À la une
Les cadeaux de Parpignol pour les fêtes de Noël
La Chauve-Souris à Liège : Johann Strauss fête ses 200 ans...
Ut Pictura Musica : la Bohème synesthésique de David Geselson
Festival(s) de Salzbourg 2026 : demandez le programme !
Le Festival de Pesaro 2026 fête les 200 ans du...
Les Contes d’Hoffmann à Lyon : fantastique Michieletto
CD – Lucia di Lammermoor : la confirmation de Lisette...
Un Américain à Paris : Genève succombe au charme de la...
Se préparer à La Passagère, Opéra national Capitole de Toulouse,...
Se préparer à Un ballo in maschera, Opéra de Paris...
Le Petit Faust, jeu télévisé déjanté à l’Athénée
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

ProductionVu pour vous

Le Diable à Paris : Satan n’est plus ce qu’il était !

par François Desbouvries 9 juin 2021
par François Desbouvries 9 juin 2021
Denis Mignien
0 commentaires 2FacebookTwitterPinterestEmail
2,1K

Il faut bien reconnaître que depuis une bonne quarantaine d’années, l’opérette et l’opéra-bouffe, à quelques exceptions près, sont en sommeil… Et c’est bien dommage, car c’est tout un pan de notre culture qui risque de disparaître. Fort heureusement, quelques troupes œuvrent, plutôt efficacement, à la renaissance du genre. Les Frivolités Parisiennes sont de celles-là : elles rendent aujourd’hui hommage à Marcel Lattès et à son Diable à Paris, partition bien oubliée aujourd’hui et pourtant fort intéressante…

La première du Faust de Gounod à l’Opéra de Paris en 1869 (dix ans après la création de l’œuvre au Théâtre-Lyrique sous la forme d’un opéra-comique) génère la même année (au moins) deux parodies, signées Hervé (Le Petit Faust, créé au Théâtre des Folies-Dramatiques le 23 avril) ou Barbier (Faust et Marguerite, créé aux Ambassadeurs, le 23 juillet, récemment remis à l’honneur par le Palazzetto Bru-Zane). Une soixantaine d’années plus tard, c’est au tour de Marcel Lattès de parodier l’opéra de Gounod, avec Un Diable à Paris, créé au Théâtre Marigny en 1927 avec les célébrissimes Dranem, Raimu, Aimé Simon-Girard (fils de la soprano Juliette Simon-Girard, une des interprètes d’Offenbach) et Edmée Favart.

Les liens du livret (signé Robert de Flers et Francis de Croisset, lyrics d’Albert Willemetz) avec les œuvres de Gounod ou Goethe sont assez ténus ; et l’histoire n’a strictement aucun rapport avec l’œuvre homonyme (recueil de nouvelles signées Balzac, Nodier, Sand, Nerval ou encore Musset !) publiée par Hetzel en 1845/1846. Jugez-en plutôt : l’action s’ouvre au pays Basque, dans un Guétary d’opérette. André (notre nouveau Faust), fuyant sa maîtresse Paola de Walpurgis qui l’a ruiné, a par hasard jeté les yeux sur Marguerite alors qu’il traversait le village en train. Mais Dame Marthe, sévère garde-barrière, veille tout à la fois à la bonne marche des trains, et sur la vertu de sa nièce Marguerite, qu’elle réserve à un époux riche.

Sarah Laulan et Marion Tassou

Elle repousse donc André (un sans-le-sou), et rejette par ailleurs les avances de Foudalou, un vieil homme d’équipe « au physique disgracieux ». Les deux hommes, frustrés, invoquent le Diable (un ténor !), qui arrive illico, tout heureux qu’on ne l’ait pas oublié…

Paul-Alexandre Dubois, Mathieu Dubroca et Céline Groussard
Denis Mignien

Un travail, des clients, constituent en effet pour lui un prétexte pour échapper quelque temps à son épouse Proserpine, qu’il ne supporte pas. Il donne des millions à André, la jeunesse à Foudalou, et accepte de ne pas signer de pacte diabolique : s’il récupérait les âmes de nos deux damnés, il serait en effet contraint de retourner aux Enfers… auprès de Proserpine. Le salaire sera donc une virée à Paris, ce Paris de cabaret et de plaisirs dont le Diable est tant nostalgique.

L’acte II à Paris se vit comme un tourbillon de numéros de cabaret qui se succèdent à un rythme effréné.

Julie Mossay
Denis Mignien

Satan, naïf et benêt, est émerveillé – mais dépassé – par tout ce qui a été inventé depuis 1859 (lors de son dernier passage, avec Faust) ; déguisé en Maharadjah de Chandernagor, il est moqué pour son physique, mais courtisé pour son extrême richesse. Il est même un temps fiancé à Marguerite, dépitée qu’Andrée ait succombé aux charmes charnels de la belle mais vénéneuse Paola. Finalement tout rentre dans l’ordre : Marthe épouse Foudalou, André épouse Marguerite, et le Diable retourne auprès de Proserpine, car « l’Enfer n’est rien à côté de la piètre humanité que vous êtes ».

Les Frivolités Parisiennes, qui n’en sont pas à leur première plaisanterie musicale (on leur doit notamment la résurrection de Normandie de Paul Misraki à l’automne dernier), se saisissent de cette amusante parodie avec un humour et un plaisir non dissimulés, grâce notamment à une équipe de jeunes chanteurs-acteurs qui s’en donnent à cœur joie.

