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Exceptionnelle TOSCA à L’opéra de Toulon

par Fanny Bousquet Balian 8 octobre 2022
par Fanny Bousquet Balian 8 octobre 2022

© Frédéric Stéphan

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Sous la direction enflammée de VALERIO GALLI, la cantatrice polonaise Ewa Vesin a remplacé Keri Alkema initialement engagée pour le rôle de Tosca, avec brio, aux côtés de Mario Caravadossi interprété par le ténor flamboyant Riccardo Massi, complice de Cesare Angelotti interprété merveilleusement par la basse François Lis, tous deux persécutés par le perfide Scarpia, interprété par le talentueux baryton Daniel Miroslaw.

Le rideau se lève à Toulon sur un échafaudage cubique qui figure l’atelier du peintre Mario Caravadossi. Des voiles cachent les barres métalliques de la structure et c’est dans un savant jeux d’ombres et de lumières que s’ouvre l’opéra mis en scène de manière très picturale par Silvia Paoli. Tout au long du spectacle, le réglage des lumières, trop souvent relégué au second plan, apparaît comme élément essentiel d’une esthétique étudiée. Fiametta Baldiserri et Marie Lambert-Le Bihan ont réalisé un travail remarquable sur l’éclairage, qui a permis de donner un aspect très pictural à certaines scènes. Loin d’inspirer une confusion entre les genres, le statisme des tableaux qui clôture certains moments de l’opéra permet de redoubler le rythme musical de la musique par un rythme plastique : le statisme des scènes se mêle au dynamisme des personnages et des danseurs vêtus de noirs. Tantôt tableau de la renaissance italienne avec des protagonistes drapés devant le christ en croix, tantôt statue de marbres, les corps agencés, enlacés participent d’une esthétique qui les dépasse et contribuent à l’art total qu’est l’opéra, selon la conception de Wagner. Dans un décor épuré réalisé par Andrea Belli où l’attention est davantage portée sur les couleurs que sur les modules, notamment grâce aux costumes confectionnés par Valeria Donata Bettela, les chanteurs évoluent. Le tragique s’engouffre dans le vide de toute ornementation pour laisser à la voix le soin de combler cette lacune apparente, pour permettre au lyrisme vocal de s’exprimer dans le temps de la musique et dans l’espace de la scène.

Ricardo Massi réalise une performance exceptionnelle qui trouve son acmé dans le fameux air « E lucevan le stelle » où malgré le rétrécissement du décor qui évoque sa cellule, sa voix s’épanche et ouvre des espaces fictionnels pour exprimer sa nostalgie. L’exécution de ses nuances piano est remarquable et jamais l’on ne sent de tension dans les aigus. L’homogénéité de sa voix sur toute la tessiture et l’impression de légèreté dans son expression mettent en relief un talent certain. Son timbre est toujours tenu, y compris dans les aigus où il s’appesantit sur les points d’orgue avec générosité et virtuosité. À ses côtés, Tosca exprime tous les sentiments qui la traversent : jalousie, doute, rancœur, coquetterie, colère, amour éperdu, sacrifice, haine, espoir. La difficulté qu’il peut y avoir à rendre compte des nuances subtiles de ces sentiments humains est balayée par l’interprétation magistrale d’Ewa Vesin. La soprano, rodée au rôle de Tosca, saisit le public par l’intensité expressive de sa prestation. Avec beaucoup d’aisance, elle révèle un jeu d’actrice hors pair soutenu par une voix sans failles. Sa puissance vocale force le respect, son vibrato naturel et ses nuances finement proférées témoignent d’une maîtrise incontestable de son art. Sa capacité à moduler sa couleur de voix en fonction des émotions qui l’accablent sans que son timbre en pâtisse aucunement dévoile une artiste qui est capable de chanter des notes contrastées avec tout autant de puissance et de coffre, que ce soit dans les aigus ou dans les graves, avec une expressivité qui fait tressaillir le public. Le baryton Daniel Miroslaw joue quant à lui le baron Scarpia avec une attention portée à la cruauté et à la perfidie imposée par son rôle. D’une voix limpide et tonitruante on l’entend scander « Va Tosca » !  Laissant le son s’épanouir librement dans l’espace, il montre beaucoup de dextérité et de puissance, alliées à une grande facilité d’exécution. Son jeu d’acteur est aussi remarquable. Véritable goujat, il rend compte en tant que baron des privilèges indignes dont peuvent jouir les hommes et une certaine hiérarchie, y compris au sein de l’église. Les suggestions fortes et parfois choquantes de son jeu témoignent d’une mise en scène engagée qui tend à dénoncer les violences institutionnalisées dont sont victimes les femmes. À cet égard, la Tosca fait figure d’une femme moderne qui se rebelle contre l’injustice et l’ordre établi en poignardant Scarpia alors qu’il s’apprêtait à abuser d’elle. Cesare Angelotti, le prisonnier évadé est interprété par la basse François Lis, qui, malgré son second rôle dévoile une amplitude vocale exceptionnelle. D’une voix chaude et ronde, cette basse profonde s’exprime avec vivacité et allant. La gravité de sa tessiture ne pèse pas sur sa voix mais lui donne, bien au contraire, du rayonnement. Aux ordres de Scarpia, le ténor Vincent Ordonneau interprète Spoletta avec justesse et dynamisme. Frédéric Goncalves, baryton-basse, interprète quant à lui le sacristain avec conviction et puissance malgré une voix parfois un peu étouffée dans les aigus. Jean Delobel, choriste de l’opéra de Toulon, donne la réplique à Ricardo Massi en tant que geôlier avec une voix égale et un jeu apprécié.

