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La Force du destin à l’Opéra Bastille : sans Anna… mais avec Anna !

par François Desbouvries 13 décembre 2022
par François Desbouvries 13 décembre 2022

© Julien Benhamou

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À entendre les spectateurs bavarder pendant les entractes de cette Première, beaucoup d’entre eux n’étaient venus à l’Opéra Bastille que pour entendre Anna N. … et c’est Anna P. qui est affichée, en remplacement de sa collègue russe, indisposée. Faut-il le déplorer ? Assurément non, tant la prestation de la chanteuse italienne a tenu toutes ses promesses – et même au-delà.

Il est vrai que sans une distribution d’exception, le spectateur ne se dirigerait peut-être pas spontanément vers l’Opéra Bastille pour revoir ce spectacle de Jean-Claude Auvray, déjà applaudi à deux reprises. Non que le spectacle soit indigne, loin s’en faut. Au nombre des points positifs, notons une stylisation sobre et efficace, dans une Espagne puis une Italie à l’époque du Risorgimento ; certains tableaux sont tout à fait réussis, et offrent à la vue, au moins au début de la représentation, des décors séduisants particulièrement bien mis en valeur par les superbes éclairages de Laurent Castaingt ; la salle à manger du Marquis de Calatrava, l’auberge d’Hornachuelos, le couvent où se réfugie l’héroïne apparaissent tels des tableaux de maîtres, et l’immense Christ qui surplombe le couvent des Anges à la fin du deuxième acte (on pense ici à Zurbaran…), misérablement suspendu par des cordes, saisit tant il semble réellement porter sur lui le poids du drame qui frappe les personnages. D’autres tableaux en revanche sont nettement moins convaincants : au début du III l’austérité nous semble excessive, avec une scène presque entièrement privée de décor… et de couleurs ! La mise en scène se fait alors simplement illustrative, avec des mouvements et des déplacements pas très heureux (les courses poursuites des soldats paraissent peu crédibles et ne produisent pas la tension que l’œuvre est censée générer à ce moment du drame)…

Musicalement, la soirée est globalement une réussite, grâce notamment à des chœurs et surtout un orchestre particulièrement en situation (et très applaudis !), dirigés par un Jader Bignamini précis et efficace, qui fait là des débuts réussis à l’Opéra de Paris.

L’œuvre est difficile à distribuer, avec de nombreux rôles exigeants, même pour les personnages secondaires. Le vétéran Ferruccio Furlanetto (plus de 45 ans de carrière !) campe un Padre Guardiano sonore, tandis que James Creswell est un marquis de Calatrava sobre et d’une belle noblesse. Nicola Alaimo, comme dans son récent Falstaff à la Fenice, concilie habilement drôlerie et respect de la partition. Ludovic Tézier impressionne le public en Carlo, avec une ligne de chant comme toujours extrêmement soignée et aussi une certaine « raideur » qui sied bien à ce personnage particulièrement obtus ! L’Alvaro de Russell Thomas est lui aussi de belle facture, avec dans la voix de belles couleurs chaudes, presque barytonnantes. Il soigne particulièrement son grand air du 3e acte, dans lequel il lutte courageusement (tout comme le valeureux clarinettiste juste avant lui) contre le véritable concours de toux et d’éternuements délivré par un public particulièrement peu respectueux. Les duos de Carlo et Alvaro ont compté parmi les moments forts de la soirée.

Côté féminin, Elena Maximova ne suscite pas l’enthousiasme en Preziosilla : si l’incarnation du personnage est vive et enjouée, la voix, qui semble fatiguée, ne suit pas toujours, avec une émission parfois un peu gutturale. Quant à Anna Pirozzi, elle remporte un véritable triomphe. Les dernières prestations de la chanteuse, habituée aux grands rôles de soprano drammatico d’agilità, nous faisaient craindre une Leonora un peu trop tout en puissance, tout en force. Il n’en a rien été, bien au contraire : c’est un chant parfaitement maîtrisé et tout en nuances qu’il nous a été donné d’entendre, avec au final un portrait extrêmement émouvant d’une Leonora fragile, accueilli par une spectaculaire ovation après le « Pace, pace » de l’acte IV, de même qu’au rideau final. Anna Pirozzi s’inscrit ainsi dans la lignée des grandes interprètes qui, de Raina Kabaivanska à Anja Harteros ou Anna Tomowa-Sintow, ont chanté le rôle à l’Opéra de Paris.
Forza, Anna !!

Les artistes

ll Marchese di Calatrava : James Creswell
Donna Leonora : Anna Pirozzi
Don Carlo di Vargas : Ludovic Tézier
Don Alvaro : Russell Thomas
Preziosilla : Elena Maximova
Padre Guardiano : Ferruccio Furlanetto
Fra Melitone : Nicola Alaimo
Curra : Julie Pasturaud
Un Alcade : Florent Mbia
Maestro Trabuco : Carlo Bosi
Un chirurgo : Hyun Sik Zee

Orchestre et chœurs de l’Opéra national de Paris, dir. Jader Bignamini.
Cheffe des Chœurs : Ching-Lien Wu

Mise en scène : Jean-Claude Auvray
Chorégraphie : Terry John Bates
Décors : Alain Chambon
Costumes : Maria Chiara Donato
Lumières : Laurent Castaingt

Le programme

La Forza del destino

Melodramma en quatre actes de Giuseppe Verdi, livret de Francesco Maria Piave d’après  Alvaro o la forza del destino de Ángel de Saavedra. créé le 10 novembre 1862 au Théâtre Impérial de Saint-Pétersbourg.

Représentation du lundi 12 décembre 2022, Opéra Bastille (Paris)

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Ludovic TézierAnna PirozziElena MaximovaFerruccio FurlanettoNicola AlaimoRussell ThomasJader BignaminiJean-Claude Auvray
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François Desbouvries

Scientifique de formation et de profession (il est enseignant-chercheur en mathématiques appliquées), François Desbouvries n’en est pas moins passionné par l’art : la littérature, la peinture, et bien sûr... la musique en général, et l’opéra en particulier. Il fréquente assidûment les salles de concerts et d’opéras depuis une trentaine d’années, et n’a de cesse de faire partager sa passion, notamment via le site Première Loge dont il a rejoint l’équipe de rédaction en janvier 2020.

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