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Œuvres

FLORA MIRABILIS, Samaras (1886) – dossier

par Stéphane Lelièvre 26 septembre 2025
par Stéphane Lelièvre 26 septembre 2025
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Opéra en trois actes de Spyros Samaras, livret de Ferdinando Fontana, créé le 16 mai 1886 au Teatro Carcano de Milan.

Les auteurs

Le compositeur

Spyridon-Filiskos Samaras (1861 – 1917) 

Spýros Samáras est né à Corfou le 17 novembre 1861. D’abord formé au conservatoire d’Athènes, il se rend en France en 1882, où il étudie au Conservatoire de Paris avec Jules Massenet, Léo Delibes et Charles Gounod. En 1885, il part pour l’Italie, où il devient rapidement une figure majeure de l’art lyrique. Il fait représenter Flora mirabilis à Milan au Teatro Carcano en 1886 (l’œuvre est reprise l’année suivante à la Scala avec Emma Calvé), Medgè en 1888 au Teatro Costanzi de Rome (toujours avec Emma Calvé), La Martire en 1894 à Naples, Storia d’amore o La biondinetta en 1903 à Milan, Mademoiselle de Belle-Isle en 1905 à Gênes, ou encore Rhéa en1908 à Florence. 

Ses œuvres sont rapidement montées sur les principales scènes européennes : Paris, Monte-Carlo, Cologne, Berlin, Vienne, Malte, Bucarest, Athènes,…
Il compose également l’hymne olympique qui lui assurera une grande notoriété. L’hymne est interprété pour la première fois lors des Jeux de la première Olympiade à Athènes en 1896.
Spýros Samáras rentre en Grèce en 1911 : il espère (en vain) être nommé directeur du Conservatoire d’Athènes. Il compose alors divers opérettes mais aussi un dernier opéra, Tigra, demeuré inachevé. Il meurt à Athènes  le 25 mars 1917 à l’âge de 55 ans.

Le librettiste

Ferdinando Fontana (1850-1919)

Ferdinando Fontana naît à Milan en 1850 dans une famille où l’art occupe une place essentielle (son père et son frère sont artistes peintres).  Il commence sa carrière comme copiste au Corriere di Milano, avant se tourner vers le journalisme et la littérature. Il publie des ouvrages ressortissant à des genres on ne peut plus variés (articles, guides de voyages, poèmes,…), avec une prédilection pour les livrets d’opéras : il en écrivit plus d’une quarantaine, le plus souvent pour des musiciens aujourd’hui plus ou moins oubliés. Il est surtout resté célèbre pour avoir écrit les livrets des deux premiers opéras de Puccini (Le Villi et Edgar), pour avoir adapté La Haine (Odio) de Victorien Sardou (Ponchielli, après Offenbach, aurait dû en composer la musique), et pour avoir traduit plusieurs livrets d’opérettes viennoises (La Veuve joyeuse, Le Comte de Luxembourg,…). 

Socialiste passionné, il prend part aux manifestations milanaises contre la cherté de la vie en 1898. Devant la répression sanglante qui s’ensuit, il fuit en Suisse où il s’éteint près de Lugano en 1919.

L'œuvre

La création

Flora mirabilis est créée le 16 mai 1886 au Teatro Carcano de Milan avec, dans les rôles principaux, Osvaldo Bottero (basse, Il Principe Cristiano d’Orèbro), Ernestina Bendazzi-Secchi (soprano, Lidia), Alfonso Garulli (ténor, Valdo).
C’est un grand succès, qui vaudra à l’oeuvre d’être reprise l’année suivante à la Scala de Milan avec Emma Calvé dans le rôle principal.
L’opéra fut ensuite repris dans plusieurs opéras italiens, à Cologne, Vienne, Corfou puis Athènes (en 1889), à l’occasion du mariage du prince héritier Constantin.

Emma Calvé

Le livret

Flora mirabilis (la Fleur merveilleuse) est sous-titrée « légende musicale en trois actes ». Le livret italien a été écrit par Ferdinando Fontana, auteur, entre autres, des livrets d’Edgar et des Villi. Comme pour ces deux opéras de Puccini, le livret de Flora mirabilis s’inspire de  légendes médiévales d’Europe du Nord, pour lesquelles Fontana avait de toute évidence un goût particulier… L’intrigue, allégorique, se déroule dans la Suède médiévale. Il s’agit de la première collaboration de Samaras avec le librettiste italien, qui écrira également par la suite, pour le musicien grec, les livrets des opéras Medgè (1888) et Lionella (1891). 

Résumé de l'intrigue

PERSONNAGES :

Cristiano d’ Orèbro (basse)

 Lidia (soprano) : sa fille 

 Valdo (ténor) : fils adoptif de Cristiano d’ Orèbro 

Conte d’ Adelfiord (baryton) : père de Vilfrido, jeune homme jadis mort d’amour 

 

L’action se déroule en Suède, au XVe siècle

ACTE I
La jeune Lidia (soprano) a refusé l’amour de Vilfrido, le fils du Comte dAdelfiord (baryton). Vilfrido n’a pas supporté l’échec de cette relation amoureuse et a mis fin à ses jours.

