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Karine Deshayes au Musée d’Orsay : un enchantement

par Cartouche 29 septembre 2022
par Cartouche 29 septembre 2022
© Aymeric Giraudel
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Dans un remarquable récital la mezzo-soprano offre un superbe bouquet de mélodies françaises au public enthousiaste de l’Auditorium du Musée d’Orsay

C’est après deux bis que Karine Deshayes souhaitait bonne nuit à son public encore sous le charme, jeudi 22 septembre, à l’issue d’un récital de mélodies françaises, dans le cadre intime de l’Auditorium du Musée d’Orsay et de la série « Le triomphe de la mélodie et du lied ». Triomphe, ce fut en effet celui de la cantatrice et de la mélodie française. Avec sa complice, la pianiste Hélène Lucas, elle avait composé un programme réunissant des œuvres de Berlioz, Gounod, Bizet et Gabriel Fauré, retraçant ainsi une histoire de ce genre musical intime qui, pour être né dans les salons, n’en possède pas moins parfois la force et la puissance dramatique que réclame la scène. Ce n’est pas un hasard si trois des compositeurs au programme ont poursuivi une carrière à l’opéra et sont peut-être plus connus pour ces œuvres que pour leur répertoire de mélodies, ni si certaines de ces mélodies constituent de véritables scènes d’opéra, ni si Karine Deshayes a incarné avec succès une variété de rôles à la scène.

Je ne détaillerai pas ici chacune des œuvres au programme, préférant évoquer celles qui m’ont le plus marqué, et je prie mes lecteurs de pardonner ce parti-pris égoïste et éminemment subjectif. Chaque groupe de mélodies installait des climats contrastés, évoquait une large palette de sentiments et mettait en valeur la virtuosité de la technique de Karine Deshayes, sa voix, souple et puissante, sans vibrato excessif, son timbre chaud couleur de miel, ses talents de fine musicienne et sa manière d’habiter un texte. Ainsi après la profonde mélancolie de La captive de Berlioz et l’évocation onirique du Spectre de la Rose, où Karine Deshayes déploie des aigus fermes et ronds pour le « J’arrive du paradis », elle passe aux rythmes dansants du boléro de sa Zaïde, plein du fantasme d’Espagne qui s’empare des musiciens français au XIXe siècle. De même, après les longues phrases du Le Soir de Gounod, quelle indicible mélancolie ne distille-t-elle pas dans L’absent, et même quel effroi, quand les arpèges de doubles croches prennent une teinte fantomatique à l’évocation de la lune et des cloches dans la deuxième strophe ? Et tout cela pour passer ensuite aux vocalises et aux aigus insolents et extatiques de son Boléro.

Après la nostalgie profonde des Adieux de l’hôtesse arabe de Bizet, avec quel plaisir ne détaille-t-elle pas pour nous les étapes de la fantaisie érotique de La Coccinelle sur un poème de Totor Hugo, où la cocasserie de la composition musicale, héritée de Rossini, annonce un Chabrier encore en gestation. Karine Deshayes terminait son récital par des mélodies de Fauré dont quatre extraites de La Bonne Chanson. Je dois dire à regret que, malgré la magie que tissait la cantatrice avec ces chefs d’œuvre, ni Les roses d’Ispahan, ni La Rose qui les précédaient ne m’ont autant ému que Soir, qui ouvrait cette séquence Fauré. Contemporain de La Bonne Chanson, il m’a toujours semblé incarner l’art de Fauré et pour lui j’ai toujours eu une grande affection. Est-ce le velouté de l’accompagnement d’Hélène Lucas, est-ce cette ligne mélodique qui semble tâtonner, est-ce le legato impeccable de Karine Deshayes, abandonnant ici le drame pour la confidence ? Je la prie de me pardonner d’avoir été moins attentif à la suite de son programme mais j’étais toujours sous le charme de son Soir, que j’aurais tant voulu réentendre.

Les bis qu’elle nous a offerts présentaient le même contraste, puisqu’après la noble déclamation de À Chloris de Reynaldo Hahn, c’est le boléro des Filles de Cadix de Léo Delibes aux sous-entendus coquins et aux notes piquées qu’elle a enlevé avec brio, comme plus tôt Ouvre ton cœur, sérénade espagnole de Bizet. Tout ceci n’aurait pas été possible sans l’expertise et la sensibilité de son accompagnatrice attentive Hélène Lucas, elle aussi créatrice de climats contrastés, des basses grondantes de La Belle Isabeau de Berlioz à la petite valse ironique de La Coccinelle de Bizet. Un vrai régal.

Les artistes

Karine Deshayes, mezzo-soprano
Hélène Lucas, piano.   

Le programme

Hector Berlioz
La Belle Isabeau
La captive
Le Spectre de la Rose
Zaïde

 Charles Gounod
Le Soir
L’Absent
Boléro

Georges Bizet
Ouvre ton cœur
La Coccinelle
Les Adieux de l’hôtesse arabe

Gabriel Fauré
Soir
Les Roses d’Ispahan
La Rose
La Bonne Chanson

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Karine Deshayeshelene lucas
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Cartouche

Premier baryton de la troupe Eratori, dédiée à la défense de l’œuvre lyrique de Claude Terrasse, Cartouche est agrégé d’anglais et l’auteur d’une thèse sur les opéras de Benjamin Britten, de nombreux articles sur son oeuvre et celle de Ralph Vaughan Williams et du rapport texte et musique, XIXe-XXe. Il a échappé de peu au supplice de la roue et coule une retraite active après avoir officié à l’université de Caen.

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