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Florian Sempey est Don Giovanni au TCE : le monstre est lâché !

par Ivar kjellberg 22 janvier 2025
par Ivar kjellberg 22 janvier 2025
© Cyril Cosson
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Après s’être fait consacrer, à juste titre, grand interprète du répertoire français mais aussi excellent belcantiste (avec notamment le disque – Figaro? Sì! – en collaboration avec Marc Minkovski et l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine), Florian Sempey s’était déjà illustré dans le rôle du séducteur à Sanxay en 2023. Il vient de proposer sa vision de Don Juan au TCE, dans la version de Vienne (1788) de l’opéra de Mozart, donné en version de concert dans une coproduction Jeanine Roze Production | Les Grandes Voix.

Il est des voix qui prédisposent aux rôles, et il est difficile pour un baryton de ne pas avoir envie de se confronter à ce monument de l’opéra qu’est le Don Giovanni de Mozart. Difficile aussi de trouver sa place parmi les interprètes légendaires qui l’ont chanté… Difficile mais gratifiant lorsqu’est offerte au public une incarnation habitée : en témoigne l’ovation méritée faite à Florian Sempey par le public du TCE.

Quid de cette version dite « de Vienne», rarement entendue sur scène ou au concert ? Elle ne permet pas d’entendre le second air d’Ottavio, ni le sextuor final, mais offre à Zerline et Leporello l’occasion de s’affronter dans un duo bouffe (Zerline y attache Leporello à une chaise et le bat pour venger les femmes de tous les méfaits que ce dernier a accompli pour son maître), et s’achève sur la mort du personnage éponyme. À cette version viennoise de 1788, on préfère habituellement une version « hybride », conservant tous les ajouts composés par Mozart pour Vienne (le « Mi tradi » d’Elvire, le « Della sua pace » d’Ottavio), à l’exception du duo Leporello/Zerlina du second acte (presque toujours coupé), mais rétablissant le « Il mio tesoro » d’Ottavio et le sextuor final.
Quoi qu’il en soit, c’est bien la version viennoise de Don Giovanni qu’a proposée le TCE en ce lundi 20 janvier, et non celle de Prague comme l’indique par erreur le programme de salle. Si le choix d’une version plutôt qu’une autre reste entièrement subjectif, il faut néanmoins reconnaître que la conclusion de l’opéra par la chute aux enfers de Don Giovanni produit un effet renversant de contraste avec le reste de l’œuvre et permet un crescendo dramatique étonnant.

Florian Sempey incarne Don Giovanni non pas comme un hédoniste séducteur mais plutôt comme une brute, un meurtrier sans scrupules qui fait tout pour arriver à ses fins. C’est d’ailleurs dans cette idée de présenter un homme dévorant tout sur son passage (femmes, nourriture, plaisirs : une vraie « bête de scène » !) que le baryton accentue volontairement les fins de phrases de manière presque sauvage dans certaines pages (« Fin ch’han dal vino »), et donne à sa sérénade une teinte vénéneuse. Certains reprocheront peut-être à ce parti pris un léger excès théâtral, mais l’effet est néanmoins saisissant. La voix du baryton est naturellement raffinée, d’une projection ample, d’une souplesse tour à tour caressante ou au contraire menaçante.

En complément de ce noble tyrannique, on trouve son valet, joué par Thomas Dolié, laquais victimisé mais malicieux, qui vole presque la vedette à son maître, par le soin apporté à la diction, et ses inflexions volontairement sarcastiques mettant en relief à la fois la duplicité de son personnage et les facettes amorales du chevalier qu’il sert. Comme à son habitude, le baryton ravit à la fois par son timbre profond, correctement nuancé (l’air du Catalogue est particulièrement savoureux) et par son jeu d’acteur, notamment lorsqu’il imite son maître pour séduire de nouveau Elvira. Performance justement appréciée par le public qui l’applaudit chaleureusement au moment des saluts.

