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Nouvelle distribution d’exception pour le Rigoletto de l’Opéra Bastille

par Camillo Faverzani 11 mai 2025
par Camillo Faverzani 11 mai 2025

© Benoîte Fanton – Opéra national de Paris

© Benoîte Fanton – Opéra national de Paris

© Benoîte Fanton – Opéra national de Paris

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Deuxième série de Rigoletto cette saison à l’Opéra national de Paris, dont la distribution est entièrement renouvelée, sauf pour quelques rôles mineurs, issus le plus souvent de la troupe lyrique de l’établissement. Lors de notre compte rendu du 1er décembre dernier, nous avions ironisé sur la pilosité plus que récurrente des visages de la presque totalité des personnages masculins. Entre temps, il se sont tous rasés, du moins pour les deux rôles principaux. La mise en scène de Claus Guth étant bien connue de nos lecteurs, nous ne reviendrons que ponctuellement sur quelques détails au cours de l’analyse de la prestation musicale.

Déjà duc sur ce même plateau il y a un peu plus de trois ans, Dmitry Korchak affiche ce soir une santé vocale à toute épreuve, ne soulevant même plus les légères réserves qu’avait avancées notre confrère en octobre 2021. Ainsi, si sa ballata de l’introduction paraît quelque peu sur la réserve quant à sa projection – question de se chauffer la voix, le séducteur ayant la tâche ingrate d’ouvrir le bal –, d’emblée se singularise-t-elle à la fois par une ligne de premier ordre et par une diction remarquable. Mais c’est surtout à partir de son air de l’acte II que cet interprète d’exception semble prendre un malin plaisir à étaler des moyens extrêmement étendus, et ce sans hésitation aucune. Impérieux dans le récitatif, à l’élocution incroyablement soignée et aux pianissimi prodigieux, il insuffle le cantabile d’accents passionnés, avant la fougue d’une cabalette au volume croissant, chantée dans son intégralité, avec reprise. Il en va de même de la chanson à boire de l’acte III, devenue dans cette production une chanson à sniffer, qu’il aborde avec peut-être trop de noblesse, même lors des réitérations, quand il se retire avec Maddalena ou au réveil. Ainsi du quatuor qui suit aux aigus percutants… « Bella figlia dell’amore… » Il forme, par ailleurs, un couple idéal avec la Gilda de Slávka Zamečníková, notamment dans leur duo d’amour où sa vaillance dans la strette donne la réplique à la virtuosité de sa partenaire.

Dans son air de l’illusion, la soprano slovène, en prise de rôle, brille par un legato sensationnel, des trilles enivrantes et une agilité ne manquant pas d’une certaine épaisseur à la Scotto, voire à la Callas. Aérienne dans le précédent duo avec son père, en particulier grâce à des vocalises stratosphériques, elle oppose sa fragilité angélique à la gravité du bouffon qui jaillit surtout des couplets du souvenir. Les deux se retrouvant dans l’unisson des larmes de la scène des aveux, l’une émouvante dans son récit de la séduction, l’autre menaçant dans son projet de châtiment. Sublimée dans la mort, la victime suscite un dernier cri de désespoir saisissant chez ce héros à son tour trahi : « Ah! la maledizione! ».

Rigoletto au phrasé singulier et au timbre évoquant par moments les inflexions de Ludovic Tézier, George Gagnidze incarne son personnage sans réserve pendant tout le premier acte, préconisant déjà le malheur dans le duettino avec Sparafucile. Et il en serait allé de même si, après l’entracte, il n’avait annoncé qu’il était souffrant. Son air des récriminations manque sans doute d’un peu d’éclat, se réfugiant parfois dans le parlando, mais son exubérance et son intensité sont dignes de respect, tout comme son appel à la vengeance, dans la strette du duo avec sa fille. Une prestation qui serait passée indemne, même sans annonce, et dont s’accommoderaient bien nombre de ses confrères mais ne correspondant visiblement pas aux standards d’exigence de l’artiste.

