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Aida revient à l’Opéra Bastille dans la mise en scène de Shirin Neshat

par Camillo Faverzani 27 septembre 2025
par Camillo Faverzani 27 septembre 2025

© Bernd Uhlig – Opéra national de Paris

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Aida, Opéra Bastille, 24 septembre 2025

Une conception très raffinée en coproduction avec le Festival de Salzbourg

Une fantasmagorie de couleurs ou leur absence pour dépeindre pouvoir et soumission

Amplement modifiée et adaptée aux besoins de la salle, l’Aida conçue pour le Festival de Salzbourg de 2017 par Shirin Neshat fait son entrée à l’Opéra national de Paris, coproducteur en même temps que le Teatre del Liceu de Barcelone où elle n’a pas encore été jouée et n’est guère programmée pour l’instant. Elle vient remplacer celle de 2013 imaginée par Olivier Py. C’est la première expérience de la vidéaste iranienne dans l’univers de l’opéra et, pour le moment, son unique incursion. Disons d’emblée qu’il s’agit, à notre sens, d’une mise en scène très raffinée, racontant certes une histoire parallèle à celle de la captive éthiopienne, tout en restant très sobre dans sa modernisation et présentant des situations atemporelles, pouvant être issues de l’Égypte de l’Antiquité, du XIXe siècle verdien, comme de l’actualité la plus récente.

Le rideau se lève ainsi sur un plateau très épuré où trône un cube rotatif (décors de Christian Schmidt), symbole des lieux de pouvoir, des Pharaons donc – nous dit la réalisatrice dans le programme de salle –, lorsque les Éthiopiens, aux origines mystérieuses, se retrouvent davantage dans les paysages désertiques véhiculés par les projections (vidéos de Shirin Neshat elle-même). Telle cette image de femme en slip allongée sur une plage, à l’acte I, que l’on retrouve en chair et en os à l’acte II, faisant l’objet d’un sacrifice humain, à l’instar du bouc qu’égorge Radamès après son investiture. Ou ce pillage d’un village, assorti des violences habituelles des soldats contre les civils, qui, à la scène, se déshabillent pour leur exécution, malgré l’intercession du capitaine. Et encore cette plage où se prépare l’enterrement des précédentes victimes. La mer étant peut-être le dernier espoir, une barque favorisant l’exil au tomber du rideau.

Tous les prisonniers sont habillés en noirs, dont une mise plus courte, assez ingrate, pour l’héroïne, mais également le cortège plus suggestif de personnages voilés, arborant une lampe pendant la scène du triomphe. Tandis que pour les Égyptiens s’étale une fantasmagorie de couleurs, associées à la puissance (costumes de Tatyana van Walsum). Amneris apparaît alors dans une robe rouge, entourée de quelques jeunes filles en combinaison blanche que l’on retrouve en plus grand nombre au début de l’acte II, dans une sorte de gynécée de harem. Tableau au cours duquel la fille du roi revêt d’abord le blanc, sorte de Vénus anadyomène s’apprêtant à enfiler à nouveau la tenue rouge qu’elle avait auparavant troquée pour une toilette jaune, afin de séduire Radamès. La foule des ministres, au fez rouge et en blouse blanche, contraste avec le noir des prêtres, à l’allure de popes orthodoxes, et avec le rouge et or des prêtresses. Le blanc de la princesse revient lors de la visite au temple de l’acte III et dans la scène du sacrifice. Les guerriers, en revanche, endossent un uniforme très contemporain, comme le sont d’ailleurs leurs armes.

Précisons néanmoins que les changements de décors ralentissent quelque peu l’action, alors que ce n’est pas vraiment nécessaire : cela doit permettre un défilé de personnages voilés portant de l’encens en procession, avant la scène du temple de Vulcain de l’acte I, ou la projection de visages, tantôt de jeunes gens, tantôt de vieillards, de jambes, de pieds ou de corps tatoués de batailles persanes ou de textes calligraphiés.

Où est Aida ?

Sur le plan vocal, puisqu’il a la lourde tâche d’ouvrir le bal, relevons que le Radamès de Piotr Beczała – qui connaît bien cette production pour y avoir participé lors de la reprise salzbourgeoise de 2022 – ne connaît aucun trac. Stentorien dès son entrée, il sait merveilleusement conjuguer une articulation exemplaire et un volume impressionnant, son aisance dans la montée vers le haut de registre étant presque insolente. La palette chromatique qu’il sait irradier au moment de son investiture est à arracher des larmes ; ses interventions au sein du finale II étant tout bonnement stratosphériques. Rayonnant dans le duo du Nil, il n’est pas sans rappeler Franco Corelli dans la strette, toute sa prestation au cours du finale III étant décidément très flamboyante.

Revenant elle aussi de Salzbourg, l’Amneris rusée d’Ève-Maud Hubeaux se hisse sur les mêmes cimes, sachant à son tour associer une élocution exceptionnelle et une ampleur sans réserve dès le premier duo avec Radamès. Angélique lors du recueillement ouvrant l’acte III, elle donne à son partenaire une réplique digne de ce même niveau d’excellence, au début de l’acte IV : après un récitatif aux teintes les plus variées, elle s’engage dans une joute à la fois scénique et vocale avec le traître, dans ce duo qui marque le sommet de la soirée, elle par la longueur du souffle et la fermeté de l’intonation, lui par la qualité de l’accent et le charme du phrasé.

