À la une
CD- Rebelle : hommage à Célestine Galli-Marié
Le retour de Riccardo Muti à Turin pour la saison...
Faust version 1859 à Lille : plus intense, plus dramatique...
Ça s’est passé il y a 200 ANS : mort d’ANTONIO...
Milan : IL NOME DELLA ROSA – Le Moyen Âge d’Umberto...
Florence, 87e Festival del Maggio Musicale Fiorentino : le War...
Firenze, 87° Festival del Maggio Musicale Fiorentino: un War Requiem...
Le Freischütz en version de concert au TCE : point de...
Se préparer au TRITTICO – Opéra de Paris, 29 avril...
Brèves de mai –
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

ProductionCompte rendu

Avignon : une Veuve toujours joyeuse malgré les circonstances !

par Stéphane Lelièvre 27 décembre 2020
par Stéphane Lelièvre 27 décembre 2020
0 commentaires 3FacebookTwitterPinterestEmail
2,7K

Une Veuve Joyeuse avignonnaise à savourer en streaming sur la chaîne YouTube de l'Opéra Grand Avignon le 31 décembre !

Une mise en scène vive et colorée, une interprétation musicale de qualité : dommage que le public n’ait pu apprécier cette Veuve Joyeuse à l’Opéra Confluence pour les fêtes de fin d’année… Vous pourrez heureusement vous rattraper en regardant le spectacle en streaming dès le 31 décembre !

Drôle d'ambiance à l'Opéra Confluence...

Drôle d’ambiance à l’Opéra Confluence Avignon en ce dimanche 27 décembre après-midi : tout avait été fait pour offrir au public un spectacle de fin d’année divertissant, avec le choix d’une œuvre indémodable et fort réjouissante, une mise en scène vive et colorée, une troupe de chanteurs jeunes et talentueux… Aussi, voir tous ces artistes se démener, chanter, danser, rire devant un parterre tout juste occupé par quelques journalistes avait-il quelque chose d’à la fois triste… et de revigorant. Triste parce que les bons mots, les situations cocasses dont la pièce est émaillée appellent les rires, désespérément absents ; parce que le finale du premier acte, les couplets consacrés aux femmes (« Depuis qu’Eve écoutant le serpent… »), le cancan endiablé qui clôt l’œuvre appellent les applaudissements – au lieu de quoi ils se sont heurtés, fatalement, à un silence glacial… Revigorant toutefois, parce que l’enthousiasme des artistes révèle une volonté de jouer et d’y croire quand même, et montre à quel point chacun se tient prêt à offrir de nouveau au public, dès que le coronavirus ne sera plus qu’un (très) mauvais souvenir, les images et la musique dont il est privé depuis de trop longs mois. Que les artistes et toutes les personnes qui ont rendu possible ce spectacle (capté et diffusé le 31 décembre sur la chaîne YouTube de l’Opéra d’Avignon) soient ici remerciés pour le travail accompli et le plaisir qu’ils apporteront aux internautes – un plaisir virtuel… en attendant que nous puissions retrouver l’émotion, l’électricité, la chaleur d’une salle comble !

C’est la version française de Flers et Caillavet qui a été retenue – les puristes s’en offusqueront peut-être, mais, outre le fait que maintes pages musicales sont passées à la postérité dans la langue de Molière (« Toujours par dévouement », « C’est la valse, écoutez », « Depuis qu’Ève écoutant le serpent », « Viens dans ce joli pavillon », et bien sûr « Heure exquise qui nous grise »), force est de constater que l’esprit de la pièce, son humour sont typiquement français (le livret n’est-il pas tiré d’une pièce d’Henri Meilhac, L’Attaché d’ambassade ?), et si trahison il y a, elle est évidemment bien moindre que dans Violetta d’après La Traviata, ou Die schöne Helena d’après La Belle Hélène !

