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Marie-Nicole Lemieux et Sarah Nemtanu au TCE : un hommage à Maurice Ravel empreint de séduction.

par Ivar kjellberg 8 mars 2025
par Ivar kjellberg 8 mars 2025
© Geneviève Lesieur
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Pour cette soirée au TCE, Cristian Macelaru met à l’honneur le Ravel séducteur et « danseur » avec des morceaux aux consonances folkloriques ou orientalistes, style auquel nombre de compositeurs ont succombé, et parfois pour le meilleur comme avec la Shéhérazade donnée ce soir avec la chanteuse québécoise Marie-Nicole Lemieux. La soirée s’inscrivait dans l’une des représentations données dans le cadre de la célébration des 150 ans de la naissance du compositeur, menée caisse claire battante par l’Orchestre National de France, avec certaines de ses œuvres les plus emblématiques.

Il est fascinant de constater à quel point la musique de Maurice Ravel n’a en rien perdu de sa force évocatrice et de sa modernité, plus de 80 ans après la mort du compositeur. Ravel, qui reste toujours dans l’actualité, avec un film récent retraçant la création du fameux Boléro (Bolero d’Anne Fontaine), un des morceaux de musique classique les plus joués au monde, mais aussi la fin d’une bataille judiciaire acharnée entre la SACEM et les ayants-droits de Ravel, finalement déboutés par le Tribunal de Nanterre.

Il est difficile d’embrasser d’un seul regard toute l’étendue du génie musical protéiforme de Ravel : des concertos, des mélodies d’origine folklorique, de la musique de chambre, de l’opéra, des musiques de ballet,… Ravel ne s’est jamais limité à un seul style ou une seule façon d’écrire ou de jouer, même sur des trames les plus simples : la fameuse Valse par exemple, est bien loin de n’être qu’une simple valse, elle possède à la fois une orchestration complexe, un défi de nuances formant presque une structure narrative, tellement le tourbillon final déborde de la forme simple de départ.

Après un Alborada del gracioso piquant, rendu dans sa forme orchestrale et venant donner le ton à la soirée : quelque part entre une séduction aux contours indistincts et la frénésie du mouvement, l’Orchestre National de France vient apporter son talent à l’accompagnement de deux artistes dans cette première partie : la contralto Marie-Nicole Lemieux, et la violoniste Sarah Nemtanu.

La Shéhérazade de Lemieux est ensorcelante, sensuelle sans effet d’éclat au-delà de l’intention de séduire et d’emporter le spectateur dans son sillon. Sur des rythmes lancinants, et avec l’intonation exacte donnant au chant des allures d’incantation, la chanteuse invoque « l’Asie » comme un souvenir qu’elle chercherait à matérialiser sur scène : malgré une partition difficile pour sa tessiture, la contralto laisse s’envoler des aigus un peu secs mais passionnés. La voix caractéristique de Marie-Nicole Lemieux, au medium dense et charnel à laquelle l’Orchestre National de France sert d’écrin, séduit particulièrement sur « La Flûte enchantée », et illumine cette œuvre à l’atmosphère suspendue, avec sa diction impeccable et le soin apporté au texte dans « L’indifférent ».

Comme pour clore ce voyage brumeux, Sarah Nemtanu entame, seule, l’introduction de la « Tzigane pour violon et orchestre » annonçant très vite le crescendo virtuose où toute la fièvre tzigane vient donner un corps et une finalité à la rêverie orientale qui l’a précédée, avec une montée vertigineuse et espiègle des notes jusqu’au final, comme le dernier mouvement d’une chorégraphie brusque et saccadée.

Sarah Nemtanu- © Marco Borggreve
Cristian Măcelaru - © Christophe Abramovitz

Sans solistes cette fois-ci, l’orchestre revient après l’entracte pour la « Rhapsodie espagnole ». Métissée de véritables rythmes espagnols et d’autres recréés par le compositeur, cette œuvre illustre la difficulté à saisir toute l’ampleur des contrastes et contradictions de Ravel : des rythmes marqués de danse, très identifiables et empreints de folklore mais des orchestrations modernes et des ruptures rythmiques donnant à l’orchestre un rôle déterminant dans l’envolée culminante des morceaux, passant d’une molle paresse comme plaisir coupable (la Habanera) à une frénésie presque démesurée (Feria), le tout ici avec une direction d’orchestre précise de la part de Cristian Macelaru, et à la séduction sournoise, les musiciens suivant parfaitement les changements d’inflexion et de ton.

Venant clore la soirée, le fameux Boléro, aussi entêtant dans sa mélodie qu’indistinct dans sa représentation : danse des sept voiles ou corrida aux accents militaires avec cette caisse claire venant prendre l’espace et embarquer chaque instrument avec elle. L’orchestre fait de même avec le public accroché à chaque phrase répétée inlassablement d’instrument en instrument jusqu’à l’incroyable crescendo amené savamment et avec gourmandise par le chef d’orchestre.

Ce qui caractérise Ravel dans les œuvres présentées au cours de cette célébration au TCE, c’est cette volonté d’emmener le public vers un but inconnu, et de le dérouter avec de fausses indécisions mélodiques, cherchant à mieux le perdre pour le surprendre à l’arrivée. Le public a justement fait confiance à l’ONF et a accepté de voyager, peu importait la destination !

Les artistes

Orchestre National de France, dir. Cristian Măcelaru
Marie-Nicole Lemieux, contralto
Sarah Nemtanu, violon

Le programme

Ravel  

Alborada del gracioso, Shéhérazade, Tzigane, 
Rapsodie espagnole, Boléro  
Paris, Théâtre des Champs-Élysées, concert du mercredi 5 mars 2025.

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Marie-Nicole LemieuxCristian MăcelaruOrchestre National de Francesarah nemtanu
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Ivar kjellberg

Habitué de longue date du TCE et pianiste amateur, Ivar Kjellberg est venu à l'art lyrique grâce à ses parents, qui faisaient sonner Wagner dans tout l'immeuble pour l'amuser ! Grand fan des interprètes des années 70 et de l'opéra allemand, Ivar peut écouter en boucle les disques d'Edda Moser et d'Hermann Prey avant d'enchaîner... sur un bon Offenbach !

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