À la une
Diva ma non troppo : le public du festival de Froville...
Dans le labyrinthe des opéras de RIMSKI-KORSAKOV
À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires
Job, le procès de Dieu : création d’un opéra engagé et...
Festival du Haut-Limousin « Par les soirs bleus d’été »
La traviata à Tours : Violetta, prenez soin de vous !
Brèves de juin –
Découvrez la saison 25-26 de l’Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie
Il barbiere di Siviglia revient à l’Opéra Bastille dans la...
Dernière saison d’Alain Surrans à ANGERS-NANTES OPERA
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

Compte renduVu pour vousConcert

Le public du Théâtre des Champs-Élysées s’encanaille auprès de Clairette Angot !

par Félicité Charmille 1 juillet 2021
par Félicité Charmille 1 juillet 2021
0 commentaires 2FacebookTwitterPinterestEmail
1,5K

Félicité Charmille donne à Madame Angot des nouvelles de sa fille Clairette dans un courrier que nous reproduisons ci-dessous…

Madame Angot,

Je suis au regret de vous faire savoir que votre fille Clairette a de nouveau fait parler d’elle ces jours-ci à Paris, et pas nécessairement en bien. Mais connaissant votre personnalité  et votre caractère si particuliers, ce que j’ai à vous dire ne sera peut-être pas pour vous déplaire…

Les soirées sont bien longues au Paradis, vous le savez comme moi. Aussi, je décidai mercredi dernier, pour tuer le temps, d’errer de salle de concert en salle de concert, en quête d’un peu de musique. Le hasard me conduisit au Théâtre des Champs-Élysées, où régnait une grande agitation. M’approchant discrètement de la foule réunie avenue Montaigne, je saisis quelques bribes de conversations, lesquelles retinrent aussitôt mon attention : il n’était question que de Clairette Angot, de son retour après tant d’années d’absence dans la capitale, et d’un possible scandale à venir. Pensez donc, votre délurée Clairette, dont l’attitude et les propos ont jadis écorché les oreilles pourtant aguerries des Forts des Halles, prête à faire les quatre cents coups dans le très chic 8e arrondissement de Paris, peut-être même à chanter de polémiques couplets sur la façon dont le pays est dirigé aux dignes passants de l’avenue Montaigne ? Il y avait de quoi attirer les badauds, et le fait est qu’ils étaient venus nombreux ce soir-là…

Ils n’ont guère été déçus : Clairette était bien là, plus vive, plus ravissante, plus irrésistible que jamais, délicieusement incarnée par une Anne-Catherine Gillet réussissant parfaitement la délicate alliance entre la (fausse) ingénuité de la jeune fille tout juste sortie de sa pension au premier acte, et la gouaille et le sans-gêne des actes suivants. Une gouaille et un sans-gêne qu’elle semble directement avoir hérités de vous, Madame Angot, qui ne l’avez pourtant guère élevée, occupée comme vous étiez à voyager au Malabar ou en Turquie ! Il faut croire que certains traits de caractère se transmettent de génération en génération, et que la bonne éducation ne suffit pas à gommer totalement un naturel qui, selon l’usage consacré,  finit toujours par revenir au galop. « Bon chien chasse de race ! », comme le rappelle justement votre fille dans le livret de messieurs Clairville, Siraudin et Koning.

Véronique Gens, Anne-Catherine Gillet et Sébastien Rouland © Hélène Pambrun

Les retrouvailles de Clairette avec son amie d’enfance Melle Lange ont été l’un des points forts de la soirée. Mesdemoiselles Gillet et Gens ont superbement interprété le délicieux duo composé par notre cher Lecocq pour ces deux héroïnes, tout émues de se remémorer les « jours fortunés de [leur] enfance » malgré la rivalité sentimentale qui les oppose. Quant à leur crêpage de chignon au dernier acte (« Ah, c’est donc toi, madam’ Barras ! »), il m’a rappelé ces scènes dont on m’a jadis si souvent parlé (mais auxquelles, Dieu merci, je n’ai jamais assisté en personne), au cours desquelles, dit-on, certaines femmes se livraient à des joutes verbales sur le carreau de la Halle en usant de termes que la décence m’empêche de répéter. Quelle horreur…

Mathias Vidal, Artavazd Sargsyan, Matthieu Lécroart et Antoine Philippot © Hélène Pambrun

Les amoureux de ces dames ont été charmants, aussi bien le volage Ange Pitou (Mathias Vidal) que son rival, ce benêt de Pomponnet (Artavazd Sargsyan), tous deux bien chantants, drôles, et parfaitement compréhensibles !

On ne joue plus guère aujourd’hui, dans les théâtres français, les comédies de Maillot qui vous mettent en scène, aussi le public parisien de 2021 n’a qu’un souvenir lointain de votre personne et des aventures que vous avez vécues. Fort heureusement, Amarante (Ingrid Perruche) a rappelé vos frasques au début de la représentation dans des couplets fort applaudis, chantés avec toute l’énergie, la gouaille et l’humour qui siéent à l’évocation de votre personne.

