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Festival Donizetti 3/3
L’esthétique d’un reality show trivial pour le DON PASQUALE bergamasque

par Renato Verga 24 novembre 2024
par Renato Verga 24 novembre 2024

© Gianfranco Rota

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Festival Donizetti de Bergame, Don Pasquale, 17 novembre 2024

Un spectacle d’où se distinguent plusieurs jeunes élèves de la Bottega Donizetti, parmi lesquels la jeune Giulia Mazzola remporte un beau succès.

Une vidéo de la production 2022 de Don Pasquale à l’Opéra de Dijon (qui vient ici parachever, avec des interprètes différents, la dixième édition du festival Donizetti Opéra), est disponible sur le web. Concernant le travail d’Amélie Niermeyer, on se souvient d’une Leonore (Beethoven) effroyable à la  Staatsoper de Vienne et d’une Lucia di Lammermoor féministe à la Staatsoper, cette fois de Hambourg, elle aussi plutôt désagréable.

Pour cette autre incursion dans l’univers de Donizetti, la metteuse en scène allemande néglige les lectures fortement idéologiques qui ont caractérisé ses autres productions, pour tout miser sur l’humour, un humour brut qui transforme cette comédie mélancolique en un reality show de mauvais goût. Le dispositif scénique de Maria-Alice Bahra rappelle celui conçu par Pizzi pour La pietra di paragone au Rossini Opera Festival 2002, mais  une villa beaucoup plus « bourgeoise » : au lieu d’une piscine, on trouve un petit bassin, peut-être un bain à remous. Le bâtiment est monté sur l’habituel plateau tournant, de sorte que l’on peut également voir l’arrière de la villa où est garée une Panda rouge.

Le décor est agrémenté de nombreuses plantes en pots, amoureusement entretenues par le propriétaire, qui s’adonne à la gymnastique pour remédier aux défauts de l’âge. L’histoire racontée par Niermeyer est celle que l’on attend, sans déformation, mais elle se déroule dans les années 1970, les plus extravagantes pour ce qui est des mœurs et des vêtements – ici dessinés par Bahra elle-même, avec une prédominance de débardeurs, de tongs ou de tenues brillantes. La scène dans lequelle Norina réorganise la maison du vieil homme pour la transformer à son goût est théâtralement inexistante : rien de tout cela n’est montré, le mobilier moderne du propriétaire reste en l’état, et l’on voit en lieu et place de cette transformations de nombreux déplacements de caisses contenant micros et haut-parleurs pour la fête qui se prépare.
Trois domestiques s’occupent du maître et de son neveu oisif et sans le sou, si peu attirant que même Norina ne voudra plus de lui : en fait, dans le finale, la jeune fille, au lieu de s’unir à son soupirant, s’enfuit seule de la maison avec la petite voiture bien-aimée dans laquelle elle a vécu jusqu’alors. En bref, elle choisit la liberté dans la pauvreté plutôt que la sécurité bourgeoise. Si l’on comprend les revendications féministes, on peut se demander néanmoins si c’est bien là ce que dit la pièce… Tout ce tapage pour, ensuite, retourner dormir dans sa voiture ?…
Les domestiques qui, dans le livret du troisième acte, commentent les « interminables allées et venues » des coiffeurs, bijoutiers, fourreurs, couturières dans une maison où l’on  dépense sans compter sont ici une foule de chamans invités à une fête. Que la romance d’Ernesto soit accompagnée de trois mariachis, ou le fait qu’à un moment un petit éléphant traverse la scène  devant le rideau, ne surprend guère…

L’édition utilisée est l’édition critique éditée par Roger Parker et Gabriele Dotto, qui se réfère à la première version de janvier 1843, qui eut lieu au Théâtre Italien de Paris : le duo entre la basse et le baryton au troisième acte a ainsi été « restauré » à partir de la première version et est interprété ici pour la première fois à l’époque moderne.
Les valses et les rythmes parfois frénétiques dont la partition foisonne sont interprétés avec un élan tout « garibaldien » par Iván López-Reynoso, jeune chef d’orchestre mexicain qui, dans sa recherche d’un juste équilibre entre joie et tristesse, semble faire pencher la balance plutôt du côté de l’amusement, sans doute pour suivre la lecture scénique. Le côté amer de la comédie se retrouve cependant dans la musique du cantabile « È finita, Don Pasquale » après la gifle donnée par la jeune fille, et dans le moment lyrique de la sérénade d’Ernesto où López-Reynoso réussit à créer une atmosphère de grande mélancolie. L’Orchestre de l’Opéra Donizetti répond à cette direction avec conviction, tout comme le Chœur de l’Accademia Teatro alla Scala préparé par Salvo Sgrò.

