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GIOVANNA D’ARCO, Verdi (1845) – dossier

par Stéphane Lelièvre 15 septembre 2020
par Stéphane Lelièvre 15 septembre 2020
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Opéra en trois actes et un prologue de Giuseppe Verdi, livret de Temistocle Solera d’après Schiller, créé le 15 février 1845 à Milan (Scala). 

Le compositeur : Giuseppe VERDI (1813-1901)

Issu d’une famille très modeste, Verdi commence sa formation musicale auprès du chef de l’orchestre municipal de Busseto, petite ville située à quelques kilomètres de Parme et commune de rattachement des Roncole, le hameau où naquit le compositeur.  Âgé de vingt ans, il dirige une exécution de La Création de Haydn et attire ainsi sur lui l’attention du public et de la critique. Il compose alors son premier opéra : Oberto, comte de S. Bonifacio, qui est représenté à la Scala en 1839. C’est une période très difficile pour le compositeur, qui voit disparaître successivement ses deux enfants et sa femme. 

En 1842, Nabuchodonosor triomphe à la Scala de Milan.  Commence alors une période que le musicien qualifia lui-même d’ « années de galère » au cours desquelles, tout en se débattant dans des préoccupations matérielles et commerciales, il s’efforce de se faire un nom en multipliant les créations : I Lombardi alla prima Crociata (1843), Ernani (1844),  Giovanna d’Arco (1845), Attila (1846). Puis vient la trilogie qui consacre sa gloire : Rigoletto (1851), Le Trouvère et La Traviata (1853). La renommée de Verdi devient vite internationale. Il compose plusieurs œuvres pour Paris, notamment Les Vêpres siciliennes (1855) et Don Carlos (1867). 
Comme Victor Hugo incarne le romantisme littéraire français, Verdi est l’incarnation du romantisme musical italien. Le parallèle entre les deux hommes est frappant : tous deux s’engagèrent politiquement (Verdi fut un ardent partisan de l’unité italienne ; Cavour l’appela à la Chambre des députés, après quoi il fut élu sénateur), tous deux continuèrent de créer jusqu’à un âge avancé, en renouvelant constamment leur langage artistique (Aida est créée en 1871, Otello en 1887, Falstaff en 1893). Tous deux enfin, après leur disparition, plongèrent leur pays  dans un deuil national et se virent offrir de grandioses funérailles.

Le librettiste : Temistocle SOLERA (1815-1878)


Temistocle Solera naît à Ferrare le jour de Noël en 1815.

Il est passé à la postérité en tant que librettiste de Verdi, pour lequel il écrivit les livrets d’Oberto, Conte di San Bonifacio (1839), Nabucco (1842), I Lombardi alla prima crociata  (1843), Giovanna d’Arco  (1845) ou Attila (1846). Mais il travailla également pour d’autres musiciens (Otto Nicolai, Benedetto Secchi, Angelo Villanis, Achille Peri, Gaspar Villate,…), fut aussi poète et romancier, et surtout composa lui-même quatre opéras.

Il meurt à Milan le 21 avril 1878.

La création

 

Giovanna d’Arco
est créée à la Scala le 15 février 1845 avec dans les rôles principaux Erminia Frezzolini-Poggi (Giovanna), Antonio Poggi, son époux (Carlo) et Filippo Colini (Giacomo).

L’œuvre semble avoir remporté un demi-succès, Verdi estimant pourtant avoir composé avec cette œuvre son « meilleur opéra ».

Le directeur de la Scala, Bartolomeo Merelli, ayant cherché à vendre la partition de Giovanna d’Arco aux éditions Ricordi sans en avertir Verdi, celui-ci refusera d’offrir à ce théâtre de nouvelles créations, jusqu’à celle d’Otello, en 1887 !

 

Erminia Frezzolini-Poggi en 1840. La chanteuse avait à son répertoire Anna Bolena, Lucia di Lammermoor ou encore Giselda dans I Lombardi.

Le livret

Temistocle Solera se targuait, avec Giovanna d’Arco d’avoir écrit un livret original. Il n’y a pourtant pas lieu d’en tirer gloire, tant son texte paraît simpliste, convenu, et pour le moins exotique au spectateur français qui ne retrouve rien dans le personnage de Giovanna de la pucelle de Domrémy. Qui plus est, en dépit de ses déclarations, Solera semble de toute évidence s’être inspiré de la tragédie de Schiller La Pucelle d’Orléans (1801), qui sera également à l’origine de l’opéra homonyme de  Tchaikovky (1881). Cette inspiration est  cependant beaucoup plus lointaine qu’on ne le dit parfois (rien à voir avec les livrets de Luisa Miller ou de Don Carlos qui, eux, sont de véritables adaptations de Schiller) : l’intrigue se trouve considérablement simplifiée (la quelque trentaine de personnages de la tragédie se trouve réduite à trois, auxquels s’ajoutent deux rôles très secondaires) et subit des modifications qui rendent la pièce allemande très difficilement reconnaissable !

