En marge des répétitions de La bohème, donnée l’hiver dernier à l’Opéra d’Avignon, le ténor d’origine chilienne Diego Godoy a accordé un long entretien au journaliste Gilberto Ponce pour le webmagazine Visiones Criticas.
Depuis lors, une traduction française a été réalisée puisque c’est en France que l’artiste réside depuis dix ans. Première Loge publie ci-dessous l’intégralité de cette rencontre.
GILBERTO PONCE : Quand et comment est né votre intérêt pour la musique et le chant en particulier ? Y a-t-il eu une influence ?
DIEGO GODOY : La musique est apparue comme un murmure ancestral, tissé entre les murs de la maison de mon enfance à Antofagasta. Là, sous les cieux tantôt couverts, tantôt d’un bleu profond de la côte nord chilienne, c’est mon grand-père maternel qui fut le premier architecte de ce destin. Avec une vieille guitare et un accordéon au parfum de bois vieilli, il m’a appris à déchiffrer les notes flottant dans l’air ! Le week-end, sa maison devenait un temple sonore : les cassettes de Pavarotti et Domingo dialoguaient avec les cuecas et les tonadas folkloriques, tandis que lui, les yeux brillants, me racontait des histoires d’artistes ayant transformé la douleur en beauté.
Mais le chant, ce langage qui allait plus tard définir ma vie, dormait encore dans un recoin secret. C’est à Copiapó, entre montagnes arides et soleil implacable, que la voix s’est éveillée. Au Lycée de Musique, Rodrigo Tapia – un professeur au regard sévère mais au sourire bienveillant – a perçu une étincelle que j’ignorais moi-même. Après ma première audition, il m’a dit : « Tu as quelque chose de spécial », m’invitant à rejoindre le Chœur Polyphonique. Entre les murs de la salle de répétition, le chant lyrique m’a étreint avec la force d’un premier amour. Les harmonies polyphoniques sont devenues mon refuge, et le trac, une ombre que j’ai appris à apprivoiser, à transformer en allié.
G. P. : Dans le domaine difficile et compétitif du chant lyrique, quels ont été, selon vous, vos premiers succès ?
D. G. : Le tout premier triomphe fut intime : une lutte silencieuse contre la panique scénique qui nouait ma gorge avant chaque prestation. À vingt ans, j’ai décidé qu’il était temps de me confronter au monde. Lors du concours « Voces del Mundo » au Pérou, le prix « jeune espoir » m’est arrivé comme un éclair de lumière : une étreinte du destin, validant chaque heure d’étude, chaque note travaillée dans la solitude. Cette reconnaissance m’a mené, tremblant mais déterminé, à auditionner au Teatro Municipal de Santiago.
G. P. : Quand êtes-vous monté pour la première fois sur la scène du Teatro Municipal ?
D. G. : L’année 2013 restera gravée dans ma mémoire comme un tourbillon d’émotions : j’ai fait mes débuts dans le rôle de Benvolio dans Roméo et Juliette de Gounod[1], foulant cette scène majestueuse où tant de légendes avaient chanté avant moi.
G. P. : Quelles raisons vous ont poussé à émigrer ? Où êtes-vous arrivé en premier et comment s’est passée cette expérience ? Et pourquoi vous êtes-vous installé en France ?
D. G. : L’Europe était un aimant. Rodrigo Tapia me l’avait dit des années auparavant :« C’est là-bas que se trouvent les scènes qui forgent les légendes ». En chiffres concrets, 70 % des théâtres d’opéra du monde s’y trouvent. Mais le chemin n’a pas été droit. Avant de traverser l’Atlantique, Santiago m’a accueilli avec ses rues frénétiques et ses longues nuits. J’y ai étudié la pédagogie musicale, chanté dès que je le pouvais, et pour faire vivre ce rêve, j’ai travaillé de nuit dans les fast-foods du quartier du Sanhattan. Je dormais dans des chambres partagées, survivais avec peu et chantais… oui, même dans la rue, les bus et le métro, où « Ah, mes amis » de La Fille du Régiment résonnait parmi les passagers étonnés. Certains me disaient, les yeux humides : « Merci d’avoir amené ça ici ». Ces moments, aussi épuisants soient-ils, nourrissaient ma flamme.
