À la une
NORMA revient à la Scala après une absence de presqu’un...
Au festival « Le Temps suspendu », Camille Merckx fait revivre JULIE...
Les brèves de juillet –
Ça s’est passé il y a 100 ANS : disparition d’Erik...
Ça s’est passé il y a 100 ANS : création de...
La spectaculaire TURANDOT d’Andrei Serban inaugure le Festival d’Athènes
MOZART aux Chorégies d’Orange : une soirée d’ouverture placée sous...
L’ERCOLE AMANTE de Cavalli : une brillante réussite pour le Festival...
Se préparer à FLORA MIRABILIS – Opéra national de Grèce,...
OPÉRA NATIONAL DE GRÈCE – Saison 2025-2026 « De l’héritage...
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

ProductionCompte renduVu pour vous

La Bohème à l’Opéra Grand Avignon : la simplicité pour révéler l’essentiel

par Aurélie Mazenq 5 mars 2025
par Aurélie Mazenq 5 mars 2025
© Opéra Grand Avignon
0 commentaires 6FacebookTwitterPinterestEmail
2,1K

La Bohème est le premier grand succès de Giacomo Puccini, l’opéra qui lui a valu la reconnaissance du public et de la critique. Cette production, présentée au Grand Théâtre d’Avignon en co-production avec le SNG Opera in Ballet Ljubljana, revêt un caractère particulier : le directeur de l’Opéra Grand Avignon en assure lui-même la mise en scène.

Frédéric Roels fait le choix d’une approche humaine, centrée sur les personnages et leurs émotions. Optant pour une version épurée et classique, il délaisse les artifices scéniques spectaculaires pour recentrer l’attention sur l’essence de l’histoire : le déséquilibre des choses, l’instabilité et le choix de cette vie de bohème. La production se distingue par son minimalisme, sans effets techniques superflus, pour préserver l’authenticité du propos.

L’objectif est de revenir aux sources de l’œuvre, inspirée du roman Scènes de la vie de bohème d’Henri Murger, qui dresse une fresque sociale en fragments de vie d’artistes. La tonalité légère, souvent humoristique et festive, accentue le contraste avec les scènes dramatiques qui suivent. Une des forces de cette mise en scène est d’éviter tout misérabilisme ou vulgarisation de la pauvreté. Dans le programme de salle, le metteur en scène exprime son souhait de s’éloigner de l’esthétique vériste pour proposer une vision plus universaliste. Quelques accessoires et éléments de décor suffisent à faire avancer la narration.

Cette version épurée est parfaitement adaptée à un public découvrant l’opéra ou en quête d’une approche classique. L’œuvre s’ouvre sur Marcello en train de peindre Musetta, à demi-nue, avant leur première scène de couple. Ici, pas de vue sur les toits enneigés de Paris, mais un astucieux enchevêtrement de fenêtres aériennes. Différents espaces scéniques qui structurent la mansarde : un poêle où l’on brûle le manuscrit pour se réchauffer, une chaise et un matelas posé au sol. La pauvreté est diffuse, imperceptible, et pourtant, elle conditionne toute l’œuvre. L’ingéniosité scénique est également notable dans la transformation du café chez Momus : les caisses de la mansarde deviennent tables sous les yeux du public, agrémentées de quelques accessoires comme une nappe et de la vaisselle, insufflant une atmosphère festive et chaleureuse.

En dépouillant l’opéra de tout artifice superflu, ce sont les costumes qui permettent au spectateur d’effectuer un véritable voyage dans le Paris du XIXe siècle. Toutefois, la sobriété du dispositif scénique facilite également une transposition contemporaine, soulignant la dimension intemporelle du récit. C’est donc une proposition convaincante, qui fait confiance à l’imaginaire du spectateur et lui laisse un espace d’interprétation.

L’orchestre national Avignon-Provence, dirigé par Federico Santi, est en parfaite harmonie avec cette mise en scène. La lecture musicale du chef est marquée par une grande légèreté et une agilité rythmique. Sans jamais verser dans l’excès, il instaure une forme de fatalité douce, où l’émotion affleure sans emphase excessive. Il renforce les contrastes de la partition avec un effectif enrichi pour l’occasion. L’orchestre, particulièrement enjoué et présent dans les premiers tableaux, se fait plus subtil et nuancé dans la deuxième partie de l’opéra. Les chœurs, préparés avec précision par Alan Woodbridge, participent pleinement à l’énergie festive des ensembles. Enfin, le fantasque vendeur de jouets, Parpignol, campé par Julien Desplantes, enchante les enfants de la maîtrise tout en provoquant l’agacement des parents. Son costume charmant et son cheval de bois apportent une touche de magie à cette production.

Côté distribution, le plateau de jeunes artistes réunis pour l’occasion est homogène et convaincant. Diego Godoy incarne un poète Rodolfo au timbre chaleureux. Emporté, enjoué et passionné, il frôle parfois la caricature, mais toujours avec un charme communicatif. Sa voix, souple et agile, lui permet d’offrir au public des notes tenues avec beaucoup de facilité, assurant ainsi le spectacle. Alors que la flamme de la bougie de Mimi s’éteint, un amour plus intense s’allume. On assiste à cette éclosion pudique ainsi qu’à leurs présentations touchantes dans un très beau duo.

Mimi, incarnée par Gabrielle Philiponet, apparait comme empreinte de douceur et de pudeur. Leur première rencontre, marquée par la symbolique simple et universelle d’une main réchauffée, rappelle à chacun l’élan des premiers émois amoureux. Les couleurs développées se font plus tragiques lors de ses adieux alors que la musique de Puccini magnifie cet instant poignant.

