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AMBIANCE DE NUIT « VERDIENNE » AUX CHOREGIES D’ORANGE !

par Hervé Casini 25 juillet 2021
par Hervé Casini 25 juillet 2021

© Corinne Le Gac

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Crédit photos : © Corinne le Gac

L’annulation pour raison de crise sanitaire, il y a quelques mois, du concert des forces orchestrales et chorales du Teatro alla Scala a nécessité l’organisation rapide d’un évènement musical qui, en l’absence de second ouvrage lyrique pour cette édition 2021 des Chorégies, devait donc équilibrer le Samson et Dalila donné en ouverture. Pari en partie tenu.

Un public venu voir et écouter son idole…

Avant même que le concert ne commence, l’oreille attentive du chroniqueur estival comprend vite qu’une grande partie du public est là pour retrouver « son » ténor, le plus célèbre autour du monde que connait l’hexagone, après plus de trente ans de carrière : Roberto Alagna.

La sympathie extrême, la générosité, la simplicité, ce côté « proche du public » ne sont plus à rappeler quand on parle d’Alagna, tant ces qualités demeurent invariablement attachées à la personnalité du ténor franco-sicilien. De fait, il est toujours difficile pour le critique de rendre compte d’un évènement qui a soulevé un tel enthousiasme et pour lequel, au final, le compte n’y est pas… tout à fait.

Et pourtant, quel écrin musical pour des artistes que la somptueuse phalange de l’orchestre national de Lyon !

L’Orchestre National de Lyon en grande forme…

Dirigé avec maitrise et sensibilité, dès l’ouverture de La Force du Destin, par le chef russe Konstantin Tchoudovski – dont on avait pu découvrir la maestria dans Boris Godounov à Monaco -, les forces lyonnaises sont au meilleur dans une soirée où les pages orchestrales au programme sont pourtant, le plus souvent, ultra-connues ! Après La Forza, c’est la sinfonia des Vêpres Siciliennes qui ouvre la deuxième partie, ce qui n’empêche pas de goûter, à l’occasion, des instrumentistes de haut vol (clarinette solo dans l’introduction de l’air d’Alvaro « La vita è inferno all’infelice », premier violon dans le concertino du prélude de l’acte III des Lombardi) et une rigueur d’ensemble qui force le respect même si, dans certaines œuvres au programme, un certain souffle « risorgimental » manque un peu…

C’est cependant l’absence de Chœur que, pour une soirée consacrée à un maître qui a tant écrit pour eux, nous avons peut-être le plus regrettée, mais certains pourront dire que l’absence de soprano et de mezzo était également regrettable, pour les mêmes raisons… : raison de plus pour appeler de nos vœux un « Épisode II » dans les prochaines éditions du festival !

Dans l’évolution vocale qui est devenue la sienne, le choix d’Alvaro pour débuter le concert n’est pas saugrenu pour Roberto Alagna. Comme souvent, les qualités de prononciation et de style, l’intelligence du texte sont évidentes dès les premières phrases. On les retrouvera tout au long de la soirée dans l’air de Rodolfo « Quando le sere al placido », extrait de Luisa Miller, avec ces magnifiques inflexions du personnage découvrant la pseudo-trahison de la femme aimée puis dans les pages de Don Carlo, dont, avec un tel styliste, on pourra d’autant plus s’étonner du choix de la version italienne au détriment de l’original français ?!

Au-delà du style, il faut cependant se rendre à l’évidence : la couleur de la voix d’Alagna ne correspond guère à ce que l’on peut attendre du ténor spinto souhaitable pour La Forza et dès que le ténor arrive dans le haut du médium et, plus encore, dans l’aigu, malgré toute la prudence dont il sait faire preuve, sa voix change de couleur, avec des inflexions pas toujours agréables. Plus regrettable, les mêmes difficultés d’émission se retrouvent dans les airs de Luisa Miller et de Don Carlo alors que ces pages s’inscrivent davantage dans sa vocalité authentique de ténor lyrique.

Une interrogation : qu’est-ce qui a pu pousser au choix de faire chanter la partie d’Ezio dans le duo d’Attila par le ténor alors même que l’on disposait d’un baryton, voix pour lequel ce rôle a toujours été écrit ?

On attendait justement avec impatience de retrouver Ludovic Tézier, après son mémorable Athanaël monégasque, surtout dans un répertoire particulièrement magnifié par son récent album Verdi. Pourtant familier du théâtre antique, le baryton ne nous a pas semblé totalement faire sienne l’immensité des lieux et n’a pas suscité l’enthousiasme qui constitue pourtant, dans le monde entier, le dénominateur commun de ses apparitions. Si les sonorités moirées de la voix continuent à séduire (en particulier dans la scène du tombeau d’Ernani puis dans les extraits de Don Carlo, dont on regrettera cependant l’absence de la scène de la mort de Posa), un manque de mordant dans le « Cortigiani, vil razza dannata » nous laisse quelque peu sur notre faim. Il y a des soirs sans.

Véritable triomphateur de la soirée, pour ce qui nous concerne : Ildar Abdrazakov. Pour ses premières Chorégies, la basse russe – récent Boris à Monaco – ne fait pas le choix de la facilité en mettant au programme air et cabalette d’Oberto, extrait du premier opus verdien. Comme souvent, dans ce type d’emploi – tout comme dans Attila – la basse russe fait preuve de cette fierté dans l’accent et de cette assurance dans la vocalise qui, d’emblée, force le respect et retient l’attention dans la nuit d’Orange.

Mais c’est évidemment dans le manteau royal de Philippe II qu’Ildar Abdrazakov émeut le plus et donne à entendre à un public, pas forcément connaisseur, une version d’anthologie d’« Ella giammai m’amò ». Sans doute, le moment le plus verdien de la soirée.

Devant un public de toute façon conquis d’avance, nos trois attachants interprètes laissent Verdi de côté le temps des bis : Ludovic Tézier émeut particulièrement dans « La quête » de L’homme de la Mancha, Ildar Abdrazakov allume la mèche dans Les yeux noirs et, last but not least, Roberto Alagna choisit Funiculì Funiculà pour achever d’enflammer un théâtre antique debout lorsque le ténor reprend avec ses camarades l’inépuisable chanson napolitaine. Malèna rejoint son papa sur scène, clôturant dans une atmosphère familiale bien agréable cette nuit « verdienne ».

Les artistes

Roberto Alagna, ténor
Ludovic Tézier, baryton
Ildar Abdrazakov, basse

Orchestre national de Lyon, direction : Konstantin Tchoudovski

Le programme

Giuseppe Verdi (1813-1901)

La forza del destino
– ouverture
– air d’Alvaro « La vita è inferno all’infelice… »
– duo Alvaro-Carlo « Solenne in quest’ora »

Oberto, conte di San Bonifacio
– air d’Oberto « Ei tarda ancor! L’orror del tradimento »

I Lombardi alla prima crociata
– prélude de l’acte III

Rigoletto
– air de Rigoletto « Cortigiani, vil razza dannata »

Attila
– duo Attila-Ezio « Tardo per gli anni, e tremulo »

Les Vêpres siciliennes
– ouverture

Don Carlo
– duo Filippo II-Rodrigo « Restate! Presso alla mia persona… »
– air de Filippo II « Ella giammai m’amò »

Luisa Miller
– air de Rodolfo « Quando le sere al placido »

Ernani
– air de Carlo « Gran’ Dio!… Oh, de’verd’anni miei »

Macbeth
– prélude

Don Carlo
– Un moine « Ei voleva regnare sul mondo »
– air de Carlo « Io l’ho perduta »
– duo Carlo-Rodrigo « E lui!… desso!… l’Infante! O mio Rodrigo! »

Théâtre antique d’Orange, samedi 24 juillet 2021

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Ludovic TézierRoberto AlagnaIldar AbdrazakovKonstantin Tchoudovski
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Hervé Casini

Hervé Casini est diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence, docteur en littérature française à Aix-Marseille Université et Secrétaire Général du Museon Arlaten (Musée d’ethnographie provençale). Collaborateur de diverses revues (Revue Marseille, Opérette-Théâtre Musical, Résonances Lyriques…), il anime un séminaire consacré au « Voyage lyrique à travers l’Europe (XIXe-XXe siècle) à l’Université d’Aix-Marseille et est régulièrement amené à collaborer avec des théâtres et associations lyriques dans le cadre de conférences et colloques.

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