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Il Cappello di paglia di Firenze de Nina Rota à Gênes : un peu de légèreté !

par Marie Gaboriaud 17 décembre 2024
par Marie Gaboriaud 17 décembre 2024

© Marcello Orselli

© Marcello Orselli

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Alors que le pays se mobilisait pour la défense des finances du service public, gravement menacées, ce vendredi 13 décembre, l’opéra Carlo Felice de Gênes a apporté un peu de légèreté à la morosité ambiante, avec la reprise d’un spectacle de 2007, Le Chapeau de paille de Florence de Nino Rota.

Le compositeur, plus connu du public français pour ses musiques de films, a pourtant à son actif une belle carrière de compositeur de musique « savante », en particulier pour la scène. La « farce » Il Cappello di paglia di Firenze, achevée en 1945 et représentée pour la première fois en 1955, est son opéra le plus connu. Cette année, il a déjà été représenté en septembre à Milan et en novembre à Bordeaux. Le livret a pour point de départ la pièce de Labiche et Marc-Michel, Un Chapeau de paille d’Italie (1851). L’intrigue, purement vaudevillesque, est centrée sur le jeune Fadinard qui, le matin même de son mariage, est confronté à un litige avec une femme – Anaïde – dont son cheval a mangé le chapeau de paille. Facteur aggravant : cette femme mariée se trouvait là avec son amant, un militaire particulièrement agressif, qui menace Fadinard des pires représailles s’il ne remplace pas le chapeau, pour éviter que le mari ne s’aperçoive de la disparition du chapeau – et donc de l’infidélité, car une dame comme il faut n’ôte pas son chapeau à l’extérieur ! Commence alors la folle course poursuite de Fadinard à travers Paris, à la recherche d’un chapeau de paille similaire à celui d’Anaïde, avec à ses trousses son épouse, son beau-père, son oncle sourd, et tout le cortège nuptial, provoquant situations cocasses et quiproquos à gogo.

La mise en scène est de Damiano Michieletto, pas de doute là-dessus, tant son style est reconnaissable. On peut apprécier ou non la froideur des décors (blancheur chirurgicale, surfaces lisses et brillantes), mais il faut reconnaître à Michieletto une grande intuition visuelle et dramatique, et beaucoup d’idées judicieuses. La scène est concentrée sur un plateau central circulaire, surélevé, incliné et mobile. Ce décor tournant représente principalement des espaces intérieurs, sorte de maquette architecturale, mais qui, grâce au « truc » des parois modulables, en vient à suggérer une multitude d’espaces différents, collectifs (salon mondain, place de ville) ou plus intimes (chambre à coucher, salle de bain). On retrouve beaucoup de similitudes avec la proposition que Michieletto avait faite pour Béatrice et Bénédict la saison dernière, similitudes accentuées par la présence de la soprano Benedetta Torre, de nouveau en jeune mariée ingénue. Même blancheur chirurgicale, même effet de touches de couleurs par le vert de l’oranger en pot et quelques accessoires, même présence de l’animalité, même mise en abyme de la captation par la présence sur scène, ici de photographes, alors de journalistes, etc. On ne retrouve pas cependant les éléments plus provocateurs – qui ne nous avaient d’ailleurs guère convaincus – de la mise en scène de l’opéra de Berlioz. Il est vrai que ce spectacle est plus ancien (2007), et donc peut-être plus sage. Il n’en reste pas moins très efficace, en partie grâce à la maestria de Luciano Novelli aux manettes des jeux de lumières, qui structurent l’espace et les différents moments narratifs par un travail sur les plans de couleurs monochromes. La transition à la couleur jaune, dans le dernier acte, illuminant les parapluies dansant dans le ciel pendant la scène de l’orage, est par exemple très réussie.

La mise en scène parvient à rendre l’atmosphère d’un vaudeville très enlevé : le chœur échevelé s’adonne durant tout le spectacle à une course folle à travers Paris et sa banlieue, cortège nuptial suivant aveuglément Fadinard dans ses pérégrinations, compagnie d’abord joyeuse puis de plus en plus ivre, et de plus en plus fatiguée. La gestuelle et les jeux d’accessoire accentuent également la dimension parodique de l’opéra, sans l’alourdir, et aux pastiches musicaux s’ajoutent des clins d’œil aux « tics » de la mise en scène d’opéra, comme la scène très réussie dans laquelle Beaupertuis, le mari trompé, chante son honneur bafoué, accompagné par le contrepoint ironique du tuba, les pieds dans la baignoire, et jouant avec une serviette éponge rouge sang. Est ainsi parodié très efficacement un lieu commun opératique, ici relégué à un cocuage de boulevard.

