À la une
Rome – Lohengrin, l’œuf et l’argent : la magie selon...
Robinson, enfin !
Cinéma – LUDOVIC – Le film évènement !
Nice : en – bonne – Company de Sondheim …....
Les brèves de décembre –
Tous sur le podium : les virtuoses de l’ADAMI au studio...
LA CHAUVE-SOURIS  à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège –Entre opéra et Moulin...
Nuit napolitaine à Dijon : la tournée d’automne du Concert d’Astrée...
Marie-Laure Garnier et Célia Oneto-Bensaid en concert salle Cortot : Soleil...
CONFIDENZE : Nicolò Balducci et Anna Paradiso redonnent vie aux...
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

ProductionCompte renduVu pour vous

Retour aux sources généalogiques d’Œdipe à l’Opéra Bastille

par Gilles Lechastel 28 septembre 2021
par Gilles Lechastel 28 septembre 2021

?DIPE OPERA NATIONAL DE PARIS prégénérale 17 septembre 2021

?DIPE OPERA NATIONAL DE PARIS prégénérale 17 septembre 2021

?DIPE OPERA NATIONAL DE PARIS prégénérale 17 septembre 2021

?DIPE OPERA NATIONAL DE PARIS prégénérale 17 septembre 2021

?DIPE OPERA NATIONAL DE PARIS prégénérale 17 septembre 2021

0 commentaires 1FacebookTwitterPinterestEmail
1,7K

Crédit photos : © Elisa Haberer / OnP

La saison de l’Opéra national de Paris s’ouvre sur Œdipe, un chef-d’œuvre rarement donné, et absent des programmations de la première institution lyrique de France depuis de longues décennies. L’unique opéra d’Enesco, mûri pendant plus de vingt ans par le compositeur roumain, établi à Paris depuis ses études à la fin du dix-neuvième siècle, avait pourtant été créé au Palais Garnier en 1936. Pour cette entrée au répertoire de la Bastille, la production a été confiée à Wajdi Mouawad. L’actuel directeur du Théâtre de la Colline – depuis 2016 – partage avec Enesco une fascination pour Sophocle – dont les deux pièces Œdipe roi et Œdipe à Colone ont été adaptées par le librettiste Edmond Fleg.

Le metteur en scène d’origine libanaise s’est bien gardé de céder aux facilités de la transposition contemporaine ou des introspections psychanalytiques. Son récit se nourrit de son travail sur les lignées familiales, et inscrit le mythe dans une généalogie remontant à Europe, se faisant également  métaphore de l’Histoire – en particulier du triangle méditerranéen formé par les migrations des légendes grecques, entre Asie, Europe et Afrique – où se nouent les questions de l’accueil et la fermeture des frontières jusqu’à l’endogamie ;  le tout est résumé dans un prologue ajouté et déclamé avec une indéniable voix de conteur par Wajdi Mouawad lui-même, où l’on discuterait peut-être l’insistance sur les détails du viol de Chrysippe. La narration, d’une belle fluidité, se fait dans un écrin scénographique épuré, dessiné par Emmanuel Clolus. Les panneaux mobiles, sur lesquels est projeté le texte du livret, sont habillés par les lumières d’Eric Champoux ainsi que les vidéos de Stéphane Pougnand, et modulent habilement l’essence des différents lieux de la tragédie, solidairement avec les mouvements d’ensembles et de foule qui façonnent l’espace dramaturgique avec une  maîtrise certaine. Les costumes d’Emmanuelle Thomas, et peut-être plus encore les coiffes et maquillages de Cécile Kretschmar, au vocabulaire volontiers botanique, se font les relais d’une symbolisation efficace, notamment en rapport avec la fertilité, et prolongent la dimension parfois rituelle des séquences, à l’exemple des célébrations de la naissance d’Œdipe. La solitude lumineuse du héros, sur une toile aux tonalités d’azur, au dernier acte, contraste intelligemment avec la noire tension de la confrontation avec son destin et son peuple, et accompagne l’évolution même de l’écriture musicale.

