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Cannes-sur-Seine : l’opérette des années 20 renaît de ses cendres au Châtelet !

par Stéphane Lelièvre 9 octobre 2022
par Stéphane Lelièvre 9 octobre 2022
© BnF/Gallica
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Si l’on excepte Offenbach et quelques (rares) opérettes viennoises, le répertoire léger – et spécifiquement celui, immense, de l’opérette (ou de l’opéra-comique réellement comique !) – a depuis trop longtemps sombré dans un sommeil profond dont on peine à le tirer. À la fin du XXe encore, les scènes lyriques de province affichaient régulièrement, au cours de leur saison, quelques titres de l’opérette dite « classique ». Mais qui, aujourd’hui, oser encore programmer Les Mousquetaires au couvent ? Les Cloches de Corneville ? Rip ? La Mascotte ? Même des titres aussi réputés que Ciboulette, Véronique, La Fille de Madame Angot sont des raretés, en dépit des efforts déployés par de rares théâtres (l’Odéon de Marseille), ou le Palazzetto Bru Zane.

Quant aux œuvres légères nées au début du XXe siècle de la plume de compositeurs tels Maurice Yvain, Henri Christiné ou Raoul Moretti, elles ont souffert d’un oubli – pour ne pas dire d’un mépris – encore plus grand, peut-être parce qu’elles s’éloignent progressivement de l’écriture classique (dont était encore plus ou moins tributaire l’opérette du XIXe siècle) pour lorgner du côté de la variété, du jazz, de la comédie musicale, des rythmes afro-américains. Si rares sont celles et ceux à pouvoir encore fredonner aujourd’hui le « C’est une gamine charmante » de Phi-Phi, ou « Où sont les lavabos ? » de Là-haut, que dire de Gosse de riche, Toi c’est moi, Trois jeunes filles nues ou P.L.M., dont les titres même n’évoquent plus grand-chose pour le mélomane du XXIe siècle ? Depuis quelques années cependant, et notamment grâce aux efforts déployés par le chef Benjamin Levy qui s’en est fait une spécialité, ces opérettes renaissent progressivement de leurs cendres, et le public a de nouveau l’occasion d’entendre les textes souvent désopilants portés par des mélodies aux rythmes endiablés qui faisaient les délices de nos grands ou arrière-grands-parents.  

Grâce soit donc rendue à Benjamin Levy de faire revivre tout ce pan de notre culture, en redonnant leur chance à des œuvres dont on constate avec plaisir que l’humour fait toujours mouche et que le charme est loin d’être éteint : au contraire : le côté légèrement suranné de certaines mélodies ou de certains textes contribue grandement au plaisir qu’on prend aujourd’hui à les écouter ! Musicalement, des musiciens tels Reynaldo Hahn ou André Messager proposent quelques pépites (le trio d’Ô, mon bel inconnu, le duo de Coups de roulis), mais le savoir-faire de Maurice Yvain, Moïse Simons, Raoul Moretti ou Henri Christiné est certain, et le moins que l’on puisse dire est qu’ils ont le sens du tube, voire de la « scie » : nombreux étaient les spectateurs à quitter le théâtre du Châtelet samedi soir en fredonnant « Sur le quai Malaquais » (Pas sur la bouche), « Cannes et parapluies » (J’adore ça !) ou « Non, non, jamais les hommes » (Ta bouche).