En 2014, la mezzo-soprano Graciela Araya m’a poussé vers le Vieux Continent : « La scène est ton meilleur maître » disait-elle, en parlant de mon cas particulier, avec un peu d’expérience déjà acquise. Grâce aux personnes que j’ai rencontrées à travers elle, j’ai pu auditionner et obtenir un contrat modeste à Berlin. Avec ce contrat en main, le soutien financier de quelques amis et membres de ma famille, et bien sûr celui de la Corporation “Aurora d’Italia” du Chili, je me suis envolé.
Je suis arrivé en plein hiver, avec le froid qui mordait la peau et l’allemand qui sonnait pour moi comme des hiéroglyphes. La solitude était une compagne inconfortable, mais aussi un catalyseur. J’avais quelques mois pour tout donner. Je me répétais sans cesse comme un mantra : « Ce voyage, je ne pourrai pas le refaire ». Je n’en avais pas les moyens. J’ai fait des erreurs, j’ai fait confiance à des personnes que j’aurais dû éviter, non pas par naïveté, mais par solitude, par nécessité. Il y a des moments où on doit privilégier l’efficacité à l’efficience : survivre. Et c’est dans ces moments difficiles que des âmes bienveillantes apparaissent. Certains de ces amis m’accompagnent encore aujourd’hui et se réjouissent de mes progrès. À Berlin, j’ai auditionné pendant des mois sans succès mais j’ai aussi pu rencontrer d’autres artistes, nouer des relations professionnelles et, animé par une envie constante de progresser, j’ai cherché un pianiste-coach vocal pour perfectionner mes interprétations et actualiser mon matériel audiovisuel. C’est ainsi que j’ai rencontré Suwon Kim, pianiste et ancienne membre du programme pour jeunes artistes de Strasbourg, ville française frontalière de l’Allemagne. Lors d’une de nos sessions de travail, elle m’a conseillé d’abandonner mon idée d’intégrer un master en opéra dans un conservatoire : « Ton niveau est bien supérieur à tes ambitions de base ». La prudence a toujours fait partie des valeurs que m’a inculquées Rodrigo. Pour moi, ce n’est pas un manque d’ambition, bien au contraire. Elle m’a alors parlé d’une place vacante au sein de l’Opéra Studio de Strasbourg. C’était ma dernière chance avant l’expiration de mon visa.
L’audition finale fut un véritable duel de nerfs et de destins : face à moi, un ténor français expérimenté. Lui, élégant, parfaitement intégré au « langage » du circuit ; moi, avec une veste empruntée, novice dans les auditions françaises – car l’Europe n’est pas un pays, chaque circuit national est un univers en soi – avançant à l’intuition. Ma liste d’audition comprenait cinq airs dans trois langues, de styles et compositeurs différents. Parmi eux, « Questa o quella » de Verdi et « Ah, mes amis », considéré comme « l’Everest des ténors » avec ses célèbres neuf contre-ut. Quelques minutes avant d’entrer, une seule pensée me hantait : « Tu n’aurais pas dû mettre cet air sur la liste. Pourvu qu’ils ne le demandent pas ». Mais alea jacta est, j’étais là, et il fallait tout donner.
