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Concert

4.48 Psychosis à la Philharmonie de Paris – Eclatante, éclatée

par Laurent Bury 19 décembre 2021
par Laurent Bury 19 décembre 2021

4.48 Psychosis - Philharmonie de Paris © EIC

4.48 Psychosis - Philharmonie de Paris © EIC

4.48 Psychosis - Philharmonie de Paris © EIC

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4.48 Psychosis - Philharmonie de Paris © EIC

4.48 Psychosis - Philharmonie de Paris © EIC

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À notre époque où tant de compositeurs s’essayent à l’opéra, ils ne sont paradoxalement pas si nombreux, ceux qui se montrent convaincants dans cet exercice. Raison de plus pour saluer comme il se doit le Britannique Philip Venables (né en 1979), dont la création parisienne de 4.48 Psychosis vient confirmer l’incontestable talent pour le genre : Venables écrit admirablement pour les voix, ce qui est bien sûr une condition sine qua non pour l’opéra, mais il n’en néglige pas pour autant l’orchestre. Et comme en plus, loin de verser dans un intellectualisme abscons, il ne néglige en rien l’émotion, tous les ingrédients sont réunis pour le bonheur du lyricomane.

Bien sûr, Venables met l’opéra à sa sauce. 4.48 Psychosis se dispense d’un livret au sens traditionnel et s’appuie sur la dernière pièce de Sarah Kane (1971-1999), étoile filante du nouveau théâtre anglophone. Pas d’intrigue au sens classique, mais le monologue d’une femme souffrant de dépression psychotique, parfois entrecoupé de dialogues, en une succession de vingt-quatre scènes. Pour le mettre en musique, le compositeur choisit une forme tout aussi libre, qui fait éclater le soliloque : six voix et douze instrumentistes, les unes comme les autres étant sonorisés. L’orchestre inclut un quatuor à cordes, mais privilégie les vents (dont trois saxophones) et les percussions ; une voix de soprano dramatique assure l’essentiel du monologue, dialoguant parfois avec une mezzo qui semble correspondre au personnage du médecin, les quatre autres chanteuses – deux sopranos, deux mezzos – se voyant plutôt attribuer le soin de commenter ou de compléter le discours. Ces voix chantent, et très souvent toutes ensemble, mais il leur arrive aussi de haleter ou de déclamer (l’essentiel du texte parlé est préenregistré), tandis que les douze instrumentistes issus de l’Ensemble Intercontemporain, implacablement dirigés par Matthias Pintscher, soutiennent les voix ou les contrarient, certains passages évoquant une sorte de Michael Nyman survolté, Venables n’hésitant pas à inclure aussi ici et là des bribes de muzak en guise de fond sonore. Cet éclectisme assumé est d’une efficacité remarquable et empoigne dès le départ le spectateur pour ne plus le lâcher.

Matthias Pintscher ©DR

C’est une version mise en espace que propose la Philharmonie de Paris dans sa Salle des concerts : les chanteuses sont immobiles devant l’orchestre, mais un écran permet de projeter certains dialogues non prononcés mais ponctués par les percussions, et parfois des chiffres ou des images abstraites. Ce relatif minimalisme est sans doute bien préférable à une production exhibitionniste qui concurrencerait la violence du texte et de la musique. Et même si l’œuvre est interprétée avec pupitres et partitions, on reste admiratif devant la prestation intégralement « jouée » de Gweneth-Ann Rand, qui incarne avec une rare intensité le personnage principal du drame. Beaucoup d’aplomb aussi chez la mezzo Lucy Schaufer, jusque dans les affrontements muets avec l’héroïne. Ces deux artistes ont participé à la création mondiale de l’opéra à Londres en 2016, ainsi qu’à sa création française à Strasbourg, à l’automne 2019. Les quatre autres voix sont en revanche celles de chanteuses ayant rejoint la production par la suite ; trois d’entre elles étaient néanmoins déjà là lors du Festival Musica. Karen Bandelow est la nouvelle-venue, Robyn Allegra Parton, Samantha Price et Rachael Lloyd ayant un peu plus d’ancienneté, mais toutes adhèrent pleinement à l’esthétique de cette œuvre. On espère maintenant qu’après Denys & Katya, donné notamment à Montpellier en août dernier, Philip Venables ne s’arrêtera pas en si bon chemin, et qu’il offrira à notre XXIe siècle les opéras qu’il mérite.

Les artistes

Gweneth-Ann Rand, Robyn Allegra Parton, Karen Bandelow, sopranos
Samantha Price, Rachael Lloyd, Lucy Schaufer, mezzo-sopranos

Ensemble Intercontemporain, direction musicale Matthias Pintscher

Elayce Ismail, mise en espace, lumières
Sound Intermedia, design sonore
Nicolas Berteloot, Emmanuelle Corbeau, Martin Nicaud, ingénierie sonore
Pierre Martin, vidéo

Le programme

4.48 Psychosis
Opéra de chambre en un acte de Philip Venables, créé le 24 mai 2016 au Lyric Theatre Hammersmith (Londres).

Salle des concerts, Cité de la Musique, Paris
jeudi 16 décembre 2021, 20h30

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Matthias PintscherPhilip VenablesEnsemble Intercontemporain
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Laurent Bury

Une fois hors d'un charnier natal assez septentrional, Laurent Bury a longtemps habité sous les vastes portiques du 123, rue Saint-Jacques, du 45, rue d'Ulm et du 1, rue Victor Cousin (et même ensuite du 86, rue Pasteur, 60007). Longtemps, il s'est couché de bonne heure aussitôt après les spectacles que, de 2011 à 2020, il allait voir pour un autre site opératique. Papillon inconstant, farfallone amoroso, il vole désormais entre divers sites, et a même parfois l'honneur de prêter sa plume aux volumes de L'Avant-Scène Opéra.

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