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Jeanne d’Arc de retour en Lorraine !

par Stéphane Lelièvre 2 octobre 2020
par Stéphane Lelièvre 2 octobre 2020
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Crédits photos : © Luc Bertau – Opéra-Théâtre de Metz Métropole

La rare GIOVANNA D'ARCO de Verdi fait l'objet d'une nouvelle production à l'Opéra de Metz. Prise de rôle réussie pour Patrizia Ciofi.

L’annulation de deux Giovanna d’Arco lors de la saison dernière (celle de Metz mais aussi celle qui aurait dû être montée à Tours) avait été une grosse déception, tant il est rare aujourd’hui de pouvoir applaudir cette œuvre, même si quelques récentes reprises, notamment à la Scala ou au Festival de Salzbourg avec Anna Netrebko, semble indiquer un regain d’intérêt pour cet opéra mal aimé du jeune Verdi. Miraculeusement, la production pensée par Paul-Émile Fourny, l’actuel directeur de l’Opéra de Metz, a finalement pu être reportée au début de cette nouvelle saison, avec la même distribution que celle initialement prévue.

Et c’est une réussite. Le mérite en revient en grande partie à un orchestre et des chœurs très bien préparés, et atteignant un niveau vraiment très honorable. Un signe qui ne trompe pas : les quelques facilités d’écriture qui émaillent ici ou là la partition et qui peuvent parfois agacer l’auditeur ne se remarquent quasi jamais et se fondent dans l’œuvre tout naturellement, sans en interrompre la continuité dramatique. C’est aussi sans doute que le chef Roberto Rizzi-Brignoli croit en cette partition et en cette esthétique (on lui sait gré de ne pas les dénaturer en supprimant systématiquement toutes les reprises, comme c’est encore inexplicablement le cas dans bien des théâtres…), qu’il défend avec conviction mais aussi un goût très sûr, jouant parfaitement le jeu de ce premier romantisme fougueux, contrasté, parfois excessif, plus noir finalement qu’on ne pourrait le croire, sans jamais pour autant céder à la facilité – encore moins à la vulgarité. 

Le plateau de l’Opéra de Metz est relativement étroit et peu profond, ce qui, à vrai dire, n’est véritablement gênant que dans les scènes de foule devant la cathédrale de Reims, le reste de l’œuvre (qui ne comporte guère que 3 personnages) s’avérant essentiellement intimiste. Paul-Émile Fourny compense habilement ce handicap par l’utilisation de vidéos permettant d’évoquer la forêt du premier acte, ou encore le chœur de la cathédrale. Il est dommage que ce procédé n’ait pas été utilisé pour donner un peu d’ampleur à la procession du second acte, ou le chœur immobile pousse des vivats sans que rien ne se passe sur scène pendant de longues minutes… D’une manière générale, le chœur est d’ailleurs traité de façon un peu trop conventionnelle, passant de l’immobilisme à quelques gestes convenus. À ces détails près, la mise en scène se regarde agréablement On est tout d’abord un peu dérouté de constater que Jeanne d’Arc ne défend pas le ferroutage ni ne se fait la porte parole des victimes de violences conjugales, de la déforestation ou de la transphobie. Mais finalement, on se dit que, pour une fois, cela repose un peu l’esprit, et on se laisse porter par cette sobre mise en images en costumes d’époque.

Paul-Émile Fourny a été très inspiré en composant sa distribution. Giovanni Furlanetto donne un beau relief au petit rôle de Talbot. Pierre-Yves Pruvot qui fut Rigoletto sur cette même scène il y a tout juste un an, retrouve un personnage de père verdien, auquel sa voix sombre et bien projetée convient particulièrement. Il sait traduite l’intransigeance du personnage mais aussi tout son amour filial au dernier acte. On regrette seulement qu’en cette soirée de première du moins, le vibrato ait été un peu trop prononcé… Jean-François Borras est excellent en Carlo, un rôle qu’il connaît bien pour l’avoir déjà chanté aux côtés de  Jessica Pratt à Martina Franca en 2013. La douceur de son timbre ainsi une certaine candeur dans l’incarnation du personnage (ce qui n’empêche nullement le ténor de délivrer quand il le faut de beaux aigus forte) en font un Carlo plus proche de Bergonzi que de Domingo, et c’est tant mieux : ce roi est bien moins un guerrier héroïque (il apparaît vaincu dès le lever du rideau et doit de nouveau être secouru par Jeanne dès qu’il reprend les armes !) qu’un amoureux inquiet ; le ténor français incarne le personnage avec beaucoup de tendresse mais aussi d’émotion, notamment dans son très beau dernier air « Quale più fido amico », où les volutes du violoncelle se mêlent à sa voix, laquelle est doublée par la tendre plainte du cor anglais – un accompagnement particulièrement prisé par Verdi dans les moments d’émotion, qui rappelle autant la mort d’Abigaïlle qu’il annonce le « Miei signori » de Rigoletto.

Mais c’est surtout Patrizia Ciofi qui était attendue… On connaît, depuis une Luisa Miller quasi idéale chantée à Liège en 2014 (et malheureusement, sauf erreur, jamais reprise depuis)  les affinités de la soprano italienne avec le jeune Verdi. Elles se sont ici confirmées, à un détail près : Giovanna, plus que Luisa, nécessite quelques éclats vocaux, un slancio, une puissance qui ne sont pas forcément les plus grandes qualités de la chanteuse. Ils ont manqué à une ou deux reprises, notamment dans les imprécations du finale du 3e acte (« Contro l’anima percossa ») – lesquelles, au demeurant, ne constituent pas le point fort de la partition… Ciofi, en revanche, excelle dans l’art de composer un personnage décalé par rapport au monde réel et dans ses relations à autrui. Clairement plus sainte que guerrière, sa Jeanne semble dès ses premières apparitions ne pas appartenir à la sphère terrestre, et l’on comprend dès lors parfaitement la perplexité, voire les accusations de sorcellerie qu’elle peut susciter jusque chez son propre père. Après un premier acte où la voix fait entendre ici ou là quelques raucités, la soprano retrouve toute l’étendue de ses moyens et excelle comme à son habitude dans l’expression de la tendresse ou le registre élégiaque. Cela nous vaut un superbe « O fatidica foresta », une mort hallucinée, et surtout un duo avec Carlo (au finale du premier acte) bouleversant : elle fait de sa réponse au roi (« Oh perché sui campi in guerra »), chantée sotto voce, portée par un legato parfait avec un timbre qui semble mouillé de larmes, un sommet d’émotion aussi poignant que le  « Dite alla giovine » de Violetta… Du très grand art.

Le voyage de Stéphane Lelièvre a été pris en charge par l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole.

Les artistes

Giovanna d’Arco   Patrizia Ciofi
Carlo VII   Jean-François Borras
Giacomo   Pierre-Yves Pruvot
Talbot   Giovanni Furlanetto
Delil   Daegweon Choi
Orchestre national de Metz, Choeur de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, dir. Roberto Rizzi Brignoli
Ballet de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole
Mise en scène Paul-Émile Fourny

Le programme

Opéra en quatre actes de Giuseppe Verdi, livret de Temistocle Solera, créé à La Fenice (Venise) le 15 février 1845.

Représentation du 02 octobre 2020

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Giovanna d'ArcoPatrizia CiofiJean-François BorrasPierre-Yves PruvotGiovanni FurlanettoRoberto Rizzi Brignoli
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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