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Entrée au répertoire du Turco in Italia à l’Opéra Royal de Wallonie

par Camillo Faverzani 24 octobre 2022
par Camillo Faverzani 24 octobre 2022
© ORW / J. Berger
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Une distribution des grands jours où se distinguent le baryton et la soprano

Une mise en scène « cinématographique » très cohérente, une excellente distribution : pour son entrée au répertoire de l’Opéra Royal de Wallonie, Le Turc en Italie frappe fort !

Du théâtre et du cinéma

Annulée en 2021 pour cause de pandémie, cette nouvelle production du Turco in Italia marque aussi l’entrée de l’œuvre au répertoire de l’Opéra Royal de Wallonie. La mise en scène de Fabrice Murgia fait le choix du cinéma et, disons-le d’emblée, c’est une option cohérente et qui fonctionne plutôt bien. C’est ainsi que Prosdocimo de poète se transforme en réalisateur et qu’il est présent dès avant le lever du rideau en guise de technicien, dans une caravane où, par ailleurs, est assis également un véritable opérateur à la console. La première scène, fort réussie, plonge le spectateur dans une atmosphère féerique à la Songe d’une nuit d’été. Bariolés, les costumes sont aussi très chatoyants. Avouons que, dans la plupart des cas, nous ne sommes pas très amateurs des projections en direct de moments isolés de l’action ; en général, cela ne fait que distraire le spectateur et le décalage persistant entre le chant et l’image donne le plus souvent une impression regrettable de play back. Cela dit, le parti pris cinématographique de cette production en justifie partiellement l’usage et il faut reconnaître que le metteur en scène y a recours modérément et de manière très peu envahissante. Le public peut alors découvrir l’identité des chanteurs de cette représentation, leurs photos à la pose de stars hollywoodiennes permettant de les faire défiler comme dans un générique. L’arrivée de Selim, escorté de marins, est un clin d’œil à Et vogue le navire (E la nave va) de Fellini. On décharge un grand lit, recouvert de fourrures et de draps en soie ; nous sommes prévenus : c’est pour séduire Fiorilla que débarque cette vedette faisant la une des magazines people. L’intérieur de la demeure de l’héroïne, pour le café, devient en réalité une sorte de taverne turque où tout est à carreaux (les nappes, bien sûr, mais aussi les assises des chaises, les rideaux, le tissu aux murs et les portes-fenêtres) et où trône même un beau gyros.

Sur les pas de la Malibran... et de la Callas...

Devenant démiurge, Prosdocimo domine l’action, du moins pendant tout le premier acte, et il faut reconnaître que le baryton de Biagio Pizzuti n’a plus grand-chose à découvrir chez Rossini et, au démarrage, il se hisse un cran au-dessus de ses acolytes. Dès l’introduction, sa projection, stylée à souhait, est idéale, sans jamais être envahissante. Et dans le trio avec Geronio et Narciso, il fait un sort à un chant syllabique à toute épreuve.

C’est sans compter avec une Fiorilla des grands jours (Elena Galitskaya) qui lui dame vite le pion. Si, à un premier abord, on a pu croire son volume plutôt limité, c’est sans doute qu’on lui fait aborder son air de présentation du fond de la scène. Sa cavatine de l’acte II, censée être chantée sous l’emprise du champagne, est un chef-d’œuvre dans la recherche des nuances. Et surtout son grand air de la repentance lui permet de parfaire son interprétation par une démonstration de haut vol : dramatique dans le récitatif, élégiaque dans l’andante, virtuose dans la cabalette, elle fait étalage d’un souffle magistral dans un numéro qui semble davantage issu d’un opera seria que d’un dramma buffo. Il n’est donc pas étonnant que Maria Malibran se soit emparée de cette grande sœur des Ermione et Elmira à venir et nous regretterons à jamais que, dans le premier témoignage discographique de l’œuvre, on ait coupé la scène, nous privant des merveilles qu’aurait pu y faire Maria Callas.

