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Les festivals de l’été –
Adès, Elgar, Britten : une soirée « so british » au Festival de Colmar !

par Stéphane Lelièvre 7 juillet 2024
par Stéphane Lelièvre 7 juillet 2024

© Bertrand Schmitt

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Deuxième grande soirée musicale au Festival de Colmar, deuxième triomphe pour Alain Altinoglu et l’Orchestre symphonique de la Monnaie. Le programme, superbe, n’est pourtant pas a priori de ceux qui remplissent le plus facilement les salles : si les Variations Enigma d’Elgar sont plus ou moins célèbres, elles ne sont pas si fréquemment données en concert en France, et The Tempest d’Adès ou la Sérénade pour ténor, cor et cordes de Britten ne sont pas non plus à compter au nombre des œuvres les mieux connues du grand public. Pourtant, l’Église Saint-Matthieu affichait hier soir un taux de remplissage très satisfaisant, et c’est une standing ovation qui a accueilli les artistes à l’issue du concert.

Outre l’extrême qualité de l’interprétation, le public a sans doute apprécié de découvrir (ou redécouvrir) des œuvres originales, novatrices mais certainement pas austères, toujours accessibles, immédiatement parlantes et émouvantes. L’ouverture de The Tempest plonge l’auditeur dans un torrent sonore parfois proche de la saturation, encadré par deux sections plus intimistes : une construction tripartite qui, en jouant sur les effets de contrastes, permet à l’orchestre de faire preuve d’une remarquable virtuosité. La même virtuosité sera à l’œuvre dans les Variations Enigma, étonnante composition jouant de façon très originale sur la forme brève, comme le font certaines  poésies se signalant elles aussi par leur concision : telles variations (la deuxième, par exemple), par leur extrême brièveté, leur légèreté, leur puissance évocatrice, rappellent parfois le haïku, quand telles autres, par leur lyrisme, l’émotion, le mystère, les questionnements qu’elles génèrent, sont plus proches de micro-récits ou de certains « aperçus » ou autres « fantaisies » littéraires.
Pas d’esbrouffe dans la direction d’Alain Altinoglu, mais une gestuelle précise et fédératrice qui permet d’inclure efficacement tous les pupitres dans la pâte sonore en les mettant tour à tour en valeur, tout en manifestant constamment un goût très sûr, évitant tout effet trop facile parce que trop appuyé : ainsi le lyrisme ou la tendresse ne se font jamais sirupeux, la virtuosité n’est jamais gratuite (magnifique agilité des cordes traduisant à merveille le côté virevoltant de la « Variation II, H.D. S-P) »), la fougue n’est jamais brutale, et la majesté ou la grandeur, qui pourraient assez facilement verser dans l’emphase ou la grandiloquence, restent maintenues dans les limites du bon goût – sans que l’orchestre renonce pour autant à l’aspect véritablement éclatant exigé par certaines pages, telle la variation qui referme l’œuvre.
Mention spéciale aux violoncelles (et notamment au violoncelliste solo Sébastien Walnier) pour leurs poétiques interventions (« Variation XII, B.G.N.), mais aussi à l’altiste Yves Cortvrint au jeu précis et élégant – dont le chef nous apprendra avec une émotion sincère, à la fin du spectacle, qu’il s’agissait de sa dernière prestation avec l’Orchestre de la Monnaie – si l’on excepte le flashmob prévu le lendemain matin –, le musicien s’apprêtant à partir en retraite.

© Bertrand Schmitt
Préparation du flashmob dimanche matin au Parc du Champ-de-Mars - © Première Loge

Entre l’ouverture de The Tempest et les Variations Enigma, l’orchestre de la Monnaie et Alain Altinoglu ont proposé la bien trop rare Sérénade pour ténor, cor et cordes de Britten. L’œuvre est composée d’un prologue et d’un épilogue instrumentaux encadrant six mélodies à thématique nocturne, dont les poèmes sont signés Charles Cotton, Alfred Tennyson, William Blake, Ben Johnson et John Keats. Le public français n’étant pas nécessairement familier de ces textes (ni d’ailleurs de cette œuvre musicale, assez rarement interprétée sur nos scènes), une traduction française des poèmes aurait  été la bienvenue… Mais même sans avoir accès à la teneur poétique des textes, l’œuvre touche profondément l’auditeur tant le pouvoir évocateur de la musique y est grand. Britten manifeste dans ce cycle un sens mélodique remarquable et fait preuve comme toujours d’un talent d’orchestrateur exceptionnel, d’un raffinement poétique constant. C’est à Jean-Pierre Dassonville qu’échoit la partie du cor, redoutable de difficulté. Le musicien relève la gageure haut la main, venant à bout des principales difficultés de sa partie, dont celles du prologue, attaqué piano et coloré de nombreuses nuances, ou les interventions virtuoses de « Hymn » ne sont pas les moindres. Le musicien, toujours à l’écoute de son partenaire Ed Lyon, tantôt intervient parallèlement au ténor, contribuant à constituer, avec l’orchestre un cadre évocateur à la poésie et au chant distillés par le chanteur, tantôt dialogue avec lui en un échange où la complémentarité des timbres séduit. Ed Lyon quant à lui s’approprie remarquablement une partition hautement exigeante : l’interprète doit en effet attaquer la première mélodie « à  froid » sur un aigu piano – exploit renouvelé, de façon encore plus délicate, sur le « This ae nighte » qui ouvre la mélodie « Dirge » ; faire preuve de virtuosité dans les difficiles vocalises de la cinquième mélodie « Hymn » ; et si le registre élégiaque domine souvent dans ce cycle, le chanteur n’en doit pas moins à plusieurs reprises affronter vaillamment certains tutti orchestraux particulièrement puissants. N’était une légère fatigue en fin de cycle sur un ou deux aigus forte, Ed Lyon s’acquitte admirablement de sa tâche, sur le plan technique comme sur celui de l’interprétation, avec une parfaite clarté dans la diction et une attention constante au sens des mots et aux liens qu’ils entretiennent avec le prolongement musical que leur offre le compositeur.

Devant l’accueil chaleureux réservé par les spectateurs à cette soirée « so british », les artistes proposent un bis : ce sera le célèbre Pomp and circumstance d’Elgar, dont l’interprétation enflammée proposée par les musiciens de la Monnaie déchaîne littéralement l’enthousiasme !
Les festivités musicales se prolongeront à Colmar jusqu’au 14 juillet : rendez-vous sur le site du Festival pour découvrir la suite du programme !

Les artistes

Jean-Pierre Dassonville, cor
Ed Lyon, ténor
Orchestre symphonique de la Monnaie
Alain Altinoglu, direction

Le programme

Thomas Adès
The tempest, ouverture

Benjamin Britten
Sérénade pour ténor, cor et cordes, op. 31

Edward Elgar
Variations Enigma, op. 36

Eglise Saint-Matthieu (Colmar), concert du 6 juillet 2024

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Alain AltinogluEd Lyon
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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