J’ai commencé par « Questa o quella », par prudence. Puis, le jury a demandé ce que je redoutais : « Ah, mes amis »… Satisfait de ma prestation, bien que conscient que le résultat ne refléterait pas nécessairement mon niveau réel, je savais que beaucoup de choses se jouaient à cet instant. Lorsque j’ai été annoncé comme lauréat, j’ai vu défiler devant mes yeux ces cinq années de déserts, d’océans et de tempêtes, qui ne se sont pas calmées, même en Europe. Et j’ai entendu une voix intérieure me murmurer : « Continue… »
I due Foscari (Verdi), au Théâtre antique d’Orange (Musiques en fête)
G. P. : Avec quels maîtres avez-vous étudié ou vous êtes-vous perfectionné ? Comment définiriez-vous votre voix, et quel est le répertoire que vous préférez ou qui vous convient le mieux ? Nous avons écouté des enregistrements où vous vous montrez très polyvalent.
D. G. : Ma base a toujours été la solide formation initiale que m’a transmise Rodrigo. Elle a été un pilier immuable qui m’a permis ensuite de rencontrer d’autres maîtres, de recevoir diverses suggestions et indications que j’ai intégrées pour créer quelque chose de personnel. Je peux citer un collègue très cher que j’ai rencontré lors d’une masterclass à Santiago, Pietro Spagnoli, qui m’a défini dès le départ comme un « pur lyrique » avec une grande marge d’évolution. Des années plus tard, en 2021, alors que nous partagions la scène à Bari, il a été agréablement surpris par mon évolution et m’a qualifié de « lyrique-dramatique » en plein développement. Aujourd’hui, à 33 ans, je peux dire que sa grande expérience ne s’est pas trompée.
Strasbourg a été un véritable creuset. J’y ai poursuivi non seulement l’étude de la technique vocale, mais aussi une formation lexicale et grammaticale en français, italien et allemand, atteignant un niveau bilingue dans les deux premières langues.
Les professeurs principaux du programme, la soprano Sylvie Valayre et Lionel Sarrasin, ont affiné ma technique avec une précision d’horloger. Nous avons également travaillé avec le maître Umberto Finazzi, de Milan, qui m’a transmis, avec sa grande sagesse, des connaissances précieuses sur la technique et le style italiens que je garde comme un trésor. Fait rare – et précieux -, nous avons suivi des cours exclusivement dédiés à la phonétique française appliquée au chant lyrique, dispensés par la professeure Marie-Thérèse Keller. Il faut également mentionner qu’à Berlin, Douglas Nasrawi, lui aussi ténor, m’a offert un accompagnement précieux, et je continue à me tourner vers lui aujourd’hui pour des conseils.
Ma voix, initialement lyrique, a mûri vers un registre spinto, capable de naviguer entre la délicatesse de Donizetti et le feu de Verdi. Des rôles comme Manrico dans Il Trovatore ou Don José dans Carmen sont devenus des extensions de mon âme, tandis que Rodolfo dans La bohème me permet, dans ces premières répétitions ici à Avignon[2], d’explorer la vulnérabilité.
Carmen, « La fleur que tu m’avais jetée » (Bizet) au Théâtre antique d’Orange (Musiques en fête)
G. P. : Aimeriez-vous revenir chanter dans notre pays, le Chili, et dans quel répertoire ?
D. G. : Revenir au Chili constituerait des retrouvailles sacrées ! J’imagine partager mon répertoire français – si affiné sur ces terres – dans des villes où j’étais autrefois un jeune homme avec une guitare. Je rêve d’apporter quelque chose d’unique : la fusion d’une technique aboutie et d’un cœur enraciné dans le désert d’Atacama.
G. P. : Parlez-nous de vos dernières expériences professionnelles, ce qu’elles vous ont apporté et comment vous vous projetez ?
D. G. : Les derniers mois ont été un kaléidoscope de scènes : de Trovatore à Braunschweig, aux côtés de Marina Prudenskaya et Sanja Anastasia, où j’ai eu l’honneur d’être dirigé par le grand maître Srba Dinic, qui m’a ensuite invité au récent Concert du Nouvel An à Belgrade. Là-bas, un « public éduqué au solfège depuis l’enfance » m’a ovationné avec une intensité qui m’a profondément ému.
