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Perrine Madoeuf, la perle (trop) rare

par Stéphane Lelièvre 20 juillet 2020
par Stéphane Lelièvre 20 juillet 2020
Perrine Madoeuf ©DR
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En janvier 2019, Perrine Madoeuf chantait la Comtesse Adèle du Comte Ory sur les scènes des opéras de Rennes et de Rouen. Ce n’était certes pas la première fois que la chanteuse se produisait sur une scène française, c’est pourtant à cette occasion que le public et la critique semblent l’avoir véritablement découverte. La surprise était de taille : des sopranos légers, agiles et aux aigus faciles, nous en avons et nous en avons toujours eu. Mais ce n’est pas à cette catégorie de voix que ressortit celle de Perrine Madoeuf. Les aigus et les suraigus sont bien là, la virtuosité aussi ; mais la voix est longue, la couleur est sombre, le médium et le grave sonores… Installée à Riga, Perrine Madoeuf régale de son art le public letton et estonien… mais nous attendons avec impatience son retour sur les scènes hexagonales, où elle ferait merveille dans certains rôles français et belcantistes.

Les représentations du Comte Ory, que vous avez données à Rennes et Rouen en 2019, ont permis de vous donner une très belle visibilité au public français. C’est un beau souvenir pour vous ?
Un très beau souvenir. C’est une production qui avait été créée à Bienne en 2015, et c’était une des premières fois qu’on me proposait un emploi de premier plan dans un théâtre important. L’entente a été excellente avec le metteur en scène Pierre-Emmanuel Rousseau, qui a en partie conçu le spectacle autour de moi. Aussi ai-je été absolument ravie quand on m’a demandé de reprendre le rôle en France. Avec Pierre-Emmanuel, nous nous sommes immédiatement « trouvés » et j’espère que nous aurons d’autres occasions de travailler ensemble.

La Comtesse Adèle : « En proie à la tristesse… »

Y a-t-il un rôle que vous aimeriez travailler sous sa direction ?
Traviata. C’est un rôle un peu particulier pour moi. Je l’ai chanté pour la première fois alors que j’étais très jeune (c’était une version de concert), et par la suite je l’ai toujours chanté dans des circonstances un difficiles, voire un peu folles, avec peu de répétition et donc un temps insuffisant pour approfondir l’interprétation du personnage. Pour l’instant, je n’ai pas vraiment pris le plaisir que j’aurais dû éprouver à chanter ce rôle… Je suis sûre qu’avec Pierre-Emmanuel, ce serait un véritable bonheur !

Dans Le Comte Ory, vous étiez particulièrement à l’aise scéniquement.  Cette aisance, est-ce pour vous une facilité, un don que vous possédez naturellement, ou est-ce le fruit d’un long travail ?
Je suis sur scène depuis que je suis toute petite. Enfant, je faisais partie de la maîtrise de l’Opéra de Lyon et très tôt, on a commencé à me confier des rôles… J’ai par exemple chanté Gretel à l’âge de 12 ans, dans une adaptation en français du Hänsel et Gretel de Humperdinck, ou encore un des trois garçons dans La Flûte enchantée ! Cela explique sans doute pourquoi je me sens très vite à l’aise sur un plateau. Dans la mesure où mon répertoire est essentiellement dramatique, dès qu’on me demande de faire des pitreries, j’adore ! Voilà pourquoi jouer la Comtesse Adèle du Comte Ory a été un tel bonheur. Parfois certaines productions m’apparaissent presque comme une grande cour de récré dans laquelle on expérimente, on essaie, on s’amuse… Cela apporte un côté galvanisant au travail, et cela donne une impression de liberté qui fait que, forcément, on s’approprie le personnage avec facilité et naturel.

Vous avez abordé le répertoire dit « léger », avec l’opéra-bouffe, l’opérette, la comédie musicale… Ce répertoire léger, longtemps méprisé, revient un peu à l’honneur ces derniers temps. Vous avez pris du plaisir à l’interpréter ?
C’est une excellente école, exigeante et très difficile. J’ai énormément appris en pratiquant l’opérette, dont certaines nécessitent de vraies grandes voix lyriques, celles de Kálmán notamment, Princesse Czardas ou Comtesse Maritza par exemple, qui sont des œuvres très lyriques. L’opérette est un art complet et complexe : dans les conservatoires, faute de temps, le travail sur la voix parlée, la déclamation, le texte parlé, le jeu théâtral, la danse même, qui est souvent sollicitée dans les œuvres dites légères, est parfois abordé un peu rapidement. Et ce répertoire compte tant d’œuvres magnifiques, charmantes, drôles… Je regrette beaucoup qu’il soit considéré en France comme la dernière roue du carrosse.