Le chef Giampaolo Bisanti, très applaudi lors de la première du 13 décembre, réussit à rendre l’inventivité et le caractère ludique de la partition de Nino Rota, véritable patchwork d’airs et de styles du grand opéra italien, mais aussi allemand et français. Beaucoup de qualités dans l’orchestre, dont un violoniste du rang, Federico Mazzucco, assure même le rôle du prodige Minardi, dont la courte apparition, à la fin de l’acte II, a été déplacée dans la salle même.

Sur scène, le cast lyrique semble beaucoup s’amuser, et rivalise de talent comique. Marco Ciaponi porte le rôle de Fadinard avec générosité : il allie à une (apparente) facilité vocale un réel talent dramatique et comique, compensant par la finesse et le naturel de son jeu un personnage aux contours peu définis dans le livret. Peu à peu gagné par la folle obsession de la quête du chapeau, devenue presque un but en soi, son Fadinard exprime aussi un profond désir de lyrisme, auquel donne corps le grand opéra, dont la parodie se teinte parfois de tendresse. Ainsi, Fadinard, mimant la gestuelle du belcanto, se jette volontiers à genoux pour entonner des hymnes variés – à l’Italie, à l’amour – alors que le compte à rebours de sa quête de chapeau continue à tourner. Benedetta Torre, de retour à Gênes après son récent succès en Musetta, est une Hélène naturelle, qui remplit à merveille le rôle de la jeune première qui vocalise. Elle forme un duo convaincant et touchant avec le Fadinard de Marco Ciaponi ; leur duo d’amour du premier acte touche extrêmement juste. Nicola Ulivieri incarne avec beaucoup d’humour et avec une très belle voix le beau-père aux chaussures trop serrées, Nonancourt ; Paolo Bordogna réussit le défi d’incarner les deux amours d’Anaïde, d’abord l’amant Emilio, puis le mari Beaupertuis, livrant un véritable tour de force qui passe d’ailleurs inaperçu, tant les deux rôles sont éloignés. Tout le cast de chanteurs est méritant, mais citons seulement pour finir Sonia Ganassi en baronne de Champigny incandescente et hilarante.

Performance enfin particulièrement réussie pour le chœur, sur scène durant quasiment toute la pièce, qui assume un rôle essentiel et surmonte une partition souvent rapide. Le chœur des modistes, grâce à la précision des choristes, est une grande réussite.

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Les artistes

Fadinard : Marco Ciaponi
Nonancourt : Nicola Ulivieri
Beaupertuis / Emilio : Paolo Bordogna
L’oncle Vézinet : Didier Pieri
Felice : Gianluca Moro
Achille de Rosalba / Un garde : Blagoj Nacoski
Un caporal des gardes : Franco Rios Castro
Hélène : Benedetta Torre
Anaïde : Giulia Bolcato
La modiste : Marika Colasanto
La Barone de Champigny : Sonia Ganassi
Minardi : Federico Mazzucco

Orchestre et Choeur de l’Opera Carlo Felice Genova, dir. Giampaolo Bisanti
Chef du choeur : Claudio Marino Moretti
Mise en scène : Damiano Michieletto
Décors : Paolo Fantin
Costumes : Silvia Aymonino
Lumières : Luciano Novelli

Le programme

Il Cappello di paglia di Firenze (Le Chapeau de paille de Florence)

Opéra en 4 actes et 5 tableaux de Nino Rota, livret d’Ernesta and Nino Rota d’après Eugène Labiche et Marc Michel, créé le 21 avril 1955 au Teatro Massimo de Palerme
Gênes, Opéra Carlo Felice, représentation du vendredi 13 décembre 2024

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Paolo BordognaBenedetta TorreDamiano MichielettoNicola UlivieriMarco CiaponiGiampaolo BisantiSonia Ganassi
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Marie Gaboriaud

Marie Gaboriaud est enseignante-chercheuse en littérature française à l'Université de Gênes. Elle est spécialiste des liens entre musique et littérature, et des phénomènes de canonisation des figures de musiciens. Elle a notamment publié "Une vie de gloire et de souffrance. Le Mythe de Beethoven sous la Troisième République" (2017), qui a été finaliste du Prix France Musique des Muses en 2018.

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