Le Don Pasquale de la première parisienne pouvait compter sur les plus grands chanteurs de l’époque : Luigi Lablache incarnait le personnage-titre, Giulia Grisi Norina, Antonio Tamburi le Docteur Malatesta et Giovanni Matteo de Candia Ernesto. Ici, à Bergame, la moitié des quatre interprètes principaux sont des élèves de la Bottega Donizetti et se révèlent non seulement à la hauteur de la situation, mais presque plus convaincants que certains interprètes titulaires. C’est le cas de Giulia Mazzola, vive et à la présence scénique agréable, aux moyens importante, dont la voix est bien projetée et timbrée : elle campe une Norina alerte et entreprenante, contrastant  avec le personnage plus résigné d’Ernesto : un Javier Camarena qui n’a pas semblé dans sa meilleure soirée. Même si aucune annonce n’a été faite, il est clair que la santé du ténor mexicain, favori du festival de Bergame, n’est ce soir pas optimale : nonobstant la qualité du timbre et l’élégance du style, la voix est ternie, la ligne musicale pas toujours fluide, certains aigus ne sont pas bien émis… Dans le rôle-titre, on retrouve Roberto de Candia, un rôle que le baryton des Pouilles a déjà interprété tout comme Falstaff, autre grand personnage de vieillard empêtré dans ses réveils amoureux tardifs. Le personnage est incarné avec précision, on admire tout particulièrement chez cet artiste le sens du comique mais aussi le phrasé élégant. Dario Sogos, lui aussi élève de la Bottega, crée un Dottor Malatesta d’une grande saveur et d’une belle présence vocale. Le Notaro de Fulvio Valenti s’avère également très divertissant.

Au total, un joli succès public et des applaudissements nourris pour la jeune Giulia Mazzola, visiblement émue par cet accueil.

Per leggere questo articolo nella sua versione originale (italiana), cliccare sulla bandiera!

Les artistes

Don Pasquale : Roberto de Candia
Norina : Giulia Mazzola*
Ernesto : Javier Camarena
Dottor Malatesta : Dario Sogos*
Un notaro : Fulvio Valenti

*Étudiants de la Bottega Donizetti

Acteurs : Alessandra Bareggi, Hillel Pearlman, Vittorio Pissacroia

Orchestra Donizetti Opera, choeur de l’Accademia Teatro alla Scala (chef de choeur : Salvo Sgrò), dir. Iván López-Reynoso

Mise en scène : Amélie Niermeyer
Décors et costumes : Maria-Alice Bahra
Chorégraphie : Dustin Klein
Lumières : Tobias Löffler

Le programme

Don Pasquale

Opéra bouffe en trois actes de Gaetano Donizetti, livret de Giovanni Ruffini, créé au Théâtre-Italien de Paris le 3 janvier 1843.
Festival Donizetti de Bergame, représentation du 17 novembre 2024.

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Javier CamarenaRoberto de CandiaGiulia MazzolaAmélie NiermeyerIván López-ReynosoDario Sogos
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Renato Verga

Diplômé en Physique de l'Université de Turin, Renato Verga a toujours eu une passion immodérée pour la musique et le théâtre. En 2014, il lance un blog (operaincasa.com) pour recueillir ses critiques de DVD d'opéra, de spectacles vus partout dans le monde, de concerts, de livres sur la musique. Renato partage l'idée que la mise en scène est une partie constitutive de l'opéra lui-même et doit donc comporter de nécessaires transformations pour s'adapter à notre contemporanéité.

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