À la une
Diva ma non troppo : le public du festival de Froville...
Dans le labyrinthe des opéras de RIMSKY-KORSAKOV
À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires
Job, le procès de Dieu : création d’un opéra engagé et...
Festival du Haut-Limousin « Par les soirs bleus d’été »
La traviata à Tours : Violetta, prenez soin de vous !
Brèves de juin –
Découvrez la saison 25-26 de l’Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie
Il barbiere di Siviglia revient à l’Opéra Bastille dans la...
Dernière saison d’Alain Surrans à ANGERS-NANTES OPERA
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

ProductionCompte renduVu pour vous

Retour sur La Vestale : la Julia d’Elza van den Heever

par Camillo Faverzani 1 juillet 2024
par Camillo Faverzani 1 juillet 2024

© Guergana Damianova - OnP

© Guergana Damianova - OnP

© Guergana Damianova - OnP

© Guergana Damianova - OnP

1 commentaire 3FacebookTwitterPinterestEmail
1,1K

La Vestale, Opéra Bastille, 29 juin 2024

Le soir de la première, le 15 juin dernier,  Elza van den Heever avait été obligée de déclarer forfait pour des raisons de santé. Elle avait été remplacée haut la main par Élodie Hache. Revenue dès la troisième date, elle retrouve à la fois Julia (qu’elle avait déjà incarnée en novembre 2019 au Theater en der Wien de Vienne), Bertrand de Billy (qui avait dirigé ces mêmes représentations viennoises) et Lydia Steier (avec qui elle avait partagé l’affiche de la Salome de Strauss dans ces mêmes lieux à l’automne 2022 ). Sa prestation est suffisamment digne d’intérêt pour que l’on s’y attarde quelque peu.

Ayant déjà rendu compte de la mise en scène et des autres chanteurs, focalisons-nous surtout sur l’interprétation de la soprano sud-africaine. Dès les premières notes, sa Julia se distingue par le volume, la maîtrise de la ligne, un accent sûr et une projection franche. Parfois perfectible, sa diction est assurément très correcte. Et la posture le plus souvent hiératique. Le sens du drame transparaît dès le premier air (« Licinius, je vais donc te revoir »), la voix véhiculant d’emblée le désespoir qui imprègne le personnage. Mais c’est bien évidemment à l’acte II que Julia s’impose davantage, sa présence étant constamment appelée à la scène. Le double air d’ouverture se singularise alors par un legato exquis dans l’invocation à Vesta (« Toi que j’implore avec effroi »), tenue par une longueur de souffle inouïe et un crescendo prodigieux. Percutante dans la transition (« Sur cet autel sacré, que ma prière assiège »), l’expression atteint au paroxysme dans la requête d’intercession (« Suspendez la vengeance »). Subjuguée par la déclamation exemplaire de Michael Spyres, en constante progression, elle le suit, pour leur duo, dans une émulation trouvant son apogée dans la fluidité du phrasé et dans le sublime des notes piquées. Lumineuse dans le trio qui suit, avec le Cinna de Julien Behr, elle connaît une entente unique avec ses deux acolytes, débouchant sur une strette éblouissante. Renouvelons, en passant, notre admiration pour le duo des deux ténors – les deux baryténors ? – à l’acte I, notamment pour les fastes de l’allegro. Très intense, l’autre prière de l’héroïne (« Ô des infortunés déesse tutélaire ! »), au sein du finale II, ne se prive nullement du cri de désarroi à l’adresse du Souverain Pontife (Jean Teitjen), une grande émotion traversant le dernier air du renoncement (« Toi que je laisse sur la terre »).

Quelques précisions sur la mise en scène aussi. Ce n’est pas à une choriste que l’on confie les épanchements des adieux, comme je l’avais cru le soir de la première. En effet, c’est bien Eve-Maud Hubeaux qui chante ce court duo. Dessaisie de ses prérogatives la Grande Vestale est à son tour mise au ban et remplacée par une prêtresse plus jeune. Il faut dire que, très foisonnante – mais aussi très sombre –, la production demande une attention indéfectible pour ne pas perdre le moindre détail. De même, Licinius n’est pas poignardé mais il reçoit juste un coup de poing. Et ce que nous avions cru un arrondi du drapé, évoquant le temple de Vesta à Rome, n’est qu’un effet d’optique qui n’a pas lieu d’être lorsque l’on change d’angle visuel, comme cela a été mon cas ce soir. Il n’en reste pas moins que le tableau est très suggestif. C’est donc la Grande Vestale destituée qui rejoint le couple des amants derrière la porte vitrée pour la dernière exécution. Aux dires de ma voisine de place, ce n’est d’ailleurs qu’elle la victime, les deux jeunes gens s’étant déjà envolés vers d’autres horizons. Issue sans doute plus optimiste que celle que nous avions perçue le 15 juin. Décidemment la conception de Lydia Steier n’appelle pas seulement la réflexion : c’est une œuvre ouverte qui se prête à de multiples interprétations.