Le plateau vocal est dominé par l’incarnation magistrale de Christopher Maltman dans l’écrasant rôle-titre. Le baryton britannique affirme un engagement exceptionnel, magnifié par un français impeccable – si ce n’est le bénin solécisme « mourrirai ». La carrure du soliste soutient une plongée dans les tourments du personnage. Ekaterina Gubanova lui donne la réplique avec une Jocaste frémissante d’angoisse, galbée dans un timbre rond et une voix solide, qui contrastent avec la fragilité fraîche et juvénile de l’Antigone d’Anna-Sophie Neher. Autre figure féminine magistrale, la Sphinge en robe noire aux allures de glaise de cadavres revient à une saisissante Clémentine Margaine, au mezzo robuste et vaillant. Anne-Sofie von Otter offre une Mérope raffinée, au français sans reproche, comme celui de Laurent Naouri, Grand-Prêtre implacable à la coiffe aux allures de flamme d’Inquisition. Si l’onctuosité de la ligne se ressent discrètement de l’empreinte des années, Nicolas Cavallier n’en demeure pas moins l’un des plus beaux barytons-basses chantant d’aujourd’hui, que l’on retrouve dans les interventions de Phorbas et du veilleur. Yann Beuron résume la veulerie impatiente de Laïos, face à la clairvoyance de Tirésias plus déclamatoire que lyrique de Clive Bayley, et au Créon vindicatif et mordant de Brian Mulligan. Adrian Timpau affirme un Thésée vigoureux, tandis que Vincent Ordonneau ne démérite aucunement en berger.

Préparés par Ching-Lien Wu, les chœurs remplissent parfaitement leur rôle, et donnent la mesure de l’attente de la foule thébaine. À la tête de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris, Ingo Metzmacher scande la dramaturgie d’une partition aux alchimies de couleurs rares et chatoyantes, qu’il met en valeur et fait évoluer au fil de la tragédie. Une belle résurrection d’Œdipe d’Enesco, dans une lecture narrative et poétique qui s’attache à l’acuité intemporelle du mythe.

Les artistes

Œdipe :  Christopher Maltman
Tirésias : Clive Bayley 
Créon : Brian Mulligan 
Le berger : Vincent Ordonneau
Le Grand Prêtre : Laurent Naouri 
Phorbas / le veilleur : Nicolas Cavallier 
Thésée : Adrian Timpau 
Laïos : Yann Beuron 
Jocaste : Ekaterina Gubanova 
La Sphinge : Clémentine Margaine 
Antigone : Anna-Sophie Neher 
Mérope : Anne Sofie von Otter
Une femme thébaine : Daniela Entcheva 

Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris, dir. Ingo Metzmacher 

Wajdi Mouawad : mise en scène

Le programme

Œdipe

Tragédie lyrique en quatre actes d’Enesco, livret d’Edmond Fleg, créée à l’Opéra de Paris le 10 mars 1936.

Opéra national de Paris, Opéra Bastille, représentation du 23 septembre 2021.

image_printImprimer
Enesco
0 commentaires 1 FacebookTwitterPinterestEmail
Gilles Lechastel

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
The time of our singing, une famille au cœur de l’histoire américaine à Bruxelles
prochain post
Musée d’Orsay : Axelle Fanyo et Adriano Spampanato dans un brillant concert de lieder et mélodies

Vous allez aussi aimer...

Rome – Lohengrin, l’œuf et l’argent : la...

7 décembre 2025

Robinson, enfin !

5 décembre 2025

Cinéma – LUDOVIC – Le film évènement !

5 décembre 2025

Nice : en – bonne – Company de...

5 décembre 2025

Tous sur le podium : les virtuoses de l’ADAMI...

5 décembre 2025

Nuit napolitaine à Dijon : la tournée d’automne du...

1 décembre 2025

Marie-Laure Garnier et Célia Oneto-Bensaid en concert salle...

30 novembre 2025

L’Opéra de Liège inscrit le CHAPEAU DE PAILLE...

26 novembre 2025

Monte Carlo : Aïda… de nos aïeux !

24 novembre 2025

Hommage à Pierre Audi : reprise à Bastille de...

24 novembre 2025

En bref

  • Les brèves de décembre –

    5 décembre 2025
  • Les brèves de novembre –

    20 novembre 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

Édito


  • Édito d’octobre –
    « O, mia musica, si bella e perduta… » : quand le cas Venezi révèle un malaise plus profond concernant les arts et la musique en Italie

    2 octobre 2025

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • G.ad. dans Démission de Jean-Louis Grinda, un seul opéra programmé cet été en version de concert… : AVIS DE TEMPÊTE SUR LES CHORÉGIES D’ORANGE
  • Simon De Salmans dans LA WALKYRIE à l’Opéra Bastille : un plateau vocal triomphant !
  • Cacoton dans ROMÉO ET JULIETTE, Gounod (1867) – dossier
  • Patrice ZERAH dans LA WALKYRIE à l’Opéra Bastille : un plateau vocal triomphant !
  • Daouia dans Lucrezia et Les Paladins aux Invalides

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Rome – Lohengrin, l’œuf et l’argent...

7 décembre 2025

Robinson, enfin !

5 décembre 2025

Cinéma – LUDOVIC – Le film...

5 décembre 2025