À la une
Monte Carlo : Aïda… de nos aïeux !
Hommage à Pierre Audi : reprise à Bastille de Tosca dans...
Le Winterreise du wanderer Ian Bostridge : une expérience bouleversante
Lucrezia et Les Paladins aux Invalides
Les Noces de Figaro à Garnier : un opéra déconstruit
Les brèves de novembre –
NICOLÒ BALDUCCI – De Mika à Mozart… l’étonnant parcours d’un contre-ténor...
In memoriam : GARY LAKES (1950-2025)
LA CHAUVE-SOURIS  à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège –Entre opéra et Moulin...
Bergame – Il Furioso nell’isola di San Domingo Colonialisme, adultère,...
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

ProductionCompte renduVu pour vous

La Force du destin au Festival Verdi de Parme : « Alvaro, io t’amo ! »

par Stéphane Lelièvre 4 octobre 2022
par Stéphane Lelièvre 4 octobre 2022

© Roberto Ricci

© Roberto Ricci

© Roberto Ricci

© Roberto Ricci

© Roberto Ricci

© Roberto Ricci

© Roberto Ricci

© Roberto Ricci

0 commentaires 1FacebookTwitterPinterestEmail
2,1K

Très beau succès pour cette Forza del destino parmesane, où Gregory Kunde remporte un nouveau triomphe.

Des quatre opéras présentés à Parme cette année, La Forza del destino était particulièrement attendue par les admirateurs de Gregory Kunde, impatients de retrouver le chanteur dans un des emplois de ténor lyrique ou lirico-spinto qui sont désormais les siens. Le public n’a pas été déçu par la prestation du ténor américain qui, après presque 45 ans[1] d’une carrière qui l’a conduit du bel canto rossinien ou du romantisme français au Calaf de Puccini et à l’Otello de Verdi, a conservé une santé vocale réellement bluffante ! Il serait malvenu de s’arrêter sur un soutien vocal un peu moins ferme qu’autrefois, ou quelques notes un peu « grises » entendues ici ou là : la fougue de l’interprétation, la probité d’un chant encore étonnamment maîtrisé, l’endurance dont le chanteur fait preuve (dans un rôle certes moins brillant que ceux de Manrico ou Riccardo, mais long et exigeant) forcent l’admiration ; et par les salves d’applaudissements qui couronnent l’air du 3e acte ou qui accueillent Gregory Kunde au rideau final, les spectateurs semblent crier au ténor américain, à l’unisson de Leonora : « Alvaro, io t’amo ! ».

Autour de Kunde gravite une fort belle distribution, où brille avant tout le Carlo d’Amartuvshin Enkhbat, lui aussi salué par des applaudissements frénétiques. La voix du baryton mongol, un étonnant mélange de force et de douceur, se déploie sans aucun accroc sur toute la tessiture et se projette dans la salle du Teatro Regio avec une facilité déconcertante, le chanteur ne faisant qu’une bouchée de son « Urna fatale » du III ou de ses duos avec Alvaro. La ligne de chant est par ailleurs constamment soignée et l’interprète fait preuve d’un engagement scénique plus important qu’à l’accoutumée : Amartuvshin Enkhbat confirme ainsi la place de premier plan qu’il occupe aujourd’hui chez les barytons verdiens. Liudmyla Monastyrska est une très belle Leonora, qui fort heureusement, ne se contente pas de faire étalage de ses (très) grands moyens : si la voix est ample et puissante, elle est aussi capable de beaux allègements lui permettant de respecter le cantabile de certaines pages (« Deh, non m’abbandonar », et, plus encore, « La Vergine degli Angeli ») et de ne pas crier certains aigus (le « Invan la pace » de son dernier air, sans être pianissimo, est émis en douceur et sans rupture de la ligne de chant). Tout au plus repère-t-on certaines tensions dans l’aigu dans le duo avec le père supérieur (acte II), mais n’est-ce pas également le cas avec (presque) toutes les Leonora ?…

Des rôles de second plan se distinguent le Père supérieur inhabituellement jeune de silhouette et de voix de Marko Mimica, au chant noble et assuré, le Melitone de Roberto de Candia, dont la verve comique ne s’exerce jamais au détriment de la qualité du chant, la Preziosilla (très applaudie) d’Annalisa Stroppa, pleine d’entrain et au chant dénué de vulgarité (ce qui n’est pas toujours le cas dans ce rôle où l’on peut être tenté d’en faire beaucoup…), le Trabucco efficace d’Andrea Giovanni et le chirurgien d’Andrea Pellegrini qui, en quelques répliques seulement, parvient à attirer l’attention de l’auditeur…

Après une entrée ratée (les « Holà ! » qui ouvrent le deuxième acte), les chœurs du Teatro Comunale de Bologne atteignent le même (très bon) niveau que celui de l’orchestre (lui aussi issu de l’Opéra bolognais), sous la direction remarquable de Roberto Abbado : précise et ciselée – mais sans maniérisme –, lyrique et dramatique – mais sans jamais verser dans l’impétuosité excessive –, elle sait aussi se faire plus légère dans les moments de comédie. Le chef italien remporte à l’issue du spectacle un très grand succès, amplement mérité.

