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Le charme entêtant des mélodies de Bellini…

par Stéphane Lelièvre 20 janvier 2018
par Stéphane Lelièvre 20 janvier 2018
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Le ténor Maxim Mironov et le pianiste Richard Barker proposent, dans un CD remarquable à tous égards, 19 ariettes de Bellini qui rappellent ou annoncent certaines pages fameuses des opéras du compositeur sicilien.

C’est un CD rare qu’offrent Maxim Mironov et Richard Barker. Rare à plus d’un titre, et tout d’abord pour les pièces enregistrées : certes, le Vaga luna est au répertoire de certains ténors, mezzos ou sopranos (Villazon, Bartoli, Gheorghiu, comme jadis Pavarotti, Carreras, Scotto). Mais qui connaît encore les Sei ariette da camera, Dolente immagine, L’abbandono ou encore l’Odia la Pastorella ? L’auditeur s’amuse à reconnaître parfois dans telle ou telle romanza ou telle mélodie un hommage à tel opéra : hommage textuel (le Vaga luna est bien sûr un clin d’œil poétique au Casta diva de Norma) mais plus souvent musical, à moins qu’il ne s’agisse non d’un hommage, mais de la préfiguration d’un air à venir dont la romanza contient déjà en germe plusieurs motifs. Tel est le cas de Venticel che l’ali d’oro qui donne à entendre un thème du premier air d’Alaïde dans La Straniera, de O crudel che il mio pianto non vedi dans lequel se reconnaît une phrase du duo Amina/Elvino de La Somnambule, de Odia la pastorella où transparaît au piano un motif du Vieni fra queste braccia que chantent Arturo et Elvira au dernier acte des Puritains. Mais c’est surtout la magnifique Ricordanza (laquelle donne son nom à l’album) qui retient l’attention de l’auditeur : cette mélodie (issue d’un ensemble de cinq ariettes dont les quatre autres sont perdues, et dont les textes étaient signés par Carlo Pepoli, le librettiste des Puritains), est datée d’avril 1834 (année au cours de laquelle Bellini commença la composition de son dernier opéra) et est presque entièrement construite sur la scène de la folie d’Elvire : O rendetemi la speme.

Indépendamment du jeu consistant à repérer telle citation ou telle annonce d’un opéra à venir, chaque pièce de l’album constitue une petite œuvre en soi avec son univers propre, et est délicatement ciselée par le ténor et le pianiste. La qualité première de Maxim Mironov et de Richard Barker est sans doute la sobriété : aucun maniérisme, aucun sentimentalisme dans leur interprétation, mais une simplicité et une franchise de ton qui font naître l’émotion. Aux qualités vocales de Maxim Mironov (un timbre d’une grande beauté, suave sans mièvrerie, une technique parfaite au point de se faire oublier) s’ajoute une diction extrêmement claire. Le texte est parfaitement compréhensible sans être jamais sur-articulé ni chargé d’effets interprétatifs qui seraient tout à fait déplacés dans ces pièces raffinées et délicates. Nul doute que Mironov serait un Elvino idéal. Espérons qu’il ajoute un jour ce rôle à son répertoire !

Autre belle surprise : le français de Maxim Mironov est excellent ! Il y a bien ici ou là une ou deux nasales un peu trop ouvertes, des  e « muets » (bien mal nommés !) qu’il aurait fallu prononcer (« Instant fatal où je t’ai vue », « Ton vol s’élança dans la nue »), une liaison trop appuyée, mais ce sont des détails au regard du résultat d’ensemble : les textes sont compréhensibles, même en fermant le livret ! Maxim Mironov serait sans doute un excellent interprète du répertoire français de la fin du XVIIIe ou du début du XIXe siècle. Il nous a confié il n’y a guère qu’il rêvait de chanter le rôle-titre du Postillon de Lonjumeau… Avis aux directeurs de théâtre !

Terminons en évoquant le sérieux avec lequel cet enregistrement a été réalisé : les textes de présentation (signés Francesco Cesari) sont passionnants, le CD en tant qu’objet est très beau (iconographie soignée, chaque mélodie étant accompagnée d’une belle illustration), et les artistes ont poussé la rigueur musicologique jusqu’à employer deux pianoforte : un Graf pour les mélodies composées en Italie et un Pleyel (similaire à ceux utilisés par Chopin et Bellini dans les années 1830) pour celles composées en France. La Ricordanza et Vaga luna sont même gravées deux fois, avec chaque instrument, afin que l’auditeur puisse mesurer les différences de couleurs entre les deux pianoforte, et donc in fine les différentes atmosphères qui en résultent.

Il n’existe qu’une série numérotée de ce CD, achetable en ligne seulement. Mais chaque romanza ou mélodie est également téléchargeable au format MP3. Ne ratez pas ce petit bijou !

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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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