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Le Voyage dans la Lune à l’Opéra Comique : féérique !

par François Desbouvries 26 janvier 2023
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© Stefan Brion

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Abondance de Voyages ne nuit pas !

Après un succès éclatant à sa création (248 représentations d’octobre 1875 à mai 1877 !), puis des décennies d’oubli et de totale indifférence, le Voyage dans la Lune d’Offenbach est enfin ressuscité en France, les amateurs d’opéra ayant même droit cette saison… à deux productions ! Les Franciliens, notamment, sont particulièrement gâtés puisqu’à quelques mois d’intervalle, ils auront eu la chance d’assister à la production d’Olivier Fredj, qui s’est arrêtée à Massy le mois dernier, et dont nous avions proposé un compte-rendu ; et à celle de Laurent Pelly, jouée depuis mardi à l’Opéra-Comique. C’est heureux, car l’œuvre est un peut-être un sommet d’Offenbach : le livret, particulièrement original, réussit un parfait équilibre entre satire, humour et poésie ; la musique révèle des pages magnifiques (le « duo de la pomme » de Caprice-Fantasia, notamment, est un petit bijou).

Ces deux spectacles rappellent que deux voyages, même effectués vers la même destination, ne sont jamais exactement les mêmes ! Dans ces deux productions du Voyage dans la Lune, Les choix diffèrent sur le plan musical : toutes deux proposent une réduction de l’œuvre, mais ce ne sont pas exactement les mêmes pages qui sont retenues – l’entrée des artilleurs, par exemple, est coupée chez Fredj, de même que l’irrésistible chœur des gardes de la Princesse. Tout le treizième tableau, celui du « Marché aux femmes » avec la scène de la vente aux enchères, parodie de La Dame blanche, est par ailleurs supprimé  dans la version Pelly. Différences sur le plan dramatique également : le livret, conservé intact chez Fredj (à l’exception des pages supprimées), est adapté dans la version Pelly par Agathe Mélinand. Cette adaptation est une réussite, même si on regrette la coupure de passages savoureux (il y a toujours chez les femmes sélénites des « femmes utiles »… mais les « femmes décoratives » ont pudiquement disparu ; cette épithète, si drôle, aurait pourtant résonné avec le temps présent, puisque féministe avant l’heure du fait du commentaire des Terriens de 1875 : « Ils sont d’un arriéré ! »).

Un Laurent Pelly particulièrement inspiré

Monter une féérie n’est pas simple, car le succès de la production s’appuie sur le spectacle visuel autant que sur la partition. Le spectacle proposé à l’Opéra-Comique est d’une grande beauté, et la mise en scène d’un Laurent Pelly particulièrement inspiré est, disons-le, une réussite totale. L’équilibre poésie / comique, essentiel dans cette œuvre, est remarquablement préservé. À titre d’exemple, le premier tableau sur la Lune est réellement onirique, du fait des magnifiques costumes blancs des Sélénites, de l’omniprésence des sphères, du rappel constant du système gravitationnel et des orbites célestes, le peuple sélénite gravitant autour d’un roi Cosmos aussi rond que la Lune qu’il gouverne… Mais le comique surgit aussitôt avec l’alunissage de l’obus.

