À la une
La magie invaincue d’Alcina à l’Opéra de Montpellier
Vanessa de Barber à Lisbonne : saudade américaine
Iphigénie en Tauride à l’Opéra Comique : la modernité de...
Aida à l’Opéra Bastille : seconde distribution et quelques surprises
Un Trouvère sensationnel à Plaisance, avec une prodigieuse Teresa Romano...
Trovatore strepitoso a Piacenza, con una prodigiosa Teresa Romano come...
Rigoletto triomphe à Plaisance et donne le coup d’envoi d’une...
Rigoletto trionfa a Piacenza e dà inizio a una trilogia...
Se préparer à ROBINSON CRUSOÉ, Théâtre des Champs-Élysées, 03-14 décembre...
Rome : Le Journal d’un disparu / La Voix humaine, un...
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

Compte renduRécitalVu pour vous

Marie-Laure Garnier et ses complices chambristes à l’Opéra d’Avignon

par Sabine Teulon Lardic 13 janvier 2023
par Sabine Teulon Lardic 13 janvier 2023
© Capucine de Choqueuse
0 commentaires 4FacebookTwitterPinterestEmail
1,5K

Croire en la puissance expressive de la musique de chambre romantique française… Les jeunes interprètes réunis autour du soprano Marie-Laure Garnier et de la pianiste Célia Oneto Bensaïd le démontrent avec fougue ou subtilité sur le plateau de l’Opéra Grand Avignon. Le public y souscrit pleinement, bien que l’affluence ne soit pas au rendez-vous. 

Une sélection poétique et musicale

Unir César Franck et Ernest Chausson dans un programme chambriste : c’est une initiative heureuse, fruit de la résidence de la jeune pianiste Célia Oneto Bensaïd à l’Opéra Grand Avignon. Le fameux Quintette en fa mineur pour cordes et piano de César Franck (1880), pièce maîtresse du romantisme francophone, est entouré d’un portique de mélodies d’Ernest Chausson, son contemporain et émule. En 2023, cette programmation est la quasi transposition d’une séance de la Société nationale de musique, foyer du renouveau musical après 1870.

La sélection poétique des mélodies mise sur le raffinement précieux du poète Charles Cros dans La Chanson perpétuelle (1898), interprétée en lever de rideau, puis sur le symbolisme du Poème de l’amour et de la mer (1892) sous les vers désenchantés de Maurice Bouchor, ami de Chausson. Cette mélodie pour voix et orchestre paraît ici dans la transcription pour soprano et quintette de Franck Villard. Le miracle d’un concert au programme calibré s’incarne dans la connexion des pièces entre elles, qui se réfléchissent telles des miroirs pour l’auditeur auditrice. Ce soir, les pièces vocales tissent des interférences poétiques avec chacun des trois mouvements du Quintette. Notamment, les courbes alanguies du 1er mouvement renvoient au « grand frémissement » de la Chanson perpétuelle, alors que l’agitation de l’Allegro final se réfléchit sur les paysages maritimes ou intérieurs du Poème de l’amour, dans une tension aussi dramatique. L’autre point commun des œuvres réside dans un aspect d’écriture que tout auditeur peut appréhender sans en connaître le principe, ni même le nom. Le procédé cyclique (unification de plusieurs mouvements d’une œuvre par une cellule matrice) enrobe le cycle de mélodies de Chausson, comme les mouvements du Quintette, ce qui enrichit notre écoute.

L’interprétation d’une rare sensibilité

Si l’auditoire perçoit toutes ces interférences, c’est grâce à la rare complicité d’ex-étudiants du Conservatoire national Supérieur de Musique de Paris. Les six musicien.ne.s se retrouvent autour du duo que forment Marie-Laure Garnier (soprano) et Célia Oneto Bensaïd (chambriste elle-même lauréate de nombreux prix internationaux). Toutes deux spécialisées dans la mélodie française, elles sont lauréates du Concours Nadia et Lilli Boulanger (2017). Quant au Quatuor Hanson, fondé en 2013, sa discographie déjà récompensée dévoile son approche pertinente en tout terrain (de J. Haydn à George Crumb) tandis que leur jeu ménage l’égalité des partenaires. Cette égalité des quatre archets est autant « orchestrale » dans le Quintette qu’intimiste dans les dialogues individuels qu’ils entrelacent au chant. Tout au plus peut-on regretter que le subtil violoncelle (solo de l’admirable interlude du Poème de Chausson) soit un peu éclipsé par les basses volumineuses du piano à queue dans le Quintette.

Le soprano lyrique Marie-Laure Garnier (native de Kourou) porte haut les couleurs de la Guyane française depuis ses récompenses successives (voir notre Interview en ligne) la conduisant aux Victoires de la musique (2021). Comment résumer avec des mots la maîtrise du souffle, le timbre charnu (grave), clair (médium), devenant amplement lyrique (aigu) tandis que sa présence sculpturale demeure en retrait des quartettistes sur la scène ? Cependant, ce qui captive davantage, c’est la manière dont elle soumet sa ligne de chant au texte poétique et à sa prosodie (moins performante dans l’aigu). Autant les vagues vocales déferlent en osmose des instruments dans le premier volet de triptyque (La fleur des eaux), autant la subtile conduite sans vibrato se fond dans le tissu des cordes sur les vers : « Ce mot fatal écrit dans ses grands yeux, l’oubli ». Enfin la séquence conclusive du Temps des lilas offre une fin suspendue, smorzando, d’un dépouillement émouvant. Les six interprètes sont récompensés par un LONG silence de l’auditoire, état de grâce avant les applaudissements.

Voici donc d’authentiques ambassadeurs de la mélodie française. Ambassadeurs généreux puisque leur bis nous gratifie d’une mélodie enjouée, issue de La Bonne chanson de Gabriel Fauré – L’hiver a cessé. En Avignon en janvier, c’est presque la réalité avec le réchauffement climatique …

Les artistes

Marie-Laure Garnier, soprano
Célia Oneto Bensaïd, piano

Quatuor Hanson : Anton Hanson, Jules Dussap, Gabrielle Lafait, Simon Dechambre

Le programme
  • César Franck, Quintette avec piano en fa mineur
  • Ernest Chausson, Chanson perpétuelle 37; Le Poème de l’amour et de la mer op. 19 (transcription pour voix haute et quintette de F. Villard

Concert du 10 janvier 2023, Opéra Grand Avignon

 

image_printImprimer
Marie-Laure Garnier
0 commentaires 4 FacebookTwitterPinterestEmail
Sabine Teulon Lardic

Sabine Teulon Lardic est chercheure à l'université de Montpellier 3. Spécialiste de l'opéra-comique du XIXe siècle et des spectacles lyriques dans les Théâtres de plein air (XIXe-XXIe siècles), elle a collaboré aux volumes collectifs de Carmen Abroad (Cambridge Press), The Oxford Handbook of the Operatic Canon (Oxford Press), Histoire de l'opéra français, t.3 (Fayard, 2022). Elle signe également des articles pour les programmes de salle (Opéra-Comique, Opéra de Montpellier) ou la collection CD du Palazzetto Bru Zane.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
Rencontre avec MARIE-LAURE GARNIER, étoile montante du chant français
prochain post
Variations secrètes, mélodies pour voix, violon et piano – Aujourd’hui comme hier

Vous allez aussi aimer...

La magie invaincue d’Alcina à l’Opéra de Montpellier

5 novembre 2025

Vanessa de Barber à Lisbonne : saudade américaine

4 novembre 2025

Iphigénie en Tauride à l’Opéra Comique : la...

4 novembre 2025

Aida à l’Opéra Bastille : seconde distribution et...

3 novembre 2025

Un Trouvère sensationnel à Plaisance, avec une prodigieuse...

2 novembre 2025

Trovatore strepitoso a Piacenza, con una prodigiosa Teresa...

2 novembre 2025

Rigoletto triomphe à Plaisance et donne le coup...

1 novembre 2025

Rigoletto trionfa a Piacenza e dà inizio a...

1 novembre 2025

Rome : Le Journal d’un disparu / La Voix...

30 octobre 2025

Quand la musique s’envole mais que la scène...

27 octobre 2025

En bref

  • Les brèves d’octobre –

    27 octobre 2025
  • Les brèves de septembre –

    29 septembre 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

Édito


  • Édito d’octobre –
    « O, mia musica, si bella e perduta… » : quand le cas Venezi révèle un malaise plus profond concernant les arts et la musique en Italie

    2 octobre 2025

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Sabine Teulon Lardic dans Rigoletto trionfa a Piacenza e dà inizio a una trilogia popolare fedele all’originaria partitura
  • Renza dans Trovatore strepitoso a Piacenza, con una prodigiosa Teresa Romano come Azucena
  • Luciano barilli dans Rigoletto triomphe à Plaisance et donne le coup d’envoi d’une trilogie populaire fidèle à la partition originale
  • Renza dans Rigoletto triomphe à Plaisance et donne le coup d’envoi d’une trilogie populaire fidèle à la partition originale
  • Stéphane Lelièvre dans SCALA DE MILAN : découvrez la richissime saison 2025-2026 !

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

La magie invaincue d’Alcina à l’Opéra...

5 novembre 2025

Vanessa de Barber à Lisbonne : saudade...

4 novembre 2025

Iphigénie en Tauride à l’Opéra Comique...

4 novembre 2025