Lidia, depuis, vit seule auprès de son père Cristiano d’Orèbro (basse), lequel lui annonce, au cours d’une froide soirée d’hiver, qu’elle doit se préparer à épouser Valdo (ténor) : il s’agit d’un garçon que Cristiano d’Orèbro a adopté après la mort de ses parents. Devenu soldat, Valdo s’apprête à rentrer au pays après quatre années passées aux combats. Mais Lidia accueille froidement les propos de son père, à qui elle déclare ne pas vouloir renoncer à sa liberté. Pour d’Orèbro, aucun doute : depuis le suicide du jeune Vilfrido, Lidia a perdu la raison…
De fait, lorsque Valdo paraît et avoue à Lidia l’amour qu’il éprouve pour elle, la jeune fille lui répond qu’elle épousera celui qui sera capable de faire fleurir le champ enneigé… Le Comte dAdelfiord offre alors à Valdo une branche de rose magique, dont le pouvoir consiste précisément à pouvoir tout faire fleurir : il gagnera ainsi l’amour de Lidia ; en revanche il verra s’éteindre ses propres sentiments pour la jeune femme…

Valdo accepte la proposition et s’empare de la branche magique, alors que Lidia et ses servantes s’étonnent de voir fleurir la végétation autour d’elles.

ACTE II
Lidia et Valdo savourent leur amour naissant : l’hiver semble avoir disparu, et le paysage alentour ne donne à voir que des prairies couvertes de fleurs printanières. Mais les deux jeunes gens ont à peine le temps de profiter de leur bonheur. Très vite, le pouvoir maléfique de la branche de rose se manifeste : alors que l’Angélus se fait entendre, Valdo abandonne Lidia en déclarant à la jeune fille que Vilfrido se trouve ainsi vengé des souffrances qu’elle lui a infligées.

Le décor printanier  fait de nouveau place à une ambiance hivernale : le vent se remet à souffler et la neige tombe avec abondance. Lidia perd la raison : abandonnée, livrée à elle-même,  elle s’imagine, dans une scène de folie, être devenue une  vieille femme. D’Orèbro découvre sa fille couverte de neige et la ramène au palais.

ACTE III
Devant la folie à laquelle Lidia est en proie, le Comte d’ Adelfiord est assailli par le remords : il regrette amèrement d’avoir offert la branche de rose magique à Valdo. Cristiano dOrèbro lui demande alors de sauver sa fille…

Or, la voix de Valdo se fait entendre : « È giorno senza sole / La vita senza amor! » (« Une vie sans amour est comme un jour sans soleil… ») Le jeune homme est de retour, et en entendant son chant, Lidia, recouvre progressivement ses forces et la raison.

Valdo déclare préférer mourir plutôt que d’être aimé sans aimer en retour. Les deux jeunes gens tombent dans les bras l’un de l’autre. Pendant que chante Valdo, les roses recouvrant la tombe de Vilfrido fleurissent miraculeusement : l’âme du défunt jeune homme est désormais en paix, Lidia et Valdo peuvent s’aimer en toute sérénité.

La partition

Bien que d’origine grecque et formé en France, les œuvres lyriques de Samaras et tout particulièrement la partition de Flora mirabilis s’inscrivent dans l’esprit et l’esthétique propres aux compositeurs lyriques italiens : la scène de folie de l’héroïne apparaît comme un avatar lointain des scènes de folies belcantistes romantiques, et la scène finale où Lidia recouvre la raison en entendant chanter Valdo semble presque un hommage au dernier acte des Puritani ! Mais stylistiquement, c’est bien sûr de ses contemporains, les compositeurs italiens de la fin du XIXe siècle, que Samáras est proche : Puccini, Mascagni ou Leoncavallo.
La musique du compositeur corfiote est réputée pour son inspiration mélodique, son langage harmonique imaginatif, sa connaissance de la voix, son grand sens dramatique. Dans Flora mirabilis, danses folkloriques, chœurs et pages orchestrales contribuent à dessiner le cadre géographique dans lequel prend corps l’action. La page la plus célèbre de l’ouvrage, « La Danse des fleurs » du deuxième acte, a acquis une certaine notoriété : elle fut interprétée lors d’un concert dirigé par Samaras pour les Jeux olympiques de 1896 à Athènes, puis reprise en 2011 par la Société philharmonique de Corfou à l’occasion des commémorations du 150e anniversaire de la naissance du musicien.

Malheureusement, la partition de Flora mirabilis fut détruite en 1943, lors du bombardement de Milan par les forces alliées. Seule subsista l’édition de la réduction pour voix et piano, à partir de laquelle une nouvelle orchestration fut créée pour la reprise de l’œuvre par l’Opéra national de Grèce en avril 1979. Cependant, une partie importante du matériel musical orchestral original a récemment été redécouverte dans les archives musicales de la Compagnie philharmonique « Mantzaros » de Corfou. Ce nouveau matériel, ainsi que l’arrangement original de deux extraits de danse conservé à la Bibliothèque musicale de l’Opéra national de Grèce, ont été examinés par Yannis Samprovalakis, musicologue et professeur associé à l’Université ionienne. Samprovalakis a complété et restauré l’orchestration originale de l’opéra, et a également assuré la réédition de la partition. Ainsi, en septembre 2025, l’Opéra national de Grèce peut proposer à ses spectateurs de redécouvrir  l’opéra de Samaras dans sa version « restaurée ».

Pour écouter l'œuvre

LP et CD

Dimitriadis / d’Orebro, Gavakou, Kouloubis, Stefanou. Greek national Opera, 1979. 2CDs (Disponible sur https://www.premiereopera.net/)

Extraits en streaming

La "Danse des fleurs" par l'Orchestre Philharmonique de Mantzaros
Zachos Terzakis, air de Valdo: "O sole della vita"(répétition au piano avec Nikos Kyriosoglou, Athènes, Mai 2011)

Comptes rendus

Spectacles

  • Athènes, septembre 2025
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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