J’ai aussi navigué entre les eaux audacieuses et inébranlables d’un peintre comme Mario Cavaradossi (Tosca), rôle dans lequel j’ai fait mes débuts à Bratislava, et du tourmenté Don José de Carmen, qui m’accompagne constamment. Toutes ces expériences continuent de me nourrir, car le processus créatif a toujours été au centre pour moi. J’essaie non seulement d’exécuter chaque pièce avec une précision musicale, mais aussi de creuser la dimension dramatique et théâtrale de chaque personnage. Chaque interprétation est personnelle, une création en soi. Ainsi, à chaque fois que je monte sur scène, ma vision, mon énergie et mes ressources sont au service du personnage, donnant vie à quelque chose de nouveau. Les interprètes sont aussi des créateurs, contrairement à ce que l’on croit souvent. Je me projette toujours vers mon objectif principal : devenir une meilleure personne. Je crois que cela nourrit ma croissance artistique ; c’est une conviction personnelle. À court terme, de nouveaux défis m’attendent. Je suis actuellement en pleines répétitions de La bohème, qui marquera mes débuts en Rodolfo à Avignon. La production prend déjà une très belle forme, grâce à la mise en scène et la direction magnifiques de Frédéric Roels, ainsi qu’au travail musical splendide du maestro Federico Santi, avec qui je garde une relation proche depuis une collaboration antérieure.
Par la suite, je participerai à une création contemporaine au Théâtre d’État de Kassel, en Allemagne, et poursuivrai mes représentations de Carmen au Théâtre d’État slovaque, dont je suis l’invité régulier. En exclusivité, je peux également annoncer que j’ai récemment conclu un accord pour participer à mon premier enregistrement discographique en tant que protagoniste d’un opéra, prévu dans deux saisons. Je ne peux pas en dire davantage pour l’instant, pour des raisons d’exclusivité.
G. P. : Nous savons que vous attendez votre premier enfant. Votre épouse est française et elle est également liée à la musique. Quels sont vos sentiments et comment pensez-vous que la paternité influencera votre carrière ?
D. G. : Nous sommes immensément heureux. Nous nous sommes mariés en août 2024 et, comme on dit ici, la « cigogne » n’a pas tardé à arriver. C’était un rêve que nous partagions tous les deux, et maintenant que cela se réalise, je ressens que c’est un cadeau que la vie nous a fait au moment parfait. Emy Gazeilles, ma femme, est également chanteuse lyrique, et nous avons eu la chance de nous rencontrer à un moment de nos vies où agrandir la famille n’est pas seulement un souhait, mais une bénédiction. Nous nous accompagnons et nous soutenons mutuellement depuis des années dans une profession qui, bien que merveilleuse, peut être solitaire et intense. Elle est ma partenaire sur scène et dans la vie, et désormais nous serons partenaires dans cette nouvelle aventure qu’est la paternité.
Il y a beaucoup d’opinions sur la manière dont la paternité influence nos carrières, mais dans mon cas, j’ai vu des expériences positives. Je pense à de grands artistes, comme le baryton Christian Senn, qui a réussi à équilibrer une carrière brillante avec une belle vie de famille. Je me rappelle aussi les paroles de mon ancien professeur, Lionel Sarrasin, qui disait : « La paternité peut apporter beaucoup de force et de stabilité à ce que nous faisons, parce que nous le faisons avec encore plus de responsabilité. L’ego cesse d’être ta principale préoccupation, tu te libères de fantômes et de peurs inutiles, et tu te concentres sur l’essentiel. Et cela s’entend, se ressent… » Cette réflexion a profondément résonné en moi, et je la vis aujourd’hui pleinement.