Le choix de la jeunesse

Musicalement, la production met à l’honneur la Maîtrise populaire de l’Opéra-Comique et fait le choix délibéré de la jeunesse, la plupart des rôles étant dévolus à de très jeunes acteurs-chanteurs encore en formation. Certes, la partie strictement vocale du spectacle s’en ressent quelque peu, mais la production est d’une grande fraîcheur, du fait de l’implication totale de ces jeunes artistes, du fait également du travail sur les jeux d’acteurs, Laurent Pelly dotant les chœurs de Terriens comme de Sélénites d’une vie frémissante. Parmi les solistes, Mateo Vincent-Denoble, dont la démarche n’est pas sans rappeler Charlot, campe un Microscope très crédible et à la diction très claire ; Arthur Roussel est un Prince Caprice encore un peu fragile vocalement mais très impliqué ; les deux Rois, Franck Leguérinel (V’lan), seul chanteur vraiment chevronné de la production, et Enzo Bishop (Cosmos) sont particulièrement drôles. Côté féminin, Rachel Masclet (la Reine Popotte) a peu à chanter, mais ses « Couplets de Popotte » sont remarqués[1] et lui attirent un succès mérité ; mais c’est peut-être Ludmilla Bouakkaz (Fantasia) qui retient le plus l’attention, grâce aux accents chauds de sa voix et à une technique colorature bien maîtrisée, l’ariette d’une princesse agacée (« Je suis nerveuse / je suis fiévreuse… » évoquant ici ou là les couplets de la poupée Olympia. Seul regret, celui de ne pas avoir distribué le rôle de Caprice à une mezzo, comme Offenbach aimait le faire pour les tout jeunes hommes, selon l’héritage d’un Mozart (souvenir de Chérubin ?) qu’il aimait tant (Fragoletto dans Les Brigands, Oreste dans la Belle Hélène, le rôle-titre de Fantasio…) – nous aurons donc été privés des entrelacs de deux voix féminines dans le duo des pommes. La cheffe Alexandra Cravero, enfin, contribue grandement à la réussite de la soirée, par un travail d’orfèvre tout en finesse qui met en valeur les solistes de l’orchestre, et qui rend grâce aux pages élégiaques comme aux moments plus dramatiques (tel l’éveil du volcan).

Le spectacle, donné jusqu’au 03 février, est une belle occasion de (re)découvrir cette œuvre. Les deux productions de cette année l’auront toutes deux remarquablement servie, et on se plaît à espérer qu’elle trouve sa place au sein du répertoire lyrique dans sa version intégrale – Fredj / Dufresne comme Pelly / Cravero ayant prouvé que l’œuvre fonctionne toujours aussi bien en 2023, et qu’il est parfaitement possible de la monter avec finesse et poésie en dépit d’un nombre impressionnant de tableaux (vingt-trois en tout !).

———————————-

[1] Page apocryphe, paroles d’Agathe Mélinand, sur un air extrait de Madame Favart (air de Suzanne, acte II).

Les artistes

Le roi V’lan : Franck Leguérinel
Le prince Caprice : Arthur Roussel
La princesse Fantasia : Ludmilla Bouakkaz
Microscope : Mateo Vincent-Denoble
Le roi Cosmos : Enzo Bishop*
Flama : Violette Clapeyron
Popotte : Rachel Masclet*
Cactus : Micha Calvez-Richer*
Demoiselles d’honneur : Salomé Baslé*, Justine Chauzy Le Joly, Judith Gasnier*, Airelle Groleau*, Maxence Hermann*

Les Frivolités Parisiennes, dir. Alexandra Cravero
Solistes* et Choeur : La Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique (Direction artistique : Sarah Koné)
Cheffe de chant : Katia Weimann
Mise en scène : Laurent Pelly
Adaptation du livret et nouvelle version des dialogues : Agathe Mélinand
Décors : Barbara de Limburg
Costumes : Laurent Pelly
Lumières : Joël Adam
Reprise de la mise en scène : Héloïse Sérazin
Assistant décors : Cléo Laigret
Assistant costumes : Thomas Le Gouès

Le programme

Le Voyage dans la lune

Opéra-féérie en 4 actes et 23 tableaux de Jacques Offenbach, livret d’Albert Vanloo, Eugène Leterrier et Arnold Mortier d’après Jules Verne, créé le 26 octobre 1875 à Paris (théâtre de la Gaîté).
Paris, Opéra-Comique, représentation du mardi 24 janvier 2023.

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Les frivolités parisiennesAlexandra CraveroLaurent PellyFranck Leguérinel
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François Desbouvries

Scientifique de formation et de profession (il est enseignant-chercheur en mathématiques appliquées), François Desbouvries n’en est pas moins passionné par l’art : la littérature, la peinture, et bien sûr... la musique en général, et l’opéra en particulier. Il fréquente assidûment les salles de concerts et d’opéras depuis une trentaine d’années, et n’a de cesse de faire partager sa passion, notamment via le site Première Loge dont il a rejoint l’équipe de rédaction en janvier 2020.

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