Les artistes

Julia : Elza van den Heever
Licinius : Michael Spyres
La Grande Vestale : Eve-Maud Hubeaux
Cinna : Julien Behr
Le Souverain Pontife : Jean Teitjen
Le Chef des Aurispices, un Consul : Florent Mbia

Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris (Ching-Lien Wu), dir. Bertrand de Billy

Mise en scène : Lydia Steier
Décors : Étienne Pluss
Costumes : Katharine Schlips
Lumières : Valerio Tiberi
Dramaturgie : Olaf A. Schmitt

Le programme

La Vestale

Tragédie lyrique en trois actes de Gaspare Spontini, livret d’Étienne de Jouy, créé au Théâtre de l’Académie impériale de musique de Paris le 15 décembre 1807.

Paris, Opéra Bastille, 29 juin 2024

image_printImprimer
Bertrand de BillyJulien BehrJean TeitgenEve-Maud HubeauxMichael SpyresElza van den HeeverLydia Steier
1 commentaire 3 FacebookTwitterPinterestEmail
Camillo Faverzani

Professeur de littérature italienne à l’Université Paris 8, il anime le séminaire de recherche « L’Opéra narrateur » et dirige la collection « Sediziose voci. Studi sul melodramma » aux éditions LIM-Libreria musicale italiana de Lucques (Italie). Il est l’auteur de plusieurs essais sur l’histoire de l’opéra. Il collabore également avec des revues et des maisons d’opéra (« L’Avant-scène Opéra », Opéra National de Paris).

1 commentaire

Ivonne Begotti 1 juillet 2024 - 13 h 11 min

La precisione e la scrupolosità, unite alla competenza musicale, rendono la recensione ammirevole. Complimenti e grazie!

Répondre

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
Ariane à Naxos à Venise : la veine « brillante » de Richard Strauss dans un spectacle brillant !
prochain post
Les Arts florissants à l’Opéra royal de Versailles : une Fairy Queen virevoltante et féerique.

Vous allez aussi aimer...

Diva ma non troppo : le public du festival...

14 juin 2025

À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires

14 juin 2025

Job, le procès de Dieu : création d’un opéra...

14 juin 2025

Festival du Haut-Limousin « Par les soirs bleus d’été »

13 juin 2025

La traviata à Tours : Violetta, prenez soin de...

13 juin 2025

Brèves de juin –

13 juin 2025

Il barbiere di Siviglia revient à l’Opéra Bastille...

12 juin 2025

À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de...

9 juin 2025

Retour triomphal de Pretty Yende au Théâtre des...

9 juin 2025

Núria Rial et l’Accademia del Piacere donnent le...

9 juin 2025

En bref

  • Brèves de mai –

    30 mai 2025
  • Les brèves de mars –

    14 mars 2025
  • Les brèves de février

    25 février 2025
  • Sauvons l’Avant-Scène Opéra !

    18 février 2025
  • L’Avant-Scène Opéra, c’est fini…

    7 février 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

Édito

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • cecile PABA ROLLAND dans Il trovatore à Marseille : Le chant de l’Extrémo
  • Stéphane Lelièvre dans À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de Don José ; nouveau succès pour la Carmen de Tcherniakov !
  • Alessandro dans À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de Don José ; nouveau succès pour la Carmen de Tcherniakov !
  • antonio meneghello dans GEORGE GAGNIDZE : « Mi accosto a Verdi con la massima venerazione e rispetto… »
  • Giancarlo Arnaboldi dans Berliner Philharmoniker: memorabile Madama Butterfly di Kirill Petrenko, Eleonora Buratto e Jonathan Tetelman

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Diva ma non troppo : le public...

14 juin 2025

À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des...

14 juin 2025

Job, le procès de Dieu : création...

14 juin 2025