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Don Giovanni à l’Opéra de Vienne : Ombres et lumières dans le Mozart de Kosky

par Renato Verga 9 décembre 2021
par Renato Verga 9 décembre 2021
© Vienna State Opera / Pöhn
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Vienne, Don Giovanni : ombres et lumières dans le Mozart de Kosky (streaming)

La vidéo s’attarde sur les rangées de sièges et les loges désespérément vides de la Staatsoper Vienne : Don Giovanni est joué sans public à la suite d’une épidémie de Covid-19 en Autriche. Pourtant, il y a quelques mois à peine, les salles de cinéma se remplissaient à nouveau d’un public masqué à l’intérieur, sans masque à l’extérieur…

Autre motif de déception, la scénographie qui nous est présentée au lever du rideau : Katrin Lea Tag a choisi une pente rocheuse de lave noire qui serait parfaitement adaptée à Die Walküre ou En attendant Godot. L’idée que ce décor, qu’il est difficile de qualifier d’ « agréable », sera unique  pendant toute la durée d’une représentation de trois heures a un effet décourageant. Et il sera unique, en effet, avec juste quelques petites variations : il deviendra le pré de Z la Fourmi pour la fête du chevalier ; il abritera une sorte d’arbre ou de concrétion pour la scène de Donna Elvira à sa fenêtre (acte II) ; il comportera une mare, pour devenir tombeau du Commendatore. Les pierres dominent dans le spectacle : le Commendeur est tué à coups de pierres, l’effigie de sa tombe est une pierre ; les armes de Masetto sont des pierres et les mets du dernier repas de Don Giovanni sont, encore, des pierres. Si la couleur de la lave domine la scénographie, Katrin Lea Tag elle-même ne réfrène pas sur les couleurs et les motifs floraux des vêtements des personnages, tous néo-hippies à l’exception de Don Ottavio, dans son costume couleur sable, et de Leporello, un punk aux yeux bicolores et aux ongles émaillés noirs, of course.

S’il est clair que le cadre est contemporain, le metteur en scène aborde l’histoire de manière globalement traditionnelle. Après une série pratiquement ininterrompue de productions réussies, toujours originales, souvent brillantes, Kosky trébuche dans ce Mozart – son approche de Die Zauberflöte n’était pas non plus entièrement convaincante. Ceux qui s’attendent à une lecture fraîche seront déçus, tout comme ceux qui s’attendaient aux gimmicks hilarants auxquels le réalisateur australien nous a habitués. Le sentiment de froideur que donne son spectacle n’est pas seulement dû à l’absence de public…

En ce qui concerne la distribution, elle est globalement intéressante. On se souvient du baryton-basse américain Kyle Ketelsen (ici Don Giovanni, Leporello à Londres en 2008) pour sa grande présence scénique et son expressivité intrigante. Lorsqu’il est confronté au style vocal mozartien, quelques incertitudes d’intonation et un registre grave peu sonore refont à la surface. Cependant, la caractérisation  convaincante du personnage, plein d’une énergie à laquelle seule une crise cardiaque pourra mettre un terme – c’est ainsi que le Cavaliere meurt après la poignée de main fatale avec le Commandeur, mais il se relèvera après la mort et quittera la scène comme un fantôme : lui et le Commandeur sont immortels, le premier pour punir le pécheur, le second pour continuer de jouer son rôle de figure dionysiaque, partagée entre eros et thanatos.

Don Giovanni entretient avec son serviteur la relation qu’aurait un maître avec son chien. Tous les deux se complètent, échangent leurs costumes, se disputent, rient, trichent et « se défoncent » ensemble ;  le serviteur, par ailleurs, reçoit parfois des gifles de son maître. Dans l’air du champagne, Leporello n’est qu’une marionnette dans ses mains, tout en prenant appui parfois sur la poitrine paternelle de son maître. À la fin de l’opéra, Leporello, la tête de nouveau couverte d’une capuche, assis sur un rocher, attend un nouveau maître : nous voilà revenus au point de départ. Alors que le « fantôme » de Don Giovanni ressuscité s’éloigne, il jette un regard d’adieu à ses compagnons et pose tendrement une main sur la tête de Leporello, ce seul geste prouvant la force de leur relation.