Rares sont les chanteurs de formation classique à s’être aventurés dans ces opérettes début de siècle[1], créées ou interprétées par la suite, le plus souvent, par d’excellents chanteurs-comédiens : Maurice Chevalier, Dranem, Alice Cocéa, Bourvil, Denise Grey,… Ces œuvres conservent-elles toute leur saveur lorsqu’elles sont interprétées par un orchestre tel l’Orchestre national de Cannes et des chanteurs comme Patricia Petibon, Laurent Naouri ou Philippe Talbot ? Oui, mille fois oui si les musiciens sont capables de « déhanchements » (au sens figuré… ou au sens propre : bravo à Pauline Sabatier pour ses pas de danses accompagnant le « C’est ça la vie, c’est ça l’amour » de Toi c’est moi !), et acceptent de « déboutonner » un peu les habits parfois étriqués et rigides du musicien classique, ce que tous ont fait avec brio, talent et bonne humeur. La deuxième condition pour assurer la réussite du concert est la parfaite intelligibilité du texte, l’efficacité des morceaux reposant en grande partie sur la compréhension des paroles et le lien qu’elles tissent avec la musique. Sur ce point, le bilan est un peu plus mitigé, même si les chanteurs ont tous fait de louables efforts en la matière. Mais le rythme trépidant de certaines pages (l’hilarant duo des « Palétuviers » de Toi c’est moi par exemple) liée à l’émission vocale propre au chant lyrique fait que l’on perd parfois le fil des paroles, pourtant inégalables de non-sens déjanté dans le cas dudit duo ! Question diction, la palme revient peut-être à Laurent Naouri dans « Est-ce que je te demande si ta grand-mère fait du vélo ? », à pleurer de rire dans son numéro de vieux grincheux irascible et exaspéré, et surtout à Philippe Talbot, Jean-Christophe Lanièce et Rémy Mathieu, ces deux derniers se montrant particulièrement à l’aise : ils pourraient à n’en pas douter avoir bien des choses à dire et à partager dans ce type de répertoire…

Le public, en tout cas, ne boude pas son plaisir et fait également fête à Pauline Sabatier pour son timbre velouté, Amel Brahim-Djelloul et Marion Tassou pour leur espièglerie, ou encore à Patricia Petibon, s’autoparodiant avec un réjouissant second degré dans son incarnation d’Aspasie (Phi-Phi), cousine éloignée de la Manon de Massenet.

Pour prolonger le plaisir (ou vous consoler de n’avoir pu assister à ce concert), n’oubliez pas le CD Croisette récemment paru, qui a enthousiasmé notre confrère Laurent Bury et auquel nous avons attribué notre Appassionato.

[1] Régine Crespin, dans son album Prima donna in Paris, s’était essayée aux couplets de Ciboulette ou d’Aspasie (Phi-Phi).

Les artistes

Amel Brahim-Djelloul, Patricia Petibon, Marion Tassou, sopranos
Pauline Sabatier, mezzo-soprano
Rémy Mathieu, Philippe Talbot, ténors
Jean-Christophe Lanièce, Laurent Naouri, barytons

Orchestre national de Cannes, dir. Benjamin Levy

Le programme

Croisette, Opérettes des années folles

Maurice Yvain, Gosse de Riche
Ouverture
Moïse Simons, Toi c’est Moi
Vagabonde
Raoul Moretti, Un soir de réveillon
Quand on est vraiment amoureux
Reynaldo Hahn, Ô mon bel inconnu
Ô mon bel inconnu
Henri Christiné, Dédé
Ouverture
Reynaldo Hahn, Ciboulette
Nous avons fait un beau voyage
Raoul Moretti, Trois Jeunes Filles Nues
Est-ce que j’te demande
André Messager, Passionnément
Dès que l’âge
Maurice Yvain, Pas sur la Bouche
Ouverture
Maurice Yvain, Ta Bouche
Non, non, jamais les hommes
Henri Christiné, Paris Lyon Méditerranée
Couplets du contrôleur
Henri Christiné, J’adore ça
Cannes et Parapluies

Henri Christiné, Phi-Phi
Ouverture
André Messager, Coup de Roulis
Duo du Roulis : Qu’ai-je donc ? Je suis comme grise
Maurice Yvain, Gosse de Riche
Quand on est chic
Moïse Simons, Toi c’est Moi
Duo des baisers : Étrange et douce chose
C’est ça la vie, c’est ça l’amour

Maurice Yvain, Ta Bouche
Ouverture
Maurice Yvain, Pas sur la bouche
Comme j’aimerais mon mari s’il était mon amant …
André Messager, Passionément !
Moi, toute la vie
Henri Christiné, Phi-Phi
Ah, cher Monsieur, excusez-moi …
Moïse Simons, Toi c’est Moi
Les Palétuviers

Paris, Théâtre du Catelet, Concert du samedi 08 octobre 2022

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Philippe TalbotMarion TassouLaurent NaouriRémy MathieuPatricia PetibonBenjamin LevyJean-Christophe LaniècePauline SabatierAmel Brahim-Djelloul
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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