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Œuvres

FEDORA, Giordano (1898) – dossier

par Stéphane Lelièvre 25 décembre 2024
par Stéphane Lelièvre 25 décembre 2024
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Melodramma en trois actes d’Umberto Giordano, livret d’Arturo Colautti d’après la pièce homonyme de Victorien Sardou, créé le 17 novembre 1898 à Milan (Teatro Lirico Internazionale). 

L'ES AUTEURS

Le compositeur

Umberto Giordano (1867-1948)

C’est André Chénier, créé à la Scala de Milan en 1896, qui apporte la notoriété à Giordano.  Deux ans plus tard, Fedora, qui révèle le ténor Caruso, est également un succès, mais aucun autre opéra de Giordano n’atteindra par la suite une telle notoriété : ni Siberia (1898), ni Marcella (1907), Madame Sans-Gêne (1915), Giove a Pompei (1921),…  

Outre le genre lyrique, Giordano s’illustra également dans la mélodie, les pièces pour piano, les œuvres orchestrales,… 
Avec Leoncavallo et Mascagni, il est considéré comme l’un des principaux représentants du mouvement vériste. 

Le librettiste

Arturo Colautti (1851-1914)

Arturo Colautti naît le 9 octobre 1851 à Zara, en Croatie. Il fut journaliste, écrivain et poète, mais passa surtout à la postérité en tant que librettiste. Outre celui de Fedora, il écrivit les livrets de Doña Flor (Niccolò van Westerhout, 1896), Adriana Lecouvreur (Francesco Cilea, 1902), Paolo e Francesca (Luigi Mancinelli, 1907), Gloria (Francesco Cilea, 1907). Arturo Colautti mourut à Rome le 9 novembre 1914.

L'ŒUVRE

La création et la fortune de l'œuvre

Gemma Bellincioni photographiée par Giacomo Brogi

Deux ans après le triomphe d’Andrea Chénier à la Scala, Fedora est créée,  le 17 novembre 1898, toujours à Milan mais cette fois-ci au Teatro Lirico Internazionale (connu jusqu’en 1894 sous le nom de Teatro alla Canobbiana, et aujourd’hui nommé Teatro Lirico Giorgio Gaber). La distribution comportait Gemma Bellincioni dans le rôle-titre, le jeune Enrico Caruso en Loris et Delfino Menotti en De Siriex. 

Le succès remporté par l’œuvre lui permet d’être rapidement créée dans les principales grandes villes européennes : Vienne (Staatsoper), où elle est dirigée par Gustav Mahler, Paris au théâtre Sarah-Bernhard (Massenet – à qui Giordano offre une partition dédicacée de son opéra – et Saint-Saëns assistent aux représentations), Bruxelles,… Fedora est créée le 5 décembre 1906 au Metropolitan Opera de New York. 

Depuis, plusieurs grandes interprètes se sont illustrées dans le rôle : Magda Olivero, Renata Tebaldi, Maria Callas (elle chanta le rôle à la Scala en 1956 aux côtés de Franco Corelli, mais il n’existe hélas aucun enregistrement de ces représentations), Katia Ricciarelli, Eva Marton, Renata Scotto, Mirella Freni, Sonya Yoncheva, Aleksandra Kurzak,…

Le livret

Les sources historiques et littéraires

Sarah Bernhardt en Fedora, photographiée par Nadar

Le livret d’Arturo Colautti s’inspire directement de la pièce homonyme de Victorien Sardou, drame en quatre actes créé au théâtre du Vaudeville à Paris le 12 décembre 1882. Sarah Bernhardt y connut un de ses très grands succès ; il s’agissait de sa première collaboration avec Sardou, avant La Tosca en 1887. L’intrigue comporte plusieurs allusions à l’actualité, en particulier au rôle joué par les nihilistes en Russie à la fin du XIXe siècle (le nihilisme se caractérisant par une forme de  scepticisme moral, le refus de hiérarchiser les valeurs, l’intime conviction que rien – pas même les autorités établies et reconnues – ne peut échapper à un sévère examen critique).

L’intrigue

ACTE I
En 1881, à Saint-Pétersbourg, dans le salon de Vladimir Andreïevitch.

La princesse Fedora Romazoff (soprano) se réjouit d’épouser prochainement son fiancé Vladimir Andreïevitch : leurs noces doivent avoir lieu le lendemain même. Mais le diplomate De Siriex (baryton) survient, portant le corps ensanglanté de Vladimir : on a tenté de l’assassiner, et l’on soupçonne les nihilistes (voir ci-dessus, « les sources historiques et littéraires » de l’œuvre). Les soupçons se portent rapidement sur Loris Ipanoff (ténor), d’autant qu’il s’agit d’un ami des nihilistes. On fouille sa maison : le jeune homme a disparu. Vladimir ne survit pas à ses blessures : Fedora jure de venger sa mort.

ACTE II
À Paris.

Loris Ipanoff s’est enfui et vit dorénavant exilé à Paris. Fedora l’a suivi, afin de pouvoir accomplir sa vengeance. En compagnie de son amie la comtesse Olga Sukarev (soprano), elle donne une réception à laquelle assiste précisément Loris Ipanoff. Le jeune homme est tombé follement amoureux de Fedora. Il lui explique être contraint de vivre à l’étranger, étant responsable de la mort de Vladimir Andreïevitch. Fedora, ayant maintenant la certitude d’être face à l’assassin de son ancien fiancé, écrit au général de la police impériale russe pour dénoncer Loris – et ses supposés complices, parmi lesquels son frère ; elle prévient également l’inspecteur Gretch (baryton) qu’il pourra arrêter le jeune homme dès qu’il quittera sa demeure. Mais elle regrette très vite son geste : Loris lui apprend en effet que Vladimir avait une maitresse : il était l’amant de sa propre femme. Loris les a surpris tous deux, Vladimir a tenté d’abattre Loris, lequel a riposté, blessant mortellement son rival. Désemparée – et sentant naître en elle des sentiments amoureux pour le jeune homme –, Fedora convainc Loris de passer la nuit chez elle, espérant ainsi le soustraire à la police.

