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Lyon, Peter Grimes : Chronique de l’homophobie ordinaire

par Jean-François Lattarico 11 mai 2025
par Jean-François Lattarico 11 mai 2025

© Agathe Poupeney

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Magistrale reprise de la production viennoise de Christof Loy dans une distribution en grande partie renouvelée, dominée par le Peter Grimes de Sean Panikkar.

Créée en 2015 et reprise en 2021 au Theater an der Wien, la magnifique production de Christof Loy, qui fait ses débuts à l’opéra de Lyon, joue la carte de l’épure, avec la complicité du scénographe Johannes Lelacker. À l’explicite d’un décor réaliste que le metteur en scène exècre, celui-ci oppose l’implicite non moins éloquent d’une vision minimaliste. En cela elle tranche avec la lecture plus foisonnante et mobile de Yoshi Oida dans la précédente production lyonnaise d’avril 2014. Les murs et le sol évoquent la noirceur du large et la dimension cotonneuse des ondes, adoucies par les lumières de Henning Purkrabek. Des chaises à foison et un bateau-lit à la portée symbolique, lieu tout à la fois de l’intime, du conflit et ligne de démarcation du réel et du rêve, complètent le décor. Le contraste est très intéressant entre la lecture suggestive des lieux de l’intrigue (un village de bord de mer dans l’Angleterre de 1830) et l’explicitation des rapports amoureux de Grimes avec son apprenti. Loy escamote toute ambiguïté pour mieux exalter la puissance destructrice du drame ; il confie ainsi un rôle beaucoup plus important à l’apprenti (l’excellent danseur Yannick Bosc, vu dans Le chercheur de trésors de Schrecker et Guercœur de Magnard à l’opéra du Rhin), notamment dans les interludes orchestraux. La chorégraphie efficace de Thomas Wilhelm et les costumes bigarrés de Judith Weihrauch permettent de concentrer l’œil du spectateur sur l’humanité contrastée des personnages et l’intensité du drame qui se joue sous ses yeux.

Bénéficiant, à quelques exceptions près, d’une nouvelle distribution, cette reprise lyonnaise fait découvrir au public l’impressionnante prouesse de Sean Panikkar dans le rôle-titre. Le ténor américano-sri-lankais a tout pour lui : une présence d’une rare intensité, un timbre et une diction exemplaires ; il déroule une gamme expressive d’affects (colère, langueur, résignation et sensualité) qui en fait un Peter Grimes idéal, luttant avec courage contre les deux entités qui le menacent : la foule et la mer. Sinéad Campbell-Wallace campe une Ellen Orford très éprise, et touchante dans sa volonté de conquérir vainement un Peter Grimes qui l’ignore superbement. Andrew Foster-Williams, déjà présent à Vienne en 2021, incarne un Balstrode solide, au timbre puissamment projeté, mais qui révèle néanmoins les failles de celui qui désire au fond de lui la disparition de Peter, et se montre également attiré par l’apprenti au point de de l’embrasser avec virulence dans une chorégraphie à la sensualité exacerbée. Dans le rôle de Auntie, joyeuse commère propriétaire de l’auberge du « Sanglier », Carol Garcia convainc pleinement : son timbre rond et velouté dans le médium et le grave s’agrège parfaitement dans les interventions ponctuelles du chœur. Les autres rôles secondaires sont tous de très bonne facture. On relèvera ainsi la présence électrisante du polonais Lukas Jacobski, authentique basse caverneuse dans le rôle de Hobson en parfait accord avec sa stature de colosse, ainsi que les impeccables prestations aux registres complémentaires de Eva Langeland Gjerde et Giulia Scopelliti, solistes du Lyon Opéra Studio, les deux nièces aux costumes rose acidulés et aux bouclettes blondes, seule concession explicite à l’époque prévictorienne de l’intrigue. Alexander de Jong est un remarquable Need Keene, qui révèle un registre puissant de baryton, notamment dans la chanson « Old Joe has gone fishing », tout comme le Swallow de Thomas Faulkner ou encore le Révérend Adams qui a les traits de Erik Årman, au timbre de ténor clair et ciselé, tandis que Katarina Dalayman est une veuve Sedley irrésistible, malgré un registre limité en projection, droguée au laudanum que lui procure l’apothicaire Kenne.

Toujours excellement préparés par Benedict Kearns, les Chœurs de l’Opéra de Lyon délivrent une performance superlative, tour à tour bouleversants dans le « Amen » à l’église et houle menaçante quand ils incarnent la foule hostile au jeune pêcheur. Dans la fosse, Wayne Marshall dirige l’Orchestre de l’Opéra de Lyon avec une précision efficace, obtenant de la phalange lyonnaise l’élan tempêtueux qui parfois s’impose. Une soirée mémorable grâce à la vision d’un metteur en scène passionnant et exigeant dont Paris vient tout juste d’ovationner les Werther de Massenet et Triptyque de Puccini, et dont on pourra suivre le travail dans la rare Louise cet été à Aix, avant sa reprise lyonnaise en janvier prochain.

Les artistes

Peter Grimes : Sean Panikkar
Ellen Orford : Sinéad Campbell-Wallace
Capitaine Balstrode : Andrew Foster-Williams
Auntie : Carol Garcia
Mrs Sedley : Katarina Dalayman
Première nièce : Eva Langeland Gjerde
Deuxième nièce : Giulia Scopelliti
Ned Keene : Alexander de Jong
Bob Boles : Filipp Varik
Swallow : Thomas Faulkner
Révérend Adams : Erik Årman
Hobson : Lukas Jacobski
John l’apprenti : Yannick Bosc

Orchestre et chœurs de l’opéra de Lyon, dir. Wayne Marshall
Chef des chœurs : Benedict Kearns
Collaboration artistique : Georg Zablinger
Mise en scène : Christof Loy
Scénographie : Johannes Lelacker
Costumes : Judith Weihrauch
Lumières : Bernd Purkrabek
Chorégraphie : Thomas Wilhelm

Le programme

Peter Grimes 

Opéra en trois actes et un prologue de Benjamin Britten, livret de Montagu Slater, créé le 7 juin 1945 au Sadlers Wells de Londres.
Opéra de Lyon, représentation du vendredi 9 mai 2025.

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Christof LoyWayne MarshallSean PanikkarSinéad Campbell-WallaceAndrew Forster-Williams
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Jean-François Lattarico

Professeur des Universités en études italiennes à l'université Lyon 3 Jean Moulin, spécialiste de l'opéra des XVIIe et XVIIIe siècles. Il a publié l'édition critique des livrets de Busenello, ainsi qu'un ouvrage sur les animaux à l'opéra (Le chant des bêtes), tous deux parus chez Classiques Garnier.

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