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Le Tour d’écrou à Gênes : deux Premières pour le prix d’une!

par Renato Verga 16 octobre 2024
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© Federico Pitto

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Henry James, Il giro di vite; Benjamin Britten, The Turn of the Screw. Gênes, 13 octobre 2024.

Ouverture de saison originale à Gênes, avec Le Tour d’écrou en version théâtrale puis « opératique ». Si la version lyrique l’emporte sur celle en prose, l’expérience se révèle des plus intéressantes.

Cette ouverture de saison génoise est peut-être un cas unique au monde : une fondation d’opéra et un théâtre combinent leurs synergies pour inaugurer ensemble leurs saisons respectives. En effet, le Théâtre Carlo Felice et le Théâtre National de Gênes présentent conjointement une double version – prose, opéra – du même titre le même soir : d’abord la version de la nouvelle d’Henry James The Turn of the Screw dans la traduction et l’adaptation de Carlo Sciaccaluga et ensuite, après l’entracte, l’opéra The Turn of the Screw de Benjamin Britten. L’architecte de cette opération est l’infatigable Davide Livermore, qui s’est vu décerner le lendemain un diplôme honorifique en cinéma, arts de la scène, musique et médias par l’université de Turin.

La juxtaposition des deux versions met en évidence, sur le plan littéraire, la qualité du livret de Myfanwy Piper, qui développe librement le texte original, une histoire de fantômes parue en feuilleton entre janvier et avril 1898 dans l’hebdomadaire américain Collier’s. Avec The Aspern Papers, The Turn of the Screw est la nouvelle la plus célèbre d’Henry James et le titre fait référence à ce que le narrateur dit à ses amis devant la cheminée la veille de Noël, alors qu’il s’apprête à leur raconter une nouvelle histoire de fantômes : « Si la présence d’un seul enfant donne à l’effet [d’effroi] une nouvelle tournure, que dire de deux enfants ? »…

Deux enfants sont en fait les protagonistes, Miles et Flora, confiés à une gouvernante par leur tuteur, « un jeune homme confiant, vif d’esprit et animé, seul parent des enfants », à la seule condition qu’il ne soit pas dérangé. Ce qui sera fait : le petit Miles fera disparaître la seule lettre que la gouvernante se résoudra à lui écrire, transgressant ainsi sa consigne. Outre Mme Grose, la gouvernante, les deux autres personnages, six en tout donc, sont les fantômes du domestique et de la gouvernante précédente, Quint et Miss Jessel. Une grande partie du livret de l’opéra ne se trouve pas dans le texte d’Henry James. Les ajouts de Britten et Piper s’inspirent de sources très diverses : Les chansonnettes enfantines trouvent leur source dans des comptines telles que « Lavender’s Blue » et « Tom, Tom, the Piper’s Son » ; le texte de « Malo », l’air envoûtant de Miles, est un moyen mnémotechnique pour les étudiants en latin qui joue sur les différentes significations du mot (« Malo : I’d rather be | Malo : in an apple tree | Malo : than a bad boy | Malo : in adversity ») et la phrase “the ceremony of innocence is over”, répétée par Peter Quint et Miss Jessel dans la scène II de l’acte II, est tirée du poème de W. B. Yeats.

L’opéra de Britten se compose d’un prologue et de deux actes. La partition prend appui sur un thème avec quinze variations pour un orchestre de chambre de treize musiciens – cinq cordes, contrebasse, flûte, piccolo, hautbois, clarinette, clarinette basse, basson, cor, timbales, percussions, harpe, célesta et piano. La partition est surtout riche en effets timbriques, plutôt qu’en repères mélodiques, que Riccardo Minasi, directeur musical de l’Opéra de Gênes, réalise avec habileté et un goût prononcé pour la couleur. Ainsi, les moments lyriques ou spectraux des interludes, avec les interventions du célesta, prennent vie. L’effet du piano solo dans les interprétations « mozartiennes » des petits Miles apparaît alors comme étrange…

La distribution très efficace comprend Karen Gardeazabal dans le rôle de la nouvelle gouvernante trépidante puis désespérée, que la soprano mexicaine interprète avec sensibilité et des moyens vocaux adéquats. La mezzo-soprano Polly Leech incarne avec conviction la gouvernante Mrs. Grose, tandis que Marianna Mappa est l’inquiétante Miss Jessel. Valentino Buzza incarne le rôle créé pour Peter Pears, celui de Quint, plein de mélismes bien assumés vocalement. Enfin les deux enfants, confiés à la voix de Lucy Barlow pour Flora et surtout à la celle, prometteuse d’Oliver Barlow pour Miles (le frère de Flora… pas seulement dans la fiction scénique !)