La mise en scène de Yannis Kokkos, enfin, se regarde sans heurter la musique, ce qui est finalement assez reposant… Elle se déploie dans des décors sobres et stylisés, assez réussis aux deux premiers actes, un peu moins aux deux derniers, mais pêche par un manque d’imagination (le jeu d’acteurs est on ne peut plus conventionnel), et l’absence d’une véritable ligne directrice qui parviendrait à donner une cohérence et une impression de suivi et de progression à une intrigue passablement décousue, encore plus difficile, selon nous, à rendre crédible et dramatiquement efficace que celle du Trouvère… Cela ne gâte en rien le succès d’une belle soirée d’opéra, chaleureusement applaudie par les spectateurs.

——————————————-

[1] Ses débuts (en Cassio à l’Opéra de Chicago) remontent à 1978.

Les artistes

Leonora : Liudmyla Monastyrska
Don Alvaro : Gregory Kunde
Don Carlo di Varga : Amartuvshin Enkhbat
Padre guardiano : Marko Micica
Fra’ Melitone : Roberto de Candia
Preziosilla : Annalisa Stroppa
Mastro Trabuco : Andrea Giovannini
Il Marchese di Calatrava : Marco Spotti
Curra : Natalia Gavrilan
Un alcade : Jacobo Ochoa
Un chirurgo : Andrea Pellegrini

Orchestra e coro del Teatro Comunale di Bologna, dir. Roberto Abbado 
Chef de chœur : Gea Garatti Ansini
Mise en scène, décors et costumes : Yannis Kokkos
Drammaturgie : Anne Blancard
Lumières : Giuseppe di Iorio
Chorégraphie : Marta Bevilacqua
Vidéo : Sergio Metalli

Le programme

La Forza del destino (La Force du destin)

Opéra en trois actes de Giuseppe Verdi, livret de Francesco Maria Piave d’après  Alvaro o la forza del destino d’Ángel de Saavedra, créé le 10 novembre 1862 au Théâtre impérial Bolchoï Kamenny de Saint-Pétersbourg (version définitive : 27 février 1869, Teatro alla Scala, Milan)

Festival Verdi de Parme, Teatro Regio di Parma, Représentation du samedi 1er octobre 2022

image_printImprimer
Amartuvshin EnkhbatLiudmyla MonastyrskaMarko MicicaRoberto de CandiaAnnalisa StroppaAndrea GiovanniniMarco SpottiYannis KokkosRoberto AbbadoGregory Kunde
0 commentaires 1 FacebookTwitterPinterestEmail
Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
Marie GAUTROT
prochain post
« Les Fables de La Fontaine » par la Chapelle Harmonique – La reine en sa ménagerie

Vous allez aussi aimer...

Monte Carlo : Aïda… de nos aïeux !

24 novembre 2025

Hommage à Pierre Audi : reprise à Bastille de...

24 novembre 2025

Le Winterreise du wanderer Ian Bostridge : une...

23 novembre 2025

Lucrezia et Les Paladins aux Invalides

22 novembre 2025

Les Noces de Figaro à Garnier : un...

20 novembre 2025

Bergame – Il Furioso nell’isola di San Domingo...

19 novembre 2025

Festival de Bergame 2/3 : Il campanello / Deux...

18 novembre 2025

Didon en poème harmonique et dramatique

18 novembre 2025

LUCREZIA BORGIA à Florence : la consécration de...

16 novembre 2025

Festival Donizetti de Bergame –Du trône à la...

16 novembre 2025

En bref

  • Les brèves de novembre –

    20 novembre 2025
  • Les brèves d’octobre –

    27 octobre 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

Édito


  • Édito d’octobre –
    « O, mia musica, si bella e perduta… » : quand le cas Venezi révèle un malaise plus profond concernant les arts et la musique en Italie

    2 octobre 2025

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Paul Clavier dans LA WALKYRIE à l’Opéra Bastille : un plateau vocal triomphant !
  • A Billoire dans Lucrezia et Les Paladins aux Invalides
  • Stéphane Lelièvre dans ROBINSON CRUSOÉ, Offenbach (1867) – dossier
  • Frédéric Piotrowski dans ROBINSON CRUSOÉ, Offenbach (1867) – dossier
  • LHEUREUX ALBERT-ANDRÉ dans LA CHAUVE-SOURIS  à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège –
    Entre opéra et Moulin Rouge, l’art du spectacle vivant selon Olivier Lepelletier-Leeds

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Monte Carlo : Aïda… de nos aïeux...

24 novembre 2025

Hommage à Pierre Audi : reprise à...

24 novembre 2025

Le Winterreise du wanderer Ian Bostridge...

23 novembre 2025