Cette distribution exceptionnelle où danseurs, chanteurs et musiciens sont réunis aux côtés du chœur d’enfant est une coproduction de l’opéra de Toulon, de l’opéra national de Lorraine (où il a été donné récemment : voyez notre compte rendu ici) et de l’opéra de Rennes et d’Angers-Nantes opéra qui a mobilisé l’orchestre et le chœur de l’opéra de Toulon, la maîtrise de l’opéra de Toulon et du conservatoire TPM. Ce spectacle permet de montrer la modernité de la Tosca de Puccini, toujours susceptible d’émerveiller le public et d’être réinventée au gré des mises en scènes. L’interprétation remarquable des solistes, justes dans les nuances et dans l’expression de leur puissance vocale enchante le public qui a accordé un tonnerre d’applaudissements à la diva Ewa Vesin, laquelle mérite d’être davantage connue, au ténor touchant Ricardo Massi, qui a embrassé le sol de la scène, ému par les bravos et au sombre baryton Daniel Miroslaw qui a effrayé le public en endossant le rôle du redoutable Scarpia.

Les artistes

Floria Tosca : Ewa Vesin
Mario Cavaradossi : Riccardo Massi
Baron Scarpia : Daniel Miroslaw
Cesare Angelotti : François Lis 
Spoletta : Vincent Ordonneau
Le sacristain : Frédéric Goncalves
Sciarrone : Florent Leroux-Roche

Orchestre et Chœur de l’Opéra de Toulon, dir. Valerio Galli
Maîtrise de l’Opéra de Toulon et du Conservatoire TPM

Mise en scène : Silvia Paoli
Décors : Andrea Belli
Costumes : Valeria Donata Bettella
Lumières : Fiammetta Baldiserri
Lumières réalisées par Marie Lambert-Le Bihan

Le programme

Tosca

Opéra en trois actes de Giacomo Puccini, livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica d’après la pièce de Victorien Sardou. Créé au Teatro Constanzi à Rome le 14 janvier 1900.

Opéra de Toulon, vendredi 07 octobre 2022

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Ewa VesinValerio GalliSilvia PaoliDaniel MiroslawRiccardo Massi
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Fanny Bousquet Balian

Fanny Bousquet l'opéra au sein du chœur d'enfants de l'opéra de Nice sous la direction de Philippe Négrel. Elle intègre ensuite les classes de chant maîtrisien et de chant lyrique soliste du conservatoire de Nice. Après trois années de classes préparatoires littéraires, elle consacre son mémoire de Master à la question de l'altérité à travers la voix dans l'opéra Turandot. Elle est licenciée d'arménien et mène une activité de journaliste culturelle, particulièrement sensible à la notion d'orientalisme.

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