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La Chauve-Souris à Vienne –
In memoriam KS Harald Serafin

par Damien Colas Gallet 27 octobre 2025
par Damien Colas Gallet 27 octobre 2025

Jaye Simmons (Adele), Marco Di Sapia (Frank), Chor, Wiener Staatsballett - © Barbara Pálffy/Volksoper Wien

David Kerber (Alfred), Ursula Pfitzner (Rosalinde) - © Barbara Pálffy/Volksoper Wien

Carsten Süss (Eisenstein), Hedwig Ritter (Adele) - © Barbara Pálffy/Volksoper Wien

Julia Edtmeier (Ida) - © Barbara Pálffy/Volksoper Wien

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La Chauve-Souris, Vienne, Volksoper, dimanche 26 octobre 2025

Au lendemain du deux-centième anniversaire de Johann Strauß II, une matinée en mémoire de Harald Serafin, le « Mister Wunderbar » de l’opérette viennoise, qui nous a quittés en septembre dernier.

Moment d’émotion avant le lever de rideau. La représentation de La chauve-souris qui va suivre est dédiée à la mémoire du baryton autrichien Harald Serafin, qui fit l’essentiel de sa carrière à la Volksoper. Une minute de silence, le public debout, est observée, en présence de sa femme Ingeborg et de son fils Daniel. Le metteur en scène Otto Schenk avait trouvé en lui le « bon vivant » de l’opérette, en raison de son sourire, de sa bienveillance et de son sens de l’humour. C’est en 1985 qu’il reçoit le titre de Kammersänger, « chanteur de la chambre », la plus haute distinction accordée dans l’espace germanophone, mais il doit mettre un terme à sa carrière peu après, en raison d’une maladie des cordes vocales. Il devient alors, pour 20 ans, le président et directeur artistique du festival de Mörbisch, contribuant à faire de ce lieu un espace mythique de la culture populaire autrichienne.

Le regard sur l’opérette change. Il était temps. Jadis regardée de haut, voire franchement méprisée, par les soi-disant connaisseurs, elle est maintenant réévaluée. Ainsi en va-t-il des modes. Le snobisme culturel avait également jeté au caniveau le belcanto ou la musique de Puccini, avant que ce répertoire ne soit finalement porté aux nues. Il est certain que l’autorité d’un Luciano Berio, s’intéressant à Puccini, fit taire les cuistres d’un seul coup. Pour l’opérette, le regain d’intérêt vient du regard extérieur. On se passionne pour elle pour des raisons sociologiques ou anthropologiques, en convoquant Bourdieu. Le grand chercheur Volker Klotz a consacré une somme monumentale à l’opérette, s’appuyant sur une thèse néo-marxiste : le genre, très étroitement lié au vaudeville de la fin du xixe siècle, se caractériserait avant tout par une féroce critique sociale de la bourgeoisie contemporaine. Il manque encore, à ma connaissance, une approche proprement musicologique. Pourtant, il y a de quoi faire : la musique est d’une diversité et d’une richesse incroyables, et il faut être sourd ou de mauvaise foi pour le nier. Et, pour les universitaires les plus savants, il y a aussi du pain sur la planche : les œuvres ne cessant d’être retouchées, modifiées, arrangées, réinstrumentées, la philologie et l’ecdotique de l’opérette viennoise sont en passe de devenir le champ d’étude le plus complexe qui soit. En témoignent les chantiers d’édition monumentale actuellement en cours.