Davide Livermore présente les deux œuvres avec le même dispositif scénique, celui de Manuel Zuriaga déjà utilisé pour la production de 2017 au Palau de les Arts Reina Sofía de Valence, mais ici adaptée aux espaces du Teatro Ivo Chiesa, qui voit pour la première fois sa fosse d’orchestre utilisée. Les murs tapissés de vert foncé se déplacent pour reconstituer les différentes pièces et, à un moment, étouffent presque la pauvre gouvernante. Les perspectives varient, créant un monde irréel, avec les meubles suspendus au plafond, ou le lit sur le mur du fond, ou encore le fauteuil accroché sur le mur de droite. Les costumes de Mariana Fracasso sont magnifiques, inspirés de ceux de la pièce de théâtre des années 1950 et de ceux de l’opéra des années 1940.

La version lyrique du Tour d’écrou, qui a fait ses preuves, révèle une habileté que le temps n’a fait que renforcer, la deuxième partie du spectacle apparaissant ainsi plus convaincante que la première : le côté verbeux du texte de Sciaccaluga et la conception sonore d’Edoardo Ambrosio (avec la musique de Giua) ont en effet rendu la première partie de la soirée plus pesante. En revanche, le texte en prose a été très bien interprété par Linda Gennari (Gouvernante), Gaia Aprea (Mme Grose), Aleph Viola (Quint), Virginia Campoluce (Mlle Jessel), Luigi Bignone (Miles) et Ludovica Iannetti (Flora).

La première ayant été donnée sous une forme réduite en raison d’une grève, la matinée du dimanche 14 a été le « baptême officiel » du spectacle devant un public peut-être pas foisonnant mais prodigue en applaudissements. Lors des prochaines représentations, on pourra choisir soit la seule version en prose, soit le diptyque. La seconde option est évidemment recommandée.

Per leggere questo articolo nella sua versione originale (italiana), cliccare sulla bandiera!

Les artistes

Il giro di vite
Istitutrice : Linda Gennari
Mrs. Grose : Gaia Aprea
Peter Quint : Aleph Viola
Miss Jessel : Virginia Campolucci
Miles : Luigi Bignone
Flora : Ludovica Iannetti
Mise en scène : Davide Livermore
Décors : Manuel Zuriaga
Costumes : Mariana Fracasso
Musique : Giua
Conception sonore : Edoardo Ambrosio
Lumières : Antonio Castro

The Turn of the Screw
Quint : Valentino Buzza
The Governess : Karen Gardeazabal
Miles : Oliver Barlow
Flora : Lucy Barlow
Mrs. Grose : Polly Leech
Miss Jessel : Marianna Mappa
Orchestre de l’Opéra Carlo Felice de Gênes, dir. Riccardo Minasi
Mise en scène : Davide Livermore
Décors : Manuel Zuriaga
Costumes : Mariana Fracasso
Lumières : Antonio Castro, Nadia García

Le programme

Il giro di vite

D’après Henry James, traduction et adaptation de Carlo Sciaccaluga

The Turn of the Screw (Le Tour d’écrou)

Opéra en un prologue, deux actes et seize scènes de Benjamin Britten, livret de Myfanwy Piper d’après Henry James, créé au Teatro La Fenice de Venise le 14 septembre 1954.


Teatro Carlo Felice de Gênes, représentation du dimanche 13 octobre 2024.

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Davide LivermoreRiccardo MinasiKaren GardeazabalOliver BarlowLucy BarlowPolly LeechMarianna MappaValentino Buzza
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Renato Verga

Diplômé en Physique de l'Université de Turin, Renato Verga a toujours eu une passion immodérée pour la musique et le théâtre. En 2014, il lance un blog (operaincasa.com) pour recueillir ses critiques de DVD d'opéra, de spectacles vus partout dans le monde, de concerts, de livres sur la musique. Renato partage l'idée que la mise en scène est une partie constitutive de l'opéra lui-même et doit donc comporter de nécessaires transformations pour s'adapter à notre contemporanéité.

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