Des partenaires solides

En plus d’une occasion, on dirait même que la soprano russe est une source d’émulation fructueuse pour ses collègues. Il en est ainsi du duo avec son époux où un Bruno De Simone, quelque peu hésitant dans sa sortita, gagne de plus en plus en assurance, la cantatrice lui donnant une réplique désopilante dans une strette à la rondeur des vocalises parfaitement en place. Selim au beau timbre solaire, Guido Loconsolo suit sa proie dans l’allegro vertigineux d’un premier duo où la complicité vocale se nourrit à son tour de l’osmose de la séduction ; les deux interprètes portant leur seconde rencontre au paroxysme. 

De premier abord beau tenorino rossinien, Mert Süngü se révèle un fin limier du mot dans le trio avec Prosdocimo et Geronio, son legato prodigieux et sa parfaite élocution ressortant tout particulièrement dans le finale I. Mais c’est surtout dans son air de l’acte II que sa tenue de la ligne et son agilité soulignent que Narciso n’est qu’un Almaviva ou un Ramiro en devenir. L’air de Geronio étant coupé à l’acte II, les interventions solistes des deux ténors se suivent ; la comparaison ne tourne pas forcément en faveur d’Alexander Marev dont l’Albazar fait entendre une voix prometteuse qui ne demande qu’à mûrir. 

Zaida (Julie Bailly) n’a que les scènes d’ensemble pour se mettre en lumière. Le sextuor du finale I est ainsi parfaitement huilé, avant un concertato encore assorti des aigus percutants de Fiorilla. Les deux rivales faisant des miracles dans le sillabato de la strette.

Giuseppe Finzi dirige avec grande habilité l’orchestre maison dont nous retenons en premier lieu la légèreté des cordes et la fluidité des vents, surtout dans l’ouverture. Une confirmation, s’il en était encore besoin, qu’Il turco in Italia n’est pas une Italiana in Algeri réchauffée. Si le rapprochement chronologique des deux titres a pu le laisser croire, c’est plutôt à cause du hasard du calendrier, la Scala espérant renouveler le succès de La pietra del paragone par une nouvelle turquerie, sujet à la mode. Le public milanais devait cependant attendre quelques années avant de le comprendre.

Les artistes

Don Geronio : Bruno De Simone
Fiorilla : Elena Galitskaya
Selim : Guido Loconsolo
Don Narciso : Mert Süngü
Prosdocimo : Biagio Pizzuti
Zaida : Julie Bailly
Albazar : Alexander Marev

Orchestre et Chœurs de l’Opéra Royal de Wallonie, dir. Giuseppe Finzi

Mise en scène : Fabrice Murgia

 

Le programme

Il turco in Italia

Dramma buffo per musica en deux actes de Gioachino Rossini, livret de Felice Romani, créé au Teatro alla Scala de Milan le 14 août 1814.

Opéra royal de Wallonie (Liège), vendredi 21 octobre 2022

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Guido LoconsoloBiagio PizzutiMert SüngüElena GalitskayaBruno De SimoneGiuseppe FinziFabrice Murgia
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Camillo Faverzani

Professeur de littérature italienne à l’Université Paris 8, il anime le séminaire de recherche « L’Opéra narrateur » et dirige la collection « Sediziose voci. Studi sul melodramma » aux éditions LIM-Libreria musicale italiana de Lucques (Italie). Il est l’auteur de plusieurs essais sur l’histoire de l’opéra. Il collabore également avec des revues et des maisons d’opéra (« L’Avant-scène Opéra », Opéra National de Paris).

1 commentaire

Anne Thiébaut 24 octobre 2022 - 11 h 18 min

Comme je regrette de ne pouvoir voir ce spectacle ! La mise en scène a l’air séduisante et drôle, moderne sans être du « grand n’importe quoi », et ce que dit Camillo Faverzani d’Elena Galitskaya me donne très envie d’entendre cette chanteuse !

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