Un spectacle vif et coloré, proposant plus qu'une simple mise en images de l'œuvre

Pour ce spectacle de fin d’année, qui se doit d’être grand public et divertissant, Fanny Gioria a écarté le principe d’une relecture austère et intellectualisante (une austérité à laquelle l’œuvre, dans une certaine mesure, peut pourtant se prêter : voir la lecture proposée par Jorge Lavelli pour l’Opéra de Paris), sans pour autant se contenter d’une simple mise en image littérale du livret : on assiste en fait à une répétition de l’opérette de Franz Lehár, avec tout ce qu’une répétition peut comporter d’imprévus et de ratés (trous de mémoires, incidents techniques, retard de tel artiste). Or le chanteur qui interprète Danilo a jadis connu la femme qui doit interpréter Missia Palmieri, une certaine Hanna Glawari (clin d’œil au nom de la Veuve dans le livret allemand original !) : ils ont même été autrefois plus ou moins amoureux l’un de l’autre, avant qu’un grand succès dans un film américain n’ait donné la grosse tête à Hanna, qui s’est alors détournée du jeune homme… On l’aura compris, l’opérette La Veuve Joyeuse se présente comme une mise en abyme de l’aventure amoureuse de ses interprètes, et les parcours sentimentaux des personnages de Lehár et des acteurs qui les incarnent finiront par se rejoindre dans une fort émouvante « Heure exquise », chantée en costumes de ville, dans les coulisses du théâtre, alors que la répétition s’est achevée…

À cette mise en scène sensible (fort heureusement, la lecture de Fanny Gioria ne prend jamais le pas sur l’œuvre elle-même), égayée par des costumes (signés Erick Plaza Cochet) tantôt élégants, tantôt délirants (ceux de la fête du deuxième acte !) répond une direction musicale fine, précise et enjouée, assurée par Benjamin Pionnier à la tête d’un orchestre possédant le clinquant nécessaire aux scènes de danse du deuxième acte comme à celles de cabaret du dernier acte, mais aussi le lyrisme et la sensibilité qui se font jour dans la partition, dans l’air de Camille, le célèbre « Vilya, ô Vilya », ou le duo entre Danilo et Missia Palmieri.

 

Une distribution pleine d'enthousiasme !

Reste la distribution : œuvre légère mais exigeante et ayant été servie par les plus grands gosiers (au hasard et entres autres : Schwarzkopf, Lott, Mattila, Duval, Gens, Fleming, Studer, Jansen, Skovhus, Waechter, Gedda !!), l’attente du mélomane est évidemment importante… La première qualité du plateau réuni par l’Opéra d’Avignon est sans aucun doute la jeunesse, l’enthousiasme, et la grande crédibilité de chacun des interprètes dans leurs rôles respectifs – tous montrant d’indéniables talents de comédiens. Guillaume Paire, Baptiste Joumier, Pierre-Emmanuel Roubet et Jean-François Baron sont plus vrais que nature en Baron Popoff, Figg, Lérida et D’Estillac.

Caroline Mutel et Samy Camps, le second couple d’amoureux de l’œuvre, sont fort convaincants : la première est une amusante Nadia, tiraillée entre son amour pour Camille et ses efforts pour ne pas céder à la tentation. La voix est bien projetée (sauf curieusement, au dernier acte, chez Maxim’s …) ; la diction, en revanche, pourrait parfois gagner ici ou là en clarté… Samy Camps semble s’amuser beaucoup en incarnant Camille ! La voix gagne en assurance au fil de la représentation, et le ténor délivre, au second acte, un « Viens dans ce joli pavillon » sensible et nuancé.

Erminie Blondel fait preuve d’un bel abattage scénique et rend habilement justice aux différentes facettes du personnage, à la fois distante, drôle, amoureuse… Vocalement, la chanteuse peut encore, nous semble-t-il, peaufiner son interprétation, avec un meilleur contrôle de l’émission (tantôt la puissance vocale est tout à fait correcte, tantôt elle est légèrement insuffisante) et un plus grand soin apporté à la ligne vocale : la chanson de Vilya  manque un peu d’abandon, de glamour, et de nuances – dont la chanteuse est pourtant capable, comme en témoigne le bel aigu piano par lequel elle le conclut. Philippe-Nicolas Martin, enfin, est un excellent Danilo : tour à tour tendre, désabusé, cynique, amoureux, son incarnation est portée par un timbre chaleureux et une technique maîtrisée, lui autorisant un legato soyeux (« Rythme lent… ») et des effets de clair-obscur fort séduisants : on en vient à regretter de ne pouvoir l’entendre chanter, dans cette version française, les premières phrases de « Lippen schweigen »…

