’univers de la mélodie française

par Nicolas Le Clerre 17 juillet 2025
par Nicolas Le Clerre 17 juillet 2025
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Les artistes

Soprano :   Julie Cherrier-Hoffmann
Piano :   Frédéric Chaslin

Le programme

Henri Duparc (1848-1933)
L’Invitation au voyage
Au pays où se fait la guerre
Phidylé
Chanson triste

Jules Massenet (1842-1912)
Élégie

Alfred Bachelet (1864-1944)
Chère nuit

Ernest Chausson (1855-1899)
Le Colibri (Sept mélodies, op. 2)
Le Temps des lilas (Poème de l’amour et de la mer, op. 19)

Gabriel Fauré (1845-1924)
Nell (Trois mélodies, op. 18)
Les Berceaux (Trois mélodies, op. 23)
Clair de lune (Deux mélodies, op. 46)
Après un rêve (Trois mélodies, op. 7)

Claude Debussy (1862-1918)
L’âme évaporée (Deux romances, CD 65, L.79)
Green (Ariettes oubliées, CD 63b, L.60)
Apparition CD 57, L.53

Erik Satie (1866-1925)
Je te veux !

I CD Aparté, enregistré à l’église Saint-Germain-d’Auxerre, Heudicourt-sous-les-Côtes, du 2 au 7 avril 2024.

 

Deux ans après un enregistrement de La Voix humaine qui avait déjà retenu l’attention de Première loge par la parfaite adéquation de son interprète avec la prosodie de Francis Poulenc, Julie Cherrier-Hoffmann revient avec un nouvel enregistrement entièrement consacré à des mélodies françaises de la Belle Époque. La soprano n’a pas son pareil pour susurrer des mots tendres à l’oreille de son auditeur.

En quelques années, avec la complicité musicale de Frédéric Chaslin, Julie Cherrier-Hoffmann est parvenue à construire un solide début de discographie en publiant quatre albums en moins de cinq ans, tous sous le label Aparté. Son nouvel opus intitulé Je te veux ! renoue avec l’atmosphère Belle Époque de son premier enregistrement, Chansons pour elle, paru en 2020, où, déjà, elle abordait Gabriel Fauré et Claude Debussy avec un chic typiquement français.

À une époque où tant de mélomanes consomment la musique de manière dématérialisée, les albums de Julie Cherrier-Hoffmann sont d’abord des objets précieux dont on apprécie le soyeux du cartonnage, les teintes pastelles et l’élégance des visuels. Il faut effectivement reconnaître à Lou Sarda – complice de longue date de la chanteuse – un talent tout particulier pour les clichés évanescents au sfumato mystérieux. Pour la pochette de Je te veux ! , la photographe a su capter un regard d’une intensité fébrile tandis qu’un voile de tulle opalescent brouille les traits de Julie Cherrier-Hoffmann autant qu’il les sublime.

Musicalement, le pianiste Frédéric Chaslin et son interprète ont composé un programme qui, de Jules Massenet à Erik Satie, enjambe les années 1900 et explore un univers mélodique familier des salons proustiens.

C’est peu dire que la diction de Julie Cherrier-Hoffmann fait merveille dans la manière de faire sonner les vers de poètes aussi talentueux que Charles Baudelaire, Théophile Gautier, le Réunionnais Leconte de Lisle (mis en musique par rien moins que Duparc, Chausson et Fauré), Paul Verlaine ou les quelque peu oubliés Paul Bourget et Sully Prudhomme (à qui on doit pourtant le plus bel alexandrin de la langue française : « Et ceux-là seuls sont morts qui n’ont rien laissé d’eux »). Même le sibyllin et tourmenté Stéphane Mallarmé trouve dans l’instrument de la soprano une résonnance familière qui fait de la mélodie Apparition l’un des morceaux les plus hypnotiques du récital.

Il faut donc saluer l’audace de cette jeune chanteuse dont la discographie a pour l’instant pris d’autres chemins que ceux, rebattus, de la douzaine d’arie italiennes que tout soprano rêve d’interpréter un jour au disque à défaut de pouvoir les assumer sur scène. Aux périlleuses autoroutes de la gloriole, Julie Cherrier-Hoffmann préfère les chemins de traverse, les sentiers étroits où la guident ses amies Sylvie Valayre et Christiane Stutzmann et qui la conduisent vers des mélodies rarement enregistrées.

Au pays où se fait la guerre (Duparc) va comme un gant aux moyens vocaux délicats de la chanteuse. Est-ce parce qu’elle a enregistré cette mélodie au cœur des terres de Meuse marquées par le souvenir de la Grande Guerre ? L’artiste puise dans ce terroir des marches de l’est où elle réside et travaille une sensibilité à fleur de peau qui lui permet d’exprimer sur le souffle la peur d’une fiancée qui attend le retour du promis parti guerroyer.

Tout au long du récital, la pulpe du timbre séduit autant que la diction un peu old school réussit à créer l’atmosphère d’un salon comme Marcel Proust en décrit du côté de Guermantes. Élégie (Massenet) est d’ailleurs le diamant qui se cache au cœur de l’écrin de ce récital : en deux minutes à peine, Julie Cherrier-Hoffmann y révèle un vrai tempérament de diva ainsi qu’une extrême attention portée aux mots et aux émotions.

Dans la brève mélodie Nell (Fauré), la soprano réussit à faire entendre l’élégante Marguerite qu’elle saurait être dans le Faust de Gounod mais c’est dans Je te veux ! qui conclut le disque que Julie Cherrier-Hoffmann glisse le mieux sa voix dans la draperie musicale tissée de main de maître par Erik Satie. Tout en nuances subtiles, à la manière du pinceau délicat d’un peintre nabi, elle referme ce récital par un exercice de chant élégant dont l’extrême rigueur est précisément la condition pour créer l’illusion réussie de l’abandon romantique.

Au piano, l’accompagnement de Frédéric Chaslin a toute sa part dans la réussite de cet enregistrement et n’aurait pas déplu à l’oreille exigeante de Mme Verdurin qui aurait pu s’exprimer, en l’écoutant : « Ça ne devrait pas être permis de savoir jouer Debussy comme ça ! »

Sans jamais lui voler la vedette, le pianiste réussit à glisser sous la voix de la cantatrice un tapis d’arpèges et d’accords soyeux comme l’étoffe d’une robe de Fortuny. La mélancolie bienfaisante qui se dégage de ce disque lui doit beaucoup.

Samedi 19 juillet, à l’église de Fréméréville-sous-les-Côtes (Meuse), Julie Cherrier-Hoffmann et Frédéric Chaslin – avec le concours du harpiste Jean-Baptiste Haye – reprendront le programme de ce disque dans le cadre du festival « Musique aux mirabelles ». Les lecteurs lorrains de Première loge seraient bien inspirés d’aller y prêter l’oreille.

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Frédéric ChaslinJulie Cherrier-Haffmann
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Nicolas Le Clerre

C’est un Barbier de Séville donné à l’Opéra National de Lorraine qui décida de la passion de Nicolas Le Clerre pour l’art lyrique, alors qu’il était élève en khâgne à Nancy. Son goût du beau chant le conduisit depuis à fréquenter les maisons d'Opéra en Région et à Paris, le San Carlo de Naples, la Semperoper de Dresde ou encore le Metropolitan Opera de New-York. Collectionneur compulsif de disques, admirateur idolâtre de l’art de Maria Callas, Nicolas Le Clerre est par ailleurs professeur d’Histoire-Géographie, Président de la Société philomathique de Verdun, membre de l'Académie nationale de Metz et Conservateur des Antiquités et Objets d'Art de la Meuse.

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