Prologue

Le roi Carlo (Charles VII)  reconnaît sa défaite face aux Anglais : obéissant à un message de la Vierge qu’il dit avoir vue en songe, il décide de se rendre dans une forêt – que l’on dit hantée par des forces maléfiques –  afin de déposer ses armes aux pieds d’une statue de la Vierge (« Sotto una quercia »).

Carlo Bergonzi : « Sotto una quercia »

Il y découvre la jeune Giovanna d’Arco, qui prie pour le salut de la France (« Sempre all’alba »).

Anna Moffo, « Sempre all’alba »

Les anges promettent à Giovanna un destin glorieux à condition qu’elle « n’ouvre pas son cœur à un attachement terrestre ». Elle se saisit des armes de Carlo et annonce au roi qu’elle souhaite combattre pour son pays. Giacomo, le père de Jeanne, est témoin de la scène. Persuadé que sa fille est possédée, il la maudit en souhaitant « que la colère d’un père s’abatte sur [elle] dans le sentier de l’impiété ».

Acte 1

Giovanna a assuré le triomphe des troupes du roi. Pourtant, son père a décidé de la livrer aux Anglais : seul ce sacrifice, pense-t-il, pourra sauver l’âme de sa fille. À Reims, le couronnement du roi se prépare, mais Giovanna ne songe qu’à retrouver sa calme vie d’antan (« O fatidica foresta »).

Montserrat Caballé, « O fatidica foresta »

Mais Carlo, qui est tombé amoureux de la jeune fille, ne l’entend pas ainsi : il lui déclare son amour, auquel la jeune femme finit par répondre. Le roi remet son étendard à Giovanna au moment de pénétrer dans la cathédrale. Un chœur de voix célestes lui rappelle qu’elle ne doit ouvrir son cœur à aucun amour terrestre, tandis que les esprits malfaisants se réjouissent de leur victoire.

Acte II

Giacomo est plus décidé que jamais à mettre un terme à la malédiction qui, selon lui, frappe sa fille : il déclare vouloir « se débarrasser de [s]es sentiments paternels et devenir le bras du Seigneur irrité ».  La cérémonie du couronnement se termine : Giovanna sort de la cathédrale, suivie de Carlo qui déclare à la jeune fille vouloir bâtir en son honneur une seconde cathédrale. Giacomo voit dans ce qu’il considère comme un blasphème une nouvelle preuve de la possession de l’esprit de sa fille par des esprits maléfiques. Il accuse Giovanna de s’être elle-même condamnée à l’Enfer en ouvrant son cœur à un injuste amour terrestre, et d’avoir pactisé avec les démons. Il lui demande de se repentir, tandis que Carlo enjoint à sa bien-aimée de se disculper. La jeune fille garde le silence : le peuple l’accuse de sorcellerie et la maudit.

Acte III

Giacomo a livré Giovanna aux Anglais. Emprisonnée, elle déplore de ne pouvoir aider Carlo, qu’elle voit entouré d’ennemis. Giovanna avoue à son père qu’elle a aimé Carlo, mais qu’ elle est cependant toujours restée fidèle à Dieu.

Katia Ricciarelli, Mario Zanasi « Amai, ma un solo istante »

Le vieux père comprend alors qu’il s’est trompé sur sa fille. Il la libère et la jeune fille, aussitôt, se précipite au-dehors, se jette dans la bataille afin d’aider le roi – dont elle sauve la vie. Lorsque Carlo rejoint Giacomo, celui-ci le supplie de lui pardonner. Les deux hommes sont rejoints par Giovanna, qui a été mortellement blessée au cours de la bataille. Giovanna expire alors que la Vierge lui apparaît une dernière fois et que retentit un chœur céleste.