L’annonce avait été faite : Léo Vermot-Desroches ne pouvant chanter, Cyrille Dubois l’a remplacé au pied levé. On en regrette d’autant plus de ne pas entendre l’air de Don Ottavio dans le second acte… mais on ne boude pas son plaisir avec un « Dalla sua pace » lumineux de sérénité. Le ténor, très en forme, semble disposer d’un souffle inépuisable, fait résonner des notes éclatantes, et distille des pianissimi renversants ! Sans jamais faire sombrer cette image de l’amoureux fidèle dans la caricature, il donne à son personnage une force tranquille dépourvue de toute mièvrerie.

Bonne idée que de distribuer la même basse dans Masetto et le commandeur. Mais Louis Morvan, qui garde une allure aussi statique dans le role du mari cocu que dans celui du père de Donna Anna, semble un peu absent en tant que Masetto, avec un manque d’expressivité contrastant avec l’assurance toute vengeresse du Commandeur dans la scène finale, où la résonnance de ses graves puissants fait frémir la salle.

Marianne Croux, tout récemment applaudie dans le même rôle à l’Athénée, propose une Donna Anna très humaine, ni trop victime, ni parangon de vengeance : les airs offrent ainsi un joli panel de nuances. Les aigus se déroulent avec aise, sans perte d’épaisseur, et avec un timbre chaud. Cette maîtrise de l’entre-deux apparaît clairement lors du « Or sai chi l’honore », où la dignité blessée de Donna Anna refait surface mais avec de la tempérance.

Marion Lebègue (Elvire) très investie dans son rôle, n’échappe pas à quelques stridences dans les aigus de l’air himalayesque « Mi tradi… ». On appréciera beaucoup plus la communion de sa voix avec celle des autres chanteurs, notamment avec Florian Sempey et Thomas Dolié dans le trio du 2e acte.

Catherine Trottman, se taille la part du lion en imposant tranquillement une Zerlina un peu naïve… mais jamais cruche ! Avec une tessiture large et une excellente maitrise de ses aigus, la soprano donne à la petite paysanne beaucoup de chaleur et d’emphase. Le couple formé avec son Masetto, beaucoup plus statuesque, fonctionne finalement de par ce contraste, dont on se dit finalement qu’il est peut-être volontaire.

Quoi qu’il en soit, le tout est formidablement bien agencé par Mathieu Romano, dont la direction n’oublie pas de faire ressortir, sur certains passages, les couleurs propres aux instruments mis en avant, et ce, sans rupture d’équilibre. L’Orchestre Les Ambassadeurs- La Grande Ecurie fait preuve d’une belle cohésion, et son chœur d’un éclat authentique.

Si la mise en espace prévue par Mohamed El Mazzouji se veut classique mais respectueuse, elle donne un avant-goût très prometteur de ce que pourrait être une version scénique. C’est le signe d’une soirée réussie quand le public en réclame toujours plus !

Les artistes

Don Giovanni : Florian Sempey 
Donna Anna : Marianne Croux 
Don Ottavio : Cyrille Dubois 
Donna Elvira : Marion Lebègue 
Leporello : Thomas Dolié
Zerlina : Catherine Trottmann 
Le Commandeur / Masetto : Louis Morvan 

Chœur Les Ambassadeurs~La Grande Ecurie (David-Tristan Malinski), Les Ambassadeurs~La Grande Ecurie, dir. Mathieu Romano

Mise en espace : Mohamed El Mazzouji 

Le programme

Don Giovanni

Dramma giocoso en deux actes de Wolfgang Amadeus Mozart, livret de Lorenzo Da Ponte, créé le 29 octobre 1787 au Théâtre des États de Prague (version de Vienne).

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, lundi 20 janvier 2025.

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Florian SempeyDon GiovanniMathieu RomanoThomas Dolié
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Ivar kjellberg

Habitué de longue date du TCE et pianiste amateur, Ivar Kjellberg est venu à l'art lyrique grâce à ses parents, qui faisaient sonner Wagner dans tout l'immeuble pour l'amuser ! Grand fan des interprètes des années 70 et de l'opéra allemand, Ivar peut écouter en boucle les disques d'Edda Moser et d'Hermann Prey avant d'enchaîner... sur un bon Offenbach !

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