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Récital

Anne Sofie von Otter au Musée d’Orsay – Donner un charme neuf à ses métamorphoses

par Laurent Bury 11 février 2022
par Laurent Bury 11 février 2022
Anne Sofie von Otter
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1,3K

Ce n’est pas faire injure à Anne Sofie von Otter que de dire que l’essentiel de sa carrière se situe désormais derrière elle : Octavian et Idamante ont désormais cédé la place à Marceline des Noces ou à la Comtesse de La Dame de pique. Mais ce qui vaut pour le théâtre n’est pas vrai du concert, où l’activité de la mezzo-soprano suédoise ne diminue pas, quitte à inventer des formes mixtes comme ce Winterreise mis en scène à Bâle dans quelques jours. A l’auditorium du Musée d’Orsay, c’est un « pur » récital que proposait la chanteuse. Ou presque, puisque la chanson s’y mêlait à la mélodie, la musique dite « populaire » à celle qu’on nomme « savante ».

En effet, et depuis plusieurs années maintenant, Anne Sofie von Otter a su se réinventer en interprète d’auteurs-compositeurs : Elvis Costello dès 2001, Charles Trénet ou Georges Moustaki en 2013 avec l’album Douce France. Pour le bicentenaire de la naissance de Baudelaire, le Musée d’Orsay avait demandé à la chanteuse de concocter un hommage au poète, et pandémie aidant, c’est en 2022 qu’elle peut enfin le présenter au public d’un Auditorium plein à craquer. Accompagnée de son fidèle pianiste Bengt Forsberg, et rejointe par la jeune altiste américaine Vicki Powell, Anne Sofie von Otter avait aussi convoqué son propre fils, le guitariste Fabian Fredriksson.

Un récital dédié à Baudelaire sans Duparc, est-ce bien raisonnable ? C’est en tout cas ce qu’a voulu la mezzo, en allant chercher des pages un peu moins fréquentées, ce dont on lui sait gré. On entend ainsi les trois mélodies que l’auteur des Fleurs du mal a inspirées à Fauré, que l’on associe bien davantage à Verlaine : un Baudelaire moins noir pour ouvrir le programme (« Hymne » et « La Rançon ») avant d’en arriver, un peu plus tard, au lugubre « Chant d’automne ». Anne Sofie von Otter ne donne qu’un seul des cinq Debussy, « Harmonie du soir », mais livre la version que ce même poème a suscitée sous la plume de Charles Martin Loeffler, qui en retient surtout la « valse mélancolique », ainsi que « La Cloche fêlée » du même compositeur. Et c’est « L’Invitation au voyage » par Chabrier qui conclut le volet mélodie du concert.

Si la jonction entre les notes graves, proches de sa voix parlée, et le registre aigu semble d’abord délicate, Anne Sofie von Otter s’impose bientôt dans ces œuvres, aidée par une immense intelligence du texte et par une maîtrise superlative du français. Le Chabrier n’en laisse pas moins une impression mitigée, peut-être à cause de glissandos un rien trop appuyés. Après chaque mélodie, la chanteuse cède la place à Bengt Forsberg, d’abord dans des pièces pour piano seul prenant pour titre un vers de Baudelaire (« Les Soirs illuminés par l’amour du charbon » et « Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir » de Debussy), puis dans des pages nettement plus éloignées du spleen baudelairien, jusqu’à la Pavane pour une infante défunte qu’on soupçonne d’avoir été glissée ici pour mettre en valeur le son chaleureux de l’alto de Vicki Powell.

Prenant son micro et introduisant son fils à la guitare électrique, Anne Sofie von Otter se lance ensuite dans le volet « chanson » de son récital, d’abord en susurrant « La Mort des amants » de Jean Musy, puis « Le Serpent qui danse » de Serge Gainsbourg. C’est dans sa langue qu’elle interprète « Moesta et Errabunda » de sa compatriote Sofia Karlsson, avant de rendre un vibrant hommage à Léo Ferré, dont elle déclare qu’il a été pour elle la clef grâce à laquelle elle a compris Baudelaire : cinq pages de l’album sorti en 1967 pour le centenaire de la mort du poète, dont on retiendra notamment une mémorable incarnation du « Vin de l’assassin ». En bis, la mezzo offrira un sixième extrait de ce recueil, « La Musique », prouvant définitivement qu’elle sait, autant que la très-chère du poème « Les Bijoux », donner « un charme neuf à ses métamorphoses ».

Les artistes

Anne Sofie von Otter, mezzo-soprano
Bengt Forsberg, piano
Vicki Powell, alto
Fabian Fredriksson, guitare électrique

Auditorium du Musée d’Orsay, Paris
Récital du jeudi 10 février, 20h.

Le programme

Concert Hommage à Baudelaire.

  • Gabriel Fauré
    • Hymne, op. 7, n° 2
    • La rançon, op. 8, n° 2
  • Claude Debussy
    • Les soirs illuminés par l’ardeur du charbon, FL 150 
    • Harmonie du soir, FL 70 n° 2
    • Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir, FL 125, n° 4
  • Gabriel Fauré
    • Chant d’automne, op. 5, n° 1
    • Romance sans paroles (andante moderato), Op. 17, no 3
  • Charles Martin Loeffler
    • La cloche félée, op. 5, n°1
    • Harmonie du soir
  • Maurice Ravel
    • Pavane pour une infante défunte, pour alto et piano, O 19
  • Emmanuel Chabrier
    • L’invitation au voyage
    • Idylle, D 39, n°6
  • Jean Musy
    • La mort des amants
  • Serge Gainsbourg
    • Baudelaire (Le serpent qui danse)
  • Sofia Karlsson
    • Moesta et Errabunda
  • Gabriel Fauré
    • Improvisation, op. 84, n° 5
  • Léo Ferré
    • Remords posthume
    • La vie antérieure
    • Les bijoux
    • Le vin d’assassin
    • Recueillement
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Anne Sofie von Otter
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Laurent Bury

Une fois hors d'un charnier natal assez septentrional, Laurent Bury a longtemps habité sous les vastes portiques du 123, rue Saint-Jacques, du 45, rue d'Ulm et du 1, rue Victor Cousin (et même ensuite du 86, rue Pasteur, 60007). Longtemps, il s'est couché de bonne heure aussitôt après les spectacles que, de 2011 à 2020, il allait voir pour un autre site opératique. Papillon inconstant, farfallone amoroso, il vole désormais entre divers sites, et a même parfois l'honneur de prêter sa plume aux volumes de L'Avant-Scène Opéra.

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