Les boys
Les girls

La verve comique de l’œuvre est très bien servie par Édouard Signolet, à qui l’on doit la mise en scène, ainsi que la restauration et la révision du livret original ; mais aussi les chanteurs dont la diction se révèle dans l’ensemble très correcte (une qualité indispensable dans ce répertoire), avec une mention toute particulière à Mathieu Dubroca – André – et Denis Mignien – le Diable. Tous font preuve d’une implication sans faille, et du style requis pour ce répertoire. On apprécie tout particulièrement la voix saine et bien projetée de Mathieu Dubroca, et le chant de Sarah Laulan (Marthe), au beau timbre de mezzo et possédant toute l’autorité nécessaire au personnage. Marguerite (Marion Tassou) possède quant à elle un timbre plus léger mais pur et agréable. L’orchestre des Frivolités Parisiennes est excellent, et la direction précise et dynamique de Dylan Corlay rend hommage aux belles pages et à l’orchestration subtile de Lattès, qui signe une partition particulièrement originale, comportant quelques touches de blues, de swing et de jazz (rappelons que la création a eu lieu au théâtre Marigny en 1927).

Malgré une jauge à 35% (covid oblige), le spectacle est, à juste titre, chaleureusement applaudi par le public du théâtre Raymond Devos de Tourcoing, que l’on remercie d’avoir accueilli ce spectacle qui aurait dû être donné à Paris au Théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet en décembre dernier (les représentations avaient malheureusement dû être annulées en raison de la pandémie). Heureusement, après cette représentation tourquennoise, une reprise est prévue le 22 juin prochain au Théâtre Impérial de Compiègne : une belle occasion de découvrir cette rareté, témoignage on ne peut plus réjouissant de l’humour musical en France pendant l’entre-deux guerres. Courez-y !

Crédit photos : Bernard Martinez

Pour ce spectacle, François Desbouvries a bénéficié d’une invitation de l’Atelier lyrique de Tourcoing.

Les artistes

Marguerite   Marion Tassou
Marthe Grivot   Sarah Laulan
Paola de Valpurgis   Julie Mossay
André   Mathieu Dubroca
le Diable   Denis Mignien
Fouladou   Paul-Alexandre Dubois
la narratrice   Céline Groussard

Direction musicale   Dylan Corlay
Mise en scène, restauration et révision du livret original   Édouard Signolet

Le programme

Le Diable à Paris

Opéra comique de Maurice Lattès, sur un livret de Robert de Flers, Francis de Croisset et Albert Willemetz. Création à Paris (théâtre Marigny) en octobre 1927.

Représentation du 06 juin 2021, Théâtre municipal Raymond Devos, Tourcoing

image_printImprimer
Paul-Alexandre DuboisCéline GroussardMarion TassouLes Talents LyriquesDylan CorlayEdouard SignoletSarah LaulanJulie MossayMathieu DubrocaDenis Mignien
0 commentaires 2 FacebookTwitterPinterestEmail
François Desbouvries

Scientifique de formation et de profession (il est enseignant-chercheur en mathématiques appliquées), François Desbouvries n’en est pas moins passionné par l’art : la littérature, la peinture, et bien sûr... la musique en général, et l’opéra en particulier. Il fréquente assidûment les salles de concerts et d’opéras depuis une trentaine d’années, et n’a de cesse de faire partager sa passion, notamment via le site Première Loge dont il a rejoint l’équipe de rédaction en janvier 2020.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
CD -Alessandro STRADELLA, Santa Editta, Vergine e monaca, Regina d’Inghilterra
prochain post
9 juin : Journée mondiale du bien-être. Fauré, « S’asseoir tous deux… »

Vous allez aussi aimer...

La Chauve-Souris à Liège : Johann Strauss fête ses...

20 décembre 2025

Ut Pictura Musica : la Bohème synesthésique de...

19 décembre 2025

Les Contes d’Hoffmann à Lyon : fantastique Michieletto

19 décembre 2025

Un Américain à Paris : Genève succombe au charme...

17 décembre 2025

Le Petit Faust, jeu télévisé déjanté à l’Athénée

16 décembre 2025

Le 36e Festival Présences rend hommage à Georges...

15 décembre 2025

Bruxelles, NormaVoyage immobile et bel canto sous tension,...

14 décembre 2025

TCE : le triomphe des Tenebrae dans un Messie...

14 décembre 2025

Crémone, I puritani  : la jeunesse à l’assaut...

10 décembre 2025

Les cadeaux de Parpignol pour les fêtes de...

10 décembre 2025

En bref

  • Les brèves de décembre –

    11 décembre 2025
  • Les brèves de novembre –

    20 novembre 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

Édito


  • Édito d’octobre –
    « O, mia musica, si bella e perduta… » : quand le cas Venezi révèle un malaise plus profond concernant les arts et la musique en Italie

    2 octobre 2025

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Jean Leprince dans CD –  Tenebris d’Alexandre de Villeneuve. Un passionnant programme d’un compositeur sorti des ténèbres
  • meyer frederic dans Aux confins du sublime et de l’abject : le « Requiem de Terezin » (Grand Amphithéâtre de la Sorbonne)
  • meyer frederic dans Ça s’est passé il y a 100 ans : création de Wozzeck
  • Don Giovanni, de Mozart – À Dom e-mots dans KOSTAS SMORIGINAS
  • Josy Santos dans L’Opéra de Liège inscrit le CHAPEAU DE PAILLE DE FLORENCE à son répertoire

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

La Chauve-Souris à Liège : Johann Strauss...

20 décembre 2025

Ut Pictura Musica : la Bohème...

19 décembre 2025

Les Contes d’Hoffmann à Lyon : fantastique...

19 décembre 2025