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NICOLÒ BALDUCCI – De Mika à Mozart… l’étonnant parcours d’un contre-ténor en pleine ascension !

par Stéphane Lelièvre 19 novembre 2025
par Stéphane Lelièvre 19 novembre 2025
© D.R.
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© D.R.

Fenice de Venise, Opéra National de Montpellier, Opéra Royal de Versailles, Innsbrucker Festwochen der Alten Musik, Bayreuth Baroque Opera Festival, Maggio musicale de Florence, Konzerthaus de Vienne, et déjà trois albums : le parcours de Nicolò Balducci est d’autant plus impressionnant que la carrière du chanteur a commencé… il y a cinq ans à peine !

Retour sur l’ascension fulgurante du jeune contre-ténor qui vient de faire paraître un récital de mélodies de Haydn, Mozart et Beethoven (Confidenze, chez Bis), et chante dans quelques jours Annio dans La clemenza di Tito à la Fenice de Venise.

Trouver sa voix

 Stéphane LELIÈVRE – En 2021, vous faisiez vos débuts sur scène à Vicenza dans Alcina. Quatre ans à peine après vos débuts, vous êtes déjà présent sur de très nombreuses scènes lyriques internationales. Vous devez être très heureux, et en même temps, n’est-ce pas un peu vertigineux ?
Nicolò BALDUCCI  – Avant Vicenza, j’avais également tenu un petit rôle dans un opéra contemporain à Matera en 2019. Mais c’est effectivement Oberto dans Alcina qui a lancé ma carrière. J’avais obtenu le rôle suite à un concours, j’avais 19 ans ! Et puis, tout de suite après est venue la pandémie. Si la période a été compliquée pour de nombreux artistes, pour moi, cette « pause forcée » a été finalement la bienvenue, dans la mesure où elle m’a permis d’étudier, de travailler la technique, de me préparer pour proposer un Oberto convenable…

S. L. – Au total, donc… un mal pour un bien ?
N. B. – Exactement  ! Cette Alcina s’est bien passée, j’ai envoyé la vidéo aux agents… et tout a démarré ainsi. Aujourd’hui, j’ai de nombreuses propositions professionnelles, je peux même parfois m’offrir le luxe de choisir ! C’est, de fait, un vrai luxe, même si l’époque est plutôt favorable au répertoire de contre-ténor. Je fais par ailleurs des incursions dans les répertoires mozartien, voire rossinien, ce qui ouvre pas mal de possibilités.

S. L. – Comment avez-vous découvert votre voix ? Comment avez-vous su que vous chanteriez dans cette tessiture si particulière ?
N. B. – Je chante depuis toujours ! Dans ma famille, tout le monde chante. Personne n’est professionnel, mais j’ai pourtant toujours baigné dans la musique et le chant. Mes parents ont même tenu un cabaret à Dresde ! Ma toute première expérience dans le domaine de l’Opéra, c’est en tant qu’enfant dans le chœur de gamins de Carmen, à l’Opéra de Bari. Je suis littéralement tombé amoureux de l’Opéra, mais dans ma ville natale, il était bien difficile de pratiquer le chant classique… Je me suis donc orienté vers la pop music, et j’ai fait partie, jusqu’à mes 18-19 ans, d’un groupe de musique pop. Quand j’ai passé le concours de Vicenza, je faisais toujours partie de ce groupe. Je chantais Freddie Mercury, Mika,… J’évoluais déjà dans un registre très aigu !

Popora, Ifigenia in Aulide, "Svolgi l’impeto al valore" (Bayreuth Baroque Opera Festival 2024 )

S. L. – Et comment en êtes-vous arrivé à la voix de contre-ténor ?
N. B. –
J’ai voulu étudier le chant quand je suis entré au lycée, mais cette-fois-ci on ne pouvait étudier que le chant lyrique. Un jour, ma professeure est venue m’écouter dans la rue avec mon groupe et elle m’a dit : « Tu as une grande facilité pour chanter naturellement dans le registre aigu. Pourquoi ne pas essayer d’utiliser cette voix dans la musique « classique » ? Connais-tu la voix de contre-ténor ? » Je ne savais absolument pas de quoi il s’agissait. Elle m’a parlé de Philippe Jaroussky, que je ne connaissais pas du tout. Je l’ai écouté sur YouTube… Et je me suis dit : « Oui, j’aimerais bien essayer de chanter moi aussi comme ça… »
J’avais commencé à travailler le chant en tant que ténor. Mais cela n’a duré que trois semaines : très vite, on a tout transposé à l’octave au-dessus. Ma professeure avait compris immédiatement que ma vraie voix était celle-là ! 

De la scène… au disque

S. L. – Au-delà de votre voix et de la qualité de votre chant, les critiques et le public soulignent souvent votre engagement scénique. Vous pouvez aussi bien incarner un empereur décadent comme Néron qu’un Chérubin très crédible. Vous aimez jouer la comédie ?
N. B. –
J’adore ! C’est un moyen d’apporter une dimension différente à ma vie, et un peu de diversité ! J’aime beaucoup incarner les « méchants ». Quand j’aborde un tel rôle, je cherche toujours les deux visages possibles du personnage : le bon et le mauvais. Je pense que nous possédons tous ces deux facettes en nous ; simplement, un événement, un élément déclencheur fait parfois basculer telle ou telle personne du mauvais côté. 

© D.R.
"Als Luise die Briefe" (pianoforte : Anna Paradiso)

C’est ce moment qui m’intéresse, cette possible « blessure » qui est à l’origine de l’aspect sombre du personnage. Aujourd’hui, je suis à Venise pour chanter Annio dans La clemenza di Tito: un personnage adorable, toujours prêt à aider Sesto. Mais je viens tout juste d’incarner l’Ulisse de la Deidamia de Händel à Wexford : quel contraste sur le plan des caractères ! Un véritable défi… mais j’aime ça ! 

S. L. –Parallèlement à la scène, vous pratiquez souvent le récital, notamment au disque puisque vous venez de faire paraitre votre troisième album…
N. B. –
J’ai beaucoup étudié avec Gemma Bertagnoli, bien connue pour ses interprétations baroques mais aussi sa participation aux enregistrements d’opéras de Vivaldi chez Naïve. Or il se trouve qu’elle a aussi gravé un disque de mélodies, c’est elle qui m’a donné envie d’explorer ce répertoire. Après avoir enregistré un disque de cantates napolitaines (Castrapolis, Bis, 2022), puis Amore Dolore (Bis, 2023), j’ai voulu poursuivre et j’ai alors travaillé avec Anna Paradiso, une collègue merveilleuse, que je connaissais en tant qu’intervenante au continuo; mais j’ai alors découvert une pianiste extraordinaire. Elle avait un Broadwood du même modèle que celui qu’avait utilisé Haydn pour écrire les mélodies qui figurent au programme de notre disque. Quand j’ai appris cette nouvelle, je me suis aussitôt dit : « Il faut enregistrer ces mélodies ! » Le programme du disque est né, en quelque sorte, de la présence de ce piano entre les mains d’Anna Paradiso. Outre Haydn, nous avons également gravé sur ce CD des mélodies de Mozart et Beethoven.

S. L. –Vous avez rédigé vous-même l’un des textes de la notice : vous y expliquez vos choix et votre projet. C’est important pour vous qu’un interprète d’aujourd’hui soit aussi à sa façon un historien, presque un musicologue ?
N. B. – C’est essentiel. Pour véritablement comprendre la musique baroque ou classique, il faut approfondir l’histoire des œuvres, s’interroger sur le style, retourner aux sources. Faute de quoi on ne saisira pas les trésors cachés dans cette musique. Concernant le style, notamment, j’accorde un soin particulier à l’établissement des variations que j’interprète. Pour les pages baroques, je les écris moi-même, mais toujours en m’inspirant de ce que le compositeur a écrit ailleurs, ou de ce que faisait tel ou tel de ses interprètes. Je souhaite que l’ornementation soit toujours au service de l’expression : il ne s’agit pas simplement d’ajouter des notes pour un simple plaisir virtuose et hédoniste. Pour Mozart, c’est plus délicat : il faut trouver la juste mesure, ne pas en faire trop, ne pas rompre le délicat équilibre de sa musique. Je demande alors souvent l’avis d’une oreille extérieure.

Chanter en français

S. L. – Le programme de votre disque comporte une mélodie en français : le « Dans un bois solitaire » de Mozart. Votre français chanté est très pur, et vous parlez couramment notre langue. Est-ce que vous pourriez un jour chanter et enregistrer des mélodies françaises ? Philippe Jaroussky, que vous évoquiez tout à l’heure, a tenté l’expérience…
N. B. – J’adorerais ! J’aime beaucoup la langue française, que je parle avec beaucoup de plaisir. Et j’adore la musique française. Donc je ne dis pas non, mais peut-être pas tout de suite… même si je chante déjà certaines mélodies françaises en concert, avec un accompagnement à la guitare par Carlotta Dalia : nous interprétons du Reynaldo Hahn, du Kurt Weill (« Youkali»)… Mais je ne me sens pas encore prêt pour un disque entier ! Plus tard, sûrement…

Bernstein, "Dream With Me" (avec Carlotta Dalia)

S. L. – Pour terminer : un rôle, un répertoire, un compositeur que vous aimeriez chanter dans un avenir plus ou moins lointain ?
N. B. – Avant tout, Ariodante! Et puis aussi le Néron d’Agrippina, pour compléter la galerie des Néron que j’ai déjà interprétés. Et de Mozart, j’aimerais tellement chanter Idamante… Il y a eu une occasion ratée à Vienne, j’espère que d’autres opportunités se présenteront !

LES CD DE NICOLÒ BALDUCCI

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Nicolo Balducci
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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