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Le Chapeau de paille de Florence –
Rareté à la Scala : une farce musicale du XXe siècle

par Renato Verga 16 septembre 2024
par Renato Verga 16 septembre 2024

© Brescia e Amisano, Teatro alla Scala

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Nino Rota, Il cappello di paglia di Firenze – Milan, Teatro alla Scala, 14 septembre 2024

Rareté à la Scala : une farce musicale du XXe siècle

Nino Rota, un compositeur réévalué

Nino Rota n’est plus seulement considéré comme un auteur de musique de films (Fellini, Visconti, Scorsese…) : sa production a été réévaluée et il est maintenant considéré comme l’un des compositeurs italiens importants de la seconde moitié du XXe siècle. Auteur de nombreuses œuvres de musique de chambre, vocale et orchestrale, il a également à son actif une dizaine d’œuvres pour le théâtre. Cette année, au Festival della Valle d’Itria, son Aladin et la lampe magique a été repris, tandis que Il cappello di paglia di Firenze revient à la Scala, 26 ans après la production réussie de Pier Luigi Pizzi avec un jeune Juan Diego Flórez moustachu, une performance enregistrée par la télévision italienne et disponible sur Youtube. Avant cela, en 1958, il y avait eu la production historique de Strehler, trois ans après la première à Palerme.

Écrit pour le plaisir en 1945, Il cappello di paglia di Firenze était destiné à un public désireux de se divertir après cinq longues années de guerre, dans une Italie aux goûts simples qui appréciait les rimes naïves du livret et l’enchaînement d’une musique entraînante. L’histoire est celle du  vaudeville d’Eugène Labiche et Marc-Michel, Un chapeau de paille d’Italie (1851). Si l’on peut comprendre que cette histoire de chapeaux, de carrosses et de nobles femmes infidèles ait pu séduire un siècle plus tard un public épuisé par les épreuves et les tragédies, je ne sais pas dans quelle mesure elle peut encore séduire le public d’aujourd’hui… Mais je me trompe probablement : le spectacle obtient un bon succès et un metteur en scène réputé tel Damiano Michieletto proposera sa propre version dans quelques mois au Teatro Carlo Felice de Gênes !

Le livret fidèle à Labiche, une musique « à la manière de »

Le vaudeville de Labiche avait été porté au cinéma en 1928 dans un film muet de René Clair, ce qui avait renforcé la frénésie de l’histoire dans laquelle Fadinard est un jeune homme fortuné sur le point d’épouser Hélène Nonencourt. Alors qu’il s’apprête à rejoindre celle-ci et ses invités dans un buggy, son cheval mange accidentellement le chapeau de paille de Madame Beaupertuis, retirée dans un bosquet du bois de Vincennes avec le lieutenant Émile Tavernier. Découverts, les deux amants obligent Fadinard à trouver immédiatement un remplaçant au chapeau car son mari est particulièrement jaloux. Commence alors une journée convulsive au cours de laquelle le jeune homme tente de récupérer un chapeau « de secours » pour éviter que le mari ne découvre la liaison de sa femme. Fadinard se rend donc d’abord chez une modiste qui ne peut répondre à sa demande, mais qui lui donne l’adresse de la baronne de Champigny, qui vient d’acheter le même chapeau. Puis, après s’être marié, il se rend à la villa de la baronne à Passy, où on le prend pour un violoniste qui doit donner un concert privé. Les invités du mariage arrivent également à la villa, persuadés qu’il s’agit du restaurant où se déroulera le repas de noces. Après diverses péripéties, dont un passage en prison, tout finit par s’arranger.

Le texte de Labiche est adapté en livret par le compositeur lui-même et sa mère Ernesta Rinaldi. De nombreux personnages de la pièce originale sont éliminés, les cinq actes sont réduits à quatre – le deuxième acte de Labiche devient l’Intermezzo I de l’opéra de Rota -, mais l’esprit de l’œuvre est fidèlement conservé, même si le livret n’est pas de grande qualité, avec des rimes naïves où « balordo » rime avec « sordo », « Minardi » avec « tardi », « guancial » avec « stral » et « guanti di Svezia » – dans l’original, « gants de Suède », c’est-à-dire de daim – avec « inezia ».

La partition est une parodie de langages musicaux disparates et est écrite « à la manière de » : l’ouverture fait un clin d’œil à Mozart, les concertati et les crescendi à Rossini, les murmures d’Elena au bel canto de Donizetti, l’orage à La Wakyrie de Wagner, tandis qu’on peut entendre, dans les bois, un écho de Stravinsky. Et bien sûr, les musiques de film ne manquent pas, notamment dans « Il birichino di papa ». Il s’agit d’un mimétisme continu de styles, juxtaposant différentes idées l’une après l’autre sans les développer ni les approfondir. Les personnages sont bidimensionnels, la caractérisation est sommaire et ne suscite aucune empathie particulière.