ACTE III
Les Alpes suisses.

Fedora et Loris filent maintenant le parfait amour en Suisse, jusqu’au jour où De Siriex vient apprendre à Fedora que le frère de Loris, suite à la lettre envoyée par Fedora, a été arrêté pour complicité de meurtre. Enfermé dans une prison donnant sur la Neva, le jeune homme est mort noyé dans sa cellule suite à une crue du fleuve. Sa mère n’a pas supporté la nouvelle et est morte de chagrin. Loris apprend à son tour ces terribles nouvelles dans une lettre que lui envoie un de ses amis russes, lequel lui révèle que ces tragédies ont eu lieu en raison d’une femme acharnée à sa perte qui l’a dénoncé aux autorités. Fedora, rongée par le remords, lui avoue qu’il s’agit d’elle. Loris la maudit. Fedora, anéantie par le sentiment de culpabilité et la haine que semble dorénavant lui vouer Loris, s’empoisonne. Mais le jeune homme regrette profondément ses propos et avoue l’aimer toujours… Il est cependant trop tard : Fedora expire dans ses bras.

La partition

Fedora souffre d’un livret assez faible. L’histoire, suivant de près l’intrigue du drame de Sardou dont la pièce s’inspire, est des plus simples : une femme accuse à tort un homme d’être l’assassin de son fiancé. Elle le dénonce, mais finit par tomber amoureuse de lui. Apprenant in fine qu’il est en réalité innocent, elle se suicide. Pourquoi diable, sur un canevas aussi élémentaire, avoir greffé autant d’actions et de personnages de second plan qui encombrent l’intrigue et brouillent sa lisibilité ? Une comtesse russe, un pianiste polonais, quantité de domestiques et de policiers, un petit Savoyard, d’autres personnages encore, qu’on ne voit pas mais dont on parle sans qu’ils aient aucune influence réelle sur le déroulement de l’intrigue : un homme mystérieux, une vieille femme au premier acte,… Noyées sous ce flot d’événements et de personnages secondaires, les motivations des personnages principaux en deviennent confuses et l’on peine à s’intéresser à leur sort.
Dans ces conditions, la musique de Giordano met un peu de temps à « décoller », avec un premier acte et une première moitié de deuxième acte parfois inutilement « bavards ». La partition n’en comporte pas moins de fort belles pages, notamment l’interlude orchestral du II au cours duquel Fedora écrit sa lettre de dénonciation, les airs de Loris, le duo d’amour qui clôt le deuxième acte, et la scène finale, vraiment inspirée, où l’héroïne meurt dans les bras d’un Loris repentant alors que se fait entendre le chant mélancolique d’un petit Savoyard. Les deux rôles principaux comportent par ailleurs suffisamment de pages fortes et émouvantes pour avoir intéressé des ténors de la trempe d’Enrico Caruso, Placido Domingo, José Carreras, et de nombreuses sopranos reconnues (voyez ci-dessus la rubrique « La création et la fortune de l’oeuvre »).

NOTRE SÉLECTION POUR VOIR ET ÉCOUTER L'ŒUVRE

CD

Maria Caniglia, Giacinto Prandelli. Orchestra Lirica e Coro di Milano della RAI, dir. Mario Rossi (1950). 2 CD Mondo Musica.

Renata Tebaldi, Giuseppe di Stefano. Chœurs et orchestre du Teatro San Carlo de Naples, dir. Arturo Basile (1961). 2 CD Arkadia.

 

Marcella Pobbe, Aldo Bottion. Chœurs et orchestre de la Fenice, dir. Francesco Mollinari-Pradelli (1968). 2 CD Mondo Musica.

Magda Olivero, Mario del Monaco. Chœurs et orchestre de l’Opéra de Monte Carlo, dir. Lamberto Gardelli (1970). 2 CD London Records.

 

Magda Olivero, Giuseppe Giacomini. Como, Teatro Sociale, dir. Ferruccio Scaglia (1971). 2 CD BellaVoce.

Eva Marton, José Carreras. Hungarian Radio-Television Symphony Orchestra & Chorus, dir. Giuseppe Patanè (1986). 2 CD CBS.

 

Angela Gheorghoi, Placido Domingo. Orchestre Symphonique et Chœurs de la Monnaie, dir. Alberto Veronesi (2011). 2 CD DG.

 

Daniela Dessi, Fabio Armiliato. Orchestra Sinfonica Del Teatro Carlo Felice Di Genova, Coro del Teatro Carlo Felice di Genova, dir. Valerio Galli (2018). 2 CD Dynamic.

DVD et Blu-ray

Mirella Freni, Placido Domingo. Chœurs et orchestre de la Scala de Milan, dir. Gianandrea Gavazzeni ; mise en scène Lamberto Puggelli (1993). 1 DVD ArtHaus Musik.

Mirella Freni, Placido Domingo. Chœurs et orchestre du Metropolitan Opera, dir. Roberto Abbado ; mise en scène Beppe de Tomasi (1997). 1 DVD DG.

Daniela Dessi, Fabio Armiliato. Orchestra Sinfonica Del Teatro Carlo Felice Di Genova, Coro del Teatro Carlo Felice di Genova, dir. Valerio Galli ; mise en scène Rosetta Cucchi. (2018). 1 Blu-ray Dynamic.

Streaming

Lipanovic, Vaccari / Masiero, Fraccaro. Foggia (2018)

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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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