C’est donc un spectacle fort réussi qu’a proposé l’Opéra d’Avignon, à visionner sur vos écrans dès le 31 décembre prochain – et qui vous aidera, sans nul doute, à supporter l’absence de spectacles « vivants » en cette fin d’année où ils sont traditionnellement si appréciés.

Le voyage de Stéphane Lelièvre a été pris en charge par l’Opéra Grand Avignon

Les artistes

Missia Palmieri   Erminie Blondel
Nadia Popoff   Caroline Mutel
Prince Danilo   Philippe-Nicolas Martin
Baron Popoff   Guillaume Paire
Camille de Coutançon   Samy Camps
Figg   Baptiste Joumier
Lérida   Pierre-Emmanuel Roubet
D’Estillac   Jean-François Baron
 
Orchestre Régional Avignon-Provence
Chœur et Ballet de l’Opéra Grand Avignon
Direction musicale   Benjamin Pionnier
Mise en scène   Fanny Gioria

Le programme

La Veuve Joyeuse

Opérette en trois actes de Franz Lehár, livret de Victor Léon et Leo Stein, d’après L’Attaché d’ambassade, comédie d’Henri Meilhac ; adaptation française de Robert De Flers et Gaston De Caillavet. 
Création à Vienne le 30 décembre 1905

 

image_printImprimer
Erminie BlondelSamy CampsBenjamin PionnierFranz Lehar
0 commentaires 3 FacebookTwitterPinterestEmail
Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
ALAIN VANZO
prochain post
Italo GARDONI

Vous allez aussi aimer...

Faust version 1859 à Lille : plus intense,...

7 mai 2025

Milan : IL NOME DELLA ROSA – Le Moyen...

5 mai 2025

Florence, 87e Festival del Maggio Musicale Fiorentino :...

5 mai 2025

Firenze, 87° Festival del Maggio Musicale Fiorentino: un...

5 mai 2025

Le Freischütz en version de concert au TCE :...

5 mai 2025

Naples : Attila de chair et de feu !

3 mai 2025

La Fanciulla des grands espaces met dans le...

3 mai 2025

Barbe-bleue d’Offenbach : Opéra Junior assume à Montpellier

3 mai 2025

La Morte vinta sul Calvario  à l’église Notre-Dame...

1 mai 2025

Asmik Grigorian, Carlo Rizzi, Christof Loy : triple triomphe...

1 mai 2025

En bref

  • Brèves de mai –

    5 mai 2025
  • Les brèves de mars –

    14 mars 2025
  • Les brèves de février

    25 février 2025
  • Sauvons l’Avant-Scène Opéra !

    18 février 2025
  • L’Avant-Scène Opéra, c’est fini…

    7 février 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

Édito

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Norbert RIVIERE dans GIOVANNI PACINI : un musicien dont l’œuvre reste encore à redécouvrir…
  • Hervé Casini dans Asmik Grigorian, Carlo Rizzi, Christof Loy : triple triomphe pour le TRITTICO de l’Opéra Bastille
  • Hervé Casini dans Berliner Philharmoniker: memorabile Madama Butterfly di Kirill Petrenko, Eleonora Buratto e Jonathan Tetelman
  • Stéphane Lelièvre dans Asmik Grigorian, Carlo Rizzi, Christof Loy : triple triomphe pour le TRITTICO de l’Opéra Bastille
  • Bernet Yannick dans Asmik Grigorian, Carlo Rizzi, Christof Loy : triple triomphe pour le TRITTICO de l’Opéra Bastille

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Faust version 1859 à Lille :...

7 mai 2025

Milan : IL NOME DELLA ROSA –...

5 mai 2025

Florence, 87e Festival del Maggio Musicale...

5 mai 2025