Le spectacle de la Scala

La tâche de donner vie à cette musique agréable mais assez superficielle est placée entre les mains d’un expert tel que Donato Renzetti, qui rehausse la légèreté et la vivacité de la partition avec des sons transparents et des rythmes précis à la tête de l’excellent orchestre et du chœur de l’Accademia Teatro alla Scala. Les jeunes interprètes sont également des étudiants : ils viennent en effet de l’Accademia di perfezionamento per cantanti lirici du théâtre et alternent dans les différentes représentations. Ils sont tous préparés et plus ou moins charismatiques. Le 14 septembre, Andrea Tanzillo est l’infatigable Faninard : vocalement brillant et excellent acteur, il délivre quelques aigus pas toujours parfaits mais qui ne compromettent pas une prestation chaleureusement applaudie par le public. L’Elena de Maria Martín Campos est sûre d’elle et vive ; l’Anaide de Greta Doveri a un beau timbre sensuel qui convient au rôle de l’épouse infidèle ; la Baronne de Champigny de Dilan Saka fait preuve, à juste titre, de bonnes manières. L’hilarant oncle Véziner de Paolo Antonio Nevi incarne le personnage sauvant la situation. La distribution comprend un grand nombre de chanteurs d’Extrême-Orient : Xhieldo Hyseni est le beau-père de Nonancourt qui répète son mantra « Tout à l’envers ! » jusqu’à l’épuisement ; Wonjun Jo est Emilio ; Haiyang Guo Felice ; Tianxuefei Sun Achille de Rosalba et Guardia ; Fan Zhou la modiste. Tous surmontent efficacement la barrière de la langue et se révèlent d’excellents acteurs.

Pour sa mise en scène, Mario Acampa a recours à un artifice qui n’a rien d’inédit : « J’ai transposé l’action en 1955, année de la création de l’opéra, écrit le metteur en scène, et j’ai imaginé que le protagoniste était un nettoyeur dans une fabrique de chapeaux française, la Chapellerie E. Rota & fils. Dans l’ouverture, je montre une journée typique de Fadinard, un homme au bas de l’échelle sociale, maltraité par les ouvriers de l’usine et finalement battu par un client. Un coup de poing fatal fait tomber sa tête sur le sol et c’est à partir de ce moment que le rêve commence. Ce qui se passe dans l’ouverture se déroule dans la dimension de la réalité et est de ma propre invention, la suite est exactement ce qui est écrit dans le livret, mais lu du point de vue du rêve de Fadinard. Un élément conceptuel important est que la créatrice du rêve est la modiste, la propriétaire de l’usine, et dans ma vision, elle s’appelle Ernesta, tout comme la mère du compositeur. Telle un deus ex machina, elle déplace les personnages qui interagissent avec le protagoniste pour lui rendre la vie impossible ». Un expédient pas vraiment nécessaire pour animer une histoire déjà compliquée en soi, dans laquelle la mise en scène travaille en accumulant des contre-scènes et des gags qui finissent par distraire l’attention. La scénographie de Riccardo Sgaramella recourt – c’est loin d’être une nouveauté ! – à une plate-forme tournante avec une structure architecturale qui forme les différents environnements dans lesquels se déroule l’action. La rotation épouse bien le rythme vertigineux de l’histoire, mais elle embrouille un peu les idées du spectateur, qui doit reconnaître dans le tourbillon la maison de Fadinard (Acte I), la boutique de la modiste (Intermezzo I), la villa de la baronne de Champigny (Acte II), la maison de Beaupertuis (Acte III) ou la place plongée dans la nuit (Acte IV).

L’horror vacui du metteur en scène conduit à mimer derrière une fenêtre ce que raconte le personnage à l’avant-scène, ce qui nuit à l’effet comique. La chorégraphie d’Anna Olkhovava manque de nécessité et d’originalité et les costumes de Chiara Amaltea Ciarelli mélangent différentes époques avec une nonchalance excessive. En revanche, le jeu de lumières d’Andrea Giretti est efficace.

Bref, une soirée certes pas mémorable mais qui suscite la curiosité de savoir ce que Michieletto pourra faire en décembre de cette farce italienne quelque peu datée, textuellement et musicalement.
À noter également : le public français pourra découvrir cette œuvre de Nino Rota à l’Opéra de Bordeaux les 7 et 9 novembre prochains.

 

Per leggere questo articolo nella sua versione originale (in italiano), cliccare sulla bandiera!

Les artistes

Faninard : Andrea Tanzillo
Elena : Maria Martín Campos
Anaide : Greta Doveri
Baronne de Champigny : Dilan Saka
Véziner : Paolo Antonio Nevi
Nonancourt : Xhieldo Hyseni
Emilio : Wonjun Jo 
Felice : Haiyang Guo
Achille de Rosalba et Guardia : Tianxuefei Sun 
La modiste : Fan Zhou

Orchestre et du chœur de l’Accademia Teatro alla Scala, dir. Donato Renzetti

Mise en scène : Mario Acampa
Scénographie : Riccardo Sgaramella
Chorégraphie : Anna Olkhovava
Costumes : Chiara Amaltea Ciarelli
Lumières : Andrea Giretti

Le programme

Il cappello di paglia di Firenze

Opéra en 4 actes et 5 tableaux de Nino Rota, livret d’Ernesta and Nino Rota d’après Eugène Labiche et Marc Michel, créé le 21 avril 1955, au Teatro Massimo de Palerme

Milan, Teatro alla Scala, 14 septembre 2024

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Donato Renzetti
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Renato Verga

Diplômé en Physique de l'Université de Turin, Renato Verga a toujours eu une passion immodérée pour la musique et le théâtre. En 2014, il lance un blog (operaincasa.com) pour recueillir ses critiques de DVD d'opéra, de spectacles vus partout dans le monde, de concerts, de livres sur la musique. Renato partage l'idée que la mise en scène est une partie constitutive de l'opéra lui-même et doit donc comporter de nécessaires transformations pour s'adapter à notre contemporanéité.

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