Marianne Croux, soprano
Coline Dutilleul, mezzo-soprano
Cyrille Dubois, ténor
Guilhem Worms, baryton-basse
Luca Montebugnoli et Edoardo Torbianelli, pianoforte
Intégrale des mélodies de Bizet
3 CD Harmonia Mundi – Palazzetto Bru Zane
Les 150 ans de la disparition de Bizet auront permis de réentendre Le Docteur Miracle et auront donné lieu à plusieurs concerts de qualité (la « soirée Bizet » ou le récital Adèle Charvet à la Cité de la musique, Les Pêcheurs de perles à Aix-en-Provence, un récital de mélodies à Bougival) ainsi qu’à des parutions discographiques intéressantes (le coffret Georges Bizet du Palazzetto Bru Zane comportant entre autres des enregistrements de Djamileh et Vasco de Gama) .
Côté vocal, il est regrettable cependant qu’aucune salle n’ait souhaité redonner leur chance à La Jolie Fille de Perth ou Ivan IV, ne serait-ce qu’en version de concert. Pour pallier cette déception, voici un coffret de 3 cd regroupant l’intégrale des mélodies de Bizet. Pour beaucoup d’entre elles, il s’agit là de véritables découvertes. Les célèbres « Adieux de l’hôtesse arabe », souvent ; la « Chanson d’avril » ou « La Sirène », plus rarement : les artistes mettent parfois certaines mélodies de Bizet au programme de leurs récitals ; mais le fait demeure assez marginal et ce sont assez souvent les mêmes mélodies que l’on entend. Aussi ce coffret, réalisé sous l’impulsion des « Amis de Georges Bizet », permettra-t-il à beaucoup de mélomanes d’entendre pour la première fois des pages très rarement interprétées, voire inédites. Les belles surprises ne manquent pas : les « Adieux à Suzon », dont l’introduction pianistique évoque curieusement celle de « Die Post » de la Winterreise schubertienne ; le duo « Rêvons », ou la voix de la mezzo et du baryton-basse entremêlent leurs lignes mélodiques sur l’accompagnement impressionniste du piano ; la tendre « Aubade », aux touches délicates et raffinées ; le « Aimons, rêvons », au lyrisme délicat,…
Pour servir ce programme rare et exigeant, deux pianistes techniquement aguerris et superbement expressifs dans le dialogue qu’ils établissent avec les solistes vocaux : Luca Montebugnoli et Edoardo Torbianelli , jouant sur instruments d’époque, et quatre chanteurs de qualité. Le plus connu d’entre eux est bien sûr Cyrille Dubois, qui fait preuve des ses habituelles qualités de diction, de raffinement, de style. Autour de lui, Coline Dutilleul au timbre chaud et velouté, Marianne Croux, à la ligne vocale toujours soignée (mais parfois un peu acide de timbre ; un défaut qu’on ne lui entend pas sur scène et qui est peut-être liée à la captation ?) ; Guilhem Worms, très engagé et à l’impeccable diction.
Merci à Harmonia Mundi, au Palazzetto Bru Zane et à ces artistes de faire ainsi revivre tout un pan méconnu (et loin d’être mineur) de la mélodie française.