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Opéra Bastille : Gustavo Dudamel mène Tristan à bon port

par Stéphane Lelièvre 17 janvier 2023
par Stéphane Lelièvre 17 janvier 2023

© Elisa Haberer / Opéra national de Paris

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Il y a eu bien sûr la récente reprise du Vaisseau fantôme dans la mise en scène bien connue de Willy Decker, et un nouveau Parsifal en mai/juin 2022 ; mais les occasions d’entendre Wagner à l’Opéra de Paris ne sont finalement pas si fréquentes, aussi attendait-on avec beaucoup d’impatience la reprise de ce Tristan, créé il y a déjà presque vingt ans à l’Opéra Bastille, d’autant que c’était également l’occasion de retrouver Gustavo Dudamel qui, depuis sa prise de fonction, ne s’est produit jusqu’à présent que dans deux opéras.

Lors de la création du spectacle en avril 2005, le public était clairement divisé en deux camps, certains spectateurs découvrant avec émerveillement les vidéos de Bill Viola (l’utilisation de la vidéo sur les scènes d’opéras ou de théâtre était alors bien moins répandue qu’actuellement), d’autres n’adhérant que moyennement – voire pas du tout – au procédé. Dix-huit ans plus tard, l’utilisation de la vidéo s’est très largement développée et permet une interaction avec la scène infiniment plus riche et plus subtile : force est de constater que le spectacle conçu par Peter Sellars et Bill Viola a quelque peu vieilli. Pour rappel, aux deux derniers actes, les vidéos proposent des images essentiellement illustratives, alors qu’au premier, elles donnent à voir certaines actions parallèles à celle qui se passe sur scène : l’arrivée et la rencontre d’un couple, double des héros éponymes, lequel couple se dévêt, subit une forme de baptême, plonge dans l’eau,… Que la symbolique liée aux images filmées reste plus ou moins absconse n’est pas gênant (mieux vaut un message sibyllin derrière lequel chacun met plus ou moins ce qu’il veut qu’une symbolique appuyée au message lourdement didactique). C’est plutôt le caractère très limité de l’interaction avec l’espace scénique qui déçoit, de même que l’effet d’être constamment distrait de ce qui se passe sur le plateau, de ce que font, de ce que chantent les artistes. Au final, plutôt que d’ouvrir le champ des possibles, la vidéo enferme le regard du spectateur dans un va et vient lassant entre l’écran et la scène… où il ne se passe pas grand-chose. La scénographie est des plus simples : un mur noir, un plateau noir, un grand pavé noir, placé côté cour au premier acte, côté jardin au second, au centre de la scène au troisième. Les déplacements et gestes des personnages sont des plus limités, comme au début du troisième acte ou pendant une longue demi-heure Tristan reste couché sur le praticable, Kurwenal restant debout, immobile face au public, à sa droite. On peut trouver que l’austérité du tableau renforce la solitude et la détresse des personnages. On peut aussi trouver le procédé facile et lassant.

Côté voix, la lecture de la distribution avait surpris lors de la parution du programme de la saison : la première scène nationale allait monter Tristan avec, uniquement, des chanteurs peu – ou pas – connus ! Allait-on au-devant de belles surprises, voire à la découverte de nouvelles étoiles du chant lyrique ? Hélas, la distribution s’est au final révélée plutôt inégale. Tout commence pourtant très bien avec l’intervention d’un Maciej Kwaśnikowski (ancien pensionnaire de l’Académie) qui se montre, en marin puis en berger au dernier acte, idéal de fraîcheur, de clarté, de tenue. Une des voix les plus saines de la soirée, avec celle Ryan Speedo Green, plus sombre que celles que l’on entend habituellement dans le rôle de Kurwenal. Le baryton américain se distingue par une projection aisée, de belles couleurs chaudes dans le grave, et l’émotion dont il pare son interprétation au dernier acte. Des débuts remarqués et appréciés à l’Opéra de Paris ! Brangäne est interprétée Okka van der Damerau, dont les premières interventions sont un peu timides, mais l’interprétation gagne en intensité au fil de la soirée, grâce notamment à une voix puissante et richement colorée. Mais quelle mauvaise idée que de lui avoir fait chanter son « Einsam wachend » parmi les spectateurs ! Ces appels à la prudence ne sont jamais si bouleversants que lorsqu’ils semblent flotter en apesanteur dans le théâtre, sans qu’on puisse déterminer avec précision leur origine. Chantés à pleine voix dans la salle même, ils perdent une grande partie de leur teneur poétique. Eric Owens est quant à lui un roi Marke plein de dignité et émouvant, même si la voix est entachée d’un vibrato un peu prononcé.