Geoffroy Salvas incarne un Marcello à la voix claire, lumineuse.  Son chant précis et parfaitement ciselé met en valeur la profondeur du personnage. Rodolfo trouve en lui un ami et un confident fidèle, capable de lui arracher ses sentiments les plus profonds et ses intentions les plus secrètes. Leur complicité scénique renforce la dimension humaine et sincère de cette Bohème.

Le musicien Schaunard, seul des quatre amis à disposer de revenus plus stables, apporte une touche de légèreté et d’insouciance, tandis que Colline se distingue par son geste poignant d’amitié ou il sacrifie son vieux manteau pour Mimi mourante. L’intensité dramatique du finale, où la pauvreté se révèle dans toute sa cruauté, est rendue avec une justesse bouleversante. Mikhael Piccone et Dmitrii Grigorev sont tous deux convaincants dans leurs rôles. Yuri Kissin complète la distribution en assurant le double rôle de Benoit et Alcindoro.

Musetta, interprétée par Charlotte Bonnet, est une véritable bouffée d’air frais. Son rire radieux, sa liberté et son impertinence sont captivants. Maîtresse ensorcelante, elle oscille entre la légèreté d’une enjôleuse espiègle et la profondeur d’une âme sensible au grand cœur. Ses moyens vocaux et son jeu scénique sont magnifiquement mis en valeur.

Comme le souligne Piotr Kaminski, le mystère du succès de La Bohème réside dans sa capacité à susciter l’identification du public, au-delà des époques, des costumes et des décors. Ses thèmes essentiels : la jeunesse, la pauvreté, l’ambition, l’humour, le courage, l’amitié et l’amour, sont des éléments universels qui résonnent en chacun de nous. En somme, cette Bohème avignonnaise, par sa mise en scène épurée et son engagement musical, réussit à toucher au cœur. Une invitation à la redécouverte d’un chef-d’œuvre intemporel.

Les artistes

Mimì : Gabrielle Philiponet
Rodolfo : Diego Godoy
Musetta : Charlotte Bonnet
Marcello : Geoffroy Salvas
Schaunard : Mikhael Piccone
Colline : Dmitrii Grigorev
Alcindoro / Benoît : Yuri Kissin

Orchestre national Avignon-Provence, dir. Federico Santi
Chœur de l’Opéra Grand Avignon
Maîtrise de l’Opéra Grand Avignon
Mise en scène : Frédéric Roels
Décors / Costumes : Lionel Lesire
Lumières : Arnaud Viala
Assistanat à la mise en scène : Nathalie Gendrot
Études musicales : Thomas Palmer
Chef de Chœur : Alan Woodbridge
Responsable de la Maîtrise : Florence Goyon-Pogemberg

Le programme

La Bohème

Opéra en quatre tableaux de Giacomo Puccini, livret de Giacosa et Illica, d’après Scènes de la vie de Bohème d’Henri Murger, créé le 1er février 1896 au Teatro Regio de Turin.
Opéra d’Avignon, représentation du vendredi 28 février 2025.

image_printImprimer
Gabrielle PhiliponetFrédéric RoelsCharlotte BonnetFederico SantiDiego GodoyGeoffroy SalvasMikhael PicconeDmitrii Grigorev
0 commentaires 6 FacebookTwitterPinterestEmail
Aurélie Mazenq

Tombée depuis seulement quelques années dans la potion magique de l'art lyrique, Aurélie n'a, depuis lors, de cesse de rattraper le temps perdu en sillonnant les plaques-tournantes de l'Europe opératique... à la recherche des grandes voix de demain tout en se consolant par une collection impressionnante de vinyles de ne pas avoir pu entendre celles d'hier voire d'avant-hier...

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
Programme du Festival Rossini Bad Wildbad 2025
prochain post
Turin – Rigoletto à la Belle Époque

Vous allez aussi aimer...

Les brèves de juillet –

2 juillet 2025

NORMA revient à la Scala après une absence...

2 juillet 2025

La spectaculaire TURANDOT d’Andrei Serban inaugure le Festival...

30 juin 2025

MOZART aux Chorégies d’Orange : une soirée d’ouverture...

30 juin 2025

L’ERCOLE AMANTE de Cavalli : une brillante réussite pour...

29 juin 2025

« Arnaud, as-tu du cœur ? » Au festival de Froville,...

29 juin 2025

SCHUBERT, HAYDN, MOZART, TCHAÏKOVSKI au Théâtre des Champs-Élysées,...

29 juin 2025

À Turin, un ANDRÉ CHÉNIER façon Julian Assange

28 juin 2025

Hervé Niquet et le Concert Spirituel plongent le...

26 juin 2025

Carnaval baroque à Versailles

26 juin 2025

En bref

  • Brèves de mai –

    30 mai 2025
  • Les brèves de mars –

    14 mars 2025
  • Les brèves de février

    25 février 2025
  • Sauvons l’Avant-Scène Opéra !

    18 février 2025
  • L’Avant-Scène Opéra, c’est fini…

    7 février 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

Édito

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Stéphane Lelièvre dans SCALA DE MILAN : découvrez la richissime saison 2025-2026 !
  • GUILLEMIN Katia dans SCALA DE MILAN : découvrez la richissime saison 2025-2026 !
  • Stéphane Lelièvre dans Royal House Opera : la saison 25-26 de Covent Garden
  • Stéphane Lelièvre dans Julien Chauvin propose une nouvelle turquerie au Théâtre des Champs-Élysées : L’italiana in Algeri
  • Gabriella Minarini dans Julien Chauvin propose une nouvelle turquerie au Théâtre des Champs-Élysées : L’italiana in Algeri

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Les brèves de juillet –

2 juillet 2025

NORMA revient à la Scala après...

2 juillet 2025

La spectaculaire TURANDOT d’Andrei Serban inaugure...

30 juin 2025