Aujourd’hui, votre répertoire comporte de nombreux rôles lyriques : la Comtesse des Noces, Marguerite, Antonia, même Tatiana… Et en même temps vous faites des incursions dans le répertoire colorature avec Le Comte Ory, la Fille du Régiment, Gilda… Comment définiriez-vous votre voix ? Y a -t-il un type de répertoire dans lequel vous vous sentez particulièrement à l’aise aujourd’hui ?
J’ai toujours eu une couleur peut-être un peu sombre pour le répertoire de colorature, malgré une certaine aisance dans les vocalises et le registre aigu. Je me suis progressivement dirigée  vers des rôles lyriques dans lesquels je me sentais plus à l’aise. J’aime en fait les rôles un peu hybrides : ceux nécessitant une voix pas spécialement légère mais plutôt longue, capable d’envolées lyriques mais sollicitant également l’aigu et la capacité à vocaliser. La Comtesse Adèle s’inscrit dans cette catégorie, de même que certains rôles français : Marguerite, qui est peut-être le rôle que j’ai le plus chanté, ou encore Juliette, Manon. Mais  je souhaite d’une manière générale restée ouverte aux propositions et ne pas dire non a priori : on vous propose parfois un air ou un rôle qui ne fait pas partie de votre répertoire, et dont il s’avère finalement qu’il vous va comme un gant ! Il est toujours difficile d’anticiper sur l’évolution de sa propre voix, mais peut-être, dans quelques années, pourrai-je éventuellement me diriger vers des emplois de sopranos dramatiques colorature à l’italienne, comme les reines de Donizetti et plus tard le répertoire du jeune Verdi…

Juliette, « Air du poison »

Vous vivez actuellement en Lettonie, à Riga. Aura-t-on de nouvelles opportunités de vous entendre en France ?
J’espère ! J’avais précisément un contrat pour un projet qui aurait dû se faire au printemps 2022, mais il a été reporté en 2023 en raison des bouleversements dans les programmations engendrés par la crise du coronavirus… Mais je chante effectivement beaucoup en Lettonie ou en Estonie. Après la pause forcée de ces dernières semaines, je vais faire un concert au piano à Riga avec mon conjoint le baryton Janis Apeinis. Il s’inscrit dans une série de récitals dans lesquels se produiront également Aleksandrs Antoņenko et Marina Rebaka. Ce concert sera donné le 14 août et sera diffusé en live. Tous ces récitals auront lieu dans des lieux historiques de Lettonie, ce devrait être une belle expérience ! Et la saison prochaine, je reprends, à l’Opéra d’Estonie (à Tallinn) la Marguerite de Faust (en septembre) et Juliette (en janvier), dans une très belle production datant de l’an dernier et que j’ai adorée !

Questions Quizzz…

1. Y a-t-il un rôle que vous adoreriez chanter ?
Manon. Un de mes opéras préférés.

La Gavotte de Manon

2. Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le métier ?
Le travail. J’adore répéter, ce processus de création qui fait que le spectacle prend forme petit à petit. J’aime aussi le fait de devoir se regarder en face, de s’accepter tel qu’on est, de très bien se connaître et d’apprendre sur soi chaque jour.

3. Ce qui vous plaît le moins ?
Le manque de bienveillance, notamment pour les jeunes chanteurs qui sont constamment jugés, par leurs professeurs, les  jurys, etc., lesquels très souvent émettent des verdicts mais dépourvus de conseils, et qui ne font que fragiliser la confiance en soi, si importante pour s’épanouir dans cet art. Les concours de chant, notamment, devraient être un endroit où ne se contente pas de recevoir (ou non) un prix, mais où on apprend également, où l’on progresse, d’où l’on repart avec des conseils constructifs.

4. Qu’auriez-vous pu faire si vous n’aviez pas chanté ?
Jeune, je voulais être costumière de théâtre ! Quoi qu’il en soit, j’aurais pratiqué je pense une activité manuelle : de la restauration d’œuvres, de la décoration, de la peinture…

5. Une activité favorite quand vous ne chantez pas ?
La cuisine ! Et plus spécialement la pâtisserie, depuis que je suis maman !

6. Un livre ou un film que vous appréciez particulièrement ?
Paroles de Prévert. Et si je peux me permettre de citer un autre art, alors la peinture de Rothko.

7. Y a-t-il une cause qui vous tient particulièrement à cœur ?
La lutte contre la violence faite aux enfants ou aux femmes.

Interview réalisée par Stéphane Lelièvre en juillet 2020

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Perrine MadoeufLe Comte OryOpéra de Rouen
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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