Reste le couple de héros éponymes, deux rôles impressionnants entre tous. On se demandait comment Gwyn Hughes Jones, initialement annoncé en Tristan – et qui avait été un Calaf un peu fragile en 2021 – allait surmonter l’écrasant rôle-titre. Il s’est finalement retiré de la production et a été remplacé par Michael Weinius, déjà entendu à Bastille dans Mathis le peintre et Le Vaisseau fantôme. La ligne vocale pourrait gagner en poésie dans le duo du II ou le « Wohin nun Tristan scheidet », et une légère fatigue se fait sentir au dernier acte (mais n’est-ce pas le cas chez la plupart des titulaires du rôle ?). Le ténor suédois fait cependant face aux difficultés du rôle avec courage et probité, et brosse un portrait convaincant du héros, récoltant des applaudissements nourris de la part du public. Quant à la prestation de Mary Elizabeth Williams, elle reste en-deçà des exigences du rôle. Dès que la chanteuse quitte la nuance piano, la voix prend des couleurs rugueuses qui privent le personnage de sa poésie ; l’émission semble forcée, avec des aigus souvent attaqués par en-dessous. L’implication de la chanteuse ne suffit pas à compenser ces défauts, et une partie du public manifestera sa désapprobation aux rideaux des deuxième et troisième actes.

La poésie, c’est dans la direction de Gustavo Dudamel qu’on la trouvera en ce soir de première. Après le classicisme (Les Noces de Figaro) et le modernisme puccinien, le chef maison affronte le romantisme allemand… et c’est un succès ! À la tête d’un orchestre de l’Opéra en excellente forme, Dudamel délivre une lecture du chef-d’œuvre de Wagner ne négligeant aucune de ses composantes, ni la violence de ses fulgurantes accélérations (finales des actes I et II), ni la poésie nocturne qui nimbe le second acte, ni le romantisme noir du prélude du III ou de l’agonie de Tristan. Après Mozart et Puccini, voilà qui démontre une belle polyvalence chez le chef vénézuélien, et laisse augurer de belles soirées à venir – que l’on espère plus nombreuses dans les futures saisons !

Les artistes

Isolde : Mary Elizabeth Williams
Tristan : Michael Weinius
Brangäne : Okka von der Damerau
Kurwenal : Ryan Speedo Green
König Marke : Eric Owens
Melot : Neal Cooper
Ein Hirt, ein Seeman : Maciej Kwaśnikowski

Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris, dir. Gustavo Dudamel
Chef des chœurs : Alessandro Di Stefano
Mise en scène : Peter Sellars
Vidéo : Bill Viola
Montage / mixage vidéo direct : Alex MacInnis
Producteur exécutif (vidéo) : Kia Perov
Costumes : Martin Pakledinaz
Lumières : James F. Ingalls

Le programme

Tristan et Isolde

Action en trois actes de Richard Wagner, créée à Munich le 10 juin 1865
Opéra National de Paris Bastille, représentation du mardi 17 janvier 2023.

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Gustavo DudamelPeter SellarsMary Elizabeth WilliamsMichael WeiniusOkka von der DamerauEric Owens
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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