Constamment doublé par le comédien Henri Bernard Guizirian, nous savons que ce Rigoletto a aussi son double chez Sparafucile, ce soir interprété par un Alexander Tsymbalyuk au beau timbre caverneux, parfaitement assorti à celui de son compère, aussi bien à l’acte I qu’à l’acte III. De même, Maddalena devient une sorte de miroir de Gilda, lorsqu’elle se replie dans les bras du figurant, formant un tableau qui suggère quelque peu Antigone auprès d’Œdipe, sinon Cordelia au secours de Lear. Question de rappeler que le drame hugolien, prenant ses distances de la tragédie classique, avait bien assimilé la leçon shakespearienne. Comme à l’automne 2021, Justina Gringytė défend avec espièglerie la sœur complice, tout en apparaissant légèrement en retrait dans un trio du coup de grâce dominé par Gilda.

Dans leur ensemble, les comprimari sont tous sans reproche, sauf peut-être la Giovanna peu audible de Seray Pinar. Une mention, en revanche, pour le Monterone de Daniel Giulianini, impressionnant dans ses deux apparitions.

Débutant à l’Opéra national de Paris, Andrea Battistoni dirige avec emphase l’orchestre maison dont ressortent le dramatisme des cordes et l’envoûtement des vents, tout particulièrement dans le prélude, ces derniers dialoguant avec le tumulte des cuivres à la scène de l’orage. Les chœurs se distinguent comme toujours par leur excellence, notamment dans le sillabato du finale I, puis dans la réplique à l’adresse du duc dans le tempo di mezzo de son grand air de l’acte II.

Pour l’anecdote, tout en sachant que nous sommes au cœur du long week-end du 8 mai, nous déplorons que l’on n’ait pu trouver quelqu’un pour couper les fils qui pendouillent de la robe de Gilda à l’acte I, donc bien avant qu’elle ne soit violentée par le duc. Peut-être n’y a-t-il pas eu de couturière avant la générale ?…

Les artistes

Rigoletto : George Gagnidze
Gilda : Slávka Zamečníková
Il Duca di Mantova : Dmitry Korchak 
Sparafucile : Alexander Tsymbalyuk
Maddalena : Justina Gringytė
Il Conte di Monterone : Daniel Giulianini
Giovanna : Seray Pinar
Marullo : Florent Mbia
Matteo Borsa : Manase Latu
Il Conte di Ceprano : Amin Ahangaran
La Contessa : Teona Todua
Paggio della Duchessa : Sofia Anisimova
Double de Rigoletto : Henri Bernard Guizirian

Orchestre de l’Opéra national de Paris, dir. Andrea Battistoni
Chœurs de l’Opéra national de Paris, dir. Ching-Lien Wu
Mise en scène : Claus Guth
Décors et costumes : Christian Schmidt
Lumières : Olaf Winter
Vidéo : Andi A. Müller
Chorégraphie : Teresa Rotemberg
Dramaturgie : Konrad Kuhn

Le programme

Rigoletto

Melodramma en trois actes de Giuseppe Verdi, livret de Francesco Maria Piave, créé au Teatro La Fenice de Venise le 11 mars 1851.
Paris, Opéra Bastille, représentation du samedi 10 mai 2025.

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Dmitry KorchakClaus GuthGeorge GagnidzeSlávka ZamečníkováAndrea Battistoni
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Camillo Faverzani

Professeur de littérature italienne à l’Université Paris 8, il anime le séminaire de recherche « L’Opéra narrateur » et dirige la collection « Sediziose voci. Studi sul melodramma » aux éditions LIM-Libreria musicale italiana de Lucques (Italie). Il est l’auteur de plusieurs essais sur l’histoire de l’opéra. Il collabore également avec des revues et des maisons d’opéra (« L’Avant-scène Opéra », Opéra National de Paris).

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