Enfin, la partition de M. Lecocq a été dirigée par le maestro Sébastien Rouland (à la tête d’un Orchestre de chambre de Paris tout à la fois vif et léger), qui en a restitué avec beaucoup de talent  toute la fraîcheur, la délicatesse, l’inventivité, et le dynamisme enjoué.

Chère Madame Angot, pensez-vous que le distingué public du Théâtre des Champs-Élysées ait été choqué par les excentricités scéniques et verbales de votre fille ? Point du tout : il a ri à gorge déployée et applaudi à tout rompre, allant même jusqu’à rappeler plusieurs fois les artistes sur scène pour les couvrir de bravos nourris et enthousiastes.

Quoi qu’il en soit, vous serez ravie d’apprendre que Clairette se porte au mieux et qu’elle a fait un retour fracassant dans la capitale. Aussi je vous prie de recevoir, ma bonne madame Angot, avec ces bonnes nouvelles de votre fille, l’expression de mes meilleures salutations. Qui sait ? Même si, au Paradis, le quartier des marchandes de marée est un peu éloigné de celui des femmes de lettres et de musique où je réside, peut-être nous croiserons-nous un jour ou l’autre au hasard de nos pérégrinations…

Avec les plus affectueuses pensées de votre

Félicité Charmille

© Hélène Pambrun
les artistes

Clairette Angot   Anne-Catherine Gillet 
Mademoiselle Lange   Véronique Gens
Amarante / Babette / Javotte   Ingrid Perruche 
Pomponnet   Artavazd Sargsyan 
Ange Pitou   Mathias Vidal 
Larivaudière   Matthieu Lécroart 
Louchard   Antoine Philippot 
Trenitz   Flannan Obé
Cadet / Un Incroyable / Un Officier   David Witczak 


Orchestre de chambre de Paris, Chœur du Concert Spirituel, dir. Sébastien Rouland

Le programme

La Fille de Madame Angot

Opéra-comique en trois actes de Charles Lecoq, livret de Clairville, Paul Siraudin et Victor Koning, créé le 4 décembre 1872 au Théâtre des Fantaisies-Parisiennes à Bruxelles. 

Théâtre des Champs-Élysées (Paris), 30 juin 2021

image_printImprimer
Mathias VidalAnne-Catherine GilletVéronique GensLecocq
0 commentaires 2 FacebookTwitterPinterestEmail
Félicité Charmille

Née à Oucques-la-Joyeuse en 1805, Félicité Charmille est l’auteure de recueils poétiques (Marguerites et renoncules, 1832), de romans (Le Papillon énamouré,1848) ou encore d'essais philosophiques (La Beauté des choses,1851). Mélomane passionnée, sa longévité exceptionnelle (elle meurt à Bourg-la-Reine en 1904), lui permit d'être l'amie intime de Rossini, Bellini, Donizetti, Verdi, Wagner, Moussorgski, Berlioz, Offenbach, Gounod, Liszt, Schumann, Bizet, Thomas, Hervé, Planquette et Debussy. Son esprit hante encore les salles de concerts, et elle nous envoie à l'occasion les commentaires que lui inspirent les spectacles du XXIe siècle.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
MARSEILLE – Opéra, 21/22 : une saison habilement équilibrée
prochain post
25 ans après sa création : un Titus toujours jeune (et clément) au Palais Garnier

Vous allez aussi aimer...

Diva ma non troppo : le public du festival...

14 juin 2025

À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires

14 juin 2025

Job, le procès de Dieu : création d’un opéra...

14 juin 2025

Festival du Haut-Limousin « Par les soirs bleus d’été »

13 juin 2025

La traviata à Tours : Violetta, prenez soin de...

13 juin 2025

Brèves de juin –

13 juin 2025

Il barbiere di Siviglia revient à l’Opéra Bastille...

12 juin 2025

À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de...

9 juin 2025

Retour triomphal de Pretty Yende au Théâtre des...

9 juin 2025

Núria Rial et l’Accademia del Piacere donnent le...

9 juin 2025

En bref

  • Brèves de mai –

    30 mai 2025
  • Les brèves de mars –

    14 mars 2025
  • Les brèves de février

    25 février 2025
  • Sauvons l’Avant-Scène Opéra !

    18 février 2025
  • L’Avant-Scène Opéra, c’est fini…

    7 février 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

Édito

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • cecile PABA ROLLAND dans Il trovatore à Marseille : Le chant de l’Extrémo
  • Stéphane Lelièvre dans À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de Don José ; nouveau succès pour la Carmen de Tcherniakov !
  • Alessandro dans À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de Don José ; nouveau succès pour la Carmen de Tcherniakov !
  • antonio meneghello dans GEORGE GAGNIDZE : « Mi accosto a Verdi con la massima venerazione e rispetto… »
  • Giancarlo Arnaboldi dans Berliner Philharmoniker: memorabile Madama Butterfly di Kirill Petrenko, Eleonora Buratto e Jonathan Tetelman

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Diva ma non troppo : le public...

14 juin 2025

À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des...

14 juin 2025

Job, le procès de Dieu : création...

14 juin 2025