 Au début cependant, le ressentiment du serviteur attendant Don Giovanni a des accents inhabituellement furieux, réalistes, délivrés par un par Philippe Sly (Don Giovanni à Aix-en-Provence en 2017) qui, en plus de ses étonnantes compétences acrobatiques, fait preuve d’assurance et d’agilité dans sa voix. Elvira n’est pas ici une hystérique furieuse, c’est une femme désespérément amoureuse qui ne renonce jamais :  » Mi tradì quell’alma ingrata  » est chanté la première fois avec incrédulité et ce n’est que la deuxième fois, comme si elle avait repris ses esprits, que Kate Lindsey émet un cri de colère. La soprano américaine, qui est passée de Monteverdi à l’opéra contemporain, aborde le personnage avec une grande conviction même si le style vocal est parfois un peu éloignée du beau chant attendu : on admire le tempérament, mais la ligne vocale n’est pas toujours appropriée. La Donna Anna d’Hanna-Elisabeth Müller a un peu d’aigreur dans son timbre et, en tant que personnage, elle ne s’attache pas vraiment avec Don Ottavio, ici un Stanislas de Barbeyrac plus héroïque que lyrique et pas toujours à l’aise dans l’agilité. Leur relation semble bancale, pour ne pas dire tendue, dès le premier instant et personne ne parierait sur leur union conjugale. Le Commendeur d’Ain Anger ne manque pas d’autorité malgré une fatigue vocale évidente. La Zerlina de Patricia Nolz, belle, séduisante et dotée d’une voix charmante, et le Masetto de Peter Kellner, bien caractérisé, sont bien meilleurs.

Le directeur musical du théâtre, Philippe Jordan, commence bien, avec une ouverture quelque peu écrasante mais dirigée avec précision ; puis, par moments, le drame prend le dessus et les voix sont souvent couvertes par l’orchestre ou mises en difficulté par le choix de tempi rapides. En revanche, les récitatifs sont très beaux, naturels et émaillées de pauses efficace dramatiquement. La version choisie est celle de Vienne, mais le duo Leporello-Zerlina de l’acte II manque et le final est celui de Prague.

Il s’agissait des débuts de Barrie Kosky au théâtre viennois, mais aussi de sa première approche de la trilogie da pontienne, qu’il complétera avec Le nozze di Figaro et Così fan tutte au cours des prochaines saisons. En attendant, le théâtre devrait rouvrir au public le 13 décembre.

Lisez la version originale de cet article (en italien) ici :

Les artistes

Don Giovanni : Kyle Ketelsen
Leporello : Philippe Sly
Il Commendatore : Ain Anger
Don Ottavio : Stanislas de Barbeyrac
Masetto : Peter Kellner
Donna Anna : Hanna-Elisabeth Müller
Donna Elvira : Kate Lindsey
Zerlina : Patricia Nolz

Chœurs et orchestre de l’Opéra de Vienne, dir. Philippe Jordan

Mise en scène Barrie Kosky

 

 

Le programme

Don Giovanni

Dramma giocoso en deux actes de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Livret de Lorenzo da Ponte (1749-1838) inspiré du mythe de « Don Juan »
Création : Prague, Théâtre des États, 29 octobre 1787

Staatsoper de Vienne, 6 décembre 2021

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Philippe SlyBarrie KoskyDon Giovanni
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Renato Verga

Diplômé en Physique de l'Université de Turin, Renato Verga a toujours eu une passion immodérée pour la musique et le théâtre. En 2014, il lance un blog (operaincasa.com) pour recueillir ses critiques de DVD d'opéra, de spectacles vus partout dans le monde, de concerts, de livres sur la musique. Renato partage l'idée que la mise en scène est une partie constitutive de l'opéra lui-même et doit donc comporter de nécessaires transformations pour s'adapter à notre contemporanéité.

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