On ne présente plus La Chauve-souris, l’opérette la plus célèbre au monde avec La Veuve joyeuse de Lehár, qui totalise, rien qu’à la Volksoper, plus de 1800 représentations. Nul n’est besoin non plus de présenter la production historique de Robert Herzl, créée le soir du réveillon de 1993. Les décors sont un peu défraichis, ce qui convient à merveille à cette œuvre qui croque les vices et travers d’une bourgeoisie et d’une aristocratie décadentes, qui ne songe qu’à s’amuser, serait-ce au prix d’une méchanceté et d’une malveillance qui peuvent faire peur. Que dire de l’interprétation, si ce n’est qu’elle est éblouissante et rend parfaitement justice au chef-d’œuvre ? Certes, aujourd’hui, metteur en scène et chorégraphe feraient davantage danser les solistes. Ce n’était pas le cas naguère, et franchement ce n’est pas gênant de voir le corps de ballet entrer sur scène pour entamer des polkas et valses. Surtout quand les hommes se livrent à des pas de cancan dans le quadrille de l’acte II, avec des grands écarts ahurissants. Cette séparation des talents ne fait que mieux ressortir le rôle secondaire d’Ida, la sœur d’Adèle, interprété par Julia Edtmeier, qui est simplement géniale. Pendant le bal du prince Orlofsky, elle se joint aux petits rats et sème une pagaille invraisemblable dans les pas des véritables danseuses : un numéro d’anthologie !

Le soliloque de Frosch, tant attendu à l’acte III, est bien sûr mis au goût du jour. Frosch est devenu Liselotte, puisque les grenouilles peuvent changer de genre en cas de surpopulation masculine. Nous sommes donc en plein « gender-fluid », et c’est l’occasion de saluer que la ville de Vienne est sans doute à la pointe de l’Europe dans la défense et illustration de la culture LGBT+ — il n’y a pas si longtemps, elle accueillait chaque année, dans la série de ses bals prestigieux, le gala de bienfaisance du Life Ball. Remercions aussi la direction de la Volksoper pour la bonne idée de donner en anglais le résumé du monologue de Frosch sur les panneaux des sous-titres. Frosch s’exprime en viennois, langue mystérieuse, à la grammaire redoutable, à laquelle on ne comprend rien en dépit de longues études d’allemand. Parmi les sujets d’actualité : le vol des bijoux au Louvre. Le monde entier se moque de nous.

Saluons aussi l’effort en direction de la diversité. Est-ce le hasard de la distribution ou une volonté de la direction, toujours est-il que l’équipe rassemble un grand nombre de chanteurs non occidentaux, tous aussi intéressants les uns que les autres. Le Malgache Michael Arivony interprète un magnifique Falke. JunHo You vocifère un Alfred infatigable, Seiyoung Kim est hilarant dans le rôle de l’avocat incapable, et Gemma Nha a le tempérament qu’il faut pour la soubrette Adele, même si son air du rire, à l’acte II, pourrait être amélioré. L’excellence de l’école coréenne est bien représentée. Enfin, chapeau bas pour les deux rôles principaux. Anita Götz (Rosalinde) est une grande voix, avec une considérable extension dans le registre aigu de même que des agilités impeccables. Son csárdás dévoile, dans le registre forte, un timbre qui rappelle Julia Varady, pour notre plus grand bonheur. Quant au Suisse Alexandre Beuchat (Eisenstein), il a tout : il est beau, son aisance scénique est impressionnante, on ne voit que lui sur scène, il est tantôt drôle, tantôt intimidant (scène de la prison), et la voix est superbe. Indiscutablement, il s’agit du Gabriel du moment !


N.B.Les photos ne sont pas celles du 26 octobre 2025, mais de représentations données antérieurement.

Les artistes

Rosalinde : Anita Götz
Adele : Gemma Nha
Orlofsky : Wallis Giunta
Ida : Julia Edtmeier
(Liselotte) Frosch : Sigrid Hauser
Eisenstein : Alexandre Beuchat
Falke : Michael Arivony
Alfred : JunHo You
Blind : Seiyoung Kim

Chœur et orchestre de la Volksoper de Vienne, dir. Tobias Wögerer
Mise en scène : d’après Robert Herzl (1993)
Décors : Pantelis Dessyllas
Costumes : Doris Engl
Chorégraphie : Lili Clemente, Florian Hurler

Le programme

La Chauve-Souris

Opérette viennoise de Johann Strauss II, livret de Richard Genée et Karl Haffner, créée au Theater an der Wien de Vienne le 5 avril 1874.
Vienne, Volksoper, représentation du dimanche 26 octobre 2025.

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Robert HerzlTobias WögererAlexandre BeuchatAnita Götz
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Damien Colas Gallet

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