Finale Acte 3 (Anna Netrebko)

Friedrich Schiller, La Pucelle d'Orléans, Acte III, scène dernière

La partition

L’œuvre est l’une des moins célèbres de Verdi, l’une des moins aimées (même si on observe un vrai regain d’intérêt à son sujet depuis quelques années), sans doute l’une des moins souvent programmées, malgré quelques productions marquantes qui ont vu dans le rôle-titre des chanteuses aussi prestigieuses que Teresa Stolz (Milan, 1865), Adelina Patti (Paris, 1868), Renata Tebaldi (Naples, 1951), Katia Ricciarelli (Venise, 1972), Montserrat Caballé qui grava le rôle pour EMI dans ce que la critique considère souvent comme l’un de ses meilleurs enregistrements verdiens, Margaret Price (New York, 1985, avec Carlo Bergonzi), June Anderson (New York et Barcelone, 1996) ou Anna Netrebko (Milan, 2015).

Créée après Les Lombards, Ernani et I due Foscari, et avant Alzira ou Attila, l’œuvre comporte certaines facilités d’écriture qui peuvent aujourd’hui agacer ou amuser l’auditeur (la cabalette un peu trop enthousiaste de « Sempre all’alba » : « Son guerriera » !).

« Son guerriera » (Montserrat Caballé, Plácido Domingo, Sherill Milnes)

Elle n’en présente pas moins certaines pages originales et parfois vraiment puissantes ou émouvantes, tels les duos de Giovanna avec Carlo (« Dunque o cruda », acte I), ou Giacomo (« Amai, ma un solo istante », acte III). Le « O fatidica foresta » de l’héroïne est particulièrement inspiré.
Au ténor reviennent également plusieurs pages fort séduisantes et émouvantes, tel le dernier air de Carlo : « Quale più fido amico », où les volutes du violoncelle se mêlent à la voix, laquelle est doublée par la tendre plainte du cor anglais – un accompagnement particulièrement prisé par Verdi dans les moments d’émotion, qui rappelle autant la mort d’Abigaïlle qu’il annonce le « Miei signori » de Rigoletto.

Pour voir et écouter l’œuvre

Renata Tabaldi, Carlo Bergonzi, Rolando Panerai. Orchestre Symphonique de la Radio Italienne de Milan, choeur de la Radio italienne de Milan, dir. Alfredo Simonetto. 2 CD Opera d’Oro. Live, 1951.

Katia Ricciraelli, Flaviano Labò, Mario Sereni. Orchestre et Choeurs de la Fenice, dir. Carlo Franci. 2 CD Mondo Musica. Live, 1972.

Montserrat Caballé, Placido Domingo, Sherill Milnes. London Symphony Orchestra, Ambosian Opera Chorus, dir. James Levine. 2 CD Warner Clasics, 1973.

Anna Netrebko, Francesco Meli, Placido Domingo. Münchner Rundfunkorchester, Philharmonia Chor Wien, dir. Paolo Carignani. 2 CDDG, Live, 2014 (Festival de Salzbourg)

Streaming

Bologne, 1990, dir. Chailly (sous-titres en espagnol)

Parme, 2008, dir. Bartoletti. (sous-titres en néerlandais)

Susan Dunn, Vincenzo La Scola, Renato Bruson. Orchestre et Chœurs du Teatro Comunale de Bologne, dir. Riccardo Chailly. Mise en scène Werner Herzog, 1990. 1 DVD Kultur.

Svetla Vassileva, Evan Bowers, Renato Bruson, orchestre et choeur du Teatro Regio de Parme, dir. Bruno Bartoletti. Mise en scène : Gabrielle Lavia. Capté au Festival Verdi, Teatro Regio, Parme, 17 octobre 2008. 1 DVD C Major, 2008.

Vittoria Yeo, Luciano Ganci, Vittorio Vitelli. Chœur du Teatro Regio de Parme, I Virtuosi Italiani, dir. Ramón Tebar. Mise en scène : Saskia Boddeke et Peter Greenaway . Capté à Parme, Teatro Farnese, du 2 au 20 octobre 2016. 1 DVD C Major, 2018.

Jessica Pratt, Jean-François Borras, Julian Kim. Orchestra Internazionale d’Italia, Choeurs du Teatro Petruzzelli di Bari, dir. Riccardo Frizza. 1 DVD Dynamic, 2016. (Festival de Martina Franca)

Anna Netrebko, Francesco Meli, Plácido Domingo. Chœur et orchestre du Teatro alla Scala, dir. Riccardo Chailly. Mise en scène : Moshe Leisher et Patrice Caurier. Capté à Milan, Teatro alla Scala en décembre 2015.  1 DVD Decca, 2016

Comptes rendus de productions de Giovanna d’Arco

  • Opéra de Metz, octobre 2019
  • Opéra de Marseille, novembre 2022

Dossier réalisé par Stéphane Lelièvre

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VerdiPatrizia CiofiOpéra de MetzJean-François Borras
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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