Accompagner Emy durant sa grossesse a été une expérience transformative. J’ai l’impression que cela m’a apporté une maturité et une sérénité que je ne connaissais pas auparavant. Chaque pas que je fais, je l’accomplis avec plus de calme et de conscience. J’imagine qu’avec l’arrivée de notre enfant, ce sentiment se multipliera. La paternité apportera sans doute des changements : dans l’énergie, dans le temps, dans les priorités. Mais elle apportera aussi une richesse émotionnelle qui, je crois, se reflétera dans mon art. La musique, après tout, se nourrit de la vie, des émotions, des histoires que nous portons en nous. Et maintenant, avec cette nouvelle étape, j’aurai davantage à raconter, à ressentir, à partager sur scène.
La plasticité est une ressource fondamentale dans notre travail, et je crois que la paternité m’apprendra à être encore plus flexible, plus résilient. Mais elle me donnera aussi quelque chose d’inestimable dans le monde du chant lyrique : une vie personnelle pleine, heureuse et remplie d’amour. Cela, j’en suis certain, se traduira par une interprétation plus authentique, plus profonde, plus connectée à ce que je suis et à ce que je veux transmettre. La paternité n’est pas un obstacle ; c’est une source d’inspiration, un nouveau chapitre de ma vie qui, j’en suis convaincu, enrichira autant ma carrière que mon âme.
G. P. : Vous avez maintenant la liberté d’exprimer ce que vous souhaitez…
D. G. : Quand je regarde en arrière sur mon parcours de chanteur, je réalise à quel point le chemin de chaque artiste est unique. Au fil des années, j’ai eu la chance d’aborder des répertoires exigeants qui m’ont permis de grandir tant sur le plan technique qu’artistique. L’opéra est un art exigeant, mais aussi profondément gratifiant.
On entend souvent des débats sur le poids de certains rôles et les choix que chaque chanteur fait dans sa carrière. C’est un sujet fascinant, car chaque voix a sa propre histoire, son propre rythme et sa propre façon d’évoluer. Ce qui fonctionne pour l’un ne fonctionne pas forcément pour l’autre, et c’est ce qui rend cet art si spécial. Pour ma part, j’ai toujours fait confiance à la technique que j’ai développée, au travail avec mon équipe et à l’écoute constante de mon instrument. Cela m’a permis d’aborder des rôles que beaucoup considéraient comme risqués, mais qui ont été une source d’apprentissage et de croissance pour moi.
Je suis profondément reconnaissant de pouvoir dire que, ces dernières années, j’ai conservé ma santé vocale intacte, sans contretemps ni annulations, en appréciant chaque étape du processus. Au cours de ma carrière, ces douze dernières années depuis mes débuts, je n’ai dû annuler que trois engagements, et aucun pour des raisons liées à la santé vocale. Une fois, ce fut à cause d’une blessure au tendon du genou, une autre à cause d’un COVID, et la troisième pour un voyage familial urgent. Ces expériences me rappellent l’importance de valoriser à la fois la santé et l’équilibre personnel dans une profession aussi exigeante que la nôtre. C’est un privilège de pouvoir dire que, jusqu’à présent, ma voix est restée forte et fiable sur chaque scène.
Je crois fermement que la clé réside dans l’équilibre : savoir quand relever un défi et quand laisser la voix respirer et se développer. Et, surtout, avoir confiance en soi, car personne ne connaît mieux notre voix que nous-mêmes. À mes collègues et aux artistes plus jeunes, je dirais ceci : prenez soin de votre santé vocale, ayez confiance en votre préparation et dans les choix que vous faites, même s’ils sont parfois remis en question.
Chaque parcours est unique, et le plus important est qu’il soit le reflet fidèle de vous-mêmes et de votre art.
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[1] Diego Godoy a également interprété le rôle d’Albazar dans la production nationale du Turc en Italie. Les critiques des deux opéras sont disponibles sur visionescriticas.cl, via le moteur de recherche.
[2] L’entretien a été réalisé avant les représentations de La bohème à l’Opéra Grand Avignon en mars 2025.