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Une KATIA KABANOVA liégeoise de tout premier plan

par Frédéric Meyer 19 octobre 2024
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© J Berger_ORW

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Après Rusalka et avant Tristan et Isolde, l’Opéra Royal de Wallonie-Liège poursuit l’élargissement de son répertoire avec une très belle Katia Kabanova où triomphent notamment la soprano Anush Hovhannnisyan et le chef Michael Guttler.

Katia Kabanova est le sixième opéra de Leoš Janáček (1854-1928). Créé à Brno en 1921, son livret est adapté de L’orage d’Ostrovski.
Comme souvent chez ce compositeur, l’œuvre est courte et ramassée : en moins de deux heures est décrite l’atmosphère étouffante régnant au sein d’une famille de province. L’histoire est des plus simples, et finit forcément en drame : prisonnière d’un monde misérable, enfermée dans un environnement étouffant, dominée par une belle-mère tyrannique et un mari alcoolique et violent, Katia tombe amoureuse d’un homme de passage, cède à ses avances, puis se donnera la mort une fois délaissée.

Le dispositif scénique conçu par Marc Lainé et Stephan Zimmerli est simple : un grand plateau vide avec à gauche une petite estrade, un arbre, un promontoire herbeux ; à  droite quelques éléments de décors : lit, table, chaise. En fond de scène sont projetées tour à tour des images évoquant les bords de la Volga et les visages des protagonistes. Combiné avec les costumes (signés Prunelle Rulens) oscillant entre tradition et modernité et la mise en scène réglée par Aurore Fattier, il donne à voir quelque chose d’intemporel qui ne nuit en rien à l’ouvrage.

Anush Hovhannnisyan, soprano arménienne, impose au personnage de Katia quelque chose de magnétique et fascinant. Constamment sur scène, malgré le poids écrasant de ce rôle, elle parcourt ces 3 actes avec une facilité déconcertante. Dans ses rares solos – où elle peut  faire entendre toute sa puissance vocale –, elle se révèle aussi une grande tragédienne et on vient à regretter que ces moments soient si courts. Son monologue de l’acte I où elle fait part des pensées qui la hantent la nuit est une grande leçon de chant.
Nino Surguladze, mezzo-soprano géorgienne qui fut récemment sur cette même scène une fort belle Ježibaba de Rusalka, apporte son timbre un peu acide au rôle de Kabanicha, belle-mère de Katia. Leonie Rysanek avait donné jadis à ce rôle une magnifique noirceur hiératique, toute en retenue. Rien de tel ici : le personnage, maquillé à outrance, évolue avec des gesticulations à la limite de l’hystérie et est tout entier tourné vers la méchanceté et l’humiliation. La voix est puissante, parfois presque dérangeante, avec un vibrato assez large : une incarnation qui colle parfaitement au personnage sadique qui est le sien . 
Le ténor danois Magnus Vigilius est visiblement plus à l’aise dans les grands rôles wagnériens où il excelle (il vient d’être un remarquable Siegfried à la Monnaie de Bruxelles)  que dans celui de Tichon, mari de Katia. La mise en scène le fait apparaître comme une épave avinée rougeaude ; on a du mal croire en son jeu de scène qui, malheureusement, semble influer sur une voix certes belle mais faisant entendre ici ou là d’assez nettes baisses de puissance.
Le ténor russe Anton Rosiskiy incarne parfaitement le rôle de Boris, séducteur d’un jour de Katia. Il apporte la désinvolture qui sied au personnage grâce à une belle aisance vocale sur toute la tessiture.
Alexey Dolgov fut quant à lui très impressionnant dans le rôle de Vana Kudrjas épris de Varvara, la fille adoptive de la famille. On avait déjà pu l’applaudir à Liège dans un très beau Lenski en 2021 et en Pinkerton en 2020. Il fait preuve d’une émission facile et naturelle dans les aigus et d’une diction parfaite ; mais pourquoi donc l’avoir affublé de cécité et d’une canne blanche ?

Tous les autres chanteurs et les chœurs de l’Opéra se sont montrés à la hauteur des exigences de l’œuvre.

Un grand bravo au chef allemand Michael Guttler, qui faisait là ses débuts à Liège, après avoir dirigé à la Wiener Staatsoper ou encore à Saint Pétersbourg. Il se confronte là à une partition fascinante sur le plan orchestral, comme toujours chez  Janáček . Sous sa baguette, l’orchestre de l’Opéra confirme les étonnants progrès qui sont les siens depuis quelque temps : il fit merveille et fut plus que somptueux en ce soir de première. Dès les premières mesures du pianissimo au premier tutti, on sent que le miracle sera au rendez-vous. Tous les pupitres vents, cuivres et percussions furent merveilleux de clarté et de précision – deux qualités primordiales chez Janacek. Une prestation qui aurait mérité selon nous un accueil encore plus enthousiaste de la part du public !

Merci en tout cas à l’Opéra de Liège de poursuivre la belle diversification de sa programmation et d’avoir osé présenter une œuvre qui n’est peut-être pas des plus familières ni des plus accessibles. Mais c’est aussi de là que naissent les grands succès. Et à ce titre nous sommes comblés !

Les artistes

Katia Kabanova :  Anush Hovhannisyan
Boris Grigorjevic : Anton Rosiskiy
Kabanicha : Nino Surguladze
Tichon  : Magnus Vigilius
Varvara : Jana Kurucova
Savel Dikoj: Dmitry Cheblykov
Vana Kudrjas: Alexey Dolgov

Orchestre et chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, dir.  Michael Gütler

Mise en scène : Aurore Fattier
Décors : Marc Lainé et Stephan Zimmerli
Costumes : Prunelle Rulens
Lumières : Anne Vaglio
Vidéo : Vincent Pinckaers

Le programme

Katia Kabanová

Opéra en 3 actes de Leoš Janáček, livret du compositeur d’après L’Orage d’Alexandre Ostrovski, créé le 23 novembre 1921 à Brno, Théâtre national.
Opéra Royal de Wallonie-Liège, représentation du vendredi 18 octobre 2024.

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Frédéric Meyer

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