Basse au beau timbre grave, Alexander Köpeczi campe un Ramfis impressionnant, notamment dans la scène de l’élection de Radamès, puis caverneux à souhait dans le tableau de l’investiture, en établissant un contraste efficace avec le chœur, bien qu’une fatigue passagère se manifeste au finale II. Amonasro élégant, Roman Burdenko se distingue par la noblesse du ton dès son entrée en jeu, son éclat se révélant tout de même assez limité dans les retrouvailles avec sa fille. Roi plutôt engorgé et à la diction perfectible, Krzysztof Bączyk assume son rôle sans démériter. Tandis que Manase Latu incarne un messager idiomatique à la projection toutefois réduite et Margarita Polonskaya donne vie à une prêtresse crystalline.

Et Aida dans tout cela ? Force est de constater que l’héroïne est la grande absente de la représentation. Rien de scandaleux, bien entendu. Saioa Hernández est une professionnelle expérimentée et connaît son rôle à la perfection. Cependant, un manque certain de passion ne lui permet pas d’investir entièrement son personnage. Malgré un aigu vaillant, elle apparaît très en retrait pendant le trio avec son bien-aimé et sa rivale. Son premier air laisse transparaître un manque flagrant de legato et un vibrato excessif, derrière l’ampleur de l’instrument et quelques belles variations de couleur, certains écarts la mettant presque en difficulté avec la justesse. Elle s’ouvre néanmoins dans le duo avec son antagoniste, surtout après l’annonce de la mort de Radamès, puis dans l’invocation à la pitié dont se dégage une certaine émotion. La ligne mélodique se fait alors plus sûre. Royale, Amneris lui donne une réplique époustouflante d’insinuation et de menace, son chant syllabique dans l’aparté se nourrissant de teintes confondantes. Le duo avec Amonasro fonctionne plutôt bien et donne vie au drame, ne seraient-ce quelques sons tubés peu avenants. Dans les affres de la mort, elle fait preuve d’une bonne maîtrise des moments de transition, face à un Radamès saisissant de naturel.

Une direction privilégiant le flux et la douceur à l’effet facile

Si importants dans Aida, les chœurs sont réglés au cordeau tout au long de la soirée, la cadence parfaite des femmes se singularisant lorsqu’elles sont appelées à seconder les doutes d’Amneris. Un contraste prodigieux ressort par la suite de la scène triomphale, entre voix féminines et masculines, le chœur des prêtres clôturant les événements dans une mise en abyme bouleversante.

Ce même tableau du triomphe est aussi le point d’orgue de la direction de Michele Mariotti, privilégiant de bout en bout le flux et la douceur à l’effet facile. C’est vraisemblablement l’idée du chef d’inviter sur le plateau les fameuses trompettes, puisque les musiciens ne sont pas costumés : le dialogue qui s’instaure entre les tonalités plus sobres et l’éclat de la victoire n’en résulte que plus concluant.

Le public lui en sait gré qui lui adresse une ovation aux salutations finales, ainsi qu’aux chanteurs et à Shirin Neshat qui, connaissant sans doute l’accueil que réserve le public parisien à nombre de ses confrères les soirs de première, semble hésiter si Piotr Beczała ne venait presque l’enlever !!! Récompense d’autant plus méritée que la metteure en scène dit s’identifier à l’exil et au déracinement de l’héroïne.

À propos de la distribution, une brève réflexion en guise de conclusion. Il nous arrive régulièrement de lire, surtout dans la presse écrite, la réaction de nos collègues déplorant l’absence d’interprètes francophones dans des œuvres hexagonales, même du répertoire. Ce soir, à part le chef, aucun des artistes n’est italien. Si mes souvenirs sont bons, cela était aussi le cas du Rigoletto du printemps dernier et pas uniquement. Quoi de mieux pour une œuvre de rallier les nationalités les plus disparates autour de sa musique et de sa langue !!! C’est aussi de cela que se nourrit une certaine forme d’universalité…

Pour les amateurs, une diffusion est prévue sur France Musique le 8 novembre à 20h, puis en streaming, tandis qu’une captation vidéo sera diffusée dès le 10 octobre à 19h30 sur Paris Opéra Play.

Les artistes

Il Re : Krzysztof Bączyk
Amneris : Ève-Maud Hubeaux
Aida : Saioa Hernández
Radamès : Piotr Beczała
Ramfis : Alexander Köpeczi
Amonasro : Roman Burdenko 
Un Messaggero : Manase Latu
Sacerdotessa : Margarita Polonskaya

Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris, dir. Michele Mariotti et Ching-Lien Wu
Mise en scène : Shirin Neshat
Décors : Christian Schmidt
Costumes : Tatyana van Walsum
Lumières : Felice Ross
Chorégraphie : Dustin Klein
Dramaturgie : Yvonne Gebauer

Le programme

Aida

Opéra en quatre actes de Giuseppe Verdi, livret d’Antonio Ghislanzoni, créé à l’Opéra khévidal du Caire le 24 décembre 1871.
Paris, Opéra Bastille, représentation du mercredi 24 septembre 2025.

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Ève-Maud HubeauxMichele MariottiSaioa HernandezRoman BurdenkoPiotr BeczalaShirin Neshat
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Camillo Faverzani

Professeur de littérature italienne à l’Université Paris 8, il anime le séminaire de recherche « L’Opéra narrateur » et dirige la collection « Sediziose voci. Studi sul melodramma » aux éditions LIM-Libreria musicale italiana de Lucques (Italie). Il est l’auteur de plusieurs essais sur l’histoire de l’opéra. Il collabore également avec des revues et des maisons d’opéra (« L’Avant-scène Opéra », Opéra National de Paris).

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