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CLELIA CAFIERO, une cheffe à la force tranquille

par Hervé Casini 2 novembre 2020
par Hervé Casini 2 novembre 2020
© Christophe Nève
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Porter un prénom stendhalien oblige sans doute à faire preuve d’une certaine fougue et à faire vivre une flamme dont la cheffe d’orchestre et pianiste d’origine napolitaine Clelia Cafiero est loin d’être dépourvue.
Nous l’avons rencontrée alors qu’elle venait de participer, comme pianiste, à une série de représentations de La Dame de Pique à l’Opéra de Marseille, une scène qu’elle connaît bien depuis qu’elle est devenue assistante de Lawrence Foster, le directeur musical de l’orchestre philharmonique.

Clelia Cafiero, vous êtes arrivée à Marseille en 2019, suite à la réussite d’un concours pour devenir assistante du directeur musical de l’Orchestre Philharmonique de Marseille. Pouvez-vous tout d’abord nous expliquer en quoi consiste ce type de concours ?
Tout d’abord, pour pouvoir participer à ce concours, il était nécessaire d’être pianiste et d’avoir le diplôme de direction d’orchestre. Lors des épreuves, il fallait, dans un premier temps, montrer ses compétences en tant que chef de chant, en chantant des pièces d’opéra tout en s’accompagnant,  puis en qualité de soliste en exécutant une pièce du répertoire. Dans un deuxième temps, il fallait diriger l’orchestre à partir d’un programme choisi par Lawrence Foster : dans mon cas, il s’agissait du 1er mouvement de la IVe symphonie de Tchaïkovsky (dirigé presque intégralement…) et de l’air de Micaëla dans Carmen . Dans cette dernière épreuve, il était nécessaire de montrer la capacité du chef  à adapter l’orchestre à la voix de la chanteuse.
Les théâtres lyriques ont  besoin de ce poste d’assistant au directeur musical pour faire travailler à la fois l’orchestre et les interprètes. Il arrive souvent, lorsque l’on a un chef invité, qu’il revienne à l’assistant de faire travailler les chanteurs en sa présence. En outre, en cas de problème particulier ou d’indisposition du chef invité ou du directeur musical, l’assistant est là pour pallier l’absence !
Dans mon cas spécifique, je connaissais Lawrence Foster seulement de nom au moment de passer le concours. Après avoir remporté ce dernier, il m’a immédiatement donné la possibilité d’être son assistante en m’associant à une production de Madama Butterfly qu’il dirigeait à Lisbonne et nos échanges autour de nos idées musicales sur les œuvres et les compositeurs ont alors pu commencer.

Mais qu’est-ce qui a motivé votre choix de venir à Marseille, alors que vous étiez déjà installée dans une belle fonction : celle de pianiste dans l’équipe artistique du Teatro alla Scala à Milan ?
Effectivement, moi aussi je me suis posé la question de savoir pourquoi je souhaitais venir à Marseille ! Pianiste à la Scala depuis 2013, sous le mandat de Daniel Barenboim puis de Riccardo Chailly,  j’avais la chance de voir travailler les plus grands chefs. À mon arrivée à Milan, j’avais dix-huit ans et je voulais être pianiste. L’apprentissage de la direction d’orchestre est donc venu progressivement et n’a pas été facile au début. Physiquement, cela constituait un véritable challenge, un défi. Je voulais y arriver car  je suis quelqu’un de déterminé et je sentais que j’avais le tempérament adapté pour cela ! Au conservatoire, mon professeur m’avait prévenu qu’il fallait que je travaille sur mon corps, sur mon bras, car ce n’était pas forcément naturel chez moi et il me fallait trouver mon moyen d’expression dans le geste…
Dès cette époque, j’ai adoré voir arriver en répétition le chef avec la conscience de la partition, une mission précise à donner aux musiciens et des choses à leur faire partager. J’ai alors commencé à ressentir que les musiciens pouvaient devenir en quelque sorte le bras du chef d’orchestre et, quasiment philosophiquement, qu’il y avait quelque chose de plus grand que moi devant moi !  C’est essentiel pour moi cette sensation : sinon, je m’ennuie vite ! [rires].
Durant cette période, j’ai participé à deux masterclass avec Riccardo Muti et avec Daniele Gatti et j’ai commencé à avoir la possibilité de diriger des orchestres en République Tchèque, puis en Espagne et en Italie.
Quand j’ai eu le résultat du concours de Marseille, j’ai réellement ressenti une joie immense car j’avais le sentiment que cette réussite m’amènerait à grandir !

© Michelle Clavel

 

C’est important, pour un chef d’orchestre, d’être également pianiste ?
Je le crois, effectivement ! Lorsque j’ai une partition en mains, j’ai souvent le désir de la jouer entièrement dans sa réduction pour piano  et de savoir comment cela sonne.
Disposer de tous les registres de l’orchestre avec le piano est évidemment un avantage, tout comme le fait d’avoir été chef de chant avant d’aborder un opéra ! Il m’est même arrivé, grâce à cela, de remplacer, lors de répétitions, des chanteurs absents…
Et puis cela oblige à connaître l’opéra par cœur et cela compte énormément pour parer à toute éventualité !

Vous venez d’assister le maestro Foster dans ce pari fou – et totalement réussi selon nous – de jouer La Dame de Pique dans une version pour 10 musiciens, compte tenu de la situation sanitaire. Vous en étiez en quelque sorte, depuis votre clavier, la cheville ouvrière.
Pouvez-vous nous dire, en quelques mots, comment on parvient à restituer les couleurs de l’orchestre imposant du Tchaïkovsky de la dernière période quand on doit donner son chef-d’œuvre avec  cet effectif réduit ?
J’ai commencé à travailler sur ce défi énorme dès la fin du mois de juillet dernier, avec les musiciens sélectionnés. À partir de ma partition piano, j’ai construit des arrangements, des harmonies et j’ai remplacé les cuivres, percussions et premiers violons qui, dans La Dame de Pique, donnent quasiment toujours le rythme et les thèmes de l’ouvrage. Il fallait parfois dénaturer un peu le piano pour retrouver un son clair et créer l’effet en remplaçant par des trémolos, des trilles….jusqu’à, quelque part, créer une version chambriste !
Ce qui est extraordinaire avec Tchaïkovsky c’est que l’orchestration n’étouffe jamais les chanteurs.

Les quelques extraits musicaux, au piano, que l’on trouve récemment de vous sur les réseaux sociaux traduisent une sensibilité à fleur de peau (Concerto en sol de Ravel en particulier…) et me permettent d’aborder vos goûts musicaux et les mentors qui peuvent vous inspirer…
J’ai lu, par ailleurs, que vous avez déjà évoqué comme importante pour vous la personnalité hors du commun de Carlos Kleiber…
J’ai toujours adoré la beauté du son et ai donc toujours apprécié les pianistes qui faisaient attention à cela. Venant d’Italie, j’ai adoré Arturo Benedetti Michelangeli car il pouvait trouver et créer une infinité de couleur sur la touche ! Grigory Sokolov également, car chez lui la technique est toujours là au service de la musique.
Très vite, ce que je recherche au piano comme avec les musiciens de l’orchestre – les cordes en particulier – , c’est un son rond. Je cherche ainsi rapidement à leur expliquer ce que j’attends en rapprochant la partition d’un certain nombre d’images : ainsi, lorsqu’on est devant un thème qui doit vibrer, je vais demander aux cordes de vibrer avec les doigts avant de mettre l’archet sur la corde.
Étant par ailleurs diplômée en philosophie, je m’attache beaucoup, avant de diriger une partition, à savoir ce que le compositeur faisait au moment de l’écriture de son œuvre. J’adore les chefs qui ont pu me donner quantité d’images en sortant de répétitions et qui construisent à travers leur direction un concept : Barenboim fait partie de ceux-là.
Le rôle du chef est également là : il doit permettre de libérer les savoirs et de les lier entre eux. Littérature, philosophie sont ainsi nécessaires pour interpréter Beethoven d’une façon qui ne sera pas la même aujourd’hui que dans vingt ans…

Quel est votre rêve musical le plus fou ?
Diriger l’orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam. J’adore l’histoire de cette salle, dans laquelle j’ai joué avec l’orchestre de la Scala. Son architecture étonnante me rappelle un temple grec !

© Christophe Nève

Questions Quizzz...

Nous terminerons sur quelques questions Quizz … :

Quelle est la chose que vous aimez le plus dans votre profession ?
Faire de la musique… non pas simplement la jouer. C’est le côté « on construit quelque chose » qui m’intéresse.

Et celle qui vous plaît le moins ?
La responsabilité dans la prise de décisions musicales aussi bien qu’administratives et logistiques.

Qu’auriez-vous voulu faire si vous n’aviez pas été cheffe d’orchestre et pianiste ?
Écrivain.

Une activité favorite quand vous n’exercez pas votre métier ?
Faire du yoga. C’est ce qui me permet d’écouter le silence et de travailler sur mon corps.

Un livre, un film ou une œuvre d’art que vous appréciez particulièrement ?
J’ai pleuré énormément en voyant Novecento, adapté au cinéma par Giuseppe Tornatore. L’histoire d’un pianiste qui naît et meurt sur un bateau…

Y a-t-il une cause qui vous tient particulièrement à cœur ?
La musique comme thérapie. Elle permet de créer des contacts entre les êtres humains et de soulager des problèmes psychologiques chez les individus.

Propos recueillis par Hervé Casini (20 octobre 2020)

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Clelia CafierointerviewsOpéra de Marseille
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Hervé Casini

Hervé Casini est diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence, docteur en littérature française à Aix-Marseille Université et Secrétaire Général du Museon Arlaten (Musée d’ethnographie provençale). Collaborateur de diverses revues (Revue Marseille, Opérette-Théâtre Musical, Résonances Lyriques…), il anime un séminaire consacré au « Voyage lyrique à travers l’Europe (XIXe-XXe siècle) à l’Université d’Aix-Marseille et est régulièrement amené à collaborer avec des théâtres et associations